Dans les années 1970, Robert Weyl za"l passionné par l'épigraphie juive, s'intéressa aux stèles juives des Musées de la Ville de Strasbourg.
Depuis la publication Über älteren hebraïschen Steine de 1888 complétée par Funde in dem Kaufhaus de 1899 de Julius Euting et par Hebraïsche Inschriften aus Strassburg de Littmann (1914), plus rien n'avait été publié.
Les travaux de modernisation de la ville, les destructions de la dernière guerre firent découvrir de nouvelles inscriptions. Malheureusement, quelques pierres décrites par Euting et par Littmann avaient disparu.
Robert Weyl entreprit de les faire photographier et de décrire toutes celles qui ne l'avaient pas encore été.
De toutes les découvertes, la plus sensationnelle fut celle de l'inscription dédicatoire de la Weiberschul de Strasbourg.
Robert Weyl fut à l'origine de l'exposition de ces pierres qui dormaient au fond d'un lapidaire depuis des siècles et qui constituent des documents irremplaçables pour ceux qu'intéressent l'histoire de Strasbourg, l'histoire des juifs et l'épigraphie juive.
Ainsi naquit le petit musée lapidaire dans la Cour des Maréchaux du Musée de l'Œuvre Notre-Dame à Strasbourg grâce à Monsieur Beyer, Conservateur en chef des Musées de la Ville de Strasbourg et à Monsieur Zumstein, Conservateur du Musée de l'Œuvre Notre-Dame et dont l'inauguration eut lieu le 28 novembre 1974. (1)
Depuis le 30 juin 2007, quatre stèles exposées jusqu'alors dans la Cour des Maréchaux ont été déplacées dans une vitrine du Musée Historique consacrée au judaïsme, Elles y sont présentées à côté de l'inscription dédicatoire de la Weiberschul, d'une maquette du miqveh de la rue des Charpentiers et d'une petite tablette de cire.
Présentation au Musée Historique :
Détail des pierres exposées provenant de l'Œuvre Notre-Dame :
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Le petit musée lapidaire de la Cour des Maréchaux se trouvait désormais privé de quatre de ses stèles.
En juin 2009, Cécile Dupeux, Conservateur en Chef du Musée de l'Œuvre Notre-Dame décida de procéder à un réaménagement afin de compléter les stèles restantes. C'est ainsi que trois nouvelles pierres issues des réserves ainsi que l'inscription dédicatoire rappelant le souvenir de Dame Rébecca furent choisies.
Présentation en 2009 dans la Cour des Maréchaux de l'Œuvre Notre-Dame :
Détail des pierres exposées : I. Un homme, fils de R. Meïr, 2 décembre 1325. |
Le détail de ces stèles nous est fourni par le travail d'épigraphie de Robert Weyl qui a dessiné les textes hébraïques et les a traduits dans Inscriptions médiévales de Strasbourg et de Colmar ( Juifs en Alsace 1977 ). (2)
C'est donc de cette publication que les textes hébreux et les traductions suivantes sont extraits.
Toutefois, les numéros des inscriptions ont été changés pour reproduire ceux du Musée de l'Œuvre Notre-Dame, et pour rendre l'ensemble plus compréhensible.
[1]
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Le type d'écriture permet de dater cette stèle de la seconde moitié du 12ème siècle. Elle appartient ainsi aux tout débuts de la communauté juive d'Alsace.
Ligne 3. - Ha-yashish, "celui dont l'existence se prolonge ", " l'ancêtre ", plus âgé que ha-zaqen, " le vieillard " (voir stèle n° 7).
O.N.D. inv. n° 19295.
Bibl.: EUTING, 1888; SCHWAB; WEYL.
[2]
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L'écriture remarquable de cette stèle se rapproche davantage de la calligraphie sur vélin que de la gravure sur pierre ; elle est cependant déroutante et met en défaut le système de datation élaboré par Euting.
Lignes 1-2. - Le 28 adar premier 4973 correspond au 20 janvier 1213, qui est un mercredi et non un jeudi (il a dû y avoir télescopage entre le jour du décès et celui de l'enterrement).
Ligne 5. - Comme beaucoup d'inscriptions funéraires de la même époque, celle-ci se termine par les mots Amen. Sela.
O.N.D. inv. n° 19299.
Bibl. : Bull. soc. cons. mon. hist. Als. 2e série, 15, 1892, 2e partie, page 6 ; WEYL.
[3]
fut gravée Dame Rebecca qui fut charitable selon l'enseignement de la loi |
Bibl.: Découverte de deux inscriptions hébraïques Rue des Juifs à Strasbourg en 1986 et 1987; WEYL
[4]
(Rabbi) Urshrago avec amour son âme s'envola et retourna vers son Créateur, un jeudi 30 du mois de la (petite) numération pour une vie éternelle avec tous les justes du monde. (Amen. Amen.) Amen. Sela. |
L'écriture, très belle, est marquée par un certain maniérisme : exagération des lignes courbes, au point d'en ajouter même dans les lettres qui normalement n'en comportent pas, comme le dalet ; courbure rentrante du bet ; forme particulière du mem final. Cette stèle n'est pas datée, mais son écriture la rapproche de la stèle n° 6, de 1272.
Ligne 1. - Les vestiges de cette ligne sont difficiles à interpréter : Rabbi Urshrago peut être le nom du défunt ou celui de son père. On trouve ce nom, avec la même orthographe dans le Memorbuch de Nuremberg. Il résulte de la combinaison de l'hébreu Uri, "flamme ", avec son équivalent araméen Shraga. Ce nom fut occidentalisé au 12ème siècle et devint Phoebus.
Ligne 2. - Ner, " lumière ", dans le sens d'âme (cf. Proverbes 20:27).
Ligne 3. - A rapprocher d'une épitaphe de Worms, décrite par Lewysohn, celle de Dame Sarah, fille de Rabbi Joseph, de 1176 : Hishlima nafshah le-yozrah be-ahava, ainsi que de la Table du Souvenir de Dame Rachel (inscription dédicatoire de la synagogue de Strasbourg) : Ru'hah el qona et shava, "au moment où son âme retourne à son Créateur ".
O.N.D.
Bibl.: WEYL.
[5]
Kalonymos, fils de R(abbi) Y... le jeune garçon qui mourut le ... du mois de kislev de l'année... du (petit) comput. Que son âme (soit ...) dans le jardin d'Eden. (Amen. Sela.) |
Sur cette stèle non datée, on remarque le même maniérisme dans l'écriture que nous avons relevé sur les stèles précédentes ; nous la situons aux environs de l'année 1270.
Le nom de Kalonymos fut porté par de très nombreux personnages illustres, notamment des écrivains juifs, du moyen âge.
O.N.D.
Bibl.: LITTMANN ; WEYL.
[6]
(Ce monument) Je l'ai placé (au chevet de) Dame 'Hana fille de R(abbi) Ye'hiel (décédée) le mercredi 19 du mois d'iyar 32 du (petit) comput. Qu'elle repose dans le jardin d'Eden. Amen. |
Cette stèle fut trouvée en 1912, place Kléber, côté est (Prisunic - en 2009 : Monoprix). La description publiée par Littmann en 1914 est incomplète et comporte des erreurs.
Ligne 2. - La lecture shin mem (et non shin nun, comme le propose Littmann) et la base d'un tav et d'un lamed encore visible permettent de lire samti le- et de compléter en une formule classique : ziyun ha-laz ou ha-even ha-zot samti le-rosh.
Ligne 3. - En fin de ligne, Littmann avait pris les vestiges du he pour un 'heth et avait imaginé le mot 'havera, membre d'une 'hevra, association religieuse. En réalité, nous trouverions une autre formule classique, comme ha-'hassida, " la (femme) pieuse ", ou ha-'hashuva, " la (femme) distinguée ".
Lignes 5 et 6. - Littmann n'avait pas cherché à établir la date complète, le mois étant simplement indiqué par un alef initial. Quatre mois commencent par cette lettre av, elul, iyar, adar ; de ces quatre, seul le 19 iyar est un mercredi. A cette date du 19 iyar 5032 correspond le 20 avril 1272.
O.N.D. inv. n° 11858.
Bibl. : LITTMANN ; WEYL.
[7]
L'homme mort sans avoir jamais failli R(abbi) Yequtiel le vieux, fils de R(abbi) Meïr, fut enterré la veille du saint jour de Sabbat, le 14 shevat 63 du (petit) comput. Que son âme soit réunie aux justes dans le jardin d'Eden. Amen. Sela. |
Stèle trouvée 11, place de la Cathédrale.
Ligne 1. - L'expression ha-niftar beli-maal, "mort sans avoir jamais failli ", est assez exceptionnelle ; l'allemand "ohne Fehl" la traduirait bien.
Ligne 2. - Ha-zaqen, "le vieux". Selon les Monumenta Judaica, ha-zaqen placé devant le nom signifie "le vieillard", placé derrière, il a le sens de "le plus âgé" et permet de distinguer le défunt d'un homonyme.
Ligne 4. - Le 14 shevat 5063 correspond au vendredi 1er février 1303. Pour 63, on aurait, plus simplement, dû écrire : samekh, gimel ; or, on a écrit : samekh, alef, bet, qui donnent également le total de 63, mais permettent en même temps de former le mot saba, le "vieillard", le "grand-père".
O.N.D. inv. n° 31871.
Bibl.: WEYL.
[8]
fils de R(abbi) Asher le 22 av, jour ... du (petit) comput. Son repos qu'il soit dans le jardin d'Eden, avec ... A(men). A(men). A(men). S(ela). |
Stèle assez voisine par son écriture de la stèle suivante, datée de 1324-1325.
O.N.D. inv. n° 19300.
Bibl.: WEYL.
[9]
(Rabbi) Matat(yahu) ( fils de Rabbi) enterré le 24 de l'année 85 du (petit) comput. ( Que soit) son âme liée au faisceau des vivants avec les Justes (dans le jardin d'Eden. Amen. Sela). |
A. Glaser, dans Geschichte der Juden in Strassburg, signale qu'en 1901, au cours de travaux sur l'emplacement des Hospices civils de Strasbourg, un fragment de stèle fut découvert. En dépit d'une lecture différente (le Rabbin Glaser avait lu mem, vav, tav, là où nous lisons mem, tav, tav, et avait traduit "gestorben"), il doit s'agir de la même stèle.
Ligne 1. - La reconstitution du nom Matat(ya) ou Matatyahu est à peu près évidente.
Ligne 2. - Date de l'enterrement et non date du décès, les deux pouvant d'ailleurs coïncider ; de tels cas sont attestés ailleurs.
Ligne 3. - L'année 5085 correspond à l'année 1324-1325.
O.N.D.
Bibl.: WEYL.
[10]
enterré le 25 du mois de... (de l'année...) 3 du (petit) comput. Que son âme (soit) avec tous les Justes du monde Amen. Amen. Amen |
Stèle de l'année 1322-1323 ?
O.N.D. inv. n° 19308.
Bibl.: WEYL.
[11]
Voici la stèle funéraire de Dame Guthil, fille de R(abbi) Y e'hiel la jeune (?) qui s'en alla dans sa demeure éternelle (le ... du) mois de ... 95. |
Cette stèle fut trouvée en 1912, rue du 22 Novembre, là où nous trouvons aujourd'hui le magasin Magmod (en 2009 : Galeries Lafayette), à en croire le numéro d'inventaire 12187. Sous ce même numéro, Littmann avait publié en 1914 une inscription tout autre, que nous n'avons pas retrouvée. Il est difficile d'imaginer qu'il s'agisse d'une lecture totalement différente de la même stèle.
Ligne 3. - Le nom de la défunte est mutilé. Il débute par une racine germanique Gut ; à la fin, nous pensons voir la tige montante d'un lamed. De tous les noms commençant par Gut : Guta, Gutelin, Gutheil, Guthalda, Guthil, c'est le dernier qui paraît le mieux s'adapter. Il est attesté par deux stèles de Mayence de la même époque.
Ligne 4. - Ha-ba'hura, femme célibataire d'un certain âge, ce qui lui donne droit au titre de marat, "dame", que l'on ne donne pas à une jeune fille. Quelques épigraphistes dont Rapp-Böcher ont systématiquement traduit ba'hur, ba'hura par "le jeune" ou "la jeune" ; ce qui est surprenant, c'est la proportion élevée de stèles portant cette désignation à Worms, Spire et Mayence.
Ligne 6. - L'année 5095 correspond à l'année 1334-1335 (le jour et le mois manquent).
O.N.D. inv. n° 12187.
Bibl.: WEYL.
[12]
Jacob, fils du Saint Rabbi fut enterré le 19 shevat un mercredi, de l'année 104 du (petit) comput. (Que soit) son âme avec les Justes dans le jardin d 'Eden. Amen. (Sela). |
[13]
Celui qui est enseveli ici, fut dévoué à Dieu et aux hommes, R(abbi) Joseph fils de R(abbi) Abraham, enterré le 17 mar'heshvan un lundi de l'année 108 du (petit) comput. |
Ligne 1.- Les quatre premières lettres portent toutes le signe d'abréviation, et devraient représenter chacune la première lettre d'un mot. Euting pensa, et nous n'avons pas trouvé de meilleure explication, que le mot est mis pour ha-nignaz, "celui qui est enseveli ici". L'expression est inhabituelle pour désigner un mort ; elle est utilisée pour le prophète Elie, gardé sous le trône divin, et pour les livres saints devenus hors d'usage que l'on enfouit (cf. la geniza du Caire). Quant aux signes d'abréviation sur les lettres, dont la valeur numérique est de 108 (à condition de lire nun à la place de zayin), ne veulent-ils pas être un rappel de la date ?
Lignes 4-5.- Au 17 mar'heshvan 5108 correspond le lundi 22 octobre 1347.
O.N.D. inv. n° 19293.
Bibl. : EUTING 1888 ; SCHWAB ; WEYL.
[14]
... les Justes dans le jardin ... ... Amen. Sela. |
Fragment de stèle trouvé dans la rue Saint-Louis. Très belle écriture, semblable à celle de la précédente et sensiblement de la même époque.
O.N.D. inv. n° 19310.
Bibl. : WEYL.
[I]
(fils de Rabbi M)eir et fut enterré le 17 tevet |
Cette stèle fut trouvée lors de la démolition de la muraille près de la Porte des Juifs, en 1881. Au 17 tevet 5086 correspond le mardi 2 décembre 1325.
O.N.D.
Bibl. : EUTING 1888; SCHWAB ; WEYL.
[II]
Elle mourut la noble dame Esther, fille du 'haver Rabbi Osia, et fut enterrée le 22 iyar, un mardi, de l'année 95 du (petit) comput. Que son âme soit réunie à celle de toutes (les femmes vertueuses) dans le jardin (d'Eden. Amen. Sela). |
La moitié supérieure gauche de cette stèle fut décrite par Euting en 1888. Nous avons eu la chance rare de retrouver la moitié manquante.
Ligne 2.- Ha-geveret marat ; la traduction allemande, die Dame Frau Esther, serait plus exacte.
Ligne 3.- Le 'h surmonté du signe d'abréviation est mis pour "haver. Ce titre est conféré à des personnes ayant de grandes connaissances talmudiques, et est confirmé par un diplôme ; il plaçait le titulaire, dans sa communauté, juste au-dessous du rabbin, qui portait le titre de morenu ha-rav, "notre Maître le Rabbin".
Lignes 5-6.- Au 22 iyar 5095 correspond le mardi 16 avril 1335.
O.N.D. inv. n° 19204.
Bibl. : EUTING 1888 ; SCHWAB ; KAUFFMANN ; WEYL.
[III]
Cette stèle-ci je l'ai érigée au chevet de Dame Bruna, fille de R(abbi) Moïse, l'honorée et la pieuse décédée en l'an 983 du (petit) comput le 19 du mois de Tamuz le dimanche. Qu'elle repose dans l'honneur. Amen. Sela. |
Cette stèle est la plus connue de celles de Strasbourg. Découverte en 1881, lors de la démolition de la courtine près de la Porte des Juifs, elle fut décrite par Euting.
Lignes 5-6.- Au 19 tamuz 4983 correspond le dimanche 19 juin 1223.
Un mot pour les lecteurs peu familiarisés avec la datation des Juifs. Depuis le 9ème siècle, on date selon l'ère de la création du monde, fixée au 1er tishri 3761 avant l'ère chrétienne (le mois de tishri étant en automne, l'année juive se trouve à cheval sur deux années chrétiennes). D'autre part, l'hébreu ne possède pas de chiffres, mais accorde une valeur numérique à chaque lettre de l'alphabet : 1 pour alef, 2 pour bet, 20 pour kaf, 100 pour quf... 400 pour tav. On procède par addition. Dans l'épitaphe ci-dessus, le groupe de lettres tav, tav, quf, pe, gimel constitue la date : 400 + 400 + 100 + 80 +3, au total 983. Le millénaire n'est pas mentionné, ce qu'indique le mot suivant lifrat, sous-entendu qatan : "le petit comput", à l'intérieur du millénaire. L'année 4983 dont on retranche 3760 donne 1222-23 comme année chrétienne.
O.N.D.
Bibl. : EUTING, 1881 ; SCHWAB ; WEYL.
[A]
Av de l'année 9 du (petit) comput. Que son âme soit avec toutes celles des femmes vertueuses dans le jardin d'Eden. Amen. Amen. Sela. |
Cas particulièrement typique de remploi de stèle funéraire à des fins utilitaires, après la destruction du cimetière en 1349. Cette pierre fut trouvée à la Robertsau, au lieu-dit Weidenpfad. Un jardinier avait dû la retailler circulairement pour la faire servir de couvercle à son puits.
Ligne 1.- Eléments de datation. L'année hébraïque 5009 correspond à l'année 1248-1249.
O.N.D. inv. n° 19278.
Bibl.: WEYL,
[B]
Il est mort, ce jeune garçon, Shalom, fils de R(abbi) Isaac, un mardi 14 du mois de elul de l'année 41 du (petit) comput. Qu'il repose dans le jardin d'Eden avec tous les justes (du monde). Amen. Amen. (Sela). |
Stèle trouvée en 1912 rue du 22 Novembre (Magmod - en 2009 : Galeries Lafayette)).
Lignes 3-4.- Mardi 14 elul. Il y a erreur dans la rédaction ou l'exécution de l'épitaphe, le 14 elul étant un samedi. Des deux éléments, le jour de la semaine est probablement l'élément exact ; le sculpteur aura confondu un zain avec un dalet, et nous aurions comme date de décès le mardi 17 elul 5041, soit le 2 septembre 1281.
O.N.D. n° 12486.
Bibl.: LITTMANN ; WEYL.
[C]
Venge son sang, et qu'au jardin d'Eden soit son âme. Amen. Sela. |
L'écriture permet de dater ce fragment de la première moitié du 13ème siècle. Il provient de la stèle d'un homme mort de mort violente, probablement comme martyr.
E.L. Rapp fait une distinction entre ceux qui sont morts assassinés sans avoir pu d'une manière quelconque échapper à leur destin et ceux qui se sont trouvés devant un choix : accepter le baptême et conserver la vie, refuser le baptême et aller à la mort. Seuls ces derniers furent appelés ha-qadosh ou ha-qedosha, "le saint", "la sainte", ha-nehrag al yi'hud ha-shem, tué en proclamant l'unité du Nom divin", ou al qidush ha-shem, "pour la sainteté du Nom". Les Allemands les désignent sous le nom de Glaubenszeugen.
Pour tous les autres, qui moururent souvent dans des supplices affreux, leur tombe porte par exemple ces mots : ha-'halol asher be-yad zedim nitolal, "assassiné et suplicié par des criminels", mais non pas ha-qadosh.
Le grand nombre d'exécutions collectives explique la rareté des stèles de martyrs : leurs restes lamentables étaient enfouis dans des fosses communes.
Ligne 1. - L'expression (ha-shem) yinqom damo, "Dieu venge son sang" est signalée une seule fois par Rapp, réduite aux premières lettres de chaque mot, sur une stèle de Mayence, celle de Samson fils de Mena'hem ha-Levi, qui mourut martyr en 1384. En revanche on la trouve fréquemment dans les mémoriaux des persécutions.
Stèle trouvée en 1914, place Kléber, côté est (Prisunic - en 2009 : Monoprix).
O.N.D.
Bibl.: LITTMANN ; RAPP ; WEYL.
[D]
La joie fut (changée en deuil) par la mort de Dame Sim'ha fille de R(abbi) Barukh, et fut enterrée. |
Fragment de stèle trouvée en 1898 lors des travaux de restauration du Kaufhaus (aujourd'hui Ancienne Douane).
Ecriture voisine de celle de la stèle n° 10 ; date suggérée : 1322-1323.
Ligne 1. - Jeu de mots sur le nom de la défunte, Sim'ha, qui signifie "joie".
O.N.D.
Bibl.: EUTING 1899; WEYL