de Jacquot GRUNEWALD
Civil et civilisations
C'est très bien que M. Sarkozy ait obtenu la libération des infirmières
bulgares. Ce qui me paraît moins bien, c'est qu'il vende une usine nucléaire
("civile", évidemment) à M. Khadafi. Je l'avoue: au-delà
de la différence entre l'uranium enrichi à 5 ou à 93%,
j'ignore les rapports entre le nucléaire civil et militaire. Si je me
rappelle bien, Osirak, aussi, n'avait qu'une vocation civile. Mais Menahem Begin
n'en savait pas plus que moi et porteur du chromosome de la disproportion (Dis4pro10)
dont souffre l'Israélien moyen et pas moyen (d'ailleurs peut-il exister
un Israélien moyen?) il s'est empressé de démolir à
coups de bombes une installation civile de plus.
Ce qui me rassurait, c'est que selon M. Sarkozy "l'Occident devait faire
confiance aux pays arabes désirant se doter du nucléaire civil".
La confiance, c'est beau! Tenez, c'est aussi beau que l'ouverture. Puis je me
suis demandé pourquoi le préciser. Pourquoi préciser qu'on
"devait faire confiance"? On est dans le civil que diable! Viendrait-il
à l'idée de ne pas faire confiance à l'acheteur d'une usine
de fils à couper le beurre? Encore que moi (toujours le "Dis4pro10"!)
j'aurais tendance à ne pas faire confiance à la Libye et à
quelques autres pays arabes même si leurs citoyens n'étaient civilement
armés que de fils à couper le beurre.
M. Sarkozy a encore dit que si on refusait le nucléaire (civil) aux pays
arabes, et bien "on augmentera le risque d'une guerre de civilisations".
C'est grave une guerre de civilisations par manque de nucléaire civil.
N'empêche qu'entre le risque d'une guerre nucléaire et celui d'une
guerre de civilisations, je crois ne pas trop devoir hésiter.
30 juillet 2007
Suite du précédent…
J'en étais là… pas très fier de ma semaine de blanc.
Grisé par le calembour j'avais lessivé d'un trait, comme si l'entente
cordiale n'était qu'un vulgaire porridge, l'Angleterre entière.
Qui m'en avait donné mandat? D'ailleurs, même à Finsbury
Park et à UNISON, il doit bien y avoir l'un ou l'autre
decent well-bred
person ?
Et Blair vint. Chargé par le Quartet de faire la paix et de réaliser
la quadrature du cercle. Alors vive Tonny Blair et God save the Queen! Et puis,
Blair on le blaire bien. Mais pourquoi dans tous les
Robert et autres
Larousse, "blairer" se conjugue-t-il au mode négatif
?
28 juin 2007
Le blanc et le noir
"Albion" (vous savez bien la "perfide Albion" de notre Histoire
de France) et l'hébreu "laban" ont à l'évidence
une même racine trilitère (elles le sont toutes en grammaire hébraïque):
L-B-N.
En hébreu,
laban signifie:
blanc et l'Angleterre, on
l'appelle "Albion" à cause des falaises
blanches de
Douvres. En français: "albinos" a le même sens. Mais
l'usage de ce mot est limité. En revanche, les formules avec "blanc"
sont souvent les mêmes des deux côtés de la Manche. "L'accusé
X est blanc comme neige", donne en anglais: "as pure as driven snow",
parce qu'une fois la neige fondue, l'accusé paraît dans toute sa
noirceur. Preuve définitive que les Français pratiquent aussi
l'humour anglais.
Mais bien avant ces exercices franco-anglais, il y avait la Bible. Laban, le
Blanc, s'est révélé dans toute sa noirceur quand, au lieu
de Rébecca, il glissa Léa dans le lit de Jacob. Le Midrash appelle
"trompeur",
ramaï, ce père perfide –du
latin
perfidus qui "viole sa foi"– ce qui nous ramène
à la perfide Albion dont les universitaires cessent de parler à
ceux d'Israël. De peur de mal se faire comprendre. Depuis les Livres Blancs
qui furent la bête noire des Sionistes, il y a comme un blanc dans le
dialogue entre Londres et Jérusalem.
6 juin 2007
Prière interdite
Je n'ai jamais très bien compris à quoi peut servir la panoplie
de petites aiguilles qui, en leurs petits cadrans, constelle les montres-bracelets.
J'en ai vu plein des montres comme ça, chez un horloger du Kikar hamedina
à Tel-Aviv. Bien sûr, ça vaut son prix. Comme tout ce qui
brille dans les vitrines du Kikar Hamedina. Mais comme dirait Sarko, quand on
travaille, il n'y a pas honte à devenir riche pour se payer une ou deux,
ou plein de montres avec des petits cadrans.
J'en ai vu une, aussi, sans aiguillettes ni mini cadrans. A leur place, donc
sur le grand cadran d'une montre-bracelet, était imprimée la tephilat
hadérekh, la prière que l'on récite sur la route, en voiture,
pour prier Dieu de nous accorder une bonne conduite. Et j'ai été
pris de colère – comme dirait Ségo. Car si je ne sais toujours
pas à quoi peut servir la valse des petites aiguilles en leurs cadrans,
je sais, je sais parfaitement, qu'une prière récitée sur
l'autoroute, quand l'automobiliste rapproche de son œil sa montre-bracelet
pour y déchiffrer les petites lettres de la
tephilat hadérekh,
c'est le meilleur moyen de provoquer un accident.
Et pour une fois, la première fois dans une "Lettre" de
l'Adfi, j'ajouterai à ma signature, le titre qui est le mien : Jacquot
Grunewald, rabbin.
En souvenir
Avec grande tristesse nous avons appris le décès, le chabat
28 avril 2007, de Judith Kauffmann, professeur de littérature française
à l'Université Bar-Ilan, qui fut aussi la directrice de ce Département.
Judith Kauffmann était une personne aimée, intelligente, celle
dont on se dit, que personne ne pouvait faire mieux. Elle a traduit en français
"Ailleurs peut-être" et "Aidons-nous à divorcer"
d'Amos Oz et on lui doit divers essais, entre autres sur les biographies dans
l'œuvre d'André Maurois, l'humour et le grotesque dans
Mangeclous
et l'œuvre d'Albert Cohen, des articles remarqués sur Romain Gary
et la shoa et, en collaboration avec Ruth Reichelberg: "Littérature
et Résistance".
21 mai 2007
Sarko/Sego en Israël.
A Jérusalem : 2.474 personnes ont voté alors que 8.4097 étaient
inscrites. Le taux de participation était de 29, 4%. 319 bulletins sont
allés à Ségolène Royal (13%) et 87% à Nicolas
Sarkozy (2.126 bulletins).
Dans le reste d'Israël il y avait 33.151 inscrits et 6.276 Français
sont allés voter. Le taux de participation était de 18, 9%.
580 suffrages (9, 3%) se sont exprimés en faveur de Ségolène
Royal, alors que 90, 7%, soit 5.665 Français, ont voté Nicolas
Sarkozy.
A part Sainte Lucie (ceux qui savent où se trouvent Sainte Lucie ont
toute ma sympathie) où les abstentions étaient de 17, 5% (avec
il est vrai seulement 337 inscrits) Israël vient en tête des abstentionnistes.
C'est en Israël aussi que les fans de Nicolas Sarkozy ont été
(proportionnellement) les plus nombreux.
Autres chiffres: 30 fans de football ont été blessés,
parmi eux deux ados qui sont entre la vie et la mort, quand les supporters
de Bétar pour fêter la victoire de leur équipe ont, dimanche
soir, envahi le stade "Teddy Kollek" à Jérusalem.
200.000 fans de Rabbi Shimon bar Yo'haï, à en croire le journal
de ce matin, se sont rendus samedi soir à Méron pour y fêter
son anniversaire.
Et puis, depuis hier, vous pouvez consulter au Musée d'Israël
sur une stèle qui date de 2.178 années, une liste partielle
des hauts fonctionnaires et autres fans de Séleucus IV, nommés
en Érets-Israël par la puissance séleucide, moins de dix
ans avant l'insurrection des Maccabées.
Mon amitié va aussi à ceux qui ne savent pas où se trouve
Sainte Lucie.
7 mai 2007
Une datte qui date
C'est au cours
des fouilles des années 70, à Massada, qu'on avait ramassé
ce noyau de datte avec des dizaines d'autres. Il avait été jeté
dans une cruche, il y a 19 siècles, par l'un des défenseurs de la
forteresse. Qui aurait jamais imaginé qu'ils puissent donner vie? Deux
femmes ont caressé ce rêve. Deux chercheurs femmes (dit-on "chercheuses"?)
qui ont planté un de ces noyaux. Au bout de deux ans un palmier a poussé.
C'est à n'en pas douter le plus vieux palmier du monde. Si son fruit (il
faudra attendre deux ans de plus…) ressemble à son ramage, on retrouvera
les vraies dattes d'Érets-Israël, celles que la Tora célèbre
en nous promettant un pays "où coulent le lait et le miel". Et
le miel, disent les exégètes, désigne le fruit savoureux
du dattier. Une promesse à achever. Car les dattiers de l'Israël d'aujourd'hui
sont tous importés. La vraie datte, rapporte l'historien Pline, l'authentique
datte d'Israël, avait un goût dont on pouvait seulement fantasmer.
Alors, quand on se rappelle que le palmier a toujours été un symbole
d'Israël, comme en témoignent les dessins sur nos anciennes monnaies
et les mosaïques enfouies un peu partout sous les sables, on peut se dire
que nul autre fruit ne caractérise mieux Israël que la datte qui reprend
vie après 19 siècles. Quant à l'idée que la datte
onctueuse et douce puisse désigner l'Israélien de souche en se substituant
au sabra avec ses mille épines, ça personne n'a jamais osé
le promettre. Mais, là encore, rien n'empêche de fantasmer.
17 avril 2007
Une Rothschild à la Knesset?
Depuis le Baron Edmond,
Hanadiv, le "Généreux"
qui fut l'un des principaux acteurs et financiers du
yichouv, les Rothschild
sont très aimés en Israël. La Knesset elle-même, symbole
de la démocratie d'Israël, n'a-t-elle pas été construite
grâce au soutien de la branche anglaise? Comme la cour suprême, sa
voisine. J'en passe et des plus chers.
Edmond et son épouse sont enterrés près de Zikhron Yaakov.
Mais
sur la terre d'Israël, des Rothschild en chair et en os, je
n'en connais guère. Batshéva, une fille d'Alain, avait fondé
en Israël les "Ballets Bat Shéva". Y eut-il, y a-t-il d'autres
Rothschild à habiter la Terre promise? Il est vrai, nous ne fréquentons
pas toujours les mêmes salons, alors je préfère ne pas m'engager.
Je ne suis pas sûr, d'ailleurs, que les Rothschild trouveraient à
mieux s'occuper en Israël qu'à Paris, à Londres, ou ailleurs
en Europe. Sauf une. Une Rothschild. Si les bureaux de l'Agence Juive en Suisse
ont le moindre sens du devoir, il leur faut, illico, prendre langue avec Nadine
de Rothschild qui, provisoirement, espérons-le, s'est installée
à Genève. Pour une fois, avec la plus sûre assurance, l'Agence
Juive pourrait garantir un emploi stable et une clientèle qui ne désemplira
pas. Car Nadine de Rothschild s'étant aperçue que des femmes achetaient
son best-seller "Le bonheur de séduire, l'art de réussir"
afin de l'enseigner, s'est dit que nulle ne saurait être plus élégamment
servie que par elle-même et a fondé à Genève "L'Académie
Nadine de Rothschild International Way of Life", traduisez: L'école
pour apprendre à bien se tenir. Vous vous figurez le travail en Israël?
Comme la Knesset est déjà une affaire des Rothschild, elle gagnerait
à commencer par là. Le hic, c'est que les élections ont lieu
tous les quatre ans. Alors, le temps qu'elle en finisse, à peu près,
avec une première cuvée, la nouvelle sera déjà sur
les bancs.
4 février 2007
Un Israélien à Paris
C'est la francophonie par le geste. Je vous explique: Puisqu'un petit nombre seulement
des 30 millions de touristes qui s'en vont découvrir Paris consent à
apprendre le français et comme un petit nombre seulement de Français
consent à apprendre l'anglais… un nouveau Guide, distribué
en Ile de France, enseigne aux touristes les gestes par lesquels les Français
répondent aux questions qui leur sont posées. J'ai lu ça
dans "Maariv" qui reproduit des extraits du Guide. On y voit une jeune
femme, la paume de la main à la verticale derrière l'oreille ("Vous
dites?") et un homme qui de sa main imite une tête d'autruche pour
signifier qu'il vous a assez entendu. Le Guide conseille au touriste de se mélanger
aux Parisiens, de faire les mêmes gestes et on le prendra pour un titi authentique.
Il y a aussi les onomatopées. Très facile les onomatopées.
"Bof…" par exemple. Pour dire :"Et d'où voulez-vous
que je sache où est le Louvre, je n'habite Paris que depuis cinquante ans?"
N'empêche, un ami –l'un des quelques Sefaradim qui prient dans ma
synagogue ashkenaze– revient enchanté de Paris. "J'ai pas eu
de problème, m'a-t-il dit. Un Parisien sur deux parle arabe."
Il y a là comme une idée à exploiter du côté
de Tel-Aviv. Une pub pour un Oulpan: "Apprenez l'arabe pour qu'on se comprenne
à Paris et à Ramallah".
15 janvier 2007
Elles avaient 14 ans
Taïr Rada avait 14 ans. Elle a été assassinée dans son
école, à Katsrin. Tragédie. Dégoût. Et la douleur
qui n'en finit pas. Le pays tout entier éprouve pour les parents de Taïr,
l'immense respect et la pitié que suscite un malheur infini. Il n'aurait
pas été moindre si les médias avaient fait preuve de retenue,
si les écrans, les radios, les journaux n'avaient forcé ou incité
les parents de Taïr à crier leur douleur; s'ils s'étaient abstenus
par le truchement d'interviews tour à tour "spéciales"
et "exclusives", d'exposer sur la sécurité dans les écoles
d'Israël et l'enseignement qui y est donné, l'information que les
médias ont la charge de communiquer.
Da'a el Kadar avait 14ans. Elle a été tuée dans la région
de Toul Carem, au bord de la barrière de sécurité, par un
soldat de Tsahal qui la prenait pour un terroriste. Tragédie, dégoût
du terrorisme arabe qui fait de Tsahal des tueurs. Et la douleur qui n'en finit
pas. Aucun média n'a interviewé le père de Da'a. Comment
l'auraient-ils pu, alors qu'Abed el Kadar était en prison? Pour séjour
illégal en Israël. Aucun journal ne l'a montré à l'enterrement
de sa fille. Pour l'enterrement de Da'da, le père était toujours
en prison. L'ordre de le libérer était arrivé trop tard.
Séjour illégal, séjour immoral dans une prison d'Israël…
21 décembre 2006
Leçon de géographie
Lorsque, pour
éditer les cartes d'identité des Français résidant
à Jérusalem, le ministère de l'Intérieur a donné
l'ordre à son ordinateur d'en supprimer le pays, la machine a été
troublée jusqu'au plus profond de sa puce. Une ville sans pays, cela dépassait
son entendement. Cependant, esclave de ses maîtres, elle s'exécuta
et les cartes d'identité telles qu'elles arrivèrent au Consulat
général de France à Jérusalem –qui les renvoya
aussitôt– portaient dans la rubrique PAYS, la mention: "Indéterminé".
Il fallut tancer la machine, on le fit vertement, jusqu'à ce qu'elle cédât
et fasse des Français de Jérusalem des citadins sans pays. Sur leur
carte d'identité, seul est indiqué "Jérusalem",
mais de pays, nenni.
Et voilà que les élections présidentielles approchant, le
Consulat Général communiquait aux mairies de France ses listes électorales.
Conséquent avec lui-même, il indiquait les noms et adresses sans
préciser le pays dans lequel est située Jérusalem. Interrogé
par la mairie de B. où il est enregistré, s'il souhaitait être
radié de la liste électorale de B., un ami hiérosolomytain
fut surpris par le libellé de l'adresse. La lettre portait son nom, sa
rue, sa ville et comme il fallait bien mettre un pays: "Palestine".
Oh! B. n'est pas la plus grande mairie de France… Peut-être même
le fonctionnaire n'avait-il pas de dictionnaire sous la main. A force d'écouter
les informations et les reportages des télévisions françaises,
il devait penser en toute innocence, que Jérusalem est en Palestine.
Je sais bien que nombre de chancelleries situent Jérusalem dans le "Corpus
Separatum" qu'elles ont imaginé en 1948. Mais essayez de vous faire
adresser un courrier au "Corpus Separatum"! Ce …pays ne figure
pas sur l'annuaire international des postes et la lettre risque bien d'être
retourné à son expéditeur. Alors, tout en admettant que Jérusalem
est une ville disputée et que les chancelleries attendent la fin de la
dispute, il n'en reste pas moins que Jérusalem est en Israël et nulle
part ailleurs. Identifier le pays dans lequel est Jérusalem, n'est pas
un acte diplomatique. C'est une indication technique qui doit figurer sur une
lettre remise à la poste et sur la carte d'identité que l'on présente
aux douanes et aux services de sécurité. D'autant que le fonctionnaire
amené à la consulter n'a peut-être pas de connaissances géographiques
plus développées qu'à la mairie de B. Et que via les médias
et aussi longtemps que le terrorisme y sert de gouvernement, il a les appréhensions
que l'on peut légitimement éprouver envers un quidam venant de Palestine.
Pour mon prochain voyage en Europe, je laisserai ma carte d'identité dans
mon tiroir. A Jérusalem (Israël).
29 novembre 2006
S'il te plaît, efface-moi une étoile
Six étoiles! Mais si, Jérusalem aura bientôt un Hôtel******,
le seul d'Israël. On avait déjà le King David avec ses sièges
d'Assyrie, l'ancien Hilton et sa tour, le nouvel Hilton et ses terrasses. Plus
quelques autres grandes et hautes surfaces de marbre avec piscine. Mais rien à
voir avec le nouveau né, ou à naître, de la chaîne "Four
seasons" dont l'actionnaire principal est un juif canadien et l'actionnaire
à 20%, un prince saoudien. 50 m2 par chambre, à 500 ou 700 dollars
la nuit. Et si vous vous y prenez vite, vous pourrez encore acquérir une
suite au 9e étage. Jérusalem sera la première. Mais n'ayez
crainte, gens de la plaine, de Galilée ou du sud: Tel-Aviv, Tibériade,
Eilat suivront...
Et moi, je rêve… Je ne rêve pas d'une suite au septième
ciel (si j'mens, j'vais en enfer) mais d'hôtels deux étoiles, proprets,
jolis comme il y en a plein en France. Le prince saoudien ne viendra pas ces prochaines
semaines à Jérusalem (ni à Tibériade) et Israël
devrait davantage s'ouvrir au tourisme populaire. Je me dis qu'Israël où
les écarts de salaires sont parmi les plus forts du monde, dont les quartiers
les plus chers de sa capitale, achetés par des touristes fortunés,
ne sont plus habités qu'à la saison des touristes, ferait mieux
de rendre quelques étoiles au ciel et de revenir sur terre. Pour permettre,
aussi, aux enfants de sa terre, à tous ses enfants, de prendre des vacances.
Sans que les prix soient… "
ba-chamayim".
7 novembre 2006
Nuages
La cabane que nous habitons pendant la semaine de Soucoth rappelle la protection que Dieu accorda aux Hébreux dans le désert. Pour Rabbi Aquiba, nos ancêtres habitaient les huttes qu'ils construisaient; pour Rabbi Eliézer, les nuées divines les abritaient. Pour l'un et l'autre, les règles régissant aujourd'hui la construction de nos cabanes sont les mêmes. En particulier, le matériau pour les couvrir doit provenir de produits de la terre –mais pas d'objets qui peuvent devenir rituellement impurs. L'idée sous-jacente est que l'espace dans lequel, nous autres de la terre, pénétrons au lendemain de Kippour, lavés de nos péchés, ne doit pas véhiculer d'impuretés vers le ciel. S'associe à cette image celle de la "souca de la paix", la grande tente de la fraternité universelle, chère à S.R. Hisrsch, qu'Israël dresse pour accueillir les nations.
Les rabbins du Talmud veulent lire dans la Bible les règles concernant le matériau de la souca. Rabbi Eliézer fait référence au "nuage de vapeur qui montait de la terre pour arroser toute la surface su sol" (Genèse 2, 6) lors de la Création. La souca doit unir la pureté de la nuée qui montait de la terre avec celle des nuées qui, depuis le ciel, étaient descendues sur terre.
Et voilà que des hommes, brisant l'atome de la Création dans les profondeurs de la terre pendant la semaine de Soucoth, annoncent un nuage pour la détruire.
Coïncidence, seulement ?
11 Octobre 2006
Reconnaissance
Jusqu'alors il y avait deux manières de reconnaître un Etat:
"De facto" et "de jure". Ni l'une ni l'autre ne convenait
au Hamas. Il fallait reconnaître Israël, pourtant, pour bénéficier
de la manne d'Europe. Alors, du côté de Gaza et dans la perspective
d'un gouvernement d'union avec le Fatah, le Hamas a inventé la reconnaissance
"de fusil".
Cela fonctionne comme ça: David et Moshé, Pierre et Paul se promènent
dans la rue et vous annoncez votre intention de tirer sur Moshé et sur
Paul. Aussitôt tout le monde vous félicite de votre sollicitude
pour David et Pierre. "On ne tuera plus que les Juifs dans les territoires",
a-t-on proclamé à Gaza et voilà, foi de médias,
que le Hamas reconnaît "indirectement" Israël. Alleluia!
Reconnaissez que le plus doué des talmudistes n'y aurait pas pensé.
Le Palestinien de la rue n'y pense pas davantage. D'après un sondage
que publie aujourd'hui "Haarets", deux tiers des Palestiniens considèrent
que le Hamas n'a pas besoin de reconnaître Israël.
Bonne année quand même. Mais mordez bien fort dans la pomme. Et
puis, un deuxième pot de miel, ce n'est pas une dépense excessive.
20 septembre 2006
La mémoire n'est plus ce qu'elle était
En 1941, De Gaulle pouvait voler vers "l'Orient compliqué avec des
idées simples". Il ne fit que passer en Palestine, "où
le conflit latent entre Arabes et Juifs imposait mille précautions"
("
Mémoires de guerre, l'appel" –Plon p. 145-148.)
Depuis, ce minuscule coin du Proche-Orient est devenu bien plus compliqué;
l'opinion le juge sans précaution et ce qu'elle en dit est d'une simplicité
effrayante. L'histoire d'Israël, du peuple et de l'Etat, s'est effacée
des mémoires, les ramifications du conflit radicalisé par l'Islam
échappent à la plupart. Bref, les idées simples ont fait
place à des raisonnements simplets qui s'articulent sur des réalités
méconnues. Une propagande efficace sur fond de terrorisme, promu lutte
de libération, permet de vouer n'importe quelle démarche d'Israël
aux gémonies. Les droits millénaires d'Israël sur sa terre
sont niés et du coup, sa présence est flétrie du sceau
du colonialisme alors que les refus successifs du monde arabe et de l'islam
sont approuvés. Financé par les pétrodollars et les pétrodinars,
le terrorisme islamiste, s'engouffre dans cet espace. Il contraint Israël
à une politique coercitive que blâment aussitôt les médias
et l'opinion.
On disait naguère qu'il n'est pas facile d'être juif. Etre Israélien
et solidaire d'Israël est plus difficile encore.
8 septembre 2006
Les "simplifications dangereuses" du Festival de Lussas
On reconnaîtra aux organisateurs du dernier Festival de films documentaires
de Lussas le sens de l'humour. N'ont-ils pas écrit à plusieurs
cinéastes israéliens dont ils avaient programmé les films
(l'ironie peut s'allier à la goujaterie) qu'afin de "résister…
à toutes simplifications dangereuses", ils ont décidé
de les supprimer? Et comme rien ne vaut l'humour à sens inverse où
vous faites le contraire de ce que vous dites, ils ont parsemé leur programme
de propos simplificateurs. Du genre:
"Nombre de cinéastes [israéliens] ne se reconnaissent pas
à travers Israël comme état ou nation". "Valider
un certain état (de fait), ce n'est pas valider un état certain."
Israël existe "à partir d'une occupation qui remonte à
près d'un siècle" et "rien n'indique dans la forme et
l'écriture de ces films l'existence d'une spécificité,
d'une langue propre, d'un socle cinématographique particulier…"
Ce qui est gênant, c'est que tout le monde n'a pas le sens de l'humour
et qu'à force d'entendre des âneries, d'aucuns pourraient croire
que l'hébreu et l'hébraïsme ont été inventés
il y a un siècle et le cinéma (avec ses socles) il y a quatre
mille ans. Ceux-là pourraient imaginer que la programmation du Festival
veut aider "à comprendre…" Ils pourraient même
gober que les films libanais et palestiniens mis à la place des films
que Lussas a sucrés, pourraient être "des éléments
de compréhension", dès lors que "ce qui fonde la possibilité
même de ce cinéma [israélien, c'est] ce qui permet à
des réalisateurs travaillant dans un pays oppresseur de continuer à
pratiquer leur métier."
Bref, comme l'écrit Nicolas Merlet, président des Anciens Eléves
des Grandes Ecoles en Israël, qui a vivement protesté contre l'attitude
du Festival de Lussas (subventionné entre autres par le ministère
de la Culture et des Conseils régionaux): "Ce que font les cinéastes
israéliens, c'est nul, sauf quand ils crachent sur leur pays - et on
ne va vous montrer que ça. Et puis de toute manière, l'Etat d'Israël
n'est qu'une parenthèse de l'Histoire..."
27 août 2006
Les "tueurs"
Sur le site des "Sénateurs socialistes hors de France"
(
http://www.senateurssocialisteshorsdefrance.net/),
la Sénateur Monique Cerisier ben-Guiga cite Jan Egeland, responsable
des opérations humanitaires des Nations Unies: "
Une guerre qui
fait plus de victimes chez les enfants que chez les hommes armés est
une guerre qui a pris un très mauvais tournant". M. Egeland
a aussi déclaré (dépêche de l'Associated Press du
27 juillet 2006) : "
Le Hezbollah doit cesser de se fondre lâchement
(...) parmi les femmes et les enfants"…"
J'ai entendu
qu'ils étaient fiers parce qu'ils avaient perdu très peu de combattants
et que ce sont les civils qui subissent le plus gros (des attaques). Je ne pense
pas que quiconque devrait être fier d'avoir plus de morts parmi les enfants
et les femmes que les hommes armés". Cet élément
(que les Israéliens ne cessent de répéter –mais peut-on
croire un Israélien?), donc ce propos de M. Egeland, la Sénateur
ne l'a pas rapporté. Il discrédite la suite de son texte qui fait
des Israéliens des "tueurs". Je cite: "
Les tueurs
ne se mettent pas de sang sur les mains, bien au propre à l’abri
de la technologie aéronautique la plus avancée. Ils n’en
sont pas moins des tueurs, au même titre que les lanceurs de roquettes."
Et un point à l'envers (la technologie de Tsahal) et un point à
l'endroit (les fusées du Hezbollah), un point pour saint Joseph un point
pour saint Thomas. Cet exercice de faux équilibre est insupportable.
Les frappes israéliennes visent essentiellement à neutraliser
les fusées du Hezbollah (12 à 20.000), délibérément
camouflées dans les quartiers habités, ainsi que les miliciens
de l'organisation chiite qui le sont aussi –et pas moins intentionnellement.
Elles ont pour objectif d'abattre les radars de l'armée libanaise (qui
ont apporté leur appui logistique au Hezbollah) et à empêcher
son ravitaillement en armement depuis la Syrie. "La technologie aéronautique
la plus avancée" permet précisément de limiter la
perte en vies humaines. Les fusées du Hezbollah, elles, ne visent qu'à
tuer la population civile. Aveuglément. Pour Israël, remarque Shimon
Pérès, les victimes civiles que provoque une action de Tsahal,
représentent un échec; pour le Hezbollah, c'est un succès.
Cet échec, d'innombrables citoyens d'Israël le ressentent douloureusement.
Que Monique Cerisier ben-Guiga pleure la mort des enfants et des civils est
juste. Cela ne l'autorise pas à être injuste envers Israël
ni à occulter les responsabilités. Des responsabilités
auxquelles la diplomatie française, entre autres, ne saurait échapper.
A suivre
8 août 2006
Suite: Les responsables
Je n'oublie pas qu'en septembre 2002, la Sénateur Monique Cerisier-ben
Guiga est intervenue, au moyen d'une "question écrite", en
faveur d' Elkhanan Tenenboïm, alors enlevé et détenu en otage
par le Hezbollah. C'était peu de semaines avant le sommet de la Francophonie
à Beyrouth. Elle rappelait que l’organisation de la Francophonie
a placé la défense des droits de l’homme parmi ses objectifs
et demandait "que le gouvernement français mette tout en œuvre
pour obtenir du gouvernement libanais qu’il fasse pression sur le Hezbollah,
dont les députés siègent au parlement libanais, pour que
M. Tenenboïm soit libéré avant le début du sommet
de la Francophonie qui se tiendra à Beyrouth."
La complicité –forcée ou non– du gouvernement libanais
avec le Hezbollah n'empêcha pas M. Chirac de se rendre à Beyrouth.
"La France, qui aime le Liban, écrivait-il, se réjouit de
voir sa capitale affirmer à nouveau, après le sommet de la Ligue
arabe, sa vocation de métropole internationale." "Où
mieux qu'à Beyrouth s'est-il encore exclamé", pourrait s'exprimer
"le dialogue des cultures"? Hassan Nasrallah était au premier
rang et applaudit. On rapporta que la délégation française
fut impressionnée par un bulletin d'information en français d'Al
Manar, la chaîne du Hezbollah.
Déjà, alors, le Hezbollah formait un Etat dans l'Etat et le bourrait
de fusées dirigées contre Israël. Pourtant, Tsahal s'était
retiré du sud-Liban; aucun différend frontalier, avait arrêté
l'ONU, ne devait plus opposer Israël au Liban. La menace du Hezbollah à
l'encontre Israël n'a jamais été prise en compte par la partie
française, ni d'ailleurs par aucun des pays qui s'inquiètent aujourd'hui
des risques d'extension du conflit. C'est seulement après l'assassinat
d'Aric Hariri, l'an dernier, que la France a demandé, en co-parrainant
la résolution 1559, "la dissolution et le désarmement des
milices" au Liban. Et c'est en raison de la situation en cours que le Liban
a annoncé le déploiement de l'armée libanaise dans le sud
du pays –ce qu'il avait toujours refusé à Israël.
La responsabilité du Liban et de son gouvernement est écrasante.
M. Siniora pleure, aujourd'hui, la mort des enfants du Liban. Mais c'est un
luxe qu'un Premier ministre ne peut se permettre. Tsipi Livni l'a rappelé
en disant "qu'il cesse de pleurer et travaille, enfin!" Lorsqu'en
1948, six semaines seulement après la création de l'Etat d'Israël
fragilisé à l'extrême, l'
Altalena s'approcha des
côtes d'Israël, s'apprêtant à livrer à l'Etsel
20% des armes dont il était chargé (et dont Israël avait
le plus grand besoin…) Ben Gourion refusa. L'Etsel risquait de se maintenir
comme une milice indépendante, ce n'était pas acceptable. Ben
Gourion préféra tirer sur le bateau et le couler plutôt
que de courir le risque d'une armée parallèle. Il y eut mort d'hommes,
mais une seule armée en Israël. Et Ben Gourion ne pleura pas.
Prochain billet:
Suite et fin
10 août 2006
Suite - fin: Noir tchador et tchador noir
Revenons, au texte de Monique Cerisier ben-Guiga, à la seconde partie,
où ses mailles à l'envers, à l'endroit, se font plus serrées
encore. La guerre, dit-elle, est une guerre par procuration: Israël se
bat pour les Etats-Unis et le Hezbollah est tombé dans le piège
de l'Iran. Sans doute, Israël se félicite-t-il du soutien que, souvent,
les Etats-Unis jugent bon de lui accorder. Mais imaginer que pour soutenir l'Amérique,
Israël agirait contre lui-même, c'est aussi fantaisiste que l'idée
d'une Amérique sacrifiant ses intérêts à Israël.
La relation entre l'Iran et le Hezbollah est d'une autre nature. Depuis sa fondation,
l'organisation chiite du Liban a été une avancée de l'Iran
dans cette région du monde. Elle en est le fer de lance. L'Iran comme
le Hezbollah sont animés par une même idéologie, qui veut,
ni plus ni moins (ni plus… pour le moment) effacer Israël de la carte
du monde. La "prééminence régionale" de l'Iran
qu'évoque la Sénateur, n'a dans ce cadre qu'une importance secondaire.
Mille écrits, mille discours en témoignent. Croit-on vraiment,
alors qu'Israël a signé la paix avec l'Égypte et la Jordanie,
alors que nul différend territorial, selon l'ONU, ne l'oppose au Liban,
que le Hezbollah avait la moindre raison de transformer le Liban, du Litani
à la ligne bleue, en un réseau de bunkers? De dizaines de bunkers…
bétonnés à plusieurs mètres de profondeur ! dont
les …
shahidim qui les desservent sont armés de missiles
antichars de type Milan, de fusils à visée laser et de jumelles
infrarouges? Il ne fait plus de doute aujourd'hui, que les fusées à
longue portée aux mains du Hezbollah et sa dizaine de milliers de katyouchas,
s'inscrivait dans une stratégie globale –d'où la Syrie n'était
pas absente– dirigée contre Israël. Celui-ci n'avait pas mesuré
l'ampleur du danger. Il aura fallu qu'un calcul erroné de Nasrallah (comme
Arafat en 2000, il a surestimé les critiques des Israéliens envers
eux-mêmes et ne soupçonnait pas la réaction de Tsahal) pour
qu'Israël, qui sous-estimait l'infrastructure et l'armement du Hezbollah,
se rende compte de la réalité.
Une réalité qui donne l'impression, la terrible impression, (voyez
le Hezbollah qui refuse de désarmer, la faiblesse du gouvernement Seniora
et les timidités onusiennes) que ces premiers combats de l'ère
des fusées dans l'Orient compliqué, ne fut qu'un premier round.
17 août 2006
Les Immodérés
Déjà en 1967, quand Israël passa outre à ses instructions
et tira le premier, De Gaulle estima qu'il "dépassait les bornes
de la modération nécessaire". Et quand le 28 décembre
1968, en représailles de l'attaque contre un avion d'El Al par deux terroristes
partis de l'aéroport de Beyrouth (mais si…) un commando israélien
mit le feu à quinze avions stationnés sur cet aéroport
–sans d'ailleurs faire la moindre victime– le Général
s'écria:"C'est incroyable, insensé, ils se croient tout permis.
Une véritable démence." Depuis, Israël souffre d'une
rumeur chronique d'immodération.
Bien à tort. Ne traverse-t-il pas, au contraire, des phases paroxysmales
de modération? Il y a six ans, par exemple, quand il évacua le
sud-Liban? Le Hizbolla apprécia qui se mit à y engranger ses 11.500
fusées pour les pointer sur Israël. Au Gouch Katif, l'été
dernier, Israël récidiva. On est prêt à le confirmer
du côté de Sedéroth.
Alors que doit faire Israël? Vladimir Poutine, dit que "le recours
à la force doit être proportionné". Mais ça
veut dire quoi? Israël ferait prisonnier un terroriste du Hamas et deux
autres du Hizbolla? Le système mérite d'être expérimenté
en Tchétchénie. Quant à Jacques Chirac, il a suggéré
de s'adapter. C'était en janvier dernier. Contre les "dirigeants
d'Etats qui auraient recours à des moyens terroristes", a-t-il déclaré,
il faut "une réponse ferme et adaptée qui peut être
conventionnelle". Mais qui", continua le Président en fixant
les sous-marins nucléaires de l'Ile Longue qu'il inspectait, "peut
aussi être d'une autre nature."
Souhaitons qu'Israël reste inadapté.
18 juillet 2006
Réactions:
vijujg@netvision.net.il
Le péché de Sodome
Je lis dans
Guysen-Israël que
"les rabbins Ovadia Yossef et Haïm Kanievsky, éminentes autorités
du courant orthodoxe, proposent que la Gay Pride, qui doit se dérouler
le mois prochain à Jérusalem, ait lieu dans la ville de Sodome."
J'ose espérer qu'il s'agit d'une boutade car une Gay Pride n'est pas
davantage cachère à Sodome qu'à Jérusalem.
Pour que les choses soient claires: Je pense, moi aussi, qu'il y a lieu de respecter
le caractère particulier de Jérusalem et les traditions religieuses
que la ville véhicule. Aussi ce n'est pas de Jérusalem que je
veux parler, mais de Sodome. Dans le récit biblique (
Genèse
18), ce n'est pas l'homosexualité qui rend la ville maudite et qui
va conduire à sa fin. C'est le cri des injustices sociales (verset 21–voir
Rachi.) C'est le refus, porté à son comble, de l'hospitalité.
A son tour, le Midrash développera le thème de la perversion,
non pas sexuelle, mais bien la perversion –élevée en institution–
de la justice et donc l'extrême injustice que chacun était tenu
de pratiquer à Sodome.
Il n'est pas question, de ce point de vue, de comparer la situation sociale,
les cris de ses suppliciés et la perversion de la justice dans la Sodome
biblique à rien de ce qui se passe à Jérusalem et en Israël,
aujourd'hui. Mais nos maîtres qui sont si pointilleux sur la pratique
des
mitsvoth, qui cherchent à éviter la moindre voie
qui pourrait nous en détourner, sont-ils si sûrs, et sommes-nous
si sûrs, de pouvoir renvoyer à Sodome nos propres dévoiements?
5 juillet 2006
Sur l'humanitaire et la responsabilité
L'aide "humanitaire" est avant tout un geste humain. Dans la Bande
de Gaza, il revient aux enfants dans la mesure où ils ne sont pas responsables
des aberrations de leurs parents.
Gilead Shalit.
|
Mais leurs parents le sont. Ils sont entièrement responsables et les
rengaines, y compris celles qui nous viennent de l'Elysée, qu'il ne convient
pas de les sanctionner pour avoir voté Hamas ne sont pas admissibles.
Les Palestiniens qui ont porté le Hamas au pouvoir, sont responsables.
A moins de vider de son sens le principe démocratique et le vote qui
le traduit dans les urnes. Le Palestinien qui aurait voté Hamas pour
désavouer la corruption du Fatah, n'a pas moins voté en faveur
du terrorisme et de la négation d'Israël. Le Palestinien qui a voté
Hamas a approuvé les méthodes du Hamas et en tant que tel, s'il
ne manifeste pas dans la rue pour le désavouer, est responsable de l'enlèvement
de Gilead Shalit.
On peut comprendre les appels de retenue adressés à Israël
dans la mesure où l'absence de retenue serait préjudiciable aux
efforts diplomatiques. Mais ils ne sauraient signifier que les Palestiniens
méritent des égards la part d'Israël.
28 juin 2006
Citations
Le problème d'Israël c'est qu'il connaît mal le Nouveau
Testament. Au lieu d'invoquer les conclusions de la Commission d'enquête
sur la mort qui a frappé, le 9 juin dernier, sur la plage de Gaza, Israël
aurait dû citer
Matthieu 18, 7: "Malheur au monde à
cause des scandales. Il est fatal, certes que des scandales arrivent, mais malheur
à l'homme par qui le scandale arrive." En conséquence, aurait
dit le communiqué, il attendait de la part des nations, une condamnation
sans détours des tireurs de roquettes et du gouvernement palestinien.
Le texte aurait continué par une note du Talmud: "Qui prend en pitié
les créatures (de Dieu), on sait qu'il appartient à la descendance
d'Abraham, notre père et qui ne le fait pas, on sait qu'il n'appartient
pas à la descendance d'Abraham, notre père" (
Bétsa
32b). Si bien que, aurait conclu le communiqué, Israël témoignait
une profonde pitié pour les enfants palestiniens et leurs malheurs.
Il aurait pu ajouter que Tsahal avait mené une enquête sur les
circonstances de la tragédie comme elle le fait chaque fois qu'il y a
mort d'homme. Et qui le souhaitait, aurait précisé le communiqué,
était libre d'en prendre connaissance.
19 juin 2006
Frômage! Ô désespoir!
Toutes nos félicitations à Mme Antonia Kardos, l'épouse
de l'Ambassadeur d'Angola qui, foi de jury, a cuit le meilleur gâteau
au fromage du corps diplomatique en Israël. C'est Tenouva, la mamelle d'Israël,
qui à l'approche de
Shavouoth,
la Fête du Don du Fromage (encore appelée "Don de la Tora"
mais ça on l'ignore souvent) a organisé ce concours auquel ont
participé quatorze diplomates ou leurs épouses.
Ils auraient dû être plus nombreux. C'est qu'un grave incident
a empêché la participation de l'Ambassadeur de Berne. On lui
avait demandé de préparer un gâteau avec des petits
suisses. "La grandeur de mon pays ne se reconnaît pas là",
s'est-il écrié avant de claquer la porte. Du côté
de l'Ambassade chrétienne, ce n'était pas la joie, non plus.
Il n'y avait pas de saint paulin, seulement dupont lévêque.
Quant à la France aux 355 fromages, croit-elle vraiment qu'un feu
d'artifice fera pardonner son absence? On avait compté sur son Conseiller
de Coopération et d'action culturelle. Mais il s'était mis
en tête de remplacer la tomme de savoie par deux tomes de savoir.
A Tenouva, on ne savait qu'en faire.
Le
plus grave est que l'offensive diplomatique de la grande fromagerie s'inscrit
dans un projet plus vaste auquel seraient mêlés plusieurs archéologues
de l'Université de Tel-Aviv et des nouveaux historiens. Parce qu'on n'a
pas retrouvé les morceaux des premières tables brisés sur
la montagne que l'on prenait jusqu'aujourd'hui pour le mont Sinaï, rien
ne devrait empêcher, a-t-on suggéré, de l'identifier avec
le mont Blanc. Alors, au lieu de décorer les synagogues avec des fleurs
(parce que la montagne était fleurie au printemps de la sortie d'Égypte),
on pourrait les orner de 613 yaourts, de bouteilles de lait (à 10%),
et de cottages figurant le Beth-Israël. Bref, faire de Shavouoth, mais
vraiment cette fois, la vache à lait de Tenouva.
30 mai 2006
Vois là et vois loin
Ne boudons pas notre plaisir. Même suivis du pire embouteillage sur la terre de Canaan depuis que la roue y fut introduite, les gerbes de feux et les bouquets d'étincelles sur la baie de Tel-Aviv n'en restent pas moins magnifiques. "Voilà", la saison française en Israël qui vient de commencer veut, a dit l'Ambassadeur de France, rendre les Français "sympas" aux Israéliens. Pourquoi pas en effet, puisqu'on tente de mieux s'entendre, de le dire avec des fleurs?
Mais un bouquet, fût-il sur la baie de Tel-Aviv, ne dure pas même
l'espace d'une saison. Ceux qui demain pourraient le mieux parler de la France
aux Israéliens et la lui rendre sympathique devraient être les
Israéliens de France. Ceux qui sont enfants aujourd'hui,
olim
de Sarcelles, de Marseille ou de Toulouse et qui feront fleurir les sciences,
les cultures, les techniques. Ici et déjà, peut-être, sur
le pourtour de la Méditerranée. Ils serviront Israël. Ils
pourraient servir la France. A condition de savoir encore le français
et de s'être nourris de la culture et du savoir français.
L'effort de la France envers les Israéliens est considérable.
Les sommes investies, impressionnantes. Mais ne faudrait-il pas investir, aussi
et beaucoup pour que les enfants de France en Israël sachent lire un livre
de France ? Et parler de la France ?
17 mai 2006
Les gaietés de l'UFI
Vous êtes assis devant votre écran, vous surfez sans penser à
mal et vous vous retrouvez tout surpris. Sur son site, l'UFI annonce "un
joli coup de maître pour son premier événement d'envergure
en 2006" en réunissant 200 personnes à Jérusalem avec
un Sénateur UMP offrant choucroute. Ce qui m'a surpris, c'est la mention
"2006". Car un "premier événement en 2006",
implique qu'il y a eu d'autres événements les années d'avant.
Du coup, j'ai ouvert la rubrique intitulée "Archives". Ainsi,
je connaîtrai le passé de l'UFI, avatar de l'UFE, l'Union des Français
de l'Etranger, c'est-à-dire de l'UMP à l'étranger.
Hélas, trois fois hélas, pour seule archive je n'ai trouvé
qu' "un extrait" d'un entretien accordé par Jacques Chirac
à un bulletin d'une Association nommée "Judaïsme et
Liberté", à son retour du Proche-Orient en février
1997. Pour y lire "que les médias n'ont pas suffisamment relevé
l'importance et le contenu de nos entretiens [avec M. Netanyahou, alors Premier
ministre], préférant souvent valoriser certains incidents qui
n'ont en aucun cas obéré la réussite de la visite".
Bref, nous informe l'UFI, l'histoire de M. Chirac, chassant les Gardes frontières
d'Israël de l'église Sainte Anne, ce n'étaient qu'exagérations
et menteries de la presse.
Pas moyen donc de connaître ce que l'UFI et son président Max Semory
ont fait en 2005, en 2004, en 2003. En 2006, à six mois des élections
à l'Assemblée des Français de l'Etranger, l'AFE, tout change.
Il y a eu cette choucroute d'envergure garnie d'un Sénateur UMP. On en
fait mention trois fois, dans trois rubriques différentes, sur le site.
Remarquez que deux mois plus tard, un autre Sénateur UMP, sans accompagnement
de choucroute, cette fois, a tenté lui aussi de sortir l'UFI de son anonymat.
Sous couvert de conférences et autres débats. Et c'est alors,
toujours en surfant, que m'est venue l'idée saugrenue de calculer combien
vaut un Sénateur UMP avec choucroute, comparé à un Sénateur
UMP-sans. 200 personnes étant certifiées pour une choucroute gratuite
avec Sénateur, il ne me restait plus qu'à savoir combien un Sénateur
UMP-sans allait réunir dans la même ville. Eh bien pour ce deuxième
événement, qui n'est plus qualifié "d'envergure",
le site ne fournit pas le moindre chiffre
. Simplement un compte rendu. Notamment de l'intervention sur la tribune
du Grand rabbin Jacky Amar.
C'était l'époque où pour attraper les nigauds, l'UFI annonçait
que "le Grand Rabbin Jacky Amar et Max Semory étaient têtes
de liste" alors que c'est bien Max Semory qui était le 1er de liste.
Depuis, le Grand Rabbin a été jeté aux orties. Apparemment,
sur les pressants conseils du Sénateur UMP-sans, qui pour donner quelque
chance à l'UFI, a fusionné deux listes UMP en guéguerre.
Au prix de la tête (de liste) de Jacky Amar qui, lui, n'apparaît
plus sur aucune liste. Pour faire place à d'anciennes têtes de
liste, ex-Délégués à l'AFE, déjà battus
lors des élections de 2006 au vu du bilan qu'ils avaient alors présenté
aux électeurs.
Le plus amusant, un amusement relatif, j'en conviens, c'est que les membres
de l'UMP- Israël (mais si… ça existe) ne figurent pas sur
la liste de l'UFI! On les retrouve sur une autre liste, intitulée "Soutien
à Nicolas Sarkozy", alors que le n°1 de la liste "Association
des Anciens Combattants français et de représentation de tous
les Françaises et Français d'Israël" (excusez du peu)
est membre de l'UFE.
Le drame avec l'UFI, c'est que n'ayant rien fait ou l'ayant mal fait, il lui
fallait, il lui faut, être inventif. Elle avait pourtant voulu bien faire,
d'autant que l'opération devait lui valoir quelque argent. Elle demanda
la subvention que le gouvernement français verse pour organiser des cours
de français à des enfants français pour conserver la pratique
de la langue, ce qu'on appelle le "Programme FLAM". Il aura fallu
à l'UFI trois ans et deux mois, après avoir demandé cette
subvention pour mettre en place des cours à Elath, qui fonctionneront
"à peu près normalement" (sic) dit-elle, pendant quelques
mois, alors qu'ailleurs, ces cours mis en place ou sensés l'avoir été,
étaient pour manque d'effectifs, contraires aux règlements de
FLAM. Aujourd'hui, l'UFI prétend être à l'initiative d'un
lycée franco-israélien que l'Alliance Israélite Universelle
envisage depuis belle lurette, pour lequel elle mettrait ses locaux à
disposition. Cependant il n'y a pas le début d'un accord de la part des
gouvernements français et israélien, qui devraient en être
les garants.
Mais Max Semory n'a pas dit son dernier mot. Les premiers mots, d'ailleurs,
par lesquels en janvier 2006, il se faisait connaître aux lecteurs du
"Jérusalem Post en français", les ont quelque peu surpris.
Ils apprenaient de sa bouche que le rôle de l'UFI allait bien au-delà
de la seule représentation des Franco-israéliens. "Plus de
700.000 Juifs sont concernés" par son action, a-t-il dit. En expliquant
: "Les 100.000 Israéliens qui possèdent la nationalité
française, mais aussi les 600.000 Juifs de France". Bref, l'UFI
était là, le Crif n'avait plus d'avenir. Mais là ne s'arrêtait
pas l'action de l'UFI. Je cite toujours Max Semory dans le "Jerusalem
Post": "Récemment, y a-t-il révélé, nous
avons été consultés quant à la nomination de l'ambassadeur
d'Israël en France." Et ce n'est pas tout: "On nous demande aussi
parfois d'influer sur la politique d'Israël vis-à-vis de la France
et vice-versa". Depuis, les chancelleries s'interrogent sur l'identité
de cet "on" mystérieux. Les sources bien informées au
Vatican, démentent toutefois que Benoît XVI doit son élection
à l'action directe de l'UFI. Il avait été élu avant
janvier 2006.
Une amie qui s'était rendue à la "conférence-débat"
a dénombré une "cinquantaine ou peut-être soixante
gens", y compris les huit personnes sur la tribune! Par une simple soustraction
vous faites comme moi et vous obtenez ce que vaut à la fois une choucroute
et un Sénateur UMP. Mais ne le criez pas sur les toits.
De la Géhenne au Kibboutz
Ils ont 16 et 17ans et ont fui le Darfour, super-produit de notre époque,
obtenu par le manque de pluies, le "nettoyage ethnique" encouragé
par le gouvernement de Khartoum et des massacres sans fin.
Haarets
a rapporté l'histoire de ces deux garçons qui, aujourd'hui, vivent
leur vie d'adolescents au Kiboutz Tseélim.
Ce qui m'a frappé d'emblée, c'est le titre du journal. "On
leur avait dit qu'Israël était un pays ami pour les réfugiés".
Et je me rappelai aussitôt Ben Hadad, le roi syrien battu par Israël
(qu'il avait attaqué…) et auquel ses ministres conseillèrent
de se livrer. Ils le firent en ces termes: "Nous avons entendu dire que
les rois d'Israël sont des rois cléments " (I Rois 20, 31.)
Les deux garçons du Darfour – qui ont passé la frontière
en clandestins–n'ont pas ressenti cette amitié pendant les premiers
mois, passés en prison. Mais l'accueil du kibboutz qui tout entier s'est
mis de la partie, leur a rendu le goût de vivre. Yankele et Shoulami Gefen,
qui les ont adopté sont des récidivistes. Ils avaient déjà
recueilli un jeune réfugié du Tchad. Ils estiment qu'Israël
n'en fait pas assez. "On ne peut pas rester insensibles, expliquent-ils.
Pas nous, les Juifs qui avons été des réfugiés dont
personne ne voulait. Plus que les autres, il nous faut apporter amitié
et secours à ceux qui échappent de l'enfer."
"Plus que les autres"! Aussi longtemps qu'on entendra cette formule,
il fera bon vivre en Israël.
Pessah 2006
La nouvelle Knesset
Shinouï a réussi à faire oublier aux électeurs les
abus de Shass et à rendre sympathique une formation qui ne le mérite
pas toujours. L'éviction de Shinouï et consorts montre surtout que
la haine professée envers le monde harédi et l'environnement religieux
n'est pas acceptée par les électeurs –quelle que puisse
être par ailleurs leur critique envers les "noirs". Ou les gris.
L'élection des sept samouraïs à la retraite, obtenue grâce
aux voix des jeunes est elle aussi encourageante. Dût-elle réfléchir
une certaine désinvolture en politique, elle n'en témoigne pas
moins de la solidarité ou de la considération de la jeunesse SMS
pour les aînés. La misère de beaucoup de vieillards, les
retraites inadéquates (ou inexistantes!) révélées
et relevées ces derniers temps, comme l'insuffisance des allocations
du Bitouah leoumi, ont appelé cette réaction. Mais aussi une culture
qui, inconsciemment parfois, puise dans la Tora. Elle apparaît p.ex. dans
les autobus d'Israël. Ils n'affichent pas simplement de laisser la place
aux anciens. On y cite
Lévitique 19, 32 :
Lifné séva
takoum: "Devant des cheveux blancs, lève-toi!". Et plus
d'un usager d'Eged et des urnes se rappelle la suite du verset. Que depuis Lévinas
on prendra soin de traduire ainsi: "Honore le visage du vieillard et crains
ton Dieu, je suis L'Éternel."
2 avril 2006
Sécurisons !
Un ordinateur c'est raisonnable. Alors, pour éditer aux Hiérosolymitains
des cartes d'identité "sécurisées", il a
imprimé: "Jérusalem – Israël". Du coup,
le Quai d'Orsay ne se sentait plus sécurisé. On a demandé
à l'ordinateur de recommencer son devoir. Et cette fois, sans préciser:
"Israël". Profondément troublé, ce sympathique
appareil se mit alors à situer Jérusalem dans un espace "indéterminé"…
et l'imprimait tel quel.
Alors, le Consulat général de Jérusalem chercha à
éditer sur place des cartes d'identité non sécurisées,
sur lesquelles Jérusalem paraîtrait en son splendide isolement.
Mais il ne fut pas suivi par Paris bien… déterminé à
sécuriser nos identités.
Les cartes étant éditées par le Ministère de
l'Intérieur, Jacquot Grunewald, en sa qualité de Délégué
des Français d'Israël, s'adressa à Nicolas Sarkozy. Il
n'était pas recevable, lui écrivait-il le 24 janvier 2006,
que la carence ayant été remarquée, "on n'y ait
pas remédié dans des délais raisonnables." Sur
le fond il ajoutait que "situer la ville de Jérusalem en Israël
sur un document administratif, alors que telle est bien la situation administrative
ainsi que la réalité sur le terrain, devrait aller de soi.
L'inscription sur une carte d'identité ou un passeport ne préjuge
en rien du règlement politique à intervenir par la suite."
Le Ministre a répondu le 31 janvier qu'il a "immédiatement
saisi le service concerné afin qu'il puisse faire procéder
à un examen attentif de cette affaire". Il a ajouté qu'il
ne manquerait pas de tenir informé son correspondant "dès
que possible de la suite qui pourra être réservée".
Ce que nous ferons ici même, à notre tour, bien évidemment.
Mutation
On l'a échappé belle. Dans quarante pays, déjà,
la grippe aviaire était apparue et toujours rien en Israël! Au
moyen âge aussi, la peste semblait épargner les quartiers juifs
(à cause de l'ablution des mains avant le repas et d'autres règles
d'hygiène?) Du coup c'est les juifs qu'on accusait d'empoisonner les
puits. Alors vous pensez, Dieudonné et les dindonneaux! Pour chaque
volatile sans H5NI le voilà qui nous prenait en grippe.
Encore que pour le sida, il a seulement réclamé une "commission
d'enquête". A Thierry Ardisson qui lui demandait s'il était
d'accord avec la chaîne Al Manar, accusant Israël d'empoisonner
l'Afrique par le sida, Dieudonné a répondu qu'il "s'interrogeait".
Il n'était pas tout à fait sûr. Tout n'est pas pourri
dans cet homme-là. Peut-être même qu'il aurait laissé
une chance aux poules sionistes. Juste une commission d'enquête qu'il
voulait. Et voilà que la grippe aviaire est arrivée et la commission
d'enquête n'a plus rien à condamner.
Et Dieudonné? Il va faire quoi, Dieudonné? Il lui reste la "traite
négrière". Ça marche bien, les juifs accusés
d'être des négriers. L'argent des juifs, c'est bon aussi. La
preuve: le gang des barbares. Et puis maintenant que l'H5NI a fait son nid
en Israël, ses troupes pourront fantasmer sur sa mutation.
Comment? La mutation de qui? Mais du virus, pas celle de Dieudonné!
Pour la mutation de Dieudonné, on attendra le temps où les poules
auront des dents.
Retour de "Rachi"
Je savais qu'elle n'y serait pas. Que, cette fois, Ruth Halimi ne serait pas
"à l'accueil", au Centre Rachi, où elle me demandait, avec son gentil
sourire: "Alors, vous êtes parmi nous? Comment ça va en Israël?"
C'est là, me dit-on, "à l'accueil", derrière la table, à côté des
publications offertes aux visiteurs, qu'elle comprit, en parcourant un "gratuit",
ce matin du 14 février, que le jeune homme agonisant découvert la veille le
long d'une voie ferrée, c'était son enfant. Ici, "à l'accueil" où
jour après jour, pendant presque quatre semaines elle fit preuve d'un
courage indompté, donnant le change puisque la police le lui demandait, elle
sut en ce funeste matin du 14 février 2006 que le malheur s'était accompli.
La maman d'Ilan ne retournera pas "à l'accueil". Quelqu'un d'autre
s'assiéra là, derrière la table à l'entrée de "Rachi", sourira.
Et une immense tristesse pénétrera ceux que le sourire de Ruth Halimi ne lâche
pas.
Ilan
A Jérusalem, pour laquelle bat le cœur de chaque Juif, à Jérusalem où va son
espérance, nous pleurons aujourd'hui le martyre et l'assassinat d'Ilan Halimi,
notre frère, notre enfant. Car voilà que son nom est gravé sur les tables
du martyrologe juif, sur ces tables qu'ici même nous découvrons si souvent
et dont nous connaissons bien la terrible écriture, celle que trace la plume
d'Amalek, trempé dans le sang, trempé dans les larmes.
Nous sommes rassemblés, ici à Jérusalem, à l'unisson des foules qui à Paris
et ailleurs disent leur tristesse, leur dégoût, la colère de devoir reconnaître
la persistance du mal, le mépris et la haine du Juif par ceux-là même qui,
par le mépris subi, lui devraient la fraternité.
Le martyre d'Ilan Halimi rappelle que même après Auschwitz l'antisémitisme
tue. Il tue là où le mensonge, la calomnie, la dérision et les amalgames faciles
font son lit. Il tue… mais aussi, marque les sociétés qui ne le méritent pas,
du sceau de l'infamie. Il faut traiter l'antisémitisme comme on le fait d'un
fléau. Sa prophylaxie impose ses règles à tous les stades de l'information,
des déclarations publiques, du spectacle, de la justice rendue et des comportements.
Chacun, chacune d'entre nous doivent s'y employer. Pour que prenne sens le
kadich que nous allons réciter en mémoire d'Ilan, notre frère, notre
enfant.
Paroles prononcées lors du rassemblement organisé à Jérusalem,
le 26 février 2006, par l'ADFI, l'AIFG, le B'NAI BRITH (Loge Robert
Gamzon Jérusalem) et l'UNIFAN en hommage à Ilan Halimi.
Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine…
Une choucroute, ça devrait attirer du monde. Même à Jérusalem.
Et on avait aussi un Sénateur. Et pas n'importe lequel: le Président
du Conseil Régional du Bas-Rhin. Alors, on appellerait ça: "Bilan
des relations économiques franco-israéliennes", ou "Exposé
sur le patrimoine du judaïsme alsacien". Au choix. Ce qui comptait
c'était, à quelques mois des élections à l'Assemblée
des Français de l'Etranger, présenter l'UFI, avatar israélien
de l'UFE, le groupe de droite à l'Assemblée des Français
de l'Etranger.
Le Sénateur et la choucroute furent excellents.
Mais les Alsaciens qui savent pourtant ce que 'houtspe veut dire, en restèrent
comme deux ronds de flan. Quand, en guise de dessert, le candidat de l'UFI
déclara qu'on les avait invités à une choucroute afin
qu'ils votent pour lui et remplissent un billet d'inscription à l'UFI.
Une choucroute contre un billet de l'UFI? Ça ne vaut pas grand-chose,
c'est vrai.
fevrier 2006
Négationnismes
Parmi les négationnistes, il y a ceux que la Shoah dérange parce
qu'elle ne leur permet pas de promouvoir l'antisémitisme avec la même
ardeur que grand-papa; et il y a ceux que l'Etat d'Israël dérange.
Désolés pour les premiers. On aurait bien aimé, nous
aussi, que la Shoah n'ait pas eu lieu. Mais qu'ils ne se laissent pas aller.
Ils trouveront bien. Les antisémites ont toujours trouvé.
Quant aux seconds, les ahmanidjad et autres islamistes, ils croient qu'en
niant la Shoah, l'Etat d'Israël perdrait ses lettres de créance.
La Shoah fut pourtant leur principal auxiliaire. Qu'on imagine ce que l'Etat
d'Israël serait devenu si six millions de Juifs n'avaient été
exterminés. Et puisqu'on y est, pensons aussi à la faiblesse
qui serait celle de l'Etat d'Israël, aujourd'hui, si après 1948,
les pays arabes n'avaient chassé de leurs terres leurs citoyens juifs,
devenus depuis l'essentiel d'Israël.
La Shoah n'est pas la raison d'Israël. Mais Israël est la raison
pour laquelle il n'y aura plus de Shoah.
11 février 2006
Bombe en tête
La sensibilité musulmane aux caricatures n'a jamais empêché
les journaux et les télévisions arabes de moquer le sacré,
des lors qu'il s'agit des symboles du judaïsme. L'humour juif a-t-il
tendance à le tolérer? Sans doute les dessins et les films antisémites
nous indignent-ils moins par leur mauvais goût que parce qu'ils poussent
à la haine.
Cela dit, il ne faut pas dénigrer les symboles; il convient de garder
au sacré sa dimension émotive. Reste à savoir si la mèche
allumée dans le turban du Prophète –
Att. metteur en
page, ne pas illustrer !– donc si un dessin représentant
Mohamed avec une bombe enfouie dans son turban ne traduit pas, très
fidèlement, le message des islamistes ? De ceux qui, comme le Hamas,
le Djihad islamique, ou Al Khaïda prônent l'assassinat au nom d'Allah
et le commettent au nom de leur foi. Cette profanation-là est infiniment
plus grave qu'une caricature.
05 février 2006
Vox populi… (fin de citation).
Pourquoi les Palestiniens n'auraient-il pas dû voter Hamas ? Parce que
le Hamas est une organisation terroriste spécialisée dans l'assassinat
des Juifs ? Mais l'Autorité palestinienne elle-même qui s'est
mise à condamner les attentats en Israël, ne l'a jamais fait que
parce que l'explosion d'anthropoïdes à ceintures est "contraire
à l'intérêt national palestinien". Je ne me rappelle
pas, fût-ce une seule fois, avoir entendu que l'Autorité ait
blâmé ces méfaits parce qu'ils étaient contraires
à la morale ou à la volonté de Dieu.
Alors, quand "l'intérêt national palestinien" allait
changer, et il changeait naturellement avec l'accession au pouvoir du Hamas,
pourquoi la nature terroriste de cette organisation (ou de ce parti…)
aurait-elle rebuté les nouveaux démocrates?
Et si –Dieu nous en garde– un nouvel attentat, un obus de mortier
ou une roquette qui ferait mouche, devait contraindre Israël à
des représailles, la majorité qui a appelé le Hamas au
pouvoir ne pourrait dire que "ça" ils ne l'avaient pas voulu.
30 janvier 2006
Terre
des hommes
Depuis quatre semaines, le vendredi et dès midi tapante, ils sont là,
ils et elles, brandissant des écriteaux au Kikar Tsion, à la
fin de la zone piétonnière de Jérusalem. Ces écriteaux
citent le Tora : "Tu ne feras pas de mal à l'étranger"
ou encore "Tu ne mentiras pas". Troisième message: "Cette
terre, je l'ai donnée à ta descendance" et un autre, verset
des Psaumes, celui-là : "Cherche la paix, poursuis-la". Une
cinquième personne réclame l'application des "Droits et
devoirs de l'enfant", une sixième "L'égalité
des chances pour les femmes". Une autre, et là c'est encore un
verset de la Tora : "Ne retiens pas le salaire de ton employé".
Les gens passent, s'arrêtent, surpris, interrogent. "Vous êtes
qui? Vous appartenez à quel parti ?" demandent-ils ? Et ceux et
celles qui brandissent les écriteaux répondent, souriant, qu'ils
n'appartiennent à aucun parti, qu'ils veulent simplement rappeler les
valeurs du judaïsme et qu'ils ne sont qu'eux-mêmes.
C'est à l'initiative du Dr Jocelyn Hattab que cette manifestation a
lieu et que si des passants, jeunes et moins jeunes, se saisissent à
leur tour d'un écriteau, ce sont bien des Français qui sont
là à rappeler que le judaïsme c'est d'abord le souci de
l'autre.
Alors un cocorico en guise de commentaire ? Eh bien oui. Et aussi, parce que
la Tora telle qu'elle fut enseignée en France, ou si l'on préfère
l'ordre des priorités, mériteraient à être mieux
connus en Israël.
6 janvier 2006
Recherches et développements
Une étude menée dans l'ensemble des pays développés
et que Yedioth Aharonoth rapporte dans son édition du 20 novembre 2005,
montre les records et ressorts d'Israël. Les scientifiques y sont au
nombre de 140 pour dix mille (la proportion descend à 83 aux Etats-Unis,
qui viennent en seconde position, suivis par le Japon (80), l'Allemagne (60),
la Suisse (55). Le pays compte aussi 135 ingénieurs sur 10. 000 (les
USA en ont 80, le Japon: 65, les Pays-Bas: 53 et la Suisse: 38. Promotion
de la femme: Avec 54% d'entre elles qui travaillent en techno, Israël
n'accuse qu'un point de retard sur les Etats-Unis. On le trouve à la
troisième place pour le nombre de brevets présentés dans
le monde et en deuxième pour la qualité de l'enseignement universitaire.
En plus, Israël est en tête pour les recherches et la technologie
dans le domaine de l'énergie scolaire. Et dire que du côté
de la mer Morte, à des centaines de mètres en dessous du niveau
de la mer, Israël est le pays au monde le plus éloigné
du soleil! Vous imaginez si Sodome était sur l'Annapurna, l'énergie
qu'on aurait?
Et avec ça, il y a un tas de questions qui n'ont même pas été
posées. Tenez… je parie que si on avait étudié
la technologie développée par les ministres ou les députés
pour passer d'un parti à un autre, Israël aurait là encore
devancé la Suisse. Ou encore, le nombre de rabbins. Sûr qu'on
l'aurait emporté sur le Japon.
9 décembre 2005
Avant que le feu ne prenne
La résolution de l'ONU, présentée par Israël et
adoptée par consensus de ses 191 membres, fixant au 27 janvier, date
de la libération d'Auschwitz, une Journée internationale de
commémoration de la shoa est un fait marquant. La shoa fut "un
mal unique qui ne peut pas simplement être consigné dans le passé
et oublié" a souligné Kofi Annan, le secrétaire
général de l'ONU.
"Mal unique". Et c'est pourquoi il fallait qu'au-delà des
immenses massacres perpétrés sous tant de méridiens,
"les familles de la terre" comme disait le prophète Amos,
commémorent la shoa. Mais comment préserver –et c'est
indispensable– le caractère unique de la "solution finale"
tout en soulignant son exemplarité? Car il faut non seulement que l'abomination
nazie soit enseignée et présente à la mémoire,
elle doit servir aussi de mise en garde universelle. Nulle part, on ne doit
permette au feu de couver. Partout il faut prendre au sérieux –on
ne le fit pas alors– les menaces des assassins.
Si on prend 1933 comme point de départ, il aura fallu six ans pour
que le feu ravage l'Europe. Rien ne dit que six années de plus seront
laissées aux familles de la terre. Ni depuis 2001 (le 11 septembre).
Ni depuis 2005 et les intentions proclamées par M. Ahmadinejad.
17 novembre 2005
Ce qu'on doit penser d'Israël
Quelles
que puissent être nos opinions sur les réalités d'Israël
ou sur ses frontières, ou encore sur les étapes, les solutions
proposées par l'un ou l'autre courant pour progresser en direction
de la paix avec les Palestiniens, nous sommes souvent surpris par les points
de vue exprimés en France ou ailleurs. Plus d'une fois nous avons l'impression
de ne pas parler des mêmes espaces, des idéologies de ceux qui
y habitent, de l'histoire à laquelle nous faisons référence.
Le propos prêté à M. Douste-Blazy lors de sa visite à
Yad Vashem, en septembre dernier, sur le sort des Juifs d'Angleterre pendant
la guerre, nous paraît à cet égard symptomatique. Le Ministre
des Affaires étrangères est un homme cultivé, professeur
de médecine de surcroît et bien informé des problèmes
de l'heure. On imagine dès lors les connaissances qu'a l'homme de la
rue des événements qui ont conduit à la création
du Foyer juif, puis de l'Etat d'Israël, des réactions et des refus
arabes, de l'idéologie sioniste, des réalités palestiniennes,
des débats en Israël et des situations à ses frontières.
Sur ce terrain, une propagande palestinienne (arabe ou musulmane), répercutée
par des idéologues ignorants, a le champ libre. Elle dira tout ce qu'elle
veut sans qu'on soit amené à la contredire, du racisme des Sionistes,
du mur de l'apartheid (ou de la honte –au choix) du colonialisme des
Juifs qui volent leur terre aux Palestiniens. Bref, le fait qu'Israël
ait quand même des amis montre que les causes désespérées
sont aussi les plus belles.
29 octobre 2005
Ma pomme…
(Air connu)
Pas toujours
joli, notre globe. Alors quand l'envie nous prend de nous faire tout petits,
d'échapper aux carambolages de la grande sphère, laissons aller
notre regard, le temps d'une prière, sur le panier de Roch Hachana.
Sur la petite pomme rouge ou verte. Faisons-la tourner à notre guise,
sur elle-même, autour de nous, dans le mouvement des jours et des nuits,
trois cent soixante et quelque fois recommencés.
Petite pomme qui sent bon, qui pourrait annoncer, qui annonce peut-être,
qui annonce sûrement… une année douce comme le miel que
nous répandons sur elle.
Pomme de miel, pomme d'amour, pomme d'or –puisqu'en hébreu, c'est
par ces mots qu'on appelle l'orange. D'ici peu, les fruits de soleil et d'or
vont parer la terre d'Israël… du même éclat que les
terres voisines. Petites sphères qui embaument l'air sans connaître
de barrière, de frontières…
Que de parfums, de beauté, de vœux pour une nouvelle année.
30 septembre 2005
Dire ou ne pas dire, voilà la question…
On le sait: Le chômeur généré par l'intifada a
trouvé un emploi sous l'habit du "
chomèr".
Placé à l'entrée des magasins, des cafés, il vous
passe la main dans le dos avec un bizarre appareil.
Le
chomèr des stations d'autobus, lui, n'en a pas. Un écouteur
dans l'oreille, il vous écoute de l'autre. C'est au son de la voix
qu'il détecte le terroriste. Encore faut-il que celui-ci parle. Alors
le premier dit : "
Boker tov" et attend la réponse.
C'est comme ça qu'il repère le suspect.
Moi, je savais pas. Alors quand j'ai pris l'autobus et qu'un type en jaquette
et à manches courtes, m'a dit comme ça, "
Boker tov",
sans prévenir, j'ai trouvé ça éminemment suspect.
Un Israélien qui ne vous connaît pas et qui vous dit "
Boker
tov", vous trouvez ça normal ? Bref, je suis resté
sans voix. Vous imaginez la suite… Interrogatoire, numéro de
teoudat zehout… Quel est le bureau de poste où vous
perdez la matinée ? Et la banque où vous perdez l'après-midi
?
J'avais réponse à tout, je m'en suis sorti. N'empêche
que le lendemain, quand j'ai voulu monter dans l'autobus, j'ai pris les devants.
"
Boker tov !" j'ai dit, au type avec sa jaquette. Vous
imaginez la suite… Un type sans jaquette à manches courtes, qui
dit "
Boker tov", c'est évidemment très très
suspect.
Alors, interrogatoire, numéro de… etc.
Je vous recommande la marche à pied.
3 septembre 2005