Rabbi Samuel de Schletstat
(1309 - 1398)
Rabbin de Sélestat
par Alice Hadas-Lebel
Extrait de l'Almanach du KKL-Strasbourg 5743-1983 (avec l'aimable autorisation des éditeurs)

Le 12 mars 1982, Madame Alice Hadas-Lebel, épouse du grand rabbin de Sélestat, nous quittait. Elle laissait derrière elle le souvenir d'une "Eschète ‘haïl", d'une femme vertueuse telle que la définit la Bible, dans le chapitre des Proverbes récité le vendredi soir par tant de maris juifs à travers le monde. A ses nombreuses qualités, Madame Hadas-Lebel ajoutait une curiosité et une érudition très grandes pour tout ce qui touche à notre histoire. Elle a fait paraître, il y a quelques années, une étude sur un prédécesseur prestigieux de son mari, Rabbi Samuel de Schletstat. Il nous est particulièrement agréable de publier ce texte en hommage à l'amie disparue.
Y.K.

Couple de Juifs alsaciens au Moyen-Age
Musée Judéo-Alsacien de Bouxwiller
Couple au moyen-age
On se marie pourquoi ?
Pour avoir une femme ?
Ou pour avoir des enfants ?

Nous savons très peu de choses sur ce rabbin, sur sa vie, sur ses origines, ainsi que sur l'école où il a étudié: Ce que nous savons, c'est qu'il a exercé ses fonctions dans notre chère cité de Sélestat pendant de longues années. Nous savons encore qu'il dirigeait une petite Yeshiva (séminaire) et présidait un tribunal rabbinique pour régler les affaires litigieuses de ses fidèles de Sélestat et des environs et que parfois même des chrétiens faisaient appel à son jugement éclairé et absolument désintéressé. Il a laissé un ouvrage sur la législation hébraïque sous le nom de Mordechaï hakatan cité très souvent par ses collègues de l'époque. D'autre part on sait que Rabbi Schmuel possédait une souka (cabane) et que chaque année pour la fête des cabanes il avait l'habitude d'y recevoir les notables de Sélestat, les autorités religieuses et ses fidèles.

Un matin qu'il était assis dans son bureau le bedeau l'informa que dans la salle d'attente se trouvait un jeune couple, venu pour divorcer. “Divorcer, s'écria Rabbi Schmuel, renvoyez-les vite. Moi je ne fais pas ce travail-là. Qu'ils aillent chercher un autre rabbin”. Cependant après avoir réfléchi un peu, il se rappela le célèbre texte du Talmud où se trouvaient énumérés les dix principaux devoirs de l'homme, qui sont :

  1. Honorer son père et sa mère
  2. Pratiquer la charité
  3. Bien accueillir les étrangers
  4. Visiter les malades
  5. Doter les fiancés modestes
  6. Assister à des funérailles
  7. Assister aux offices
  8. Faire la paix entre mari et femme
  9. Faire la paix entre l'homme et son prochain
  10. Surtout étudier la Tora.

Rétablir la paix entre mari et femme! Il s'arrêta longuement sur ce devoir et finalement changeant d'avis, il dit: “Ce sont peut-être des malheureux, il faut les aider ; faites-les entrer”. Aussitôt après se présente devant lui Lazar accompagné de sa femme. C'était un jeune et riche paysan, possédant une ferme et une vigne : il déclara qu'il ne manquait de rien, si ce n'était d'un héritier; or voici dix ans qu'il était marié et sa femme ne lui avait pas donné d'enfant ; selon la loi juive, il devait donc divorcer.

"Selon la loi, quelle loi ? Ce n'est là ni coutume, ni tradition ; écoutez, Lazar, le judaïsme a deux bases, la loi biblique et la loi rabbinique. Or votre cas ne relève ni de l'une, ni de l'autre. Si mari et femme, d'un commun accord et pour une raison de force majeure, décident de se séparer, alors la loi autorise les rabbins à dissoudre le mariage. Or je constate que vous êtes tous les deux jeunes; vous n'avez pas plus de trente ans et votre épouse peut-être vingt-huit. Il y a donc de fortes chances pour que vous puissiez avoir des enfants et qui sait même beaucoup d'enfants. Réfléchissez bien, cher Lazar ! Est-ce que le mariage sert uniquement à la procréation ? Nous lisons dans la Bible (Gen. 2.18) : L'Eternel dit: "Il n'est pas bon pour l'homme de rester seul, je lui ferai une compagne digne de lui”. Comme vous voyez il s'agit avant tout d'une amie qui partage ses peines et ses joies.
Quant aux enfants, leur venue ne dépend ni de l'homme, ni de la femme, mais uniquement de la volonté de D.., car D... est l'un des trois partenaires qui participent à la création d'un être humain, Il en est même le principal car c'est lui qui donne la vie. Dites-moi Lazar, serait-il correct de dire à une fiancée : "je me marie avec vous pour avoir des enfants”. La femme n'est-elle qu'une machine servant à la reproduction? D'ailleurs supposons que vous divorciez et en épousiez une autre, êtes-vous certain que cette nouvelle épouse vous donnera des enfants ? Qu'allez vous faire ? Vous allez divorcer pour la seconde fois? N'est-il pas ridicule de penser et d'agir ainsi ?
L'homme est comparable à un arbre. Il y a des arbres fruitiers qui nous donnent des fruits et des arbres stériles, utiles par eux-mêmes : construction de maisons, de meubles, d'objets d'art, d'objets sacrés, etc.. Aussi notre tradition a-t-elle institué deux petites fêtes charmantes, une en hiver (en janvier ou février) Tou bishvath en en l'honneur des arbres fruitiers, et l'autre en été (en juillet ou en août) Tou-beab en l'honneur des arbres stériles. C'est pour nous signifier que les deux espèces ont pour nous la même importance.
D'autre part on constate très souvent que les enfants ne font pas toujours le bonheur des parents. Certains tournent si mal que leurs parents regrettent amèrement de les avoir mis au monde. Par contre il existe des moyens pour remplacer les enfants que D... n'a pas donnés. Par exemple adopter un orphelin, entretenir un enfant pauvre et lui donner une éducation soignée, doter une jeune fille nécessiteuse ou bien encore créer une institution charitable.
Je dois vous faire remarquer que nous connaissons dans notre histoire d'éminentes personnalités qui par amour de la Tora ont définitivement renoncé au mariage: pour ne citer que les plus célèbres dont vous avez certainement entendu parler car leurs noms figurent parmi les soixante-quinze célèbres docteurs du Talmud qui ont composé le traité de morale Pirkei Avoth : Ben Zoma et Ben Azaï. Ils ne se sont pas mariés, mais ils nous ont laissé une oeuvre colossale et impérissable.”

Pendant qu'il discutait ainsi avec Lazar, Rabbi Schmuel remarqua que la jeune Madame Léa Lazar était très triste et abattue. Elle était là, silencieuse, car elle savait ce qui l'attendait. Orpheline de père et de mère, elle avait été élevée par une pauvre tante qui lui avait appris tout ce qu'une bonne maîtresse de maison doit savoir. En effet Léa était vraiment appréciée et estimée par tout le monde. Aussi Lazar avait-il pensé que Léa serait l'épouse qui lui convenait. Il l'avait donc demandée en mariage et la jeune fille avait accepté sans hésiter de devenir sa femme; elle ne se doutait certainement pas que son mariage aurait une fin aussi triste.
Rabbi Schmuel ne pouvait croire qu'une seule et unique raison eût poussé Lazar à divorcer. Il lui demanda donc : "Est-ce qu'il n'y pas encore autre chose qui ne va pas entre vous et votre épouse? Est-ce que vous avez trouvé quelque chose qui vous déplaît ?”
"Has vshalom! " (que D... me garde d'une telle pensée !). Ma femme est une eshet haïl, (une femme vertueuse). Elle possède toutes les qualités, énumérées dans les Proverbes de Salomon ; c'est une femme admirable qui observe toutes les lois prescrites dans la Tora, et en plus elle craint l'Éternel C'est donc avec beaucoup de peine que je prends la pénible décision de divorcer. Mais je suis encore jeune, je suis fortuné et veux tenter ma chance.”

Rabbi Schmuel voyant toutes ses propositions sans effet sur Lazar et se rendant compte que son homme s'entêtait (et s'énervait) de plus en plus, déclara :
"C'est une décision très sérieuse et très grave et je ne peux en prendre la responsabilité tout seul : je dois consulter mon tribunal rabbinique, ainsi que mon épouse, la rabbine qui pourra peut-être me donner un conseil précieux. Une femme expérimentée et intelligente pourra mieux comprendre et ressentir l'importance d'un pareil geste”.
Rabbi Schmuel envoya donc son secrétaire chercher la rabbine. Elle arriva immédiatement et le rabbin la mit au courant de la situation. "Bon,” dit la rabbine, "j'ai tout compris : nous allons vous donner toute satisfaction. Vous désirez, comme tout le monde un enfant à vous, élevé par vous-même, afin de suivre jour par jour son développement et ses progrès. Entre vous et votre épouse il n'y a aucune dissension, ni brouille, ni haine. Il faut donc donner à cette séparation une coloration sereine et même gaie, car vous allez sans tarder vous remarier et créer un nouveau foyer. Et vous aussi chère Madame, nous nous en chargerons... Car c'est une très grande mizve (bonne action) que de marier une eshet haïl surtout dans un pareil cas car nous connaissons des hommes qui s'estimeraient heureux d'épouser une femme telle que vous, et peu leur importent les enfants.
Quant à vous, Lazar, voici ce que je propose. Nous allons organiser une seouda (repas) de séparation, semblable à celle qu'on avait organisée le soir de votre union et nous y inviterons uniquement les maîtres et les étudiants de notre yeshiva (séminaire): ainsi vous vous quitterez en amis, avec les chants de circonstance et les bénédictions."
Que pensez-vous de ma proposition ? demanda la rabbine à son mari et à Lazar. "Je suis tout à fait d'accord", répondirent-ils en choeur, et Lazar ajouta : "Bien entendu je me charge d'assumer les frais de cette manifestation et je veillerai à ce qu'elle soit une réussite".

"D'autre part" répondit la rabbine, "après la cérémonie du guette (divorce), l'homme peut immédiatement se remarier tandis que la femme doit attendre quatre-vingt-onze jours, soit trois mois. afin que, si un enfant devait naître, on puisse en déterminer le père.
Aussi ai-je décidé que Léa restera chez nous pendant ces trois mois, c'est-à-dire jusqu'à la fête de Shavouoth (Pentecôte) jour propice où l'Éternel se maria à la communauté juive en lui donnant comme cadeau de noces les deux Tables de la Loi. Après cette fête vous serez prêt à remettre à votre épouse l'acte du divorce. Aussitôt après vous serez libre de convoler en secondes noces. En attendant ayez l'amabilité de nous faire parvenir les effets personnels de Léa, ainsi que la somme qui lui revient de droit et qui est mentionnée dans la ketouba (acte de mariage)”.
L'accord brusque et inattendu de la rabbine surprit notre Lazar et le rendit perplexe. C'est qu'en arrivant chez Rabbi Schmuel, Léa était triste et abattue, pouvant à peine retenir ses larmes, et voilà que maintenant elle se montrait tout à fait rassurée et contente. Hélas à présent le sort en était jeté et il en était seul responsable.

 

Bague de mariage juive datant du Moyen-Age, découverte dans un trésor enfoui à Colmar vers 1349 (Musée d'Unterlinden, Colmar)
Arriva enfin le grand jour. Tout était prêt pour la seouda finale. Maîtres et convives occupaient chacun sa place réservée. Rabbi Schmuel présidait la table d'honneur avec à sa droite Lazar et à sa gauche un jeune homme très distingué, Rabbi Schmuel l'avait présenté sous le nom de Rabbi Daniel, comme un des meilleurs professeurs de la célèbre Yeshiva de Metz.
Le service du repas commença, dirigé par la rabbine. Elle était aidée par quelques jeunes dames de la communauté et parmi elles une jeune femme très distinguée et très élégante qui attirait l'attention de toute l'assistance et tout particulièrement de Lazar. Ce dernier s'était mis à la recherche d'une compagne qu'il voulait belle et attrayante, telle que l'avait souhaitée Assuérus, roi de Perse. Cependant il n'osa pas demander à Rabbi Schmuel qui était la séduisante jeune fille, attendant que l'occasion se présentât.
Le moment propice arriva, Il observa que la jeune femme, qui était chargée de servir les convives du côté gauche, précisément, où se trouvait le jeune Rabbi Daniel, en profitait pour faire un brin de causette avec lui. Alors Lazar ne put plus se contenir et demanda à Rabbi Schmuel qui elle était.
"Mais voyons M. Lazar vous ne la reconnaissez plus ? Mais c'est Léa".
"C'est vrai !" s'exclama-t-il "mais comme elle a changé : elle est complètement transformée !".
"Bien sûr" dit le rabbi, "elle est heureuse car elle a trouvé l'homme qu'il lui fallait et elle attend avec impatience son divorce pour pouvoir se remarier".
"Par simple curiosité pourrais-je savoir qui il est ?"
"Certainement, c'est Rabbi Daniel en personne. C'est un grand talmid chacham (savant) ; il voulait suivre l'exemple de Ben Zoma et Ben Azaï, deux grands maîtres de l'antiquité qui ne se sont pas mariés, pour l'amour de la Tora, jugeant que les enfants sont un obstacle pour l'étude. Mais ayant appris que Léa ne pouvait pas avoir d'enfant et qu'au contraire elle lui permettrait de se consacrer entièrement à l'étude, il a consenti alors à créer un foyer, voilà la cause de sa fraîcheur et de sa grâce. En plus elle rayonne de joie sachant quelle noble mission elle va accomplir auprès d'un grand homme. Comme vous voyez, elle a complètement changé. Elle a acquis confiance et maîtrise de soi."

En effet après avoir terminé son service elle s'assit à côté du jeune savant et entama avec lui une conversation amicale.
"Mais" dit M. Lazar, "Rabbi Schmuel comment se fait-il qu'un homme religieux s'entretienne avec une femme mariée ? Et ce qui m'étonne aussi c'est que Léa se permette une pareille incorrection alors qu'elle n'est pas encore libre?"
"Mais, cher Lazar, demain à midi elle le sera définitivement, elle sera libre comme l'oiseau et pourra immédiatement se remarier. D'ailleurs vous aussi, Lazar, vous allez faire de même".
"Mais dites-moi, Monsieur le Rabbin, et si un jour elle lui donne des enfants, que fera-t-il ? Est-ce qu'il divorcera?"
"Je ne pense pas", répliqua Rabbi Schmuel. "Comme je le constate tous les deux adorent les enfants et les enfants les aiment à leur tour comme s'ils étaient leurs parents".
"Mais" dit Lazar en bégayant, "mais si je change d'avis?"
"Vous, changer d'avis? Mais c'est impossible; tout est prêt pour le divorce; le rabbin, le secrétaire, les témoins, tout le monde s'est préparé à jeûner. Comme vous savez, dissoudre une union consacrée est un acte très grave et la responsabilité en est énorme, aussi bien vis-à-vis de D... que vis-à-vis des hommes. Nous avons tout fait pour vous permettre de garder Léa près de vous : nous vous avons fait toutes sortes de propositions pour résoudre votre douloureux problème. Hélas en vain ! Vous vous êtes entêté et vous n'avez rien voulu entendre. Vous vous êtes même mis en colère. Maintenant c'est trop tard. Pour nous, nous vous considérons comme divorcé!"
"Mais M. le Rabbin je ne suis pas encore divorcé et je peux encore changer d'avis : quant au tribunal, je suis disposé à payer le dérangement de tout le personnel, et même avec une gratification".
"Ecoutez Lazar: Léa est indépendante et maîtresse d'elle même. Elle n'est pas une esclave dont on peut faire ce qu'on veut. D'ailleurs je crois qu'elle a trouvé l'homme de sa vie, un homme jeune, distingué et instruit; dans son cas c'est ce qu'elle pouvait espérer de mieux."
A ces mots Lazar s'énerve, et commence à crier : "Je ne veux pas divorcer !, non, je ne veux pas divorcer, et on ne peut pas faire divorcer quelqu'un contre son gré !".
En fait lorsque Rabbi Schmuel eut constaté que la mise en scène avait bien marché et que le stratagème inventé par son épouse avait réussi - en effet la loi interdit d'obliger quelqu'un à divorcer contre son gré, et bien au contraire il faut employer tous les moyens possibles pour dissuader celui qui a pris une telle décision - il dit :
"Rentrez chez vous et reposez-vous. La nuit vous portera conseil. Revenez demain matin, nous présenterons au tribunal votre requête et nous étudierons le moyen de faire que Léa vous revienne". A ces paroles sensées le pauvre Lazar se calma un peu.

Entre temps le repas fut terminé et on récita les actions de grâce. Sur un signe de Rabbi Schmuel, sa femme et Léa s'esquivèrent pour ne pas peiner davantage Lazar. Rentré chez lui, celui-ci n'arrivait pas à s'endormir. Il se rendait enfin compte de l'erreur grave qu'il avait commise. Il avait sous-estimé la valeur de Léa. Il prenait conscience de ce fait regrettable, devant la grande difficulté qu'il éprouvait à lui trouver une remplaçante. Il fallait réparer maintenant cette faute et chercher - si c'était encore possible - un moyen de la faire revenir. Il était disposé à lui accorder tout ce qu'elle désirait. Il lui donnerait toute garantie financière qui l'empêcherait de récidiver.
C'est avec impatience qu'il attendit le lever du jour. Il se leva, mit son costume le plus beau et se présenta devant le tribunal rabbinique. Rabbi Schmuel arriva le premier et lui dit: "Je suis en train de chercher un argument pour le tribunal et une explication pour Léa, et je pense qu'avant tout il faut l'assurer contre un autre coup de tête de votre part".
"M. le rabbin, en ce qui concerne l'avenir, je m'engagerai par écrit devant le tribunal à accorder à Léa la moitié de mes biens mobiliers et immobiliers ; et si je viens à disparaître sans laisser d'enfant, elle restera seule légataire universelle. Je lui demande en outre pardon pour la peine que je lui ai causée dans cette affaire et je ferai tout pour lui faire oublier, comme si tout cela n'avait été qu'un mauvais rêve." Après cette promesse, Rabbi Schmuel se rendit d'abord chez Léa et lui communiqua son entretien avec Lazar. Ensuite il alla au tribunal pour préparer le document à signer. Lorsque tout fut prêt on fit venir Lazar, qui signa avec empressement la nouvelle Ketouba. A ce moment arriva Léa, accompagnée de la rabbine. Elle retrouva un Lazar ému et complètement transformé. Rabbi Schmuel, tout heureux, leur donna la triple bénédiction biblique demandant pour eux protection, bienveillance et paix, et leur souhaita que l'Eternel veuille bien leur accorder un enfant.

Le voeu se réalisa effectivement et l'année suivante Léa donna le jour à un beau petit garçon que l'on nomma Schmul. Quant au célèbre Rabbi Daniel, il disparut de Sélestat. Il retourna tout simplement à Metz pour reprendre ses cours de Talmud à la Yeshiva, après avoir reçu de son "rival" une somme d'argent importante pour enrichir la bibliothèque de son école. A Metz il retrouva aussi sa femme et ses cinq enfants. Naturellement Lazar n'apprit jamais ce petit détail pas plus que le vrai nom de ce jeune rabbin, changé pour la circonstance.


Samuel de Schletstat, savant rabbin alsacien, écrivain talmudique du 14ème siècle, figure à deux reprises dans le Dictionnaire de biographies des Hommes célèbres de l'Alsace de F. SITZMANN t. II 1909, pp. 648-649 et pp. 689- 690. Il est cité par J. CLAUSS dans Historisch-topographisches Wörterbuch des Elsass, Saverne, 1895, p. 1011.


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