Introduction
L'itinéraire de Marc Michel Cahen dans la Grande Guerre
Marc Michel Cahen fit son service armé en 1909. Établi en France à Ivry-sur-Seine, où il tenait une maison de commerce, il bénéficia vraisemblablement de la loi du 5 août 1914 qui lui permettait, en contractant un engagement volontaire dans l'armée, d'acquérir la nationalité française. Il quitta Ivry-sur-Seine pour combattre sous le drapeau français.
Si 3000 Alsaciens-Lorrains incorporables fuient le Reichsland Elsass-Lothringen avant la mobilisation, pour s'engager dans l'armée française, des milliers d'autres se portent volontaires dans l'armée allemande. L'écrasante majorité (380 000) des Alsaciens-Lorrains répond sans état d'âme à l'ordre de mobilisation de l'Empereur Guillaume Il. Beaucoup d'entre eux ont servi sur le front de l'Est, en Russie et Biélorussie notamment. Jusqu'en janvier 1916, ils sont pourtant majoritairement engagés sur le front français. À partir de cette date, du fait de la méfiance du commandement allemand, ils sont retirés et envoyés à l'Est.
Marc Michel Cahen, quant à lui, fait partie des 17000 militaires environ
qui se sont engagés volontairement dans l'armée française
pendant la guerre de 1914-18.
En effet, Marc et ses deux frères, Robert et René, s'engagèrent
dans l'armée française en 1914 au centre de recrutement de Nancy.
Marc combattit contre les Allemands du 26 septembre 1914 au 14 juillet 1915
sur les fronts du Nord et de l'Est de la France.
Il participa d'abord à la guerre des tranchées de Berry-au-Bac (Aisne). L'échec de la guerre de mouvement fin 1914 ne permet pas aux Allemands de percer dans l'Aisne, transformant la région en champ de bataille : poste d'observation stratégique, le monticule qu'est la côte 108 est traversé par la ligne de front que se disputent Français et Allemands. La tranchée française enserre certes Berry, mais la "bataille du matériel" est lancée, détruisant totalement le village. Berry-au-Bac est désormais aux avant-postes de ces campagnes continues : en 1915 s'y déroule la terrible guerre des mines, illustration du perfectionnement de l'armement ; en 1917, l'offensive Nivelle et l'usage des premiers chars d'assaut achèvent de faire du Chemin des Dames un terrain d'expérimentation. Puis Marc Michel Cahen prit part aux combats de Notre-Dame de Lorette (Pas-de-Calais), où des milliers de soldats (45 000) moururent sur un des champs de bataille les plus disputés de la première guerre mondiale entre octobre 1914 et septembre 1915.
Il obtint la Croix de guerre pour ses actes de bravoure. Caporal au 3e zouaves, il gagna l'Algérie, le 15 juillet 1915 avec son frère Robert. L'armée française étant "saignée à blanc" avait besoin de recruter des hommes dans les colonies et plus particulièrement en Algérie, et pour cela il lui fallait de bons instructeurs.
Puis, Marc Michel Cahen embarqua en août 1916 pour le Tonkin, où il y resta jusqu'en mai 1919, sans aucune permission. Sa participation à la colonne de Thai-Nguyen lui valut la médaille coloniale et le grade de chevalier du Dragon de l'Annam. Il fut, de plus, professeur de français pour ses compatriotes alsaciens et lorrains dialectophones.
Photo extraite de l'ouvrage d'Albert Carré, Les engagés volontaires Alsaciens-Lorrains pendant la guerre, p.381. |
La médaille de Chevalier dans l'ordre du Dragon de l'Annam obtenue par Marc Michel Cahen. |
Jules Michel Cahen, son père, marchand de meubles au 15 rue de la
Tête d'Or à Metz, n'hésita pas à écrire
une lettre le 12 mai 1919 au chef du bataillon du 3e zouaves de son fils pour
accélérer sa permission :
"Mon fils, qui sert dans votre
bataillon, sous le nom d'emprunt de Marc Cardon, n'hésita
pas, en 1914, à quitter sa maison de commerce d'Ivry-sur-Seine,
et de s'engager pour faire son devoir d'Alsacien-Lorrain. Depuis
trois mois, ses deux autre frères engagés volontaires, comme
lui et plus jeunes sont mis en sursis et je viens vous demander mon commandant
d'accorder à mon fils qui sert sous vos ordres, une permission
d'urgence attendu que depuis son entrée au service, il n'a
eu que quatre jours de permission. Il aurait un besoin pressant de se rendre
à Ivry pour prendre les mesures nécessaires à la situation,
son remplacement momentané étant obligé de quitter le
commerce pour faire un voyage qui ne peut être retardé. Un refus,
de votre part, lui occasionnerait un désastre complet de son affaire
qui a déjà souffert de son absence prolongée. Mon fils
que je charge de vous transmettre la présente pourra vous donner toutes
les explications. Espérant que ma demande trouvera près de vous
un accueil favorable, car elle est de plus, justifiée.
Je vous prie
d'agréer, mon Commandant avec mes remerciements anticipés,
mes très empressées salutations. Demande très appuyée
dans l'intérêt de bons patriotes messins. Le Gouverneur
de Metz" . (2)
L'intervention de Jules, le père de Marc Michel Cahen, fut couronnée
de succès.
L'après-guerre
Il eut trois enfants, nés tous les trois à Metz, Jean, le 29 mai 1922, Claire-Lise, le 5 juillet 1923 et Colette, le 7 mai 1928. Il continua à exercer la profession de marchand de meubles au 15 rue de la Tête d'Or à Metz entre les deux guerres.
Conclusion
Marc Michel Cahen a donc passé plus de quatre années comme engagé volontaire dans l'armée française, du 26 septembre 1914 au 12 mai 1919, sur différents fronts : Nord et Est de la France, Algérie et Tonkin. Homme de devoir et patriote, Il eut un parcours très original d'un soldat, combattant avec courage et vaillance, ce qui lui valut plusieurs décorations militaires. Il reprit ses activités professionnelles à Metz après la première guerre mondiale et fonda une famille de trois enfants.
Bibliographie