Il fut nommé ministre-officiant à Soultz-sous-Forêts en 1934, ce fut son premier poste
En août 1939 il fut mobilisé parmi les premiers, bien qu'il soit père de trois enfants, sans doute parce qu’il était sous-officier de réserve.
Après avoir été démobilisé en 1940 il
fut nommé ministre officiant suppléant à Périgueux
auprès de la Communauté
de Strasbourg "repliée".
Là, en dehors de ce service il fit office de shoreth (boucher
rituel) et de shomer (surveillant de casherouth) auprès
de la Boucherie Dreyfuss.
I l s’est sacrifié sa vie durant au service de son prochain et
ce, au détriment de sa santé et souvent de sa famille.
Durant les pires moments il est resté à son poste, au mépris
du danger, afin que nos coreligionnaires aient un office. Il l’a servi
constamment. De temps en temps les fidèles, lorsqu’ils n’osaient
pas venir à la synagogue, venaient voir si M.Kugler était encore
là et repartaient rassurés et encouragés.
Il allait à bicyclette visiter les camps : Gurs etc…Grâce
à son titre d’aumônier militaire il put faire sortir pas
mal de personnes, et toujours sans ménager sa peine et sans penser à
la sécurité de sa famille, il a caché des transfuges de
la zone occupé et de ces camps. Il leur distribuait des cartes d’alimentation
qu’on cachait chez nous etc…etc… Dans la foulée il
allait, toujours à bicyclette,donner des cours de religion à de
jeunes enfants dans un rayon de plus de 20 km afin de répandre l’idée
du judaïsme et de reserrer les liens.
A la libération il accompagna les fossoyeurs des pompes funèbres pour déterrer les corps torturés de nos coreligionnaires (il eut d’ailleurs la mauvaise surprise de déterrer son propre beau-père) et ceci donna un coup de grâce à sa santé.
Toutefois de retour en Alsace la communauté de Haguenau, qui connaissait son abnégation, lui a gardé un poste. Il a donc continué son apostolat au sein de cette communauté. Il a été gratifié du titre exceptionnel de "'Haver" (attribué à ceux qui se distinguent par leur érudition religieuse et leur dévouement envers la communauté).
Il est décédé le 16 adar 5759 (11 février 1989) à Lauterbourg.
Les anciens me chantaient leurs airs des communautés campagnardes
disparues après la tourmente et Haguenau était un grand centre
de la connaissance liturgique alsacienne.
Ceci grâce à deux hommes parmi les plus dévoués
à la cause synagogale, le Docteur Willy Franck que je n'ai pas connu
et le Ministre Officiant Oscar Kugler.
Mon maître, Monsieur Bertrand Joseph auprès
de qui j'ai appris la majeure partie de mes connaissances liturgiques m'avait
déjà dit le plus grand bien de Monsieur Kugler et il était
rassuré de me voir pris en main par un collègue aussi gentil
et dévoué.
En effet, dès mon arrivée, il se proposa de m'aider, de m'apprendre
tous les airs de Haguenau, il m'encourageait dans toutes les initiatives que
je prenais me conseillant toujours pour le bien de tous. C'est ainsi que très
vite, il est devenu mon confident pour toutes les affaires communautaires.
Il partageait les joies et les peines de chaque membre. Il connaissait le
passé de tout le monde, l'histoire de chaque famille et il savait leur
parler suivant leur caractère.
Chaque semaine il prenait le temps pour écouter la lecture de la Torah
que je préparais. De même, il écoutait patiemment ma préparation
de la lecture de la Meguila
d'Esther. Il a tout fait pour maintenir à bout de bras la liturgie
alsacienne.
Lui qui ne vivait que pour sa communauté et pour la 'hazanouth, il aurait pu voir d'un mauvais œil un tout jeune 'hazan venir prendre sa place. Et bien pas du tout, il m'a aidé et appris d'une manière totalement désintéressée jusqu'à mon départ pour Mulhouse. Il était un homme de foi et de bien, il était un exemple pour tous !
Comment ne pas terminer ces quelques lignes en évoquant également le souvenir de son épouse, elle aussi, d'une gentillesse et d'un dévouement sans borne ! Elle était toujours discrète mais combien efficace! Je me rappelle les odeurs alléchantes qui sortaient de sa cuisine les veilles de Shabath et des fêtes ! Comme leur appartement brillait en ces jours sacrés ! Madame Kugler était la lumière de leur foyer mais elle éclairait également tous ceux qui s'en approchaient!
Cette lumière reste allumée dans mon cœur, et c'est avec beaucoup de nostalgie et de reconnaissance que leur souvenir est gravé non seulement en moi mais chez tous ceux qui ont eu le bonheur de connaître Monsieur et Madame Kugler.