L’histoire de Hanouka a bien commencé mais elle
s’est terminée par une épouvantable catastrophe.
L’Etat d’Israël actuel, après soixante années
d’indépendance, se doit de réviser sa leçon
à ce sujet.
Résumons d’abord les faits.
Au cours de l’histoire, des origines à nos jours, le
Pays d’Israël a été incorporé de
gré ou de force à de grands empires pendant de très
longues périodes, dont la durée excède largement
les ères d’indépendance. L’histoire de
Hanouka inaugure une telle période exceptionnelle, mais elle
s’est terminée au bout de 78 ans avec la conquête
romaine.
L’histoire de Hanouka se place à l’époque
hellénistique. Alexandre le Grand a conquis l’empire
perse, dont la Judée faisait partie, et, après sa
mort en -323, ses généraux se sont partagé
son empire. Ils ont hellénisé tout le Moyen Orient.
- 167 - 164, grande persécution des Juifs et révolte
du prêtre Matitiahou puis de ses fils, les Maccabées,
Juda et ses frères.
- 164, le 25 kislev, Hanouka, purification du temple et dédicace.
- 141, après de nombreuses péripéties et
de sanglantes batailles, indépendance complète sous
Simon, le dernier représentant des frères Maccabées.
- 134, Simon assassiné par son gendre (un non juif).
- 134 - 104, Jean Hyrcan (Yochanan Cohen Gadol), Grand Prêtre.
- 104 - 103, Aristobule, prend le titre de roi (cumul des fonctions,
roi et Grand Prêtre). Assassine son frère et sa mère.
- 103 - 76, Alexandre Jannée (Yanaï).
- 76 - 67, Salomé Alexandra (Shlomtsion ha-malka)
- 67 - 63, guerre civile entre les deux fils de la reine, y compris
un siège de Jérusalem. Au cours des opérations,
on introduisit un cochon dans le Temple.
- Été -63, Pompée prend Jérusalem
sans détruire le Temple, mais il mit fin à l’indépendance
du royaume
De la conquête romaine à l’invasion arabe en
635, la Palestine resta dans l’orbite de l’Empire Romain
et Byzantin. Le roi Hérode, qui régna de -37 à
-4 exerça son pouvoir sous la tutelle romaine.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que les Juifs de
l’époque hellénistique et romaine n’ont
pas su gérer leur indépendance. La question est de
savoir pourquoi.
On peut dire que cette évolution était inéluctable,
car la Palestine était coincée entre les grands empires
en conflit, les royaumes hellénistiques puis l’Empire
Romain. Mais une saine gestion aurait pu éviter au Peuple
Juif les catastrophes de cette époque, même s’il
fallait se soumettre aux conditions des grandes puissances. D’après
le début des Pirqué Avot, des sages juifs
de haute volée ont enseigné la Tora à cette
époque. Le plus célèbre d’entre eux était
Hillel. Malgré la présence de ces sages, les dirigeant
du peuple, particulièrement les descendants des Maccabées,
se sont souvent distingués par un comportement odieux.
L’écrivain israélien Moshé Shamir a
dépeint la vie du roi Yanaï dans une biographie de grande
valeur littéraire sans concessions légendaires (Un
roi en chair et en os). L’historien Joseph Klausner a
déclaré que Moshé Shamir exagérait dans
son pessimisme, mais des documents authentiques trouvés parmi
les manuscrits de la mer Morte (Qumeran) ont permis de trancher
et de confirmer la triste vérité. (*).
En allumant les bougies de Hanouka, nous devons conserver la mémoire
de tous ces épisodes tragiques. La situation générale
du monde est bien différente aujourd’hui, mais une
chose reste sûre : seule une société saine du
point de vue spirituel et social dirigée par des hommes honnêtes,
courageux et désintéressés peut nous éviter
de retomber dans les ornières des erreurs du passé.
Hanouka, de nos jours, c’est une lueur d’espoir qu’il
faut à tout prix protéger.
(*) Hanan Eshel, Les manuscrits de Qumran
et le royaume des Hasmonéens, Jérusalem, Yad
Ben-Zvi, 2004 (en hébreu)
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