Echos de Tischri à Mulhouse
1936
Univers israélite septembre 1936


Vitrail de la synagogue de Mulhouse

C'est au milieu d'un grand concours de fidèles que se sont déroulées les fêtes de Tischri dans l'importante communauté de Mulhouse. Les offices imposants ont été suivis pieusement par une foule recueillie. Le talent de M. Wolff, premier ministre-officiant, la voix excellente de M. Heimendinger, second ministre-officiant, la valeur de notre ensemble choral, qui s'est admirablement développé sous l'impulsion de la nouvelle commission administrative, ne furent certainement pas étrangers au succès de ces services.

A Roch-Hachana, M. le rabbin Hirschler évoqua dans l'émotion générale ce qu'avait été l'année écoulée, et, s'appuyant sur une curieuse légende, il demanda aux fidèles quand enfin serait Roch-Hachana, "point de départ d'une année qui devrait être nouvelle", affirmant que le véritable Roch-Hachana dépend plus de la volonté des hommes que du retour périodique des saisons.

Nathan Heimmendinger,
ministre officiant
Le soir de Kol-Nidré, l'orateur s'efforça de montrer que la déjudaïsation de nos coreligionnaires d'Occident était plus apparente que réelle. Le judaïsme, son histoire et sa pensée, commandent, à leur insu ; peut-être, leurs réactions. Ils doivent le comprendre afin qu'ils se remettent au travail, vers les devoirs d'Israël, plus actuels que jamais, dans l'incohérence des jours que nous vivons. M. le rabbin mêlant les problèmes les plus brûlants de l'heure présente aux éternels enseignements du judaïsme sut passionner son auditoire et le faire vibrer à l'unisson.

Ainsi qu'il se fait depuis quelques années à Mulhouse, Souccoth fut surtout la fête de la jeunesse. La Soucca particulière que se construisirent les jeunes était artistiquement décorée par leurs soins et malgré sa grandeur, elle était trop petite pour tous les enfants et jeunes qui s'y pressaient après chacun des offices des deux premiers jours.Ils purent d'ailleurs y faire des repas "symboliques", grâce aux paquets qui, confectionnés par quelques dames de la communauté avec des dons largement accordés, leur étaient distribués à l'entrée de leur Soucca.

La veille de Simhath-Tora, toute la jeunesse de notre communauté s'est retrouvée à la synagogue. Avant l'office, sous la présidence de M. Max Lazare, président de la communauté, de M. le rabbin Hirschler, directeur des cours religieux, et de M. le docteur Camille Dreyfuss, président de la Commission des cours religieux, une distribution solennelle des prix, pour la première fois, récompensa le zèle déployé par les élèves des cours organisés par la communauté. M. le docteur Camille Dreyfuss, dans une allocution émue, tint à dire aux enfants les espoirs que nous fondions sur eux, leur montrant la valeur de l'étude dans le judaïsme. M. le rabbin, prenant ensuite la parole, en termes directs et touchants, précisa ce qu'il attendait de cette jeunesse studieuse qui devait se montrer digne de l'histoire et des vérités qu'elle a étudiées en classe. Cette cérémonie s'acheva par la distribution des diplômes d'Initiation religieuse.

Puis ce fut le service du soir de Simhath-Tora, à la suite duquel se déroula un long défilé d'enfants, drapeaux en mains, derrière les Sepharim portés par des jeunes gens. Plus de 300 jeunes prirent part à cette procession. Tous, ils furent appelés à la Lecture de la Loi, ceux qui ne trouvaient pas place sur l'Almemor, dessinant tout autour une imposante couronne vivante. Le vendredi matin, le service de Simhath-Tora pour les grands se déroula avec le cérémonial habituel et la foule accoutumée. Dès le soir, M. le rabbin reprit le cycle interrompu de ses causeries sabbatiques.

Ces festivités laissent dans l'âme des fidèles une impression profonde et durable à en juger par le grand nombre de ceux qui assistèrent au "Lernen"  de Hochana-Rabba, organisé par la Hevra Araunauss, que dirige avec tant de dévouement M. Rueff-Netter, ainsi qu'à la conférence que fit M. le rabbin après l'office du matin du Shabath-Bereschith.

Pendant ce mois de Tischri la communauté de Mulhouse a donné une fois de plus la preuve de sa vitalité.                     J. L.


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