La nouvelle synagogue de la Communauté Etz-Haïm
par Yehochoua Klein, président de la Communauté

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Etz Haim

 


Façade de la nouvelle synagogue

 

mikve femmes
Bain rituel des femmes

 

mikve hommes
Bain rituel des hommes

 

Entree
Entrée de la synagogue

 

Ceremonies
Salle des cérémonies

La Communauté Etz-Haïm, ayant pris possession de ses nouveaux locaux, le 14 novembre 1999, nous tenons à exprimer dans ces colonnes la continuité logique entre les membres actifs de la kehila vis à vis de la rénovation des institutions et l'engagement initial des membres fondateurs.

Passage de la rue Kageneck à la rue de Turenne

La communauté orthodoxe de Strasbourg existe depuis près de cent-vingt ans. Après maintes péripéties et la création d'un Talmud Torah, le premier minyan fut célébré Shabath Hanouka 1882 chez M. Bernard WEILL à la maison.

Après plusieurs stations, c'est dans la rue Kageneck que fut construite à la fin du 19ème siècle une synagogue desservant cette ancienne communauté. Un mikvé y a été également installé en 1917. Cette synagogue a été la seule qui ait survécu à la deuxième guerre mondiale. Cependant, le quartier de la gare dans lequel cette synagogue se trouvait a connu, depuis quelques trente ans, un changement profond, et les Juifs s'en sont retirés. Pour cette raison en particulier, la communauté Etz-Haïm a connu de nombreuses difficultés depuis quelques années, son minyan allant en régression.

Les responsables de la communauté se sont trouvés placés devant une grande question : conserver des murs, devenus de plus en plus abandonnés, pour des raisons de nostalgie, ou construire ailleurs ?

En 1997, sous l'impulsion d'un comité dynamique, Messieurs Simon EHRENREICH et Yehochoua KLEIN ont émis l'idée d'un déménagement de la synagogue pour des raisons évidentes de minyan (1) et de proximité. Avec l'appui du Rav Shmouel SCHLESINGER shlit"a et de M. Roger GAY, président de la SIR (Société Israélite Religieuse ETZ-HAÏM) , c'est vers un immeuble situé rue Turenne, au cœur du quartier juif, que ce groupe s'est dirigé : vendant l'ancienne propriété, la communauté a réussi à trouver de quoi acquérir ce nouveau bien, tandis que la Fondation Chochanim a entrepris, pour sa part, d'offrir la construction du nouveau mikvé.

A l'heure actuelle, tout est en place : le mikvé est ouvert et attire un public de tous bords de plus en plus important, la synagogue, avec ses activités, accueille de plus en plus de personnes, et le pari semble être bien réussi ! Kageneck – ou plutôt Turenne à présent – a repris son souffle.

C'est donc une visite des lieux que nous vous proposons d'effectuer.

Le mikvé (bain rituel)

Le mikvé (3) est situé dans les sous-sols de l'immeuble. C'est peut-être la partie la plus importante des services que la communauté propose aujourd'hui au public : un mikvé qui est sans doute le plus moderne d'Europe et des plus cachers qui soient !

L'originalité halakhique du présent mikvé réside dans le fait que son approvisionnement en eau est pris de la nappe phréatique. En effet, une immense nappe d'eau, forte de milliards de mètres cubes, s'étend sur une largeur de quelques 160 kilomètres entre Bâle à Francfort. A Strasbourg, il suffit de creuser le sol de quelques mètres pour y arriver ! Du reste, les fondations de l'immeuble de la synagogue étaient formées de voûtes, sans doute pour consolider la construction. Pour amener l'eau, un forage de 9 mètres a été effectué, et un ingénieux système de pression d'air permet de faire monter l'eau dans la tuyauterie, par effet capillaire (gravitation inversée), puis de l'utiliser comme de l'eau de pluie.

Outre cet approvisionnement, un autre bassin permet de recueillir de l'eau de pluie et de le mettre en contact également avec le bassin utilisé comme mikvé proprement dit.

Ceci concerne l'aspect technique de cette installation. Sur le plan "confort et bien-être", ce mikvé est parfaitement remarquable : cinq salles d'eau ultra modernes permettent aux dames de se préparer à l'immersion, sans parler d'une salle d'attente et d'un accueil des plus chaleureux. Notons la présence de deux baignoires avec balnéothérapie, un pèse-personne et un tensiomètre électronique ainsi que divers parfums à disposition. La règle suivie est que les femmes ne doivent rien apporter comme accessoires de toilette, mais tout est fourni sur place. Ceci, pour des raisons de discrétion inhérentes à ce genre de lieu, est un point important. Le fait est que de nombreuses dames de la ville fréquentent ce lieu.

La responsable du mikvé a déjà eu l'occasion de rencontrer des réactions surprenantes, telle cette dame, accompagnant sa fille avant son mariage, pleurant devant le fait qu'elle ignorait tout de l'existence d'une telle obligation – pourtant tellement essentielle dans le judaïsme. Mais, lui a-t-on expliqué sur place, tout est encore possible…

Le fait qu'un tel établissement soit d'une telle propreté et d'une telle beauté est d'une importance capitale.

Avant de quitter le sous-sol, une visite du mikvé pour homme s'impose : il est bien entendu d'un format inférieur, et ne comporte qu'une seule salle. A l'extérieur, un bassin indépendant permet le trempage rituel des ustensiles. Ce dernier bassin est ouvert tous les jours de la semaine, du matin au soir.

Le mikvé n'est qu'un service annexe à une communauté, mais pour Etz-Haïm, cette réalisation fait partie de l'un des éléments essentiels de son devoir envers la communauté juive locale de Strasbourg, il est l'un des buts de la synagogue.

Aron

Les salles d'étude et de prière

Au rez-de-chaussée – nous avons monté d'un étage –, le beith hamidrash est composée de deux salles. On y prie en semaine et plusieurs cours y ont lieu, ainsi que les kidoush. Quant aux Shabathoth et aux offices spéciaux, ils ont lieu dans la grande synagogue située au premier étage.

Centralité de la nouvelle synagogue

Il faut expliquer aux lecteurs ne connaissant pas la topographie locale que la rue de Turenne est en fait située au "centre" de la ville : pour diverses raisons, la communauté juive de la ville a de plus en plus tendance à se regrouper dans ce quartier, en particulier parce que la "grande synagogue" de Strasbourg, ainsi que la Synagogue RAMBAM qui lui est adjointe, sont situés à quelques dizaines de mètres de là, sur le terrain du Contades. Par ailleurs, le beith hamidrach de la rue Sellénick est lui aussi situé à portée de main, à quelques centaines de mètres, sans parler de divers magasins de produits cacher ou de livres juifs.

C'est donc en plein centre névralgique de la communauté juive que Etz-Haïm s'est installée. La question de savoir si un tel choix était intelligent ne se pose cependant plus : le fait est que de plus en plus de personnes viennent prier et étudier dans ce nouveau lieu ! Comme dans toute chose, c'est au contraire le fait qu'il y ait du choix qui permet à tous de se développer. En tout cas, c'est bien vérifié dans le cas de cette communauté.

Les critiques, acerbes au départ, se sont calmés, et les anciens de la communauté, fortement blessés par l'abandon de la vieille rue Kageneck, admettent que le transfert avait quelque chose de positif. Par contre le Kahalragzen est toujours là (le râleur public, inhérent à chaque communauté).

Puis des cours de qualité exceptionnels ont lieu tout au long de la semaine pour tous les publics : par exemple, le rav Schlesinger donne un cours en français le Shabath après-midi sur les Pirké Avoth, auquel participent plus d'une centaine de personnes.

'Erouv 'hatséroth

Ou encore le fait, fort remarqué, qu'à l'inauguration de la synagogue des sidourim de rite séfarade ont été introduits… Cela n'avait pas été le cas auparavant, et cette marque de respect d'autrui correspond bien à une nouvelle conception.

Mais cela ne signifie pas que les traditions de la synagogue ont été abandonnées : bien entendu, la communauté Etz-Haïm respecte avec une grande ferveur la tradition alsacienne qui est la sienne.

La communauté effectue une fois par an la mise en place du "'Erouv 'hatséroth" (4) pour les habitants de la ville qui portent le Shabath. Quelques mots d'explication : à Strasbourg, depuis des dizaines d'années, un 'érouv permettant de porter le Shabath en ville a été organisé. Il repose essentiellement sur des talus de chemin de fer et sur les fleuves entourant la ville. N'entrons pas ici dans le débat concernant la possibilité d'effectuer ce genre de procédures hala'hiques, mais le fait est qu'une partie des Juifs de la ville se repose sur le 'erouv de la communauté orthodoxe de Strasbourg. Or, pour permettre de porter, il faut que soit déposé un pain central appartenant à tous les Juifs de la ville. Chaque année, le rabbin fabrique une matsa, plus importante que les autres, comprenant un trou en son centre, qui est déposé dans la synagogue et qui est destinée à cet effet.

 
De plus, c'est la seule synagogue qui officie Yom Kipour Kotone (5) deux fois par an, veille du mois de eloul et du mois de nissan.

Mesures de modernisation


D'autres mesures de modernisation ont été prises. En particulier, le cimetière de la communauté, qui est également indépendant, a fait l'objet d'un travail de saisie informatisée, permettant de connaître l'emplacement de toutes les tombes.

Bien entendu, les finances de la communauté reposent sur les cotisations des membres essentiellement, mais une dernière initiative originale a été prise : la salle du rez-de-chausée et du premier étage peuvent servir de salle polyvalente, et des fêtes de famille y sont organisées.

Quant au premier étage, il est occupé par la grande salle de prière. Une bonne centaine de personnes peuvent y prier. A l'étage d'au-dessus, la classique galerie des dames suit les règles de la halakha de la meilleure des manières, tout en permettant aux dames de suivre les offices sans aucun problème.

C'est donc une communauté florissante qui se présente à vos yeux. Espérons qu'elle réussira à se développer de la manière dont elle semble là avoir recommencé.

Lire l'histoire de la Synagogue de la rue Kageneck


© A . S . I . J . A .