Divali, fête des lumières dans l'hindouisme
[1], présente des similarités plus
ou moins surprenantes avec 'Hanouca. Son nom provient du sanscrit
"Dipavali", Dipa voulant dire "lumière" et Avali "rangée". Il signifie donc
littéralement "rangée de lumières".
L'année hindoue comporte douze mois lunaires et un
mois est rajouté tous les sept ans pour compenser le retard
par rapport au soleil. Les deux calendriers utilisés placent
le nouvel An en Mars-Avril pour le sud de l'Inde et en Octobre-Novembre
pour le nord. Le nouvel an du nord s'appelle Annakut –
'Hanouca ? - et la fête de Divali s'étend
sur cinq jours : le jour de Divali a lieu le troisième jour,
à la nouvelle Lune, et Annakut le quatrième. Comme
'Hanouca, Divali est donc en Automne, et s'étend sur
une période de part et d'autre de la nouvelle Lune.
Divali symbolise pour les hindous la victoire du bien sur le mal,
de la lumière sur les ténèbres, de la connaissance
sur l'ignorance, de la joie sur la tristesse. Ses significations
sont multiples et varient suivant les régions. Les principales
sont la victoire de Krishna sur un démon, et de Rama sur
un autre démon. La religion sikh dérivée de
l'hindouisme commémore également Divali mais lui donne
d'autres significations : d'une part la libération de cinquante-deux
princes hindous prisonniers d'un tyran étranger en 1619,
d'autre part la pose de la première pierre du Temple d'Or
en 1577. Enfin, chez les jains, il s'agit de fêter l'apothéose
spirituelle de deux gourous [2]. Cela rappelle
un peu certains thèmes de 'Hanouca : la victoire des Maccabées,
la fin de la construction du Tabernacle (voir lectures de 'Hanouca),
et les dimensions à la fois nationales et spirituelles.
Pour la fête de Divali, les hindous allument des lumières
à l'entrée de leurs maisons et dans leurs temples.
L'allumage a lieu de nuit et de préférence avec de
petites lampes a huile, munies de mèches de coton, mais dans
les grandes villes des bougies et ampoules électriques sont
également utilisées. Tôt le matin de Divali
les fidèles prennent un bain d'huile, lié à
une des significations de la fête. Les enfants reçoivent
des cadeaux et des sucreries. Les jeux de hasard sont recommandés,
en particulier les jeux de cartes et de dés. A mettre en
parallèle avec la toupie de 'Hanouca... Le quatrième
jour, pour le Nouvel An hindou, des prières sont dites pour
la prospérité de la nouvelle année, les commerçants
ouvrent un nouveau livre de comptes, et le lien avec le signe du
zodiac de la balance est souligné [3,4].
Beaucoup d'autres coutumes sont en revanche entièrement
étrangères et même antithétiques au judaïsme,
comme les offrandes aux diverses divinités. D'autre
part, l'allumage des lumières de Divali est sensé
attirer la protection de la déesse de la prospérité,
alors que celles de 'Hanouca (comme les autres mitsvot) n'ont
aucune fonction utilitaire ou mercantile – le bénéfice
de la mitsvah est la mitsvah elle-même.
Ces similarités et différences nous amènent
à nous poser des questions de fond. Y-a-t-il un lien entre
ces deux fêtes des lumières, et si oui, quelle est
sa nature ? Compte tenu de la variété des religions,
des fêtes religieuses et des pratiques religieuses, compte
tenu des variations régionales, de la multiplicité
des sens et de l'imprécision des correspondances, il
est parfaitement admissible de considérer les correspondances
décrites ci-dessus comme le fruit du hasard et d'une
sélection orientée par un apriori culturel, la célébration
proche de 'Hanouca. On analyserait ainsi une coutume étrangère
à travers ses propres œillères : "c'est
comme chez nous!".
Une autre approche est également permise, celle de voir
un lien réel entre ces deux fêtes. Le judaïsme
et l'hindouisme sont les deux plus anciennes religions existantes
de nos jours, apparues il y a plus de quatre mille ans. Ce sont
également les deux religions génératrices de
la plupart des religions modernes, puisque les religions chrétiennes
et musulmanes dérivent du judaïsme tandis que le bouddhisme,
le sikhisme et le jaïnisme ont leur source dans l'hindouisme.
Paradigme du monothéisme et de l'unicité face au paradigme
du polythéisme et de la multiplicité. Une première
hypothèse serait de supposer un fond psychologique et religieux
commun chez tous les êtres humains, issus d'Adam Harichon.
Ce fond aurait conduit à des célébrations semblables.
L'approche de l'hiver et la réduction de la durée
des jours auraient créé un besoin de fête des
lumières. Dans une optique religieuse, la Tora n'a-t-elle
pas été donnée en soixante-dix langues pour
que tous les peuples l'entendent [5] ?
Peut-être pourrait-on également envisager des influences
moins directes. Quels cadeaux spirituels Abraham a-t-il donné
aux enfants de ses servantes, partis vers l'orient [6,7]
? Y-a-t-il eu des échanges commerciaux entre l'Inde et les
royaumes d'Israël [8] ? Où les dix
tribus perdues ont-elles abouti après la destruction du premier
Temple ? Et le royaume perse d'Assuerus, dont une partie de la population
se "fit juive" [9], ne s'étendait-il pas
de l'Inde à l'Ethiopie?
Sources et compléments:
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Divali
- http://hinduism.about.com/
- http://www.diwaliutsav.com/
- http://www.diwalifestival.org/
- Midrash Tan'houma Chemot 25 http://kodesh.mikranet.org.il/tan/b0013.htm#25
- Genèse 25-6 http://www.sefarim.fr
- Sanhedrin 91a http://www.mechon-mamre.org/b/l/l4411.htm
- Michne Torah, Hilkhot Klei Hamikdach, 1-3 http://www.mechon-mamre.org/i/8201.htm
- Megilat Ester, 1-1 et 8-17. http://www.sefarim.fr
- Sur les allusions à 'Hanouca dans le pentateuque, voir
le Sefer Hatodaa de Eliahou Ki Tov:
http://www.breslev-midot.com/chanukkah10.asp#&5
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