Jacquot GRUNEWALD
Visites autorisées
En ces journées de tension et de violences, alors que le soupçon mine la cohabitation judéo-arabe, il est des lieux en Israël où Juifs et Arabes se côtoient, s'apprécient, s'entendent et se rencontrent le plus naturellement du monde: les hôpitaux. Ils y sont couchés côte à côte dans une même chambre. Le chirurgien arabe y opère le Juif et le médecin juif soigne l'Arabe. Les Palestiniens, eux, rejoignent les hôpitaux palestiniens. Mais c'est en Israël, aussi, à l'hôpital Schneider pour enfants, qui reçoit des malades de tout le Proche-Orient, que sont soignés de jeunes Palestiniens atteints de maladies particulièrement graves. Ainsi la guerre avec le Hamas n'a pas empêché une petite-fille d'Ismael Haniyé d'y être hospitalisée. Zichron Menachem, une Association israélienne d'assistance aux enfants atteints de cancer et à leurs familles, a, cet été, organisé un voyage fantastique en France. Une centaine d'enfants y ont connu la joie de vivre. Regardez le film (lien en fin de papier) et laissez-vous surprendre. Parmi eux, une dizaine d'enfants palestiniens ont appris que les Israéliens n'étaient pas des ogres et des jeunes Israéliens se sont fait des camarades palestiniens. Je me dis que ce film, on pourrait l'envoyer à M. Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, attendu aujourd'hui à Jérusalem et à Ramallah. Il pourrait le visionner en terrain neutre. Ou plutôt, en terrain fraternel, dans les corridors d'Adassa ou de Shaarei Tsédek. Pendant qu'il attendrait Netanyahou et Mahmoud Abbas, retenus, pendant leur visite aux malades. Pour y apprendre comment s'entendre.
https://drive.google.com/file/d/0B2a_aPb0bkuZYWptcHRwbGs5ODA/view?usp=sharing
20 octobre 2015
A Jérusalem, nous sommes Charlie
Les caricatures de Mahomet ont été une réaction aux crimes commis en son nom. Elles ont été comprises par la majorité musulmane comme un blasphème. On connaît la suite.
La montée de certains Juifs sur le mont du Temple est une réaction au refus arabe de reconnaître leur droit à se rendre sur le. "lieu de leur ancienne grandeur". On connaît la suite.
Moi, je n'aime pas le blasphème. Je n'aime pas non plus qu'en ces temps de grande tension, on fasse monter la mayonnaise et des Juifs sur le Mont du Temple. Mais que le meurtre puisse être la réponse aux provocations, celles de "Charlie" et celle d'Ouri Ariel, est abject. Et que les indignés de janvier ne soient guère enclins à s'indigner aujourd'hui, l'est également.
Sur le fond: Je devrais éprouver une immense fierté que parmi tous les "lieux saints" de l'univers, le monde musulman ait choisi le mont du Temple, de mon Temple et Temple de mes pères, pour rendre hommage à Allah. Le monothéisme que professe l'Islam devrait m'y inciter. Mais que vaut le monothéisme quand ceux qui s'en réclament, quand la Ouma arabe, partout dans le monde, élève le meurtre en vertu? Quant à ma relation avec le Temple et son lieu, elle participe de l'immense nostalgie qui habite Israël. Dieu seul pourrait la satisfaire.
9 octobre 2015
"Osem" à tout vent
Montjoie Sainte-Tomate! Dans l'intrépide tournoi qui oppose Obama, Seigneur des Etats-Unis, Châtelain de Maison Blanche et Netanyahou de Jérusalem, Châtelain de Césarée, une première joute a fait monter le rouge au heaume yankee. Oui, "go home" ont clamé les trompettes d'Osem, seul autorisé, maintenant, à porter le titre de "Ketchup", alors que le géant Heinz qui ne contient que 21% de concentré de tomate (contre les 41% annoncés), ce qui est très en dessous des standards israéliens en matière de concentré de tomate, sera privé du label. Alors, car c'est bien là la question, que vont faire les BDS ? Continueront-ils à verser aux carrefours le vrai Ketchup et ne laisser aux Français que le misérable "assaisonnement à la tomate", label désormais imposé à Heinz ?
Vous me direz que pour l'heure la décision du ministère israélien de la Santé ne s'applique qu'en Terre promise… Seulement, ce ne sont pas les BDS qui vont sous-estimer l'influence juive dans le monde, notamment sur ce concentré de Sionistes qui a nom Hollywood. Hollywood pourrait-il continuer à utiliser le pseudo Ketchup de Heinz chaque fois que le sang coule dans ses studios? Ne va-t-on pas assister sur les contreforts du
col de Cahuenga à une importation massive d'Osem, le Ketchup certifié, le seul qui peut se prétendre rouge à au moins 41%? American Horror Story! Le nom était prédestiné. Et là revient la question: Que vont faire les BDS? Vont-ils devoir boycotter les séries américaines ?
31 août 2015
Mon conseil aux BDS
Pour défendre "Tel-Aviv Plage sur Seine" et montrer comment c'est grand et
beau Tel-Aviv, Anne Hidalgo a dit que "c’est à Tel-Aviv qu’ont eu lieu les
manifestations de solidarité les plus impressionnantes avec la famille de
l’enfant palestinien brûlé vif". Trop n'en faut. Il n'y a pas eu plus
d'Israéliens à Tel-Aviv que partout ailleurs dans le pays pour crier leur
colère et leur honte. Les grandes manifs ont toujours lieu à Tel-Aviv.
Entre autres parce que le grand espace devant sa mairie a pour vocation de
rassembler les foules.
Cela dit, ils ont drôlement raison ceux et celles qui, au souvenir de
l'été dernier, n'en veulent pas de "Tel-Aviv plage" à Paris. Vous imaginez
que si pour faire vrai, l'un des petits gars du Hamas à Paris, lançait une
fusée Graad en direction de "Tel-Aviv sur Seine" ! Et même si M. Cazeneuve
avait prévu un système à l'israélienne pour alerter les Parisiennes et
dire combien de secondes il leur restait pour se mettre à l'abri, où c'est
qu'elles iraient se planquer ? Sous les coffres des bouquinistes ? A
Tel-Aviv, il suffisait de traverser l'avenue vers l'Ambassade de France ou
chez Burger-Quelque-chose... A Ashdod, à Ashkelon, on n'allait pas à la
plage, tout simplement. On rigolait pas avec les Graads. Paris n'a qu'à
faire de même.
Et je suggère à Mme BDS (c'est comment son premier prénom à Danielle
Simonet?) et à ses copains qu'ils choisissent un Carrefour loin des plages
parisiennes pour manifester. C'est pas toujours très exact ces saloperies
de Graads.
12 août 2015
Les leçons du baudet
Nous sommes injustes. Il n'y a pas de raison d'attribuer à l'âne les
sautes de bêtise dont nous sommes coutumiers. L'ânesse qui servit de
monture à Bilame en est la preuve.
Honel Meiss, qui au début du siècle dernier fut
grand rabbin de Marseille et qui nous a laissé un délicieux petit livre de
bouts rimés,
Moschelichs d'Alsace, affirme que "dans un ridicule
débat où par pur antisémitisme / un chapitre du catéchisme/par
l'adversaire est débité", ce doux animal servit aussi une plaidoirie
d'Adolphe Crémieux. "Une page de l'Ecriture,exposa l'avocat, pour moi,
toujours restait obscure, celle du baudet disert de Bilam. […] Mais une
subite lueur, grâce à Monsieur le procureur / dont je prise fort
l'éloquence / vient d'éclairer ma conscience / et je comprends sans plus
doute r/ qu'un âne aussi puisse parler."
Les maîtres de la Mishna, qui avaient de la peine à admettre un miracle
contre nature, le comprenaient autrement. Ils imaginèrent des éléments
créés en amont, avant que le Créateur n'établisse les règles de la nature
(Mishna
Aboth 5, 6). Parmi ces éléments ils ont compté la "gueule
de l'ânesse" ! Crémieux aurait applaudi à l'idée que l'antisémitisme
apparut avant que la raison ne fut partagée aux hommes.
J'y pense en ces jours précédant la péricope de Bilam, alors que
l'antisémitisme, lui aussi, rouvre sa gueule. Quant au Ramadan meurtrier
de 2015, tel qu'en sa barbarie il se manifeste, il montre à l'évidence que
le djihadisme fut de la même fournée.
2 juillet 2015
C'est la faute à Partner
Evidemment… quand vous entendez dire qu'il n'y a pas d'Orange en Israël,
vous êtes surpris. Ou furieux. Vous vous dites: Encore un mensonge pour
discréditer le pays et vous écrivez aux journaux que si, il y a plein
d'oranges en Israël et qu'elles sont au moins aussi bonnes que celles
d'Espagne. Jusqu'à ce qu'on vous explique que non, il n'y pas d'Orange.
Que c'est bien écrit partout "Orange" avec la couleur orange, mais que
c'est pas Orange c'est Partner.
Reste que Stephane Richard, il savait. Il s'est dit: Je vais leur faire
plaisir au Caire! Vais leur dire qu'Israël c'est fini dès qu'on pourra. Ça
ne mange pas de pain, puisqu'on n'y est pas! Seulement, ça tombait juste
après le coup de Rajoub à la FIFA et une saloperie de plus des BDS, je ne
sais plus où. Bref, ça tombait mal. Très mal. Pauvre Stephane Richard! Il
n'a jamais le temps, ce président d'Orange pressé, toujours occupé à
satisfaire les actionnaires, à implanter de nouveaux réseaux, sans trouver
un moment pour ouvrir un livre ou lire un journal. Il ne savait rien de
tout ça! Mais les Israéliens ne voulaient pas le savoir et Orange ou pas
Orange, ils lui en ont fait voir de toutes les couleurs. "Je vais leur
envoyer un SMS", a dit M. Richard. "Israël vaut bien un SMS". Mais à
Jérusalem, on n'en veut pas de son SMS. SMS ou BDS, c'est plein de virus
et de poisons ces trucs en S. "On vous attend sur place", a dit Bibi. Ne
risque-t-il pas, Richard, d'y perdre l'interface? Orange, ô désespoir, ô
ce bug ennemi, n'a-t-il donc tant twitté que pour cette incurie?
11 juin 2015
La
revanche d'Israël
Je m'étais dit qu'un Israël hors-jeu, exclu de la Fifa, interdit de foot
par la volonté des nations, ça serait drôlement bien. Sur les terrains
jadis piétinés on planterait des fleurs – des coquelicots et des boutons
d'or pour les nostalgiques des cartons d'autrefois. On jouerait des pièces
classiques dans les amphithéâtres rendus à leur vocation naturelle où, de
leurs belles et fortes voix, les supporters prenant la place des chœurs
antiques, chanteraient en canon, leurs hymnes familiers. Une douce
harmonie baignerait le pays et la télé rendue muette, sans plus de matchs
à nous mettre sur l'écran, nous offrirait des nuits sereines.
"Mais c'est tout faux" ! s'est écrié mon voisin de palier. "Et l'orgueil
patriotique tu en fais quoi" ? Et de me dire que si la Fifa avait suivi
les Palestiniens, les fous du foot en Israël auraient saisi la balle au
bond. Qu'il y aurait eu des matchs tous les jours, des Maccabis contre des
Bétars et des Bétars contre des Maccabis dans tous les corners du pays,
dans tous les stades, sur la moindre parcelle de ce qui fut herbe et dans
les cours des écoles en plus !
C'était donc ça, le plan de Rajoub: éliminer Sion par abrutissement au
ballon ! Mais on va pas se laisser faire ! On va leur en faire voir de
toutes les couleurs. Au lieu des lancers de ballons aux frontières, on
leur envoie des vraies balles de foot et de basket…Des milliers de
ballons! Et s'ils nous les renvoient par-dessus les murs de protection, on
fait pareil. Un ex-æquo, ce serait pas mal, non ?
1 juin 2015
Merci pour ce répit
Je ne dors plus. Ou disons que je dors mal. Avant, je dormais bien, Trop
bien. Même que je m'étais endormi en lisant une bio de Kim Jong-il. Je
m'étais dit qu'il me pardonnerait. Que d'en rêver ne pouvait que flatter
le Chef suprême de la République Démocratique et Populaire de Corée. Mais
depuis que j'ai lu ce qui est arrivé à son vice-maréchal, pulvérisé par un
missile antiaérien pour avoir pioncé du côté de Pyongyang, mon yang ne
fait qu'embêter mon yin et je ne trouve plus le sommeil. Le danger est
partout en somme. Les places, les rues sont polluées par des gens qui ne
pensent qu'à dormir. Vous marchez dans une avenue, bourré de café pour
tenir le coup, et voilà que le monsieur, un gentil monsieur, se tape une
sieste sur le banc. Et bang! Comme à Pyongyang. Vous me direz que vous
n'êtes qu'une victime collatérale. Mais quand même! Notre seule chance,
c'est que les fusées intercontinentales que le "Génie des génies en
science militaire, le grand général Kim Jong-il" a programmées contre les
dormeurs, ont frappé ses agents dormants. Il lui faut maintenant changer
une puce ou deux dans ses fusées. Et surtout, endormir la méfiance des
agents restants.
17 mai 2015
Notre deuxième Yom Haatsamouth
Il a neigé sur le Golan à Yom Haatsmaouth et à Jérusalem la pluie a éteint
les barbecues. Mais que fait la police? On ne peut quand même pas laisser
les choses aller à vau-l'eau. Il nous faut une autre date pour
Yom
Haatsmaouth. Ou pour le moins une deuxième fête nationale avec beau
temps garanti. Vous me direz qu'aucun pays n'a deux fêtes nationales. Et
alors ? Nous, on a bien quatre "nouvel an" – et cinq avec le 1er janvier.
Pourquoi pas deux
Yom Haatsmaouth ? Le 14 juillet, ça serait très
bien. On chanterait la
Hatikwa sur l'air de la Marseillaise,
l'espoir "à Sion" abreuverait "nos sillons", on danserait le Vals en plus
de la hrra…
J'en entends des qui objectent… Ils disent qu'à la réception du 14 juillet
au Consulat général de Jérusalem, on risquera de prendre la Marseillaise
pour la
Hatikwa. Allons… Allons enfants de la patrie ! Personne
n'y a jamais chanté la
Hatikwa, au Consulat ! On ne sait pas
comment c'est fait, une
Hatikwa. Alors, tout le monde prendra ça
pour la Marseillaise. Il y a aussi l'Unesco. Tous ces pays qui reprochent
à Israël de faire dans la démesure déjà avec un seul jour de fête
nationale, alors avec deux, vous pensez ! – Mais puisqu'il y a deux poids,
il faut deux mesures, non ?
23 avril 2015
Oxymore, quand tu nous tiens…
Le froid qui s'est abattu sur Israël au dernier jour de Pessa'h s'acharne
sur ces fils dont nous avons hâte de nous découvrir en avril. Ira-t-il
jusqu'à nous faire oublier les journées chaudes et radieuses du dernier
'Hol
hamo'ed – l'heureuse période qui comble de profane
('hol) la
courte semaine festive qui sépare le premier et le dernier jour de la fête
(mo'ed)? Intraduisible,
'Hol hamo'ed est un oxymore. Il
nous dit qu'une fête, qui ne l'est pas, peut être à la fête hors des
synagogues, des foyers d'étude et du foyer tout court. En Israël,
'Hol
hamo'ed attire dans ses campagnes luxuriantes en cette fin d'hiver,
dans les forêts et au Néguev, ses cohortes de marcheurs ou ses beaufs
s'exerçant aux barbecues qu'ils rallumeront aux feux de Yom Haatsmaouth.
Pour le monde h'arédi,
'Hol hamo'ed est l'occasion de quitter le
ghetto. Sombrement vêtus ou de fourrure toqués, ils se rabattent davantage
sur les parcs des villes. Souvent pauvres à force d'étudier et donc privés
de voitures, ils surprennent l'autre monde dans le nouveau parc aux
biches, à Jérusalem, ou sur la croisette de Tel-Aviv et dans son port…
Comment ne surprendraient-ils pas, eux-mêmes surpris de se voir libérés
des entraves qu'ils s'imposent et livrés à eux-mêmes? A en croire
l'étymologie, un oxymore est "l'ingénieuse alliance de termes
contradictoires".
'Hol hamo'ed ne vient-il pas nous rappeler
ainsi, qu'entre les communautés d'Israël aux voies mutuellement
incomprises, sinon contradictoires, une "alliance ingénieuse" est
aujourd'hui le premier devoir ?
14 avril 2015
Notre Charlie‑Hebdo
Steimatsky
ne veut pas faire hara-kiri. Ses boutiques ne vendront pas Charlie‑Hebdo.
Lieberman a racheté une partie du stock pour que son parti le distribue.
Et lui est parti à Moscou. Il va en donner à Poutine ?
Steimatsky ou pas, c'est sûr que Charlie‑Hebdo manque terriblement en
Israël. Des couvertures auxquelles on ne devrait pas échapper, il y en a
plein par ici. Tenez, rien qu'en lisant le journal de ce matin: "Après
l'inculpation d'un Xième directeur de police pour harcèlement sexuel, la
police sera désormais dirigée par des eunuques ". Et ça se dessine
facilement un eunuque. Sur le même sujet: "Stage obligatoire des
directeurs de police auprès de Sara Netanyahou". Je vous laisse imaginer.
Dans la rubrique "Faites-le vous-même", vous auriez la kipa en fer avec
pointe. Modèle spécial pour jeunes racistes. Et comme bande dessinée:
Benett: Il marche sur le pied d'une vendeuse et s'excuse, confus, de ne
pouvoir lui demander pardon en période électorale.
Bref, sortir un Charlie‑Hebdo israélien, ne présente pas de problème de
remplissage. La difficulté est ailleurs. La sensibilité musulmane dans la
région étant ce qu'elle est, il n'y aura pas de dessin de Mahomet dans
notre Charlie‑Hebdo. Le côté unilatéral de la chose dérange. Ça risque une
condamnation au Conseil de Sécurité. Quant à l'Europe, elle pourrait
exiger l'apposition sur la couverture d'une étiquette "sans Mahomet". D'où
un préjudice certain pour la vente à l'exportation.
26 janvier 2015
Explication
C'est bien vrai que selon le Coran, Dieu a fendu la mer pour y engloutir
les "gens du Pharaon" et sauver les "fils d'Israël" en marche vers "les
contrées orientales de la terre". Mais voir ça dans un film, on n'a pas
aimé en Egypte. Ailleurs non plus, dans le monde arabe, on n'a pas aimé
"Exodus: Gods and Kings", la dernière production de Ridley Scott. Pas même
au Maroc où pourtant le film a été tourné avec plein de Marocains pour
faire joli. Et puis le Coran (et la Bible accessoirement) disent que c'est
avec un bâton que Moïse a réussi son coup. Pas avec une épée, comme on le
voit à l'écran. L'épée, c'est réservé aux gens de Mohamed, pas aux dhimis
qui n'ont droit qu'à un bâton. Bref, comme a dit le ministre égyptien de
la Culture, le film présente "l’Histoire d’un point de vue sioniste" et
cela suffit pour l'interdire.
N'empêche que si Ridley Scott avait eu l'intelligence d'ouvrir le dernier
atlas publié par Harper Collins, l'un des principaux éditeurs du monde, il
ne se serait pas heurté à ce genre de problème. Sur la carte du
Proche-Orient vous y trouvez la Jordanie, vous avez Gaza, la Syrie, bien
sûr, mais pas Israël. On a oublié Israël, a-t-on… expliqué chez Harper
Collins qui a retiré l'ouvrage de la vente. Collins Bartholomew, une de
ses filiales chargée de la cartographie, a expliqué cette explication :
faire apparaître Israël, y a-t-on expliqué, aurait été "inacceptable" pour
leurs clients.
5 janvier 2015
Et si l'esprit était là
Le candélabre de Hanouca a huit branches. Parce que les Lumières de la
fête y sont huit fois allumées. Mais c'est bien le luminaire à sept
branches que la fête célèbre, celui que les Maccabées, affirme le Talmud,
s'étaient empressés d'éclairer dans le Temple purifié.
C'est aussi le candélabre à sept branches qui figure sur l'écusson de
l'Etat d'Israël, élaboré en 1948, adopté en 1949. Les rameaux d'olivier
sur sa gauche et sur sa droite évoquent la paix mais aussi la prophétie de
Zacharie, qui dans un rêve (chap. 4), vit des oliviers nourrir une
"menora" d'or avant d'en entendre la signification: "Ni par la puissance
ni par la force, mais par mon Esprit, dit l'Eternel des Armées" !
En pleine guerre d'Indépendance, les dirigeants d'Israël ont eu l'audace
de choisir comme emblème la vision de Zacharie. L'Esprit,
proclamaient-ils, doit inspirer les hommes de retour à Sion. Rien n'était
moins évident. "Qu'un sang impur abreuve nos sillons", proclamait Rouget
de Lisle, alors que dans une situation semblable, la jeune République
s'était sentie menacée. Et nous le chantons toujours. Sans même que dans
nos campagnes mugissent de féroces soldats.
Veille de Hanouca 2014
Basique
Créteil en novembre (an 2014 après J.C.). Un Juif de 70 ans est roué de
coups et dévalisé dans son appartement. Un jeune couple est agressé dans
celui de l'un des parents. La jeune fille est violée L'argent, les
objets de valeurs emportés. Dans les deux cas, écrit
Libération
(courrier électronique de ce jour) les agresseurs sont trois garçons âgés
de 20 ans et de 18 ans, "
deux Blacks et un Nord-Africain
connus pour vols, violences et trafic de stups"
. Selon un
enquêteur de la police, ils ont fait un raccourci tendancieux pour choisir
leur cible, "tu es juif, donc tu as de l’argent", ce qui témoigne, dit cet
enquêteur "
d’un antisémitisme basique, primaire, idiot"
.
Cette notion d'"antisémitisme basique, primaire, idiot" est intéressante.
Elle implique d'autres formes d'antisémitisme. Des antisémitismes
"intelligents", les "sophistiqués", les "développés". Vous avez aussi
l'antisémitisme "au second degré", l'antisémitisme "inconscient",
"subconscient"... Vous pouvez compléter… Seulement quand vous essayez de
classer les écrits et les manifestations antisémites dans l'une ou l'autre
des ces catégories, ça se complique. Prenez l'antisémitisme chrétien dont
Jean-Paul II disait qu'il "vient d'une lecture erronée des Evangiles".
S'il est "erroné", il est idiot. Même difficulté pour l'antisémitisme
racial. Essayez donc de le classer sous la rubrique "intelligent"!
4 décembre 2014
Avoir ou ne pas avoir un caractère juif renforcé
Comment traduire
« 'hok haleom », la loi qui
devrait être soumise à la Knesseth dans deux jours?
«Une loi pour
renforcer le caractère juif de l'Etat d'Israël
», propose TV5. Vous
me direz que c'est de l'hébreu pour eux. Pour moi aussi. Mais je ne vois
pas comment faire mieux… ni, puisqu'on en parle, à quoi cette loi peut
servir.
Ni à ses défenseurs. C'est très net chez M. Bénet, le patron du
«
Baïth Hayehoudi
». Grâce à cette nouvelle loi, dit-il, la Haute
cour de justice, protectrice des immigrés clandestins, ne pourra plus
invoquer comme seule loi, celle qui garantit "l'honneur des gens et leur
liberté" (
« kevod haadam ve'hérouto »). La Cour
devra tenir compte aussi du
« 'hok haleom »,
à l'avantage, cette fois, de la collectivité juive.
Seulement si l'on considère
« le caractère juif renforcé
»
de l'Etat d'Israël, il faudra justement donner aux immigrés, clandestins
ou non, les privilèges que ce caractère leur accorde. Non seulement en
raison de la douloureuse expérience, très renforcée, des Juifs, pendant
ces derniers siècles sur les routes du monde, mais aussi par l'impératif,
maintes fois renforcé, que dicte la Tora (
Lévitique 19, 34):
«L'étranger
résidant avec vous sera pour vous comme un citoyen d'entre vous. Tu
l'aimeras comme toi-même » !
24 novembre 2014
Prier sur la Montagne
ou ailleurs ?
Le Mont du Temple et le Kotel vers
1850
|
Ne pas permettre aux Juifs de prier sur le Mont du Temple s'inscrit dans
une longue tradition historique. Le premier à l'interdire fut
Nabuchodonosor. Il y a 2590 années. Pour être sûr d'être compris, il
abattit le Temple qui s'y trouvait. En plus, comme on n'est jamais
vraiment sûr de rien, il amena les Juifs jusque chez lui. Mais vous les
connaissez… 50 ans plus tard, ils étaient de retour ! Ne me demandez pas
comment ils ont fait, c'est comme ça. Et illico, ils gravirent la Montagne
pour y reconstruire leur Temple.
656 années après Nabucho, ce fut le tour des Romains.
Bis
repetita et le Temple brûla en l'an 70. Et comme on n'est jamais
sûr de rien, ils interdirent aux Juifs, 65 ans plus tard, de mettre les
pieds à Jérusalem. Dans la foulée, ils massacrèrent un demi‑million
d'entre eux qui, pourtant dépourvus de potion magique, avaient cru malin
de prendre les armes pour exprimer leur désaccord. Du coup, afin d'être
sûr qu'ils ne se rendraient plus à Jérusalem, mais pour de bon, cette
fois, l'empereur Adrien eut l'idée de supprimer Jérusalem. A sa place, il
construisit "Aela Capitolina". Pourquoi un Juif pénétrerait-il dans Aela
Capitolina, ses cirques et ses temples païens ? Un truc comme ça, fallait
être Romain pour y penser. Pas un esprit obtus comme Nabucho! Pour être
sûr, n'est-ce pas, il supprima aussi "Erets Israël" et fit du Pays
d'Israël: La "Palestine".
Mais vous savez comment sont les Juifs… Bref, là je vais très vite…Les
Croisés vont s'y mettre à leur tour. Ils massacrèrent tout le monde pour
que la ville soit sainte et pouvoir y fonder le "Royaume chrétien de
Jérusalem". Le nom de Jérusalem ne dérangeait pas puisque les Juifs n'y
étaient plus. Mais vous savez comment ils sont… Bon… je vais encore plus
vite:
Avec Soliman le Magnifique, les choses n'allèrent pas trop mal.
Mais dès avant, déjà à l'époque byzantine, quand on acceptait que les
Juifs se réunissent devant le bout du mur de soutènement de la Montagne à
l'ouest, c'était pour qu'ils puissent s'y lamenter au souvenir de leur
gloire perdue. On aimait bien les Juifs qui se lamentent, on aime bien,
aussi, que les Juifs se lamentent. Au besoin, on faisait tout pour. D'où
le nom de "Mur des Lamentations".
C'était un tout petit espace… fermé par des habitations autour, mais ça
dérangeait les Musulmans sur place. Là je galope vraiment, pour aller très
très vite…
Parce qu'on est déjà en 1931! Les Anglais se demandaient alors
comment ils avaient pu avoir la bizarre idée, quatre années plus tôt, d'un
Foyer National Juif en Palestine! La blanche Albion avait beau sortir
Livre blanc sur Livre blanc, rien n'y faisait, les Juifs y venaient et ça,
ça dérangeait les Arabes. On n'allait pas leur faire de la peine, quand
même. Alors, les Anglais eurent recours à la Société des Nations (la SDN)
pour accorder aux Musulmans "la propriété exclusive du Mur occidental"!
Les Juifs étaient autorisés à placer des objets devant le Mur, mais "ce ne
saurait en aucun cas leur conférer un droit de propriété quelconque sur le
Mur ou sur la place qui le borde"! C'était dit et écrit. Bref, pas de Mur
pour les Juifs. Mais il faudra attendre 1948 ou 49, quand la Légion arabe
de Jordanie se mit à occuper la Judée et la Samarie (appelées dès lors :
"Cisjordanie") pour que malgré les accords signés, les Juifs n'aient même
plus d'objets de culte devant le Mur. Logique : Parce que dans
Jérusalem-Est rendue
judenrein, la Légion arabe détruisait toutes
les synagogues avec leurs objets de culte. Alors où en trouver pour les
placer devant le Mur?
Allez, on passe à 1967. Bien qu'invitée à rester neutre, la Légion
arabe attaque depuis les hauts d'Armon Hanatsiv, là même où se trouvait
(et se trouve toujours) le siège de l'ONU à Jérusalem! En six jours, la
Légion perd, Israël gagne et réunifie Jérusalem, sa capitale de toujours.
Moshé Dayan, confie la Montagne du Temple au Wakf. A cette époque,
abasourdis par le choc des idées et des événements, les Musulmans auraient
pu ne pas s'opposer à laisser un petit espace sur la Montagne pour que des
Juifs y prient.
Aujourd'hui, il n'en est plus question. L'Histoire a pris le train en
marche. Les Musulmans ont donné à la Montagne du Temple le nom
"d'Esplanade des Mosquées" (le truc des Romains avec "Aela Capitolina"),
Israël est accusé de
judaïser Jérusalem!, de
coloniser sa
capitale (celle-là même que David fonda il y a 3000 ans!), le monde crève
de peur devant l'Islam, les islamistes et le terrorisme. Et fanatisé à
l'extrême, l'Islam ne supporte pas même qu'un Juif isolé prononce un
fragment de prière à voix basse à proximité du Temple détruit. Essayez
pour voir. Ou plutôt, non…
… je vous le déconseille. D'abord parce que ce n'est pas malin.
Provoquer les gens quand ils sont excités, excités au nom de Dieu
Lui-même!, c'est la dernière chose à faire. L'intifada se profile et rien
ne serait plus stupide, voire criminel, que de verser de l'huile sur le
feu.
Je vous le déconseille aussi d'un point de vue religieux: Depuis 1967, des
écriteaux placés aux portes d'accès de la Montagne du Temple et signés par
le Grand rabbinat d'Israël, indiquent qu'un Juif est religieusement
interdit de monter sur la Montagne. Cet arrêt est approuvé par la
quasi-totalité des décisionnaires rabbiniques qui comptent. Question de
sainteté d'une part, d'impureté rituelle de l'autre. Trop long à
expliquer.
Mais me direz-vous, je sens le besoin impératif de me prosterner sur
l'emplacement de l'ancien parvis du Temple… C'est possible, mais si
l'envie vous prend de manger un éclair au chocolat et que la pâtisserie
est fermée, vous ne cassez pas la vitrine non plus.
Aujourd'hui les gens d'Islam prient sur la Montagne du Temple. Peut-être,
parmi les milliers de fidèles qui s'y rendent, enfants d'Abraham, notre
ancêtre commun, pourrait-il s'y trouver l'un ou l'autre qui prie pour la
paix et la fraternité? Surpris, le Maître de l'Univers, pourrait entendre
sa supplique. Voudrait-Il consentir alors, à encourager ceux de la
Montagne à faire un pas dans cette direction? Comme à certains, au bas de
la Montagne, de faire un pas en retrait?
Quant au Temple, dont nous souhaitons la présence, le consensus rabbinique
veut que sa reconstruction soit décidée et réalisée par Dieu. Rachi
l'écrit à sa manière: Le Temple descendrait, en une nuit, tout construit,
depuis les Hauteurs. En attendant, laissons prier ceux de la Montagne où,
par arrêt divin, nous ne sommes pas autorisés à le faire. Prier, notamment
pour la paix, nous pouvons le faire dans nos synagogues, ailleurs aussi.
Et dans nos cœurs. Et sûrement dans les bureaux de vote en plaçant dans
l'urne le bulletin adéquat.
11 novembre 2014
Bim bam boum
Le Pape François est plutôt pour le "big bang". En tout cas, le "grand
bang" ne contredit pas le récit de la
Genèse, a-t-il dit, pas plus
qu'il ne s'oppose à l'évolutionnisme. Il est très bien ce Pape. Chez nous,
le premier qui a parlé du "big bang", fut sans doute Rav Yehouda ben
Yehezkél. En Babylonie, il y a plus de 1600 ans. "Au premier jour, a-t-il
affirmé, ont été créés le ciel et la terre, le tohu et le bohu, la lumière
et les ténèbres, le vent et les eaux, la mesure du jour et la mesure de la
nuit" (le temps? – B. Talmud 12a).
Puis et peu à peu, tout a été mis en place: ça a fait un effet terrible,
un boom énorme. Seulement, dit Rav Yehouda, l'Adam, créé à l'image de Dieu
et qui donc allait d'un bout à l'autre de l'univers, s'est très très mal
conduit. Si bien qu'il fallut lui imposer son humaine condition. Prendre
forme humaine ne l'a pas rendu plus intelligent. Comme dit l'autre, il
n'avait pas inventé la poudre. Au point que, patatras, il s'est mis à
l'inventer! Là ça a fait des boums terribles. Le danger, c'est qu'à force
d'évoluer, l'homme confonde tout, l'image et le modèle, le yin et le yen,
le bing et le bang, le bang et le boum. Et qu'il nous prépare le grand
boum.
novembre 2014
Ça décoiffe !
Vous avez lu comme moi qu'après 128 ans de recherches, de suspense,
d'enquêtes, d'hypothèses, d'effroi et de peurs, un certain Russel Edwards
a découvert que Jack l'Eventreur était un Juif. Ça m'a fait un coup. Je me
suis dit, ça y est, on va nous dire que le sang des victimes retombe sur
nos têtes… Qu'il va y avoir des pogroms dans Whitechapel, des manifs et
tout et que les Juifs de Londres, en masse, se mettent à faire leur aliya.
Eh bien non, il n'y a rien eu. Rien ne s'est passé. C'est bien, non?
Mais
Jack the Ripper, il n'était pas seulement juif. Il était
aussi coiffeur. Et là c'est autrement grave. C'est la preuve qu'il y a des
coiffeurs juifs. Ce qui tord le cou, si j'ose dire, à l'histoire du type
proposant de "tuer les Juifs et les coiffeurs" et qui s'entend répondre:
"Pourquoi les coiffeurs"? Eh bien oui, il y avait des Juifs coiffeurs et
tout porte à croire qu'il y a toujours des Juifs coiffeurs. Bref, il n'y a
plus aucune raison de ne pas exterminer les coiffeurs. La bonne nouvelle,
c'est que si les Juifs de Whitechapel, y ont réchappé, les coiffeurs s'en
sortiront aussi. Sans doute. Mais attention ! Je leur conseille de ne
coiffer les sionistes que dans l'arrière-boutique, de ne jamais avouer
qu'un sioniste leur a payé une friction. Et ce n'est pas en coupant les
cheveux en quatre pour prétendre que sioniste et juif c'est la même chose
qu'ils en seront quittes.
octobre 2014
Télescopages
C'est la faute aux calendriers: cette année Kippour et l'Aïd ont lieu le
même jour. Alors, rapporte l'AFP, "des renforts de police vont être
déployés dans toutes les localités d'Israël où Juifs et Arabes cohabitent
pour éviter les frictions". Mais que fait la police? Ce n'est pas son
rôle! C'est aux rabbins et aux imans de séparer, s'il le fallait, mais
surtout de réunir les jeûneurs de Kippour et les mangeurs de mouton. Pour
que les uns et les autres célèbrent ces journées dans un respect mutuel
et, mais on ne peut penser à tout, en vue de respecter Dieu.
Le problème c'est qu'à en croire
Haarets de ce jour, les deux
grands rabbins d'Israël et d'autres avec eux sont occupés à autre chose. A
empêcher une prière qui, à l'initiative de "l'Ambassade chrétienne",
devrait réunir Juifs et Chrétiens au bas de la Porte de 'Houlda, à l'est
du Mur occidental. Ils disent comme ça… que ça va retarder l'arrivée du
Messie… Alors si Paris vaut bien une messe, un Messie vaut bien une prière
à la porte de 'Houlda. Je veux bien… Mais pendant ces deux derniers
millénaires, l'absence de prières entre Juifs et Chrétiens, elle ne l'a
pas fait venir, le Messie! Alors, vous, je ne sais pas. Mais moi je me
sens un peu perdu.
30 septembre 2014
Régimes
Une étude a-t-elle jamais comparé Winston Churchill à François Rabelais ?
Le temps les sépare comme les arts qu'ils ont pratiqués et, en dépit de
l'influence de la reine Victoria, Downing Street ne doit guère ressembler
au couvent de la Baumette. L'humour anglais ne s'aligne pas davantage sur
le verbe rabelaisien et il ne suffit pas que "le jus de la vigne clarifie
l'esprit et l'entendement" de Rabelais et que chez Churchill "l'alcool ait
tué depuis belle lurette tous ses globules blancs" pour faire de ces deux
hommes des frères siamois.
Mais on les aime bien, l'un et l'autre qui donnent envie de mordre la vie
à belles dents et à la raison des raisons d'espérer. En plus, ils se
complètent. Prenez la formule selon quoi " La est un mauvais système, mais
elle est le moins mauvais de tous les systèmes", et vous avez tort de
laisser le sourire l'emporter sur la réalité. Les Américains qui ont
imposé à Gaza le "moins mauvais système" ont placé Satan aux commandes et
en Turquie, les élections démocratiques y ont conduit M. Erdogan. C'est
que "démocratie sans conscience est ruine du pays". Quand les électeurs
n'ont conscience ni des enjeux ni des réalités, quand par manque
d'informations et de la liberté d'expression, ils n'ont pas conscience de
ce qu'ils font, la démocratie est une dictature.
12 août 2014
L'antisémitisme en France…
…fait la "une" du
Point, dans un
article signé Sophie Coignard et rapporté par Yahoo sur nos écrans.
Extraits: "Samedi 21 juin, les deux plus grands quotidiens américains
publient de longs articles sur la montée de l'antisémitisme en France. […]
En accroche, trois chiffres : 37 % des Français qui expriment ouvertement
des opinions antisémites ; 40 % de hausse des actes de violence à
caractère antisémite en France au premier trimestre 2014 ; 64 %
d'augmentation des départs de citoyens français qui émigrent en Israël.
L'effet est saisissant, et le corps de l'article ne l'atténue pas. […] Le
Quai d'Orsay prépare une réponse."
A Paris, j'aurais (peut-être) couru acheter le Point au kiosque du coin.
En attendant qu'il arrive à Jérusalem, il me faut faire le point moi-même.
37% c'est bien plus que je ne le redoutais. Et aux côtés de ces "37 % des
Français qui expriment ouvertement des opinions antisémites", qu'en est-il
des Français qui "expriment ouvertement des sentiments antisionistes"? Je
sais… Je sais… Mais quand un antisioniste n'est anti que contre Israël,
qu'il ne boycotte que les produits d'Israël, seulement les conférenciers
d'Israël et n'affrète des flottilles qu'en direction de Gaza, il faut bien
trouver ailleurs que dans l'idéal humaniste l'origine de ses orientations
contre Israël.
Quant au Quai d'Orsay… sa réponse ne changera rien. Et c'est dommage parce
qu'il est l'un des facteurs qui pourrait changer la donne. Si avec l'AFP –
dont l'Etat est le premier actionnaire – il cessait d'appeler "colons" les
Juifs en Judée et ceux qui sont de retour à Jérusalem, s'il nommait
"terroristes" les auteurs palestiniens du terrorisme et s'il ne glorifiait
pas Stéphane Hessel, pour lequel "la principale indignation concerne la
Palestine, la bande de Gaza, la Cisjordanie", en appelant de son nom le
principal "espace" de son ministère, il cesserait de distiller un poison
qui alimente nos antis.
26 juin 2014
L'itinéraire du Vatican à Jérusalem
Le pape qui dans la crypte de Yad Vachem a repris la première question du
monde: "Adam où étais-tu?" sait bien et mieux encore que faire la paix
n'est pas l'affaire de Dieu. C'est celle d'Adam, des Adams du monde. Alors
pourquoi réunir leurs princes pour prier Dieu de faire la paix à leur
place? En hébreu, "prière" se dit TEPHILA d'un verbe qui signifie "juger".
Prier, c'est se juger. Se juger devant Dieu. Se remettre en cause. Devant
Dieu. Alors, une vraie prière pourrait-elle, quand même, avoir dans les
Hauteurs un effet que la raison refuse. Bénie soit la rencontre à trois de
dimanche prochain au Vatican.
Pourtant, j'aurais préféré que l'on prie pour la paix au Kotel. Ou mieux
encore – la laïcité a ses préséances – dans les bureaux du Premier
ministre israélien. En présence de ses ministres – de tous ses ministres –
des Grands rabbins, des chefs des dynasties hassidiques, des rabbins de
Judée-Samarie, de Tsoar… Et des gueules cassées des fronts de Syrie,
d'Egypte et des autobus de la ligne 18 à Jérusalem. Parce que…
prier
signifie "juger". Prier, c'est se juger. Se juger devant Dieu. Se
remettre en cause. Et que prier pour la paix dans les bureaux de
M. Netanyahou, et se juger en conséquence et se remettre en cause,
pourrait avoir sur tous ces hommes un effet que la raison refuse.
06 juin 2014
Le (port) salut vient de Pékin
Personne n'a jamais su exactement pourquoi à Chavouoth, qui commémore la
proclamation des Dix paroles au Sinaï, les Juifs mangent des laitages:
couscous au beurre, tarte au fromage, yaourts en pots… Qu'importe le
flacon pourvu qu'on ne baisse… ni les prix ni la liesse. Telle fut la
devise de Tenouva, la coopérative laitière d'Israël, fondée en 1926, qui
trouva en Chavouoth un formidable fromage. Si bien qu'on a pu voir sur la
couverture d'un journal d'Israël, Moïse au Sinaï, tenant deux tranches de
gruyère dans ses mains. Et voilà que, par l'odeur alléchés, les Anglais
allaient racheter Tenouva, qui persévéra à prendre les enfants d'Israël
pour des vaches à lait. Les manifestations du printemps 2013 pour faire
baisser les prix ne donneront rien. Ce n'est quand même pas à un Anglais
qu'on apprend à soigner son Cottage! Bref, les Britanniques se sont fait
leur beurre. Sur quoi ils se sont mis à proposer aux Chinois de leur
vendre Tenouva. Pour 2,4 milliards de dollars. Mais ils n'avaient pas
Comté avec le personnel, bien déterminé à avoir une plus grande part du
fromage! La menace d'une grève juste pour la semaine de Chavouoth (du
petit lait pour le personnel!) a fait céder la défense anglaise qui s'est
déclarée Confucius. Maintenant, plus rien n'empêche Mao de ravir à Moïse
ses tables de gruyère.
29 mai 2014
Les copains d'abord
La "réponse miroir" vous connaissez? On pense à Blanche neige… "Miroir,
gentil miroir, dis-moi, dans le royaume, qui est la femme la plus belle?"
Eh bien, non. Il ne faut pas confondre les contes des Grimm et la Crimée
de Poutine. La "réponse miroir", c'est comme ça qu'en russe, on appelle la
"réciprocité". Les sanctions russes, a expliqué M. Grigori Karasine, le
vice-ministre des Affaires étrangères "doivent être comparables" à celles
des Américains ou des Européens. Si l'Amérique interdit d'entrée les amis
de Poutine, M. Poutine, lui, ne peut pas faire autrement que d'interdire
l'entrée aux copains d'Obama. Seulement M.Obama, il a un
mirror,
lui aussi, et tout plein de noms de copains-copines de Poutine. Quant au
gentil miroir de François Hollande, il ne sert pas seulement à lui dire
qui, dans la République, est la plus belle. Il réfléchit ce miroir-là, et
quand on lui parle Crimée, il répond: "Niet! Pas de Moulin Rouge pour les
camarades de la Place Rouge". Bref, d'escalade en escalade, les dommages
collatéraux menacent à leur tour. Au train où vont les choses, les potes
de M. Poutine en Israël vont ne plus pouvoir quitter Savyon. Vous me
direz, qu'ils n'ont qu'à prendre leurs vacances à Elath ou à Tibériade.
Vous n'y pensez pas. Au prix des chambres d'hôtel en Israël!
27 mars 2014
De la vertu…
Alors qu'un millier de personnes ont été présélectionnées pour un voyage
sur la planète Mars en vue d'y installer une colonie humaine, une
fatwa
de dirigeants religieux des Emirats arabes interdit aux musulmans d'y
participer! Parce que, rapporte un blog du
Monde, les risques du
voyage "s'apparentent à un suicide" – ce que l'islam prohibe. Vous me
direz qu'on aurait aimé entendre ça plus tôt… Mais la
fatwa ne
concerne que les suicides pour des "raisons non vertueuses". Pendant la
dernière et très vertueuse intifada, Israël s'est bien rendu compte que
certaines vertus tuent – bien que le substantif, pourtant féminin,
s'écrive sans e. Du côté israélien, une installation sur Mars n'a rien
d'évident, non plus. Un Israélien qui ferait son
aliya, je veux
dire qui "monterait" tout là haut pour une
yerida sur Mars,
tordrait le cou à l'hébreu. Mais on pourrait concevoir un patois hébreu
propre aux Martiens d'Israël. Là n'est pas le problème. Non, le problème,
ou les problèmes qui surgissent à l'idée d'une colonie sioniste sur Mars,
sont d'un autre ordre. Vous imaginez la somme de travail que vont avoir
les BDS et autres boycotteurs? Et qui va compléter le livre à 1 euro de M.
Hessel? Et la Mars… eh oui, la Marseillaise qu'il faudra rebaptiser pour
contamination sioniste? Et puis, avec plein de Sionistes, la planète rouge
ne deviendra-t-elle pas, ipso facto,
Dar al'haram? Gageons que
les Islamiques qui feront alors le voyage, seront parés, entre autres, de
toutes les vertus.
mars 2014
Un bon narrateur est un narrateur sachant narrer
Ses ancêtres habitaient Jéricho 5.500 ans avant que Josué n'y mette le
feu. Voilà ce que M. Saeb Erekat a dit à Mme Livni lors de la Conférence
de Munich sur la Sécurité. C'est son "narrative", a-t-il expliqué. Qui lui
interdit de reconnaître en Israël un Etat juif. Eh bien, il a tort. Parce
que si les ancêtres du négociateur palestinien ont échappé aux troupes
sionistes de l'époque – il en est la preuve vivante – c'est qu'il est un
descendant de Mme Rahab, qui a si bien descendu les murailles de la ville
avec une corde. Or Madame Rahab, elle s'était faite juive! Ce sont les
narratives qui le disent. Il y en a deux, de narratives. Celui du Midrash
qui la marie avec Josué et le narrative des Evangiles, pour qui Rahab
était la maman de Booz… dont on connaît l'aventure avec Ruth. Bref, M Saeb
Erekat pourrait être un descendant du roi David. Absolument. C'est le
narrative qui le narre. Alors, je ne vois vraiment pas pourquoi il ne
reconnaîtrait pas un Etat juif avec pour Capitale cette Jérusalem dont son
ancêtre, le premier, fit sa Capitale. Cela dit, et j'en conviens avec M.
Erekat, 5.500 années avant Josué, donc 9000 ans avant lui, ce n'est pas
rien… N'empêche que d'après le
Journal of Archeological Science
(narré dans
Haarets du 3 février 2014) on a découvert près de
Rosh Haayin le plus vieux barbecue du monde. On a trouvé là des os
calcinés par les feux qu'allumaient des amateurs de grillades il y a…
300.000 ans! Par temps pluvieux. Plus vieux – y'a pas. Alors, quand au
prochain Yom Haatsmaouth, M. Erekat viendra nous dire bonjour, et qu'il
verra le pays tout entier couvert par les fumées des barbecues, il
comprendra qu'au jour J, même un narrative oublié depuis 300.000 ans
refait surface à la mémoire et dans le ciel d'Israël.
11 février 2014
La vengeance du Capitaine
Pour les 120 ans de l'Affaire Dreyfus (c'est le 13 octobre 1894, qu'un
certain capitaine Alfred Dreyfus fut "invité" à se présenter au cabinet du
chef d'état-major général de l'armée…) le Beth Hatefoutsoth, à Tel-Aviv, a
prévu une exposition sur l'Affaire. La Bibliothèque Nationale à Jérusalem
ne sera pas en reste, avec une édition originale du
J'accuse, un
manuscrit de Jaurès, des lettres du Capitaine… En plus, mais de façon
permanente, Israël possède des descendants du Capitaine. L'un d'entre eux,
Me Uriel Dreyfus est juge militaire pendant ses périodes de réserve.
C'était déjà un joli pied de nez à l'Histoire.
Et voilà que l'année à peine commencée, et sans rien demander à personne,
la France vole la vedette à Israël! En la personne de Bernard Stirn,
arrière-petit neveu du Capitaine mais aussi juge des référés au Conseil
d'Etat qui ferme sa… tribune (c'est bien "tribune" qu'il faut lire) qui
ferme sa tribune à Monsieur Dieudonné. Alors que, je suis prêt à parier,
jamais M. Stirn n'est allé au théâtre de la Main d'or (où la parole n'est
qu'argent…beaucoup d'argent) pour l'entendre. Il lui aura suffi de se
rappeler l'Ile du Diable pour vaincre Dieudonné. Que le Ciel me pardonne.
janvier 2014
Pour l'honneur d'une reine
C'est très bien que Jérusalem rende hommage à Bérénice. Pas à cause de ses relations avec Titus… D'ailleurs – et quitte à irriter l'un ou l'autre auteur français – je lui aurais conseillé un autre parti. Non, si Jérusalem rend hommage à Bérénice en lui accordant le nom d'une rue, c'est parce que la "reine de Juda", sut faire preuve d'un beau courage. Flavius Josèphe l'a raconté: Affrontant les soldats romains en furie, Berenikè, pieds nus, était allée supplier le procurateur Florus, le pire de tous les Procurateurs romains que connut Jérusalem, de mettre fin au sac de la ville et au massacre de ses habitants.
Ce que je vous dis de la reine, je le pensais déjà le 11 mai 2007, lorsque "Col Haïr" rapportait le propos d'un lecteur indigné: Sur la plaque de la "rue Bereniquè", photo à l'appui (je l'ai classée dans mes archives), la note biographique faisait de Bérénice un "Roi de Juda de la fin de l'époque du Deuxième Temple"! Cependant, assurait le journal, la Municipalité s'occupait de l'affaire. Dès qu'une nouvelle plaque sera prête, on la fixera à la place l'ancienne. Si bien qu'au soir du 11 mai 2007, je m'endormais serein et rassuré.
Et voilà que passant ce 29 décembre 2013 dans la rue Berenikè, je constate que Bérénice était toujours "Roi de Juda"! D'abord, j'ai pensé à un effet optique. Dont j'étais l'unique victime parce que les riveraines de la "Berenice st", comme l'indique l'inscription en anglais, n'auraient pu tolérer depuis cinq ans et demi cette atteinte à leur dignité. Ou peut-être un commando taliban, descendu de Ramat Beth Shemesh, venait-il, subrepticement, de plaquer un roi sur la plaque de la reine? A moins que… mais bien sûr! Les services de la Municipalité qui ont fait une nouvelle et très jolie plaque, l'ont accrochée dans une rue qui n'était pas la bonne… Dans "King George" ou dans "Malkhéi Israël". Ailleurs, peut-être… Hiérosolymitains, Hiérosolymitaines, je vous en conjure, cherchez! Aidez moi à retrouver la plaque et l'honneur perdus de la Reine Bérénice.
décembre 2013
Après neige
Pour ceux qui ont eu la chance – et l'électricité – et qui pouvaient se permettre de ne pas trop l'affronter, l'intermède en blanc de cet hiver 2013 n'a pas manqué de charme. Il était beau, effaçait les bruits de la ville, ouvrait les livres en fermant la télé et par la grâce du verglas au petit matin, nous accordait un réveil tardif. Sur la ligne des horizons politiques, la neige a réussi certains dégels: les véhicules de Tsahal qui ouvraient les routes ont été applaudis dans des villages arabes; à grand renfort de camions citernes, Israël a livré 1 million 200.000 litres de fuel à Gaza. Et si la mort a frappé depuis le Liban, il n'y a pas eu "d'incidents" pendant toutes ces journées avec les Palestiniens.
L'impréparation des autorités nationales et locales promet de joyeuses polémiques. L'influence corse (on attend que souffle le vent pour que tombent les châtaignes) est sensible. A l'entrée des maisons, sur les trottoirs… on attend que le soleil fasse le travail.
Au plus fort de la tempête, vendredi, les fidèles du
Daf Yomi ont découvert le jeune Hillel, enfoui sous trois coudées de neige pour écouter l'enseignement des maîtres. Sur 2.711 folios, Yoma 35 est la seule page du Talmud qui, à notre connaissance, parle de la neige à Jérusalem. Il fallait surtout étudier le texte dans l'édition "Steinsaltz". Elle note, pour confirmer l'édifiante mésaventure de Hillel, qu'il arrive, de rares fois, que la neige tombe avec cette abondance sur Jérusalem.
18 décembre 2013
La huitième lumière
–S'il te plaît, dessine-nous un miracle…" Et voici que le Talmud nous dessine une
Hanoukia à huit branches… et nous raconte l'histoire de la petite fiole d'huile qui, il y a bien longtemps, au temps des impérialismes d'alors, a brillé huit jours et huit nuits au lieu d'une seule journée et de sa nuit. Certains auraient préféré un candélabre à sept branches. Ils auraient voulu que le Talmud leur dessine une
menora à placer telle quelle dans un Temple tout neuf. Eh bien, non. Après les sept – sept est le nombre biblique des finitudes – il y a une huitième lumière qui brillera après la longue nuit. Une huitième lumière qu'il nous faut allumer. Jusqu'à ce qu'elle soit assez forte pour éclairer les nuits du monde.
Mais faut-il vraiment y croire à cette histoire de fiole et de sa potion miraculeuse qui n'en finissait pas? Hanouca, c'est du sérieux: Une victoire militaire, une insurrection contre l'occupant, une révolution culturelle et cultuelle qui nous est rapportée par des livres d'Histoire! Et les adultes que nous sommes préfèrent l'
Histoire aux histoires… Le problème c'est que tout se complique quand on devient adulte. L'enfant, sait bien, lui, qu'il ne doit pas tout croire. Il aime bien l'histoire de Barbe Bleue, du Petit Chaperon rouge et d'Alphonsine la petite souris… Mais il n'y croit pas vraiment. Pas plus qu'il ne croit à tous ces dessins et aux images sur ses mini, petits et grands écrans qui ne durent pas même le temps d'une bougie… Alors que nous, quand nous récitons les bénédictions avant d'allumer les lumières de Hanouca, on ne peut pas ne pas y croire, au miracle! Parce que nous sommes là, aujourd'hui, en ce
Lieu, après une si longue absence, une si longue présence, une si longue
Histoire… et de si nombreuses histoires dans toutes les nuits du monde qui n'en finissaient pas. Des histoires que nos enfants ont bien de la peine à croire.
7e jour de Hanouca 2013
Saisons
"Il n'y a pas d'automne en Israël", regrettait un ami. Quelques feuilles font bien semblant de jaunir; d'autres, confuses, ne peuvent s'empêcher de rougir. Elles ont tort: l'automne n'a pas sa place sur la terre de la Bible. "Setav" qui nous sert à en parler, y désigne l'hiver. Il n'y a pas de printemps non plus: "
Hodesh ha-Aviv" est le "mois de l'épi" ou de la "germination". Il correspond au printemps, mais dans la Tora il n'y a pas de saison qui porte le nom "d'Aviv".
Je ne sais ce qu'en dit le Coran. Ses lecteurs, de la Libye à la Syrie, en passant par la Tunisie et l'Egypte, savent qu'il n'y a pas de printemps. Le printemps arabe ça n'existe pas. Ce sont les Européens qui leur ont accolé un printemps. Sur le modèle du "printemps des peuples" – ceux de France, d'Autriche, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne, de Hongrie, de Prague aussi, qui l'ont fait éclore en 1848. Fût-ce le temps d'une rose. A Damas et à Benghazi, on lui préfère le chrysanthème et le sanglot long tout le long des charniers monotones. Ni printemps ni automne… Seulement l'hiver et ses nuits – et la foudre des hommes allumant les brasiers des étés hébétés.
15 novembre 2013
Y'avait kabbale y aller
Rien ne m'y avait préparé. C'était un jeudi comme un autre, un simple jeudi d'octobre, chaud et ensoleillé comme il sait l'être à Jérusalem, quand au haut de la rue Ben Yehouda, dans la zone piétonnière, je lis, je vois – mais je n'en croyais pas mes yeux –écrit en grandes lettres sur une devanture: "Lunettes kabbalistiques". Je savais qu'en l'an béni 2014, Google allait lancer ses "Google glass", mais qu'ici, à Jérusalem, on nous propose avec un an d'avance des glass kabbalistiques, des lunettes qui sont "l'ultime panacée" (je tente de traduire:
ultra-segouloth), qui vous garantissent "longue vie", "santé", "amour", "fortune", un "art de vivre" et en plus un "mariage heureux", je trouve ça magnifique. Et vous savez comment ils font? Vous savez pourquoi on peut avoir tout ça? Eh bien, grâce à un circuit imprimé! Pas un banal circuit comme dans les transistors et autres trucs électroniques. Dans ces glass-là on a imprimé des passages de la Kabbale! Et même des amulettes. Et encore des formules mystiques. Fallait y penser…
Mais faut pas que le client se mette à penser. Les glass n'accordent pas l'intelligence. S'il avait les yeux en face des trous, vous devinez ce qu'il en ferait de ses lunettes kabbalistiques !
9 novembre 2013
La circoncision en coupe réglée
La résolution du Conseil de l'Europe du 3 octobre 2013, qui préconise la suppression de la Berith mila, la circoncision juive, fait suite à un "projet de résolution", adopté à l'unanimité le 27 juin, par la "Commission des questions sociales, de la santé et du développement durable". Et, croyez-moi, il n'y a pas que le développement à être durable.
Certes on peut s'interroger sur le droit des parents à circoncire leur enfant. Encore faut-il répondre avec un brin de rigueur et de connaissance. Il est pour le moins surprenant de lire que "plusieurs experts ont été entendus" du côté juif et "religieux", alors qu'il n'est fait mention que du réalisateur d'un film militant contre la circoncision, pour affirmer que "même dans le cadre religieux, l'on entend de plus en plus de voix critiques". Et comment ne pas relever que ce "de plus en plus" (par rapport à quand? Par rapport à qui?) sert d'argument à neuf reprises! Que "souvent", un autre terme éminemment précis, apparaît quatorze fois dans le texte.
Ne convenait-il pas d'entendre au moins un maître du judaïsme traditionnel pour se faire une opinion? Au lieu de quoi, la Commission oppose à "la face sombre" de la religion juive, "des initiatives telles que le Jewish Circumcision Resource Center… qui, en général", explique-t-elle, "évaluent une idée non seulement en fonction de sa conformité à la Torah, mais aussi de son accord avec la raison et l'expérience".
Si depuis l'Empereur Hadrien, qui en interdisant la circoncision déclencha la seconde guerre des Juifs contre Rome, l'idée de proscrire la Berith mila ne paraît pas plus nouvelle que "la face sombre" du judaïsme, le projet de résolution présente quand même un côté innovant. A ma connaissance, en tout cas, c'est la première fois qu'une Commission du Conseil de l'Europe s'attribue le rôle de réformateur des religions. En l'occurrence, elle propose un rituel présentant l'avantage de "servir à tous les enfants, garçons et filles confondus". Alors la parité? Pour la Berith mila, aussi? Pas exactement, mais un "rituel alternatif, parfois appelé cérémonie de nomination ou bris shalom" (sic) mais sans circoncision! Et si je vous dis que pour cette chose, "on constate un intérêt grandissant de la part des communautés juives", vous serez tout à fait convaincus.
9 octobre 2013
Assad, toujours serein…
Juste l'Opposition qu'est pas contente. Normal, ça sert à ça une opposition. Tous les autres sont bien contents. Poutine, Obama, la France, Israël… La petite Grande-Bretagne aussi. Même Assad qui, il l'a dit, a remporté une "grande victoire".
Remarquez, Assad, il aurait pu remporter sa grande victoire depuis longtemps. Si seulement il avait pensé à se débarrasser de ses stocks de sarin et de leurs vecteurs avant qu'on le lui suggère. Mais on ne peut pas penser à tout.
C'est comme la Russie. Si elle n'avait pas livré des gaz inervants et paralysants à la Syrie, si elle n'avait pas formé des officiers syriens pour s'en servir, elle aurait pas eu besoin d'embêter Assad avec toute cette histoire. C'était tout simple. Mais ça vous échappe parfois les choses simples. C'est tellement volatiles les choses simples.
N'empêche que c'est très très bien tous ces efforts de tous, aujourd'hui, pour que M. Assad cesse d'utiliser ses armes chimiques. Avant, lorsqu'il a stocké sarin, soman et autres saletés, ça ne dérangeait personne. Parce qu'on n'imaginait pas qu'il s'en servirait pour gazer ses gens à lui. Non, personne n'imaginait un truc pareil. Ça ne devait servir qu'à gazer… Mais à gazer qui, au fait ? Vous avez une réponse?
16 septembre 2013
Pourquoi les p'tits bateaux vont plus sur l'eau ?
Oui pourquoi? Que sont les flottilles devenues? Les "Liberté", "Dignité", et autres "Humanitaires pour Gaza", elles sont devenues quoi depuis que la "grande prison en plein air" est bouclée à Rafiah?
Je vous pose la question parce que samedi soir, la 1ère chaîne israélienne a présenté un reportage sur l' "Africa Mercy", un navire hôpital qui fait le tour de l'Afrique, avec de longues escales. Tout le personnel médical y est bénévole. Le bateau accueille les malades, gratuitement, pour des opérations chirurgicales (cataracte, ablations de tumeurs, fermeture de fentes labiales et palatines, interventions orthopédiques, etc). L'hôpital est équipé d'un scanner, d'un service de radiologie, d'un laboratoire, de salles d'opérations et de dizaines de lits d'hospitalisation. Il réalise 7000 opérations par an et à terre, il forme des équipes pour installer des centres médicaux.
Je me suis dit que les flottilles de Gaza, au chômage, pourraient faire un truc pareil? Vous avez une idée pourquoi ils n'y pensent pas?
22 qoût 2013
Même le Pharaon!
Si je vous dis que sur la place Tahrir, on a brandi un drapeau d'Israël sans le brûler, vous ne me croirez pas. Eh bien si. Au milieu, on avait collé le portrait de Mouhmad Morsi.
Ça montrait que l'ancien président était un agent sioniste. Vous pensez bien que les Frères n'allaient pas en rester là. Ils ont proclamé
que c'est le général Al Sisi qui est un agent du sionisme. Si si... Bref, on discute sur les détails, mais les deux camps s'accordent sur l'essentiel: à reconnaître dans
tout ça la main d'Israël. Juste... quand en Israël, on trouve les pieds d'un Pharaon! Vous vous rendez compte, un Pharaon a posé ses pieds en Israël! Et pas n'importe lequel.
Mykérinos, ou plutôt son sphinx, qui a une pyramide à son nom à lui tout seul à Gizeh, est venu s'ébaudir à Hatsor, il y a quatre mille ans. Qu'il ait perdu la
tête, paraît évident. Mais les archéologues la cherchent. Ils disent qu'ils sont sûrs de la trouver! Or il ne faut pas. Surtout pas.
Parce que s'il s'avère que Mykérinos avait toute sa tête, les Egyptiens vont la réclamer. Ils vont la mettre à prix, sa tête. Les touristes qui photographieront
la "pyramide sioniste" risqueront la prison... Et j'entends déjà les BDS, qui boycottent Disneyland, scander devant les agences de voyage: "A bas Mickey-Rinos".
Non... Il ne faut pas. Le Pharaon doit appliquer la politique propre à la région: garder la tête enfouie sous le sable.
11 juillet 2013
Tension croissante entre pâtissiers de France et d'Israël
Ce n'est pas la faute de Panoramix, le premier à traduire la Genèse en gaulois, si Obélix, davantage porté sur le porc épique que la génétique, proclama après lui, avec un zèle tonitruant: "Croissants et multipliez..." Aussitôt, dans le village (vous savez bien "le petit village qui résiste encore et toujours ..."), on multiplia. Et le croissant divin devint une spécialité française, aimé des Français, de ses rois, de ses reines. Wikipédia raconte (je le... crois sans peine), que Marie de Médicis fit servir "quarante-trois gâteaux en forme de croissant" lors d'un banquet à Paris. C'était en 1549. Quand deux cent quarante années plus tard, Marie-Antoinette eut la malencontreuse idée de remplacer le croissant par la brioche, le peuple de Paris résista à son tour. Non, le croissant restera toujours la madeleine des Français.
Aussi, quand le Grand rabbinat d'Israël, soucieux de distinguer l'un de l'autre, a demandé que les croissants au beurre aient la forme d'un croissant, et que les croissants sans beurre soit droits comme le mètre étalon, j'en suis resté baba. La législation concernant les croissants est une affaire française! Compterait-elle pour du beurre aux yeux des rabbins d'Israël? Or en France, le croissant au beurre est droit! Seul le croissant pure margarine est courbe. De quel droit le rabbinat mélange-t-il les espèces de croissants – ce que le Créateur (Genèse 1, 21) s'est bien gardé de faire avec les êtres croissant qu'il créa ici-bas?
- Cesse de t'indigner, m'a dit un ami. Reconnais plutôt que les rabbins rendent au croissant au beurre, la forme du Croissant; qu'ils (re)commandent même de dire une bénédiction en le goûtant! Par les temps qui courent,
c'est pas de la tarte, crois-moi...
28 juin 2013
Sur Pierre Mauroy
A l'hommage rendu à Pierre Mauroy, je voudrais très modestement joindre le mien. A la suite de son discours du 17 juillet 1981 sur la "nouvelle citoyenneté", j'évoquais dans "Tribune Juive" des similitudes ("et pas des moindres") entre ses paroles et celles d'Isaïe (chap. 58, v. 6 et suiv.) Quelques mois plus tard, à l'occasion de la parution du n° 800 de "Tribune Juive", le Premier ministre accepta mon invitation à un dîner du journal, pendant la fête de Hanouca. Il eut la générosité de rappeler ma réflexion pour développer, devant une assistance attentive, ses idées sur la "nouvelle citoyenneté". Ce qui allait me permettre de rendre compte de son intervention en titrant: "Le gouvernement de gauche sous le signe de la Bible et de la modernité". Et en page de couverture, sous Pierre Mauroy et les lumières de Hanouka réunies, je relevais ce propos: "Entre le message biblique que nous avons en commun et qui sert de fondement à toute la culture occidentale et les objectifs que nous poursuivons, il y a une similitude profonde".
"Je ne serais pas complet, dit encore Pierre Mauroy" (et... je ne le serais pas, moi, si je taisais ses sentiments envers l'Etat d'Israël) "si je ne parlais que d'évolution économique et d'évolution culturelle, sans évoquer ce qu'a signifié pour ceux de ma génération, au lendemain de la Libération, la naissance d'Israël. Les Socialistes ont vécu toute la phase de la naissance de l'Etat d'Israël dans un élan de solidarité et de ferveur. [...] J'ai beaucoup voyagé en tant que Premier ministre mais pendant la longue période où j'ai eu des responsabilités aux Jeunesses socialistes, à la SFIO, puis au nouveau Parti socialiste, je me suis bien rendu une dizaine de fois en Israël".
J'ajouterai qu'à la suite de cette manifestation, le CRIF allait prendre l'initiative de ses dîners annuels avec les dirigeants de la République.
12 juin 2013
Saisons
Ancien ambassadeur d'Israël, Daniel Gal, évoque dans un courrier électronique, le propos d'un journaliste allemand de "grand renom", spécialiste du Proche-Orient, pour lequel "les printemps arabes", ça n'existe pas. Avant de se rappeler, si... "dans une région d'Egypte, il y a une saison très brève mais intense de pluies diluviennes qu'on qualifie de printemps; mais après ces averses, tout se transforme en boue désastreuse".
Alors, continue M. Gal, que les journalistes nous fassent la grâce de ne pas nous resservir le même plat concernant la Turquie! Ou plus exactement la même... tasse, car "le café turc qu'on déguste dans nos régions, on l'appelle en hébreu: "café bots", traduisez –"Café boue"! Il est bien vrai "qu'une fois bu, ce café ne laisse au fond des tasses que de la boue".
Mais, justement, pourquoi, les médias qui, depuis trois ans, ont su lire tant de choses dans le
marcmara de café, n'ont-ils pas deviné la montée des jeunes Turcs dans les rues d'Ankara et d'Istanbul? Ils n'avaient pas davantage prévu ce qui devait se passer à Tunis, à Tripoli, au Caire et à Damas... De ce point de
non-vue, les places et les rues de Turquie en ce début de juin, rappellent bien les "printemps arabes". Parce qu'il y a eu, je pense, des printemps arabes. C'est l'été qui était pourri. C'est l'été arabe qui est pourri.
Quant au...
caoua de nos clairs matins et de nos nuits blanches, j'aurais tendance à recommander le
ness-café dont les inventeurs (de chez Nestlé) ignoraient qu'en hébreu,
"ness" signifie miracle. Le
Ness-café, bien plus que le
bots, mériterait d'être le
caoua d'Israël. A ne consommer, toutefois, qu'avec modération.
6 juin 2013
Ontologie
On entend dire qu'être ou ne pas être est la question. C'est très exagéré. C'est peut-être une question, mais pas "la" question. En tout cas hors du Royaume de Danemark. Ainsi, dans un kibboutz du Golan, Ibrahim servait comme "goï du Chabat". Par-dessus tout, il aimait rallumer la lumière dans la synagogue quand les plombs sautaient. Convaincu que tel était son devoir sur terre, il prit l'habitude de rester dans la synagogue; puis il apprit à chanter avec les fidèles et se mit à prier avec eux. Aujourd'hui, Ibrahim veut se convertir mais à condition de continuer sa mission de "chabat-goï" du kibboutz. Vous avez une réponse à la question?
A l'inverse, la question peut ne pas se poser. Ne pas du tout se poser. Prenez ce type à Paris qui a attaqué un rabbin et son fils à coups de cutter. Sous son manteau, il portait la camisole d'un hospice psychiatrique. Son avocat veut plaider la folie! Mais le fait que son client, d'origine iranienne de surcroît, ait attaqué un rabbin et son fils au lieu de l'épicier normand et goï –que je félicite pour son excellente santé – n'est-il pas la preuve évidente qu'il est normal?
Ce qui nous ramène au cas classique de l'antisémite. Pour lui, ne pas l'être n'a jamais posé de question. Je dirais même qu'il apporte un démenti formel à cette autre fable selon
quoi on ne peut être et avoir été. Bien au contraire: on ne peut être antisémite sans l'avoir été.
6 mai 2013
La Saint Valentin en Syrie
C'est très bien l'oecuménisme. Même que son initiateur, Lars Olf Jonathan Söderblom, archevêque luthérien d'Upsala, reçut pour ça le Prix Nobel de la Paix en 1929. C'est très bien parce que ça devrait permettre de rapprocher les gens. Encore que dans sa forme originale, l'oecuménisme avait pour seul objet d'unifier les Eglises. C'est dire que dans ses formes secondaires, la troisième, la quatrième, la cinquième... il en reste de la place pour des Nobel! Un Uléma sunnite qui dirait que ce n'est pas bien de faire exploser les mosquées des shiites; ou un Iman shiite qui aurait l'idée de conseiller de ne pas placer de dynamite à l'entrée des mosquées sunnites seraient aujourd'hui les candidats les plus chanceux.
Il est vrai aussi qu'on ne peut pas tout mélanger. Le syncrétisme n'a qu'une relation phonétique avec la sainteté. Il atteint parfois d'étranges sommets. Ainsi chez B. un salafiste tunisien de 23 ans de retour du front syrien. Il raconte comment son groupe a gagné une bataille aux cris d'Allah Akbar. Mais aussi que l'ami qui l'accompagnait y a été tué: "Il est mort le 14 février, le jour de la Saint-Valentin, il a rejoint 70 vierges". Isabelle Mandraud qui rapporte son propos dans Le Monde, note que B. s'est "esclaffé" pour le dire. Puis il a ajouté: "J'ai appelé sa famille, ils étaient contents, leur fils est mort en martyr." Là, Isabelle Mandraud ne dit pas qu'il s'est esclaffé.
C'est triste à en mourir.
15 avril 2013
Oh! ba-ma nishtana ?
"Obama a-t-il programmé sa visite en Israël pour s'y trouver la veille de Pessa'h"? Chelomo Malka, de Radio Com, m'a surpris en me posant la question... Le Président américain a l'habitude de réunir ses collaborateurs juifs pour célébrer avec eux,
matsoth en main, un pré-Séder. Pour Obama, il ne s'agit pas seulement d'un geste de politesse ou d'entente cordiale; on imagine sans peine qu'il prend part à la célébration de la liberté que nos ancêtres, les premiers, ont enseignée aux hommes. Les Noirs américains, en lutte pour leur liberté, évoquaient avec ferveur celle des Hébreux sortant d'Egypte. Ils chantaient: "Go down Moses"... Et s'écriaient avec lui en affrontant leur Pharaon: "Let my people go"! C'est du nom de "Moses" qu'ils honoraient ceux qui menaient le combat, comme Harriet Tubman, "Grand-mère Moïse" ou "Moïse du peuple noir", ou encore le Jamaïcain Mosiah Carvey, appelé "Black Moses".
A peu près tous les Commandements de la Tora procèdent, d'une manière ou d'une autre, de la sortie d'Egypte ou plutôt du souvenir que nous devons en avoir.
Mais au-delà de la formule, maintes fois répétée, nous rappelons-nous vraiment la sortie d'Egypte? Les Noirs américains se souviennent sans doute mieux que nous autres, aux âmes
habituées, que sans les Moses de leur Histoire, "ils seraient encore", pour reprendre la formule de la Hagada "esclaves en pays d'Amérique"...
18 mars 2013
Humble contribution à la Semaine de la francophonie.
Les apports hébraïques au français, dit-on, remontent au 11e siècle, à Rachi de Troyes, puis aux Tossafistes. Mais les Hébreux – que tout petits, déjà, on couchait dans des
moïses –ont nourri la langue française bien plutôt. Ainsi le
costume d'Eve, qui demeure le plus simple et le plus beau des vêtements. De la même époque date cette
pomme, certes inconnue dans le texte biblique, mais qui n'en reste pas moins au travers de la
gorge d'Adam. Encore plus en avant dans le temps et avant même que le temps ne fut, vous avez
"tohu-bohu". La formule peut paraître légèrement pédante sur les bords... Mais s'écrier: "Quel tohu-bohu!" au spectacle d'une pièce en désordre, accorderait à l'indigné ce brin d'élégance que la formule courante lui refuse quand elle ne le rend grossier.
Reconnaissons pourtant qu'il est des mots plus seyants en français que dans leur traduction d'origine. "Messie" vient de l'hébreu
Mashia'h qui signifie "oint".
Le Messie est un oint... Un Oint! C'est le genre de choses à ne pas dire. Même en faisant la liaison. Vous imaginez, sur les Champs-Elysées, nos loubards qui se mettent à
chanter: "Oint, Oint, Oint, aï aï aï..." ? Personne n'en voudrait plus du Messie! En attendant, on annonce à Jérusalem, l'arrivée cet été, du FC Barcelone pour y
rencontrer une équipe judéo-musulmane. Aux buts: la Paix. C'est quand même dommage cet E qui manque à Lionel MESSI.
28 février 2013
Perversions
La perversion, c'est le "changement en mal" (dicos). Exemple tirée du Talmud: Refuser de sauver une femme qui se noie parce que la pudeur ne permet pas de lui tendre la main. Exemple universel: La perversion de la démocratie (dêmo = peuple et kratia = Pouvoir) quand elle conduit à un Pouvoir antidémocratique. Hitler a bien été démocratiquement élu. En Egypte, aujourd'hui, une semblable perversion prive de pouvoir à la fois le peuple et son gouvernement.
Appliquée à Israël, la perversion conduit à l'accuser de colonialisme quand il retourne sur ses terres que d'autres avaient colonisées. Certes, on peut (on doit) considérer que la présence israélienne dans les "territoires" est illégale. Mais l'accuser de colonialisme relève d'une perversion voulue pour ajouter le stigmate à une réalité compliquée. Dernière en date de la même veine: une caricature dans le
Sunday Times (parue le 27 janvier – journée internationale de la Shoa en signe de perversion-bis). On y voit Netnayahou construire le mur de la séparation avec le sang des Palestiniens dont les membres sont écrasés par les pierres. Or ce mur a pour seule origine les attentats palestiniens et plus particulièrement les attentats-suicides. Et empêche le sang de couler des... deux côtés du mur. "Perver‑sion" – ou changer Sion en mal.
(איור: ג'ראלד סקארף, סאנדיי טיימס)
28 janvier 2013
Lapidairement, vôtre...
C'est triste de voter en janvier. Et de se dire qu'en février ni Bibi, ni Shelly, ni Livni ne vous téléphoneront plus. J'aimais bien. Ils me disaient des choses très bien, très intéressantes, très encourageantes. Pourquoi ils étaient des gens tellement bien et ce qu'ils allaient faire au prochain gouvernement. "Sous ma direction" –
bi-rechouti!– qu'ils disaient. Déjà, le 23 janvier, mon téléphone a cessé de sonner. A Bézek on m'assuré que ma ligne n'était pas coupée et que, non, on n'avait pas changé mon numéro, Pourtant j'avais eu des conversations passionnantes avec les sondeurs. Ils savaient mon angoisse, celle de ne pas reconnaître, peut-être, le meilleur pour qui voter. Eh bien, pas un n'a pensé à me demander comment ça s'est passé en ces moments terribles où vous vous retrouvez seul dans l'isoloir face à trente-et-un petits bulletins blancs, tous pareils, avec une lettre noire imprimée dessus.
C'est triste de voter en janvier et de se dire que pendant trois années et 250 jours, vous n'avez plus de destin national, que vous ne pouvez rien faire pour la paix avec les Palestiniens, contre le
nucléaire iranien et moins encore pour faire baisser le prix du petit pot de fromage blanc et de l'immobilier. Et que, peut-être, tout ce que vous ont promis Bibi, Shelly, Livni et Lapid en plus, n'arrivera pas.
Reste le petit Pérès du peuple pour le leur rappeler.
24 janvier 2013
Du bon usage de l'orthographe
Etre capitaliste, je l'avoue, ne vous met pas toujours à l'aise. Ainsi, je suis embarrassé quand dans une même phrase j'écris qu'un Juif a mangé un fallafel (ou des figues, ça n'a pas d'importance) et que son ami chrétien a mangé des dattes – ou des croissants, ça n'a pas d'importance, non plus. Mais je n'y peux rien, tous les dictionnaires vous le disent: "Juif" s'écrit avec une capitale et "chrétien" avec une minuscule. Parce que nous, on est "des descendants d'Abraham, un
peuple sémite, monothéiste qui vivait en Palestine" –je recopie ce que dit le "Petit Robert", mais les italiques sont de moi. Si bien qu'on a droit à une capitale alors que les chrétiens, eux, ils "professent la foi en Jésus-Christ" et comme membres d'une religion, ils ne reçoivent qu'une minuscule. Bon...avec les chrétiens, c'est moins grave qu'avant. Mais quand je mets un petit m à "musulman", sans parler du tout petit i, tout maigre et rachitique en plus, à "islamiste", je crains une fatwa, moi! On en a
brûlé pour moins que ça. Alors, je le sais bien, c'est très injuste, cette capitale qu'on est seul à avoir. Mais ce n'est pas une raison pour nous l'enlever, notre Capitale. Non,
Jérusalem restera la Capitale du peuple juif. Et si d'autres, par amour de Jérusalem, de cette Jérusalem dont Herzl proposait de faire la Capitale du monde, le voulaient eux aussi, eh bien, qu'ils soient les
bienvenus !
11 janvier 2013
Lumières
Les jours se font courts. Partout dans le monde, raconte l'Histoire, nos premiers ancêtres craignaient, quand le jour baissait et baissait encore que la nuit l'emporte pour de bon. C'était il y a longtemps. Très longtemps. Aujourd'hui on leur aurait montré qu'il y a des cycles qui reviennent toujours et que rien ne change. On leur aurait montré les journaux qui parlent du conflit israélo-palestinien. Ça les aurait convaincus. Ils n'auraient pas allumé de grands feus pour vaincre les ténèbres. Ou plutôt si. Parce qu'il fallait bien se chauffer!
Le Talmud, aussi, raconte l'histoire d'Adam, effrayé de voir les ténèbres toujours plus fortes et plus longues. Quand il a vu que la clarté gagnait de nouveau sur la nuit, il a
décrété des fêtes. Hanouca, au solstice d'hiver, s'en souvient avec la victoire des Maccabées. Mais quand nous fêtons la petite fiole d'huile pure de Hanouca qui a brûlé bien plus
qu'on ne pouvait l'espérer, c'est le miracle que nous célébrons. C'est pourquoi, dit le droit rabbinique, il est interdit de profiter de son feu et d'en éclairer la nuit. Pour le conflit
israélo-arabe, c'est pareil. Les lumières du miracle ne sont pas faites pour que nous en profitions. Pour nous éclairer et nous chauffer, pour qu'il fasse bon sur la terre que nous habitons, c'est à nous
d'allumer les lumières.
Kislev, 5773
Le roi Arthur à Jérusalem
C'est sûr, il y a énormément de gens qui ne pensent pas comme moi. D'abord ceux qui ont organisé ces soirées imbéciles de chevalerie à la porte de Jaffa à Jérusalem et surtout ceux qui y accourent. Quand on pense Histoire, les chevaliers à Jérusalem ne sont ni le roi David ni Rabbi Akiba. Pas davantage Montefiore. Ce sont avant tout, les Légions romaines qui l'ont brûlée avant d'en faire
Aela Capitolina, puis les croisés qui, Montjoie, Montjoie ont trucidé Arabes et Juifs de la ville. Et puis notre environnement, aujourd'hui, est suffisamment guerrier, pour que je ne voie pas l'absolue nécessité d'armer en plus nos enfants d'épées de plastique ou de baudruche gonflable.
Maintenant que j'ai dit ce que j'en pensais, je veux vous dire que ces soirées sont merveilleuses. Qui se rappelle Jérusalem désert, la nuit, au temps de l'intifada, quand les autobus sautaient et les
cafétérias, aussi, (encore que la Vieille ville était alors le lieu le plus sûr...) éprouve une joie profonde pendant qu'un jeudi soir qu'il pensait ordinaire, il est bloqué par les
embouteillages, et que sur la place, à la porte de Damas, la foule heureuse est si dense qu'elle empêche de passer les hommes et les femmes de retour du Kotel.
2 novembre 2012
Chapô
Quand dans l'Empire Ottoman, la réforme vestimentaire a introduit le pantalon et la redingote, les fonctionnaires n'ont pas renoncé pour autant, note Bernard Lewis, "à leur couvre-chef, le fez, le turban et le keffieh, symbole de leur différence avec l'Occident"
. A Saint-Cyr et à l'Ecole polytechnique, on n'y renonce pas davantage. Vous verriez un Général sans feuilles de chêne? Et les gars de la Marine, vous croyez qu'ils sont prêts à jeter leur pompon à la mer? Ils feraient comment aux escales pour laisser un quelque chose à leurs "blondes"? Même qu'ils chantent: "A toutes nous donnons/ Un p'tit morceau d'not ' pompon."
Et la kipa? Eh bien j'y aurais volontiers renoncé. Par ses différences de couleur, de forme, de matières, par sa circonférence plus ou moins grande (dont le rapport au diamètre quoiqu'en disent
les mathématiciens va de mal en pi) elle provoque d'inutiles fractions. Et autant de divisions. La kipa n'a pris de l'importance qu'au jour où les premiers rabbins libéraux l'ont jetée aux orties.
Comme ceux d'aujourd'hui s'en couvrent avec ostentation, je m'étais dit qu'il suffirait de le signaler aux
harédim pour qu'ils la suppriment, la kipa. C'était pas une riche idée? Et patatras !
Voilà que Marine Le Pen demande qu'on mette la kipa au vestiaire. Comment voulez-vous après ça que je me fasse entendre? Que la kipa doive son salut à la Marine, c'est quand même le pompon.
Bernard Lewis,
Que s'est-il passé? L'Islam, l'Occident et la Modernité (Gallimard p. 101).
3e jour de Soucoth 2012