En un raccourci saisissant par sa concision, Moïse rappelle
à la fin de la paracha Reeh : Trois fois l'an, tout mâle
parmi vous se présentera face à Dieu, dans l'endroit
par lui choisi, lors de la fête des azymes, lors de la fête
des semaines, lors de la fête des cabanes.
Qu'y a-t-il de commun entre ces trois célébrations
pour devoir les réunir en un seul verset, après un
long développement antérieur qui en a détaillé
la singularité, la particularité et la différence
de chacune d'elles.
Ces trois fêtes répondent, chacune à sa façon,
à un triple besoin de l'homme, temporel, métaphysique
et matériel.
- temporel : se placer dans le temps de l'histoire.
- métaphysique : répondre à une attente qui
se manifeste par l'intervention divine et son affect sur le peuple.
- matériel, terre à terre, exalter le rythme des
saisons si important pour un peuple qui passe de la vie pastorale
au régime agricole dépendant des saisons que les
hommes subissent et doivent utiliser au mieux.
Pessah
L'histoire est celle de la sortie d'Egypte, élément
formateur du peuple dont la libération physique d'une multitude
d'individualités conduira à la formation d'un groupe
homogène.
L'intemporel est présent dans la dixième plaie, la mort
des premiers-nés, qui ne répond à aucune logique
mécaniste si ce n'est celle de Dieu.
Le terre à terre est dans son appellation : fête des
épis (Aviv ayant une double signification : épi et printemps).
Chavouot
L'histoire est celle de la grande assemblée au pied de la Montagne,
le Horev. Dieu se manifeste en octroyant sa loi que le peuple accepte.
Pour l'en remercier, il apportera les prémices de sa récolte,
les gerbes qu'il moissonnera à la faucille pendant l'été.
Soucoth
Souvenir de l'errance dans le désert et des arrêts plus
ou moins prolongés permettant de se reposer dans les cabanes.
L'attente est terminée. La terre a offert à l'homme
les fruits de son labeur. Le temps du ramassage est arrivé.
Les fruits sont murs : le raisin, la grenade, la datte et l'ethrog.
L'homme peut se réjouir des bienfaits de Dieu dans la joie
d'une fête automnale prolongée.
Trois saisons sont rappelées par Moïse. Qu'en est-il
de la quatrième, l'hiver est oublié.
Les peuples du monde entier ont partout célébré
le solstice d'hiver. Les jours vont s'allonger. La lumière,
don du ciel, va chasser les ténèbres, tandis que le
froid permet à la terre de se reposer et que les guerres
font trêve. Cette crainte universelle de la longue nuit, annonce
de la fin du monde, a sans doute été à l'origine
de multiples cultes idolâtres dont le sapin n'est qu'un exemple.
Ne serait-ce pas la crainte d'introduire dans le cycle des fêtes
d'Israël des résurgences païennes qui a occulté
l'hiver dont rien dans les cinq livres, les prophètes et
les écrits ne rappellent qu'on doive le célébrer.
Et pourtant l'hiver existe, même en terre d'Israël.
Son début coïncide avec la fin de la cueillette des
olives, le dernier don de la terre avant la nudité hivernale
des champs.
L'huile extraite de l'olive a de multiples usages. Elle éclaire
les nuits d'hiver. Elle soigne les peaux durcies
et blessées par les travaux agricoles. Surtout elle permet
d'oindre le grand-prêtre, le roi et le messie à venir.
Hanouca, à l'instar des trois célébrations
qui appellent à se présenter devant Dieu, dans son
temple, a la même triple symbolique.
- historique : la guerre des hasmonéens contre les Grecs
- métaphysique : initiée par une famille de prêtres,
la purification du Temple permet à Dieu d'être présent
dans sa demeure. La fiole qui brûle huit jours en témoigne.
- matérielle : l'olive est à Hanouca ce que l'épi
est à Pessah et l'ethrog à Soucoth.
Jusqu'à la fin des temps, il y aura quatre saisons et en
Israël quatre célébrations. |