Simon MORALI
Grand Rabbin de Nancy
(1909 - 1984)
par Gérald CAHEN

  • Né en 1909, Simon Morali est issu d'une lignée de rabbins d'Algérie.
  • Il étudie à l'Ecole rabbinique de Paris.
  • Il est nommé rabbin à Lunéville en 1938, puis à Epinal en 1939.
  • Lorsque la guerre éclate, il est mobilisé comme aumônier en Algérie, puis sur le théâtre des opérations de Tunisie.
  • A partir d'août 1944, il est nommé Aumônier principal de l'armée De Lattre De Tassigny en France et en Allemagne.
  • Il est encore sous les drapeaux quand le poste de grand rabbin de Nancy lui est proposé en juin 1945 "à titre provisoire", en cas de retour du grand rabbin Haguenauer.
  • Simon Morali reste à Nancy jusqu'en 1969, puis occupera successivement le poste de Nice et celui de la synagogue de la rue des Tournelles à Paris.
  • Il choisit de prendre sa retraite à Nancy, où il décédera en 1984.
  • Il m'est impossible d'évoquer le souvenir de Simon Morali sans l'associer immédiatement à celui de mon père qui fut président de la communauté juive de Nancy de 1955 à sa mort en 1967 et était à ce titre amené à le rencontrer et à travailler très souvent avec lui. Mais ce n'était pas seulement à ce titre : nos deux familles étaient amies et les liens étaient nombreux qui unissaient ma mère à Sylvia Morali ou moi-même à Alain qui étions du même âge. Autant dire que mon témoignage ne saurait être objectif, j'allais ajouter Dieu merci... si je ne craignais de commettre un sacrilège !

    Pourtant, pour l'enfant que j'étais et qui s'étonnait, paraît-il, de ne pas rencontrer Dieu siégeant en personne au milieu de la synagogue (encore maintenant, je l'avoue, je m'en étonne parfois...), la présence d'un rabbin était un peu celle d'un ambassadeur du Très-Haut ici-bas et la garantie que quelqu'un au moins dans cette assistance savait A QUI s'adressaient mes prières. C'est pourquoi je ne manquais jamais de quêter son regard tandis que je récitais le Shema, persuadé que mon acte de foi avait besoin de cette reconnaissance pour être acheminé à son destinataire. Je croyais dur comme fer aussi qu'il était le maître de cérémonie et que nous ne devions nous lever et nous asseoir que lorsqu'il nous en donnait le signal selon un rituel pour moi impénétrable. Ils étaient d'ailleurs, lui et mon père, les seuls à faire face à l'assemblée et les seuls à disposer d'un fauteuil magistral - une sorte de trône en chêne - situé de part et d'autre de la dernière volée de marches qui conduisait au Saint des Saints. Inutile de préciser que la couleur rouge du tapis, les broderies qui couvraient le rideau de l'armoire sainte, les pendeloques des lustres (qui me paraissaient de cristal), tout cela ajoutait encore pour moi à la solennité de la mise en scène. Sans parler de l'orgue qui, à l'époque, accompagnait les offices.

    Mais, bien sûr, ce qui, à mes yeux, conférait à Simon Morali une dignité incommensurable, c'était cet habit qu'il revêtait spécialement pour entrer dans ces lieux - une longue robe noire et un chapeau à larges bords - et dont il se dépouillait sitôt après, signifiant bien ainsi (à la différence des curés qui le dévalorisaient en le portant en toutes circonstances) qu'il était réservé à un usage sacré. D'ailleurs, pour pousser la comparaison plus loin, des curés, à Nancy, il y en avait beaucoup. Autant que d'églises. De rabbin, nous n'en avions qu'un. Comme nous n'avions qu'une synagogue. Il était donc essentiel que sa fonction soit soulignée. Sa personne mise en valeur. Et certes, pour un gamin non prévenu, l'uniforme du shamess (bedeau), avec sa chaîne et son tricorne, pouvait un instant faire illusion - mais la façon dont celui-ci conçevait son rôle, en nous rudoyant familièrement pour nous imposer le silence, nous indiquait vite qu'il ne disposait pas des signes réels du pouvoir que sont l'onction et la gravité. Simon Morali, lui, possédait l'une et l'autre et il en usait avec une aisance et une autorité naturelle qui en imposaient.

    Qu'on ne s'y trompe pas cependant! Même si je l'évoque en souriant, il n'y avait dans cette dignité aucune affectation, aucune ostentation. Rien d'épiscopal, en somme (au sens caricatural que ce terme a pris). Non, c'était plutôt plutôt une certaine qualité de silence, de recueillement dont il empreignait ses gestes lorsque l'heure l'exigeait. Ainsi la sortie de la Loi était l'un de ces moments forts où par son maintien, sa démarche, le ton sur lequel il prononçait les prières - marquant une pause entre chaque mot - il savait donner à l'événement sa pleine mesure. Je me souviens notamment de cet instant si émouvant où, les Rouleaux de la Loi mis à nus, il les empoignait à pleines mains pour les élever et les présenter aux fidèles. Ou encore de cet autre où, après l'oraison, il étendait comme deux ailes les pans de son taleth pour bénir l'assemblée. Et toutes les têtes alors de s'incliner... Plus encore que la bénédiction elle-même, c'était cette vertu qu'elle avait de ressouder autour d'elle la communauté qui m'impressionnait. Elle semblait s'adresser à chacun de nous individuellement et pourtant elle nous unissait, elle nous rassemblait, en un paradoxe qui n'était peut-être qu'apparent puisque le Dieu Un est aussi celui qui exige l'unité d'Israël.

    Mais c'était surtout par sa voix qu'il savait pénétrer dans nos coeurs, une voix chaude, chaleureuse, souriante où courait encore en demi-teintes le souvenir des soleils algérois de son enfance et qui, longtemps après qu'elle s'était tue, continuait à vibrer en nous, à y poursuivre sa route (au point qu'aujourd'hui même, parfois, je crois l'entendre, comme si à travers les années elle n'avait cessé de résonner, d'aller, invisible, son chemin)... oui, une voix singulière, envoûtante qui avait la douceur du velours mais pouvait aussi brusquement monter en puissance et tonner son indignation, dire sa soif de justice avec une flamme que j'imaginais être celle des prophètes. Après tout, dans Morali n'y avait-il pas "morale" ? Pour un enfant c'était là, forcément, plus qu'une coïncidence : une vocation, au même titre que de Gaulle s'appelait de Gaulle et Mendès… Mendès-France! On ne résiste pas à sa destinée...

    Reste que cette voix ne nous interpelait jamais mieux que lorsqu'elle s'adressait à nous directement, face à face, loin des envolées oratoires de la synagogue. Et alors elle commençait par le commencement : elle nous appelait par notre nom. Simon Morali était en effet de ces êtres très rares qui n'amorçent jamais une conversation sans nommer personnellement leur interlocuteur, sans lui faire aussitôt sentir que c'est à lui et à lui seul - à lui avec son poids de chair, avec sa vie, sa fatigue, ses soucis, ses espoirs - qu'il parle (écoutez Elie Wiesel, il procède de même). Et parce que son attention à notre égard n'était pas feinte, parce qu'il nous prenait réellement, comme on dit, "sous son regard", nous ne pouvions face à lui qu'être pleinement nous-même, sans dérobade ni tricherie. Il ne nous restait point d'ombre où nous dissimuler. En aurions-nous eu le désir d'ailleurs? Dans cet éternel jeu de cache-cache qu'est notre vie parmi nos semblables (cette vie où chacun se méfie, calcule, suppute les intentions de l'autre), l'occasion n'est pas si fréquente de tels moments de franchise et nous aurions été bien bêtes de ne pas en profiter. Pour une fois qu'un dialogue ne consistait pas en deux monologues superposés...

    Mais quel dialogue? Bien sûr il y avait les propos à bâtons rompus qu'on échange au quotidien, ceux que je captais par exemple autour d'une table pendant un repas, ou devant un buffet lors d'un mariage ou d'une bar-mitzwah. Et Simon Morali c'était alors pour moi un rire, une présence bienveillante, un oeil pétillant ; c'était aussi, il faut le dire, un formidable convive qui faisait honneur aux talents de la maîtresse de maison, un homme affable, brillant causeur, bon vivant, qui régalait à son tour ses hôtes avec des anecdotes croustillantes. Dans un autre registre, je me souviens aussi de ces conversations sérieuses que j'appréhendais à travers la porte du bureau de mon père lorsqu'ils s'y enfermaient tous deux pour débattre des affaires de la Communauté. Et était-ce que je ne collais pas avec assez d'application mon oreille au battant? (ou que ma peur d'être surpris brouillait mon entendement?) toujours est-il que leurs propos me semblaient tissés de longs, de très longs silences comme si ceux-ci en avaient été la substance essentielle, comme s'ils n'avaient pas eu besoin de mots pour se comprendre tant leur complicité était grande. Et je l'avoue, j'étais un peu jaloux de cette relation privilégiée à laquelle je n'avais pas part, d'autant que je m'expliquais mal comment un rabbin pouvait être mêlé de si près aux préoccupations matérielles et financières d'une Communauté. Je me l'expliquais mal, mais en même temps je me rendais bien compte que ce souci du quotidien était aussi ce qui conférait à son personnage de rabbin son vrai poids et faisait de lui non pas un passant (un être de vent et d'esprit) égaré un peu par hasard dans ce bas-monde, mais un passeur qui nous accompagnait, nous montrait le chemin...

    Car bien évidemment le moment privilégié pour moi du dialogue c'était celui dans lequel il redevenait à mes yeux pleinement rabbin et nous dispensait son enseignement. Cela se fit d'abord au lycée Poincaré, dans le cadre officiel de l'Education Nationale, en application de cette loi qui voulait qu'une heure de catéchisme y soit librement assurée pour les enfants de toutes les confessions (sans obligation pour eux naturellement d'y assister). Cette disposition, je crois bien, s'est perdue, et c'est dommage, car loin de contrevenir au principe de la laïcité, elle en assurait au contraire la pérennité en nous apprenant qu'école publique et religion pouvaient cohabiter sans être les ennemies l'une de l'autre. Mais surtout, pour un enfant juif c'était la certitude d'être logé dans les meubles de la République au même titre qu'un petit catholique ou un petit protestant, ce qui, au regard de l'Histoire, ne constituait pas une mince revanche. Combien de fois à ce propos n'ai-je pas entendu Simon Morali vanter les mérites de la Révolution française et de l'abbé Grégoire auquel nous devions notre émancipation. Que ce soit à un prêtre précisément (et à un lorrain de surcroît !) que nous soyions ainsi redevables ne pouvait que réjouir le militant des amitiés judéo-chrétiennes qu'il était et rendre plus légitime en retour son souhait que l'église reconnaisse enfin ses erreurs dans l'"enseignement du mépris" qu'elle avait si longtemps délivré. Le livre de Jules Isaac était ainsi l'un de ces ouvrages-clés dont il aimait à nous entretenir, sans esprit de polémique mais avec la ferme conviction que la meilleure manière de nous prémunir à l'avenir d'un tel mal, c'était encore d'en connaître les causes. En un mot, il croyait à la raison et, face à ces débordements inimaginables de haine dont le siècle avait été prodigue, le philosophe en lui ne baissait pas les bras.

    L'homme d'action non plus qui nous apprenait à faire face. A ne pas tolérer, jamais, le moindre écart antisémite de nos camarades de lycée. Que le mot de juif vienne à siffler à nos oreilles, précédé d'un adjectif déshonorant, et sa consigne était claire, il n'y avait pas à hésiter : "Tu lui casses la figure, et voilà !" Le "et voilà !" ne me paraissait pas si évident alors que j'étais déjà le plus petit de ma classe et l'angoisse me gagnait à l'idée de l'état dans lequel mes parents risquaient de me récupérer si je mettais en application ces préceptes. Heureusement l'occasion ne s'en présenta pas et je ne sus jamais de quel degré de courage (ou de poltronnerie) j'étais capable. J'en acquis, en revanche, pour le restant de ma vie la fierté d'être juif. Non pas une fierté stupide associée à l'idée d'une quelconque supériorité de naissance, mais une fierté morale (une fierté d'homme libre) liée à la conscience désormais très vive, très aigüe d'être porteur d'une identité singulière. A moi d'en être digne. Le judaïsme n'était pas une faveur, c'était un legs, un héritage (une charge !) qu'il me revenait d'assumer avant à mon tour de le transmettre.

    On l'aura compris, l'enseignement de Simon Morali tournait autour de quelques principes très simples qui associaient, dans l'esprit de la République, la défense des droits de l'homme et du progrès social à une lecture éclairée de la Bible. Ce cas de figure était moins original qu'on le croit et nombre de rabbins alors sortaient du séminaire armés d'un idéal semblable. Mais "notre" rabbin à nous lui apportait une touche particulière, peut-être en raison de ses origines algéroises et de cette nonchalance naturelle qui rendait sa compagnie si agréable. Qui plus est, il adaptait sa pédagogie à ses auditoires et, lui qui adorait les enfants (lui dont le visage s'illuminait lorsqu'il voyait ses fils entrer à la synagogue), il avait su trouver pour les plus jeunes le ton qui convenait : un ton plein de drôlerie, d'émotion, de bonhommie. C'est simple, Tintin et Spirou pouvaient aller se rhabiller, grâce ses talents de conteur nous tenions désormais avec Joseph et ses frères ou avec Samson et Dalila des personnages autrement intéressants et hauts en couleurs. Il avait l'art en effet de les faire revivre, de nous les rendre présents comme des familiers avec qui il viendrait de converser le matin même. Et après tout, n'en allait-il pas ainsi ? n'étaient-ce pas un peu des cousins ?

    Ce n'est que lorsque je fus plus âgé (vers 15-16 ans) que son enseignement prit ce tour plus philosophique qui me marqua durablement. Cette fois, fini le lycée Poincaré, nous étions un petit groupe à nous réunir autour de lui, chaque samedi après-midi, dans les locaux du centre communautaire qui jouxtaient la grande synagogue et dont les fenêtres ouvraient sur une vaste cour qui était pour moi comme une place de schtetl en miniature parce que le 'hasen (chantre) et le chamess (bedeau) y avaient également les leurs, et parce que s'y dressait en plein centre une deuxième synagogue, minuscule celle-là, qu'on imaginait volontiers servir de décor à un mariage de Chagall. Par la suite, comme nous étions peu nombreux, les cours se déplacèrent à son domicile même, soit dans la pièce tapissée de livres qui lui tenait lieu de bureau, soit tout simplement dans son salon ou sa salle à manger où nous profitions, en même temps que des pâtisseries de Sylvia Morali, de l'atmosphère familiale chaleureuse qui régnait. Nous nous y retrouvions entre garçons et filles du même âge et ce n'était pas le moindre des attraits de ces réunions à une époque où la mixité n'avait pas encore droit de cité dans les lycées. Etait-ce, du reste, tout à fait innocent de la part de son instigateur? et ne voulait-il pas nous plonger dans un bain juif et créer, en prévision de l'avenir, des liens solides entre nous alors même que de plus en plus de jeunes couraient à l'assimilation ? Un rabbin sans mariages risque vite de devenir un rabbin sans communauté...

    A y bien réfléchir pourtant, le mot "cours" ne me semble guère approprié pour qualifier ces instants que nous passions ensemble, d'autant qu'en raison du Shabath nous ne prenions pas de notes, ce qui nous laissait libres de nos mains... et par conséquent libres de débattre jusqu'à plus soif (puisqu'un juif, c'est bien connu, ne saurait s'exprimer autrement qu'avec tout son corps !) Et pour parler, oui, nous parlions, nous ne nous gênions pas, nous nous lançions à corps perdu dans des discussions enflammées comme seuls les adolescents savent le faire. Nous ferraillions dur : sur la liberté, le déterminisme, la responsabilité, Abraham, Jésus, Moïse, Israël, le messianisme..., aucun sujet n'était tabou. Qui a dit que pour mettre deux juifs d'accord il fallait les enfermer dans deux pièces séparées ? Dans ces conditions notre hôte aurait eu besoin d'un appartement nettement plus grand que celui dont il disposait. Mais de toute évidence il prenait plaisir au spectacle de nos désaccords, il jetait même par moments de l'huile sur le feu, s'amusant à nous provoquer. Ainsi, je me souviens d'un jour où, pour nous titiller, il avait déclaré tout de go : "La charité, c'est une honte !". Il entendait par là qu'il est indigne d'un homme de vivre seulement d'aumônes, mais aussi, conformément au concept de la Tsedakka, qu'il n'est pas de vraie charité sans justice. Il n'empêche ! l'occasion était trop belle et l'un de nos camarades, Francis Raphaël pour ne pas le nommer, ne l'avait pas ratée : "Et les dames de charité israélites, alors ?" Il faisait allusion aux oeuvres sociales dont s'occupait Sylvia Morali avec un zèle remarquable (et remarqué !) Fou-rire général, on le devine...

    Car ce qui caractérisait ces après-midis c'était tout à la fois le climat de bonne humeur qui y régnait et l'aspect studieux, grave même parfois, qu'elles revêtaient pour nous en raison des sujets abordés. Simon Morali nous laissait nous y exprimer librement, puis à son tour, dans le silence revenu, il faisait entendre d'une voix vibrante son point de vue. Son érudition était vaste et elle s'étendait bien au-delà du Talmud ou de la Cabale qu'il commentait avec aisance, mais il n'en faisait jamais étalage, il n'en usait qu'à point nommé. De même la fermeté de ses convictions ne l'entraînait jamais vers le sectarisme. C'était même, de l'avis général, sa principale qualité : la tolérance. Il ne cherchait pas à imposer le judaïsme, mais à le faire aimer, un exemple que nombre de rabbins aujourd'hui seraient bien inspirés de méditer s'ils ne veulent pas se couper totalement de leur communauté...

    Parce qu'enfin m'aurait-on présenté le judaïsme comme un ensemble de règles, une simple liste d'obligations et d'interdits, je crois bien que je l'aurais rejeté. Il fallait, pour que j'y adhère, que je puisse le choisir en conscience, de mon plein gré. Et il fallait aussi que celui qui me l'enseigne le vive lui-même pleinement, passionnément, qu'il sache me communiquer un peu de cette fierté, de cette joie d'être juif qui était la sienne. Et ce fut le cas. Simon Morali était doué pour le bonheur et ce don était communicatif. Avouerais-je que je n'ai pas toujours été, sur ce plan, un bon élève? qu'oubliant ses leçons, je me suis parfois complu dans une morosité qui n'était pas de saison ? Plus d'une fois, oui, j'ai douté. Face à la mort, au temps, à l'égoïsme et à la frivolité générale, j'ai senti ma foi vaciller, non seulement celle que je portais à Dieu qui a toujours été fragile, incertaine, tâtonnante, mais celle aussi que je mettais en moi-même, en la vie, en les autres. Or pour Simon Morali ces deux formes de foi n'en faisaient qu'une et c'était sa façon à lui d'être juif, une façon toute simple, presque humble, souriante, mais dont l'image depuis n'a cessé de m'accompagner. Elle m'a aidé à ne pas désespérer tout à fait : à rester debout.


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