C'est après la prière du soir que l'on récite la formule de l'Omer. D'ordinaire, on dit Minha et Arbit ensemble au temple, lorsqu'il fait encore jour : pendant les sept semaines de l'Omer, on ne dit la prière d'Arbit qu'à la nuit close. Des rituels spéciaux, en petit format, contiennent la prière du soir avec les quarante-neuf dates de la période de l'Omer. De peur de se tromper, nos aïeules, celles du moins qui n'avaient pas le temps d'assister à l'office et de réciter avec l'officiant la formule de l'Omer, pointaient chaque soir le quantième du lendemain avec une épingle qu'elles fixaient à l'endroit voulu : à la longue, les pages du livre ressemblaient à une véritable étamine.
Selon une tradition (2), un grand nombre de disciples de Rabbi Akiba seraient morts d'une épidémie entre Pâque et Pentecôte : aussi considère-t-on les sept semaines de 1'Omer comme des semaines néfastes pendant lesquelles il est défendu de se marier et de se livrer à des réjouissances publiques. On doit également, en signe de deuil, s'abstenir de se raser pendant l'Omer. Il est bon, pendant toute la durée de l'Omer, de redoubler d'attention et de prudence pour éviter les accidents qui s'y produisent plus facilement et plus fréquemment qu'en temps ordinaire. L'authenticité de la tradition relative à la mort des disciples de Rabbi Akiba, a été contestée (3), mais tout le monde admet que de grands malheurs ont dû frapper à une certaine époque les israélites pendant les jours de l'Omer : on n'a pas pu préciser la date de ces malheurs, que les uns placent au temps des persécutions d'Adrien et les autres au temps des croisades (4).
Dans quelques pays, on ne défend de célébrer les mariages que depuis le deuxième jour du mois d'lyar jusqu'au 33e jour de l'Omer. Même là où on ne les célèbre pas pendant toute la période de 1'Omer, la défense est levée pour le 33e jour, parce que l'épidémie qui sévit parmi les disciples de Rabbi Akiba aurait fait relâche en ce jour. Il y en a même qui prétendent qu'à partir de cette date l'épidémie n'a plus reparu. Pour célébrer le souvenir de la fin ou de l'accalmie de la maladie qui causa tant de ravages dans l'école de R. Akiba, on a fait du 33e jour de l'Omer une sorte de demi-fête : c'est surtout la fête des écoliers, à qui on distribue des gàteaux en ce jour (5).
Les membres des associations pieuses se réunissent le premier soir de Schabouot, comme le soir de Hoschana Rabba (12), et pendant toute la nuit ils lisent et étudient quelques passages de l'Ecriture sainte et de la loi orale (Loi, Prophètes, Hagiographes et Mischna).
Dans les maisons où l'on a conservé intactes les vieilles traditions, on a l'habitude de faire pour Schabouot une ppâtisserie spéciale, de forme oblongue, que l'on appelle Kauletsch, mot qui est sans doute d'origine russe ou polonaise. J'ignore d'où provient cet usage. Peut-être le Kauletsch doit-il rappeler l'offrande des deux pains de froment de la nouvelle récolte (13) : peut-être le fait-on en souvenir de la Haghiga, de la victime immolée à la fête de Schabouot dans le temple de Jérusalem (14) ; peut-être faut-il chercher l'explication de cet usage dans un des nombreux ouvrages cabalistiques (15).