de Jacquot GRUNEWALD


Les "tueurs"
Sur le site des "Sénateurs socialistes hors de France" (http://www.senateurssocialisteshorsdefrance.net/), la Sénateur Monique Cerisier ben-Guiga cite Jan Egeland, responsable des opérations humanitaires des Nations Unies: "Une guerre qui fait plus de victimes chez les enfants que chez les hommes armés est une guerre qui a pris un très mauvais tournant". M. Egeland a aussi déclaré (dépêche de l'Associated Press du 27 juillet 2006) : "Le Hezbollah doit cesser de se fondre lâchement (...) parmi les femmes et les enfants"…"J'ai entendu qu'ils étaient fiers parce qu'ils avaient perdu très peu de combattants et que ce sont les civils qui subissent le plus gros (des attaques). Je ne pense pas que quiconque devrait être fier d'avoir plus de morts parmi les enfants et les femmes que les hommes armés". Cet élément (que les Israéliens ne cessent de répéter –mais peut-on croire un Israélien?), donc ce propos de M. Egeland, la Sénateur ne l'a pas rapporté. Il discrédite la suite de son texte qui fait des Israéliens des "tueurs". Je cite: "Les tueurs ne se mettent pas de sang sur les mains, bien au propre à l’abri de la technologie aéronautique la plus avancée. Ils n’en sont pas moins des tueurs, au même titre que les lanceurs de roquettes."
Et un point à l'envers (la technologie de Tsahal) et un point à l'endroit (les fusées du Hezbollah), un point pour saint Joseph un point pour saint Thomas. Cet exercice de faux équilibre est insupportable. Les frappes israéliennes visent essentiellement à neutraliser les fusées du Hezbollah (12 à 20.000), délibérément camouflées dans les quartiers habités, ainsi que les miliciens de l'organisation chiite qui le sont aussi –et pas moins intentionnellement. Elles ont pour objectif d'abattre les radars de l'armée libanaise (qui ont apporté leur appui logistique au Hezbollah) et à empêcher son ravitaillement en armement depuis la Syrie. "La technologie aéronautique la plus avancée" permet précisément de limiter la perte en vies humaines. Les fusées du Hezbollah, elles, ne visent qu'à tuer la population civile. Aveuglément. Pour Israël, remarque Shimon Pérès, les victimes civiles que provoque une action de Tsahal, représentent un échec; pour le Hezbollah, c'est un succès. Cet échec, d'innombrables citoyens d'Israël le ressentent douloureusement. Que Monique Cerisier ben-Guiga pleure la mort des enfants et des civils est juste. Cela ne l'autorise pas à être injuste envers Israël ni à occulter les responsabilités. Des responsabilités auxquelles la diplomatie française, entre autres, ne saurait échapper.
A suivre
8 août 2006

Suite: Les responsables
Je n'oublie pas qu'en septembre 2002, la Sénateur Monique Cerisier-ben Guiga est intervenue, au moyen d'une "question écrite", en faveur d' Elkhanan Tenenboïm, alors enlevé et détenu en otage par le Hezbollah. C'était peu de semaines avant le sommet de la Francophonie à Beyrouth. Elle rappelait que l’organisation de la Francophonie a placé la défense des droits de l’homme parmi ses objectifs et demandait "que le gouvernement français mette tout en œuvre pour obtenir du gouvernement libanais qu’il fasse pression sur le Hezbollah, dont les députés siègent au parlement libanais, pour que M. Tenenboïm soit libéré avant le début du sommet de la Francophonie qui se tiendra à Beyrouth."
La complicité –forcée ou non– du gouvernement libanais avec le Hezbollah n'empêcha pas M. Chirac de se rendre à Beyrouth. "La France, qui aime le Liban, écrivait-il, se réjouit de voir sa capitale affirmer à nouveau, après le sommet de la Ligue arabe, sa vocation de métropole internationale." "Où mieux qu'à Beyrouth s'est-il encore exclamé", pourrait s'exprimer "le dialogue des cultures"? Hassan Nasrallah était au premier rang et applaudit. On rapporta que la délégation française fut impressionnée par un bulletin d'information en français d'Al Manar, la chaîne du Hezbollah.
Déjà, alors, le Hezbollah formait un Etat dans l'Etat et le bourrait de fusées dirigées contre Israël. Pourtant, Tsahal s'était retiré du sud-Liban; aucun différend frontalier, avait arrêté l'ONU, ne devait plus opposer Israël au Liban. La menace du Hezbollah à l'encontre Israël n'a jamais été prise en compte par la partie française, ni d'ailleurs par aucun des pays qui s'inquiètent aujourd'hui des risques d'extension du conflit. C'est seulement après l'assassinat d'Aric Hariri, l'an dernier, que la France a demandé, en co-parrainant la résolution 1559, "la dissolution et le désarmement des milices" au Liban. Et c'est en raison de la situation en cours que le Liban a annoncé le déploiement de l'armée libanaise dans le sud du pays –ce qu'il avait toujours refusé à Israël.
La responsabilité du Liban et de son gouvernement est écrasante. M. Siniora pleure, aujourd'hui, la mort des enfants du Liban. Mais c'est un luxe qu'un Premier ministre ne peut se permettre. Tsipi Livni l'a rappelé en disant "qu'il cesse de pleurer et travaille, enfin!" Lorsqu'en 1948, six semaines seulement après la création de l'Etat d'Israël fragilisé à l'extrême, l'Altalena s'approcha des côtes d'Israël, s'apprêtant à livrer à l'Etsel 20% des armes dont il était chargé (et dont Israël avait le plus grand besoin…) Ben Gourion refusa. L'Etsel risquait de se maintenir comme une milice indépendante, ce n'était pas acceptable. Ben Gourion préféra tirer sur le bateau et le couler plutôt que de courir le risque d'une armée parallèle. Il y eut mort d'hommes, mais une seule armée en Israël. Et Ben Gourion ne pleura pas.
Prochain billet: Suite et fin
10 août 2006

Suite - fin: Noir tchador et tchador noir
Revenons, au texte de Monique Cerisier ben-Guiga, à la seconde partie, où ses mailles à l'envers, à l'endroit, se font plus serrées encore. La guerre, dit-elle, est une guerre par procuration: Israël se bat pour les Etats-Unis et le Hezbollah est tombé dans le piège de l'Iran. Sans doute, Israël se félicite-t-il du soutien que, souvent, les Etats-Unis jugent bon de lui accorder. Mais imaginer que pour soutenir l'Amérique, Israël agirait contre lui-même, c'est aussi fantaisiste que l'idée d'une Amérique sacrifiant ses intérêts à Israël.
La relation entre l'Iran et le Hezbollah est d'une autre nature. Depuis sa fondation, l'organisation chiite du Liban a été une avancée de l'Iran dans cette région du monde. Elle en est le fer de lance. L'Iran comme le Hezbollah sont animés par une même idéologie, qui veut, ni plus ni moins (ni plus… pour le moment) effacer Israël de la carte du monde. La "prééminence régionale" de l'Iran qu'évoque la Sénateur, n'a dans ce cadre qu'une importance secondaire. Mille écrits, mille discours en témoignent. Croit-on vraiment, alors qu'Israël a signé la paix avec l'Égypte et la Jordanie, alors que nul différend territorial, selon l'ONU, ne l'oppose au Liban, que le Hezbollah avait la moindre raison de transformer le Liban, du Litani à la ligne bleue, en un réseau de bunkers? De dizaines de bunkers… bétonnés à plusieurs mètres de profondeur ! dont les …shahidim qui les desservent sont armés de missiles antichars de type Milan, de fusils à visée laser et de jumelles infrarouges? Il ne fait plus de doute aujourd'hui, que les fusées à longue portée aux mains du Hezbollah et sa dizaine de milliers de katyouchas, s'inscrivait dans une stratégie globale –d'où la Syrie n'était pas absente– dirigée contre Israël. Celui-ci n'avait pas mesuré l'ampleur du danger. Il aura fallu qu'un calcul erroné de Nasrallah (comme Arafat en 2000, il a surestimé les critiques des Israéliens envers eux-mêmes et ne soupçonnait pas la réaction de Tsahal) pour qu'Israël, qui sous-estimait l'infrastructure et l'armement du Hezbollah, se rende compte de la réalité.
Une réalité qui donne l'impression, la terrible impression, (voyez le Hezbollah qui refuse de désarmer, la faiblesse du gouvernement Seniora et les timidités onusiennes) que ces premiers combats de l'ère des fusées dans l'Orient compliqué, ne fut qu'un premier round.
17 août 2006

Les Immodérés
Déjà en 1967, quand Israël passa outre à ses instructions et tira le premier, De Gaulle estima qu'il "dépassait les bornes de la modération nécessaire". Et quand le 28 décembre 1968, en représailles de l'attaque contre un avion d'El Al par deux terroristes partis de l'aéroport de Beyrouth (mais si…) un commando israélien mit le feu à quinze avions stationnés sur cet aéroport –sans d'ailleurs faire la moindre victime– le Général s'écria:"C'est incroyable, insensé, ils se croient tout permis. Une véritable démence." Depuis, Israël souffre d'une rumeur chronique d'immodération.
Bien à tort. Ne traverse-t-il pas, au contraire, des phases paroxysmales de modération? Il y a six ans, par exemple, quand il évacua le sud-Liban? Le Hizbolla apprécia qui se mit à y engranger ses 11.500 fusées pour les pointer sur Israël. Au Gouch Katif, l'été dernier, Israël récidiva. On est prêt à le confirmer du côté de Sedéroth.
Alors que doit faire Israël? Vladimir Poutine, dit que "le recours à la force doit être proportionné". Mais ça veut dire quoi? Israël ferait prisonnier un terroriste du Hamas et deux autres du Hizbolla? Le système mérite d'être expérimenté en Tchétchénie. Quant à Jacques Chirac, il a suggéré de s'adapter. C'était en janvier dernier. Contre les "dirigeants d'Etats qui auraient recours à des moyens terroristes", a-t-il déclaré, il faut "une réponse ferme et adaptée qui peut être conventionnelle". Mais qui", continua le Président en fixant les sous-marins nucléaires de l'Ile Longue qu'il inspectait, "peut aussi être d'une autre nature."
Souhaitons qu'Israël reste inadapté.
18 juillet 2006
Réactions: vijujg@netvision.net.il

Le péché de Sodome
Je lis dans Guysen-Israël que "les rabbins Ovadia Yossef et Haïm Kanievsky, éminentes autorités du courant orthodoxe, proposent que la Gay Pride, qui doit se dérouler le mois prochain à Jérusalem, ait lieu dans la ville de Sodome." J'ose espérer qu'il s'agit d'une boutade car une Gay Pride n'est pas davantage cachère à Sodome qu'à Jérusalem.
Pour que les choses soient claires: Je pense, moi aussi, qu'il y a lieu de respecter le caractère particulier de Jérusalem et les traditions religieuses que la ville véhicule. Aussi ce n'est pas de Jérusalem que je veux parler, mais de Sodome. Dans le récit biblique (Genèse 18), ce n'est pas l'homosexualité qui rend la ville maudite et qui va conduire à sa fin. C'est le cri des injustices sociales (verset 21–voir Rachi.) C'est le refus, porté à son comble, de l'hospitalité. A son tour, le Midrash développera le thème de la perversion, non pas sexuelle, mais bien la perversion –élevée en institution– de la justice et donc l'extrême injustice que chacun était tenu de pratiquer à Sodome.
Il n'est pas question, de ce point de vue, de comparer la situation sociale, les cris de ses suppliciés et la perversion de la justice dans la Sodome biblique à rien de ce qui se passe à Jérusalem et en Israël, aujourd'hui. Mais nos maîtres qui sont si pointilleux sur la pratique des mitsvoth, qui cherchent à éviter la moindre voie qui pourrait nous en détourner, sont-ils si sûrs, et sommes-nous si sûrs, de pouvoir renvoyer à Sodome nos propres dévoiements?
5 juillet 2006

Sur l'humanitaire et la responsabilité
L'aide "humanitaire" est avant tout un geste humain. Dans la Bande de Gaza, il revient aux enfants dans la mesure où ils ne sont pas responsables des aberrations de leurs parents.
Gilead Shalit.
Mais leurs parents le sont. Ils sont entièrement responsables et les rengaines, y compris celles qui nous viennent de l'Elysée, qu'il ne convient pas de les sanctionner pour avoir voté Hamas ne sont pas admissibles. Les Palestiniens qui ont porté le Hamas au pouvoir, sont responsables. A moins de vider de son sens le principe démocratique et le vote qui le traduit dans les urnes. Le Palestinien qui aurait voté Hamas pour désavouer la corruption du Fatah, n'a pas moins voté en faveur du terrorisme et de la négation d'Israël. Le Palestinien qui a voté Hamas a approuvé les méthodes du Hamas et en tant que tel, s'il ne manifeste pas dans la rue pour le désavouer, est responsable de l'enlèvement de Gilead Shalit.
On peut comprendre les appels de retenue adressés à Israël dans la mesure où l'absence de retenue serait préjudiciable aux efforts diplomatiques. Mais ils ne sauraient signifier que les Palestiniens méritent des égards la part d'Israël.
28 juin 2006

Citations
Le problème d'Israël c'est qu'il connaît mal le Nouveau Testament. Au lieu d'invoquer les conclusions de la Commission d'enquête sur la mort qui a frappé, le 9 juin dernier, sur la plage de Gaza, Israël aurait dû citer Matthieu 18, 7: "Malheur au monde à cause des scandales. Il est fatal, certes que des scandales arrivent, mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive." En conséquence, aurait dit le communiqué, il attendait de la part des nations, une condamnation sans détours des tireurs de roquettes et du gouvernement palestinien.
Le texte aurait continué par une note du Talmud: "Qui prend en pitié les créatures (de Dieu), on sait qu'il appartient à la descendance d'Abraham, notre père et qui ne le fait pas, on sait qu'il n'appartient pas à la descendance d'Abraham, notre père" (Bétsa 32b). Si bien que, aurait conclu le communiqué, Israël témoignait une profonde pitié pour les enfants palestiniens et leurs malheurs.
Il aurait pu ajouter que Tsahal avait mené une enquête sur les circonstances de la tragédie comme elle le fait chaque fois qu'il y a mort d'homme. Et qui le souhaitait, aurait précisé le communiqué, était libre d'en prendre connaissance.
19 juin 2006

Frômage! Ô désespoir!
Toutes nos félicitations à Mme Antonia Kardos, l'épouse de l'Ambassadeur d'Angola qui, foi de jury, a cuit le meilleur gâteau au fromage du corps diplomatique en Israël. C'est Tenouva, la mamelle d'Israël, qui à l'approche de Shavouoth, la Fête du Don du Fromage (encore appelée "Don de la Tora" mais ça on l'ignore souvent) a organisé ce concours auquel ont participé quatorze diplomates ou leurs épouses.
Ils auraient dû être plus nombreux. C'est qu'un grave incident a empêché la participation de l'Ambassadeur de Berne. On lui avait demandé de préparer un gâteau avec des petits suisses. "La grandeur de mon pays ne se reconnaît pas là", s'est-il écrié avant de claquer la porte. Du côté de l'Ambassade chrétienne, ce n'était pas la joie, non plus. Il n'y avait pas de saint paulin, seulement dupont lévêque. Quant à la France aux 355 fromages, croit-elle vraiment qu'un feu d'artifice fera pardonner son absence? On avait compté sur son Conseiller de Coopération et d'action culturelle. Mais il s'était mis en tête de remplacer la tomme de savoie par deux tomes de savoir. A Tenouva, on ne savait qu'en faire.
Le plus grave est que l'offensive diplomatique de la grande fromagerie s'inscrit dans un projet plus vaste auquel seraient mêlés plusieurs archéologues de l'Université de Tel-Aviv et des nouveaux historiens. Parce qu'on n'a pas retrouvé les morceaux des premières tables brisés sur la montagne que l'on prenait jusqu'aujourd'hui pour le mont Sinaï, rien ne devrait empêcher, a-t-on suggéré, de l'identifier avec le mont Blanc. Alors, au lieu de décorer les synagogues avec des fleurs (parce que la montagne était fleurie au printemps de la sortie d'Égypte), on pourrait les orner de 613 yaourts, de bouteilles de lait (à 10%), et de cottages figurant le Beth-Israël. Bref, faire de Shavouoth, mais vraiment cette fois, la vache à lait de Tenouva.
30 mai 2006

Vois là et vois loin
 Ne boudons pas notre plaisir. Même suivis du pire embouteillage sur la terre de Canaan depuis que la roue y fut introduite, les gerbes de feux et les bouquets d'étincelles sur la baie de Tel-Aviv n'en restent pas moins magnifiques. "Voilà", la saison française en Israël qui vient de commencer veut, a dit l'Ambassadeur de France,  rendre les Français "sympas" aux Israéliens. Pourquoi pas en effet, puisqu'on tente de mieux s'entendre, de le dire avec des fleurs?
 Mais un bouquet, fût-il sur la baie de Tel-Aviv, ne dure pas même l'espace d'une saison. Ceux qui demain pourraient le mieux parler de la France aux Israéliens et la lui rendre sympathique devraient être les Israéliens de France. Ceux qui sont enfants aujourd'hui, olim de Sarcelles, de Marseille ou de Toulouse et qui feront fleurir les sciences, les cultures, les techniques. Ici et déjà, peut-être, sur le pourtour de la Méditerranée. Ils serviront Israël. Ils pourraient servir la France. A condition de savoir encore le français et de s'être nourris de la culture et du savoir français.
L'effort de la France envers les Israéliens est considérable. Les sommes investies, impressionnantes. Mais ne faudrait-il pas investir, aussi et beaucoup pour que les enfants de France en Israël sachent lire un livre de France ? Et parler de la France ?
17 mai 2006


Les gaietés de l'UFI
Vous êtes assis devant votre écran, vous surfez sans penser à mal et vous vous retrouvez tout surpris. Sur son site, l'UFI annonce "un joli coup de maître pour son premier événement d'envergure en 2006" en réunissant 200 personnes à Jérusalem avec un Sénateur UMP offrant choucroute. Ce qui m'a surpris, c'est la mention "2006". Car un "premier événement en 2006", implique qu'il y a eu d'autres événements les années d'avant. Du coup, j'ai ouvert la rubrique intitulée "Archives". Ainsi, je connaîtrai le passé de l'UFI, avatar de l'UFE, l'Union des Français de l'Etranger, c'est-à-dire de l'UMP à l'étranger.
Hélas, trois fois hélas, pour seule archive je n'ai trouvé qu' "un extrait" d'un entretien accordé par Jacques Chirac à un bulletin d'une Association nommée "Judaïsme et Liberté", à son retour du Proche-Orient en février 1997. Pour y lire "que les médias n'ont pas suffisamment relevé l'importance et le contenu de nos entretiens [avec M. Netanyahou, alors Premier ministre], préférant souvent valoriser certains incidents qui n'ont en aucun cas obéré la réussite de la visite". Bref, nous informe l'UFI, l'histoire de M. Chirac, chassant les Gardes frontières d'Israël de l'église Sainte Anne, ce n'étaient qu'exagérations et menteries de la presse.
Pas moyen donc de connaître ce que l'UFI et son président Max Semory ont fait en 2005, en 2004, en 2003. En 2006, à six mois des élections à l'Assemblée des Français de l'Etranger, l'AFE, tout change. Il y a eu cette choucroute d'envergure garnie d'un Sénateur UMP. On en fait mention trois fois, dans trois rubriques différentes, sur le site. Remarquez que deux mois plus tard, un autre Sénateur UMP, sans accompagnement de choucroute, cette fois, a tenté lui aussi de sortir l'UFI de son anonymat. Sous couvert de conférences et autres débats. Et c'est alors, toujours en surfant, que m'est venue l'idée saugrenue de calculer combien vaut un Sénateur UMP avec choucroute, comparé à un Sénateur UMP-sans. 200 personnes étant certifiées pour une choucroute gratuite avec Sénateur, il ne me restait plus qu'à savoir combien un Sénateur UMP-sans allait réunir dans la même ville. Eh bien pour ce deuxième événement, qui n'est plus qualifié "d'envergure", le site ne fournit pas le moindre chiffre . Simplement un compte rendu. Notamment de l'intervention sur la tribune du Grand rabbin Jacky Amar.
C'était l'époque où pour attraper les nigauds, l'UFI annonçait que "le Grand Rabbin Jacky Amar et Max Semory étaient têtes de liste" alors que c'est bien Max Semory qui était le 1er de liste. Depuis, le Grand Rabbin a été jeté aux orties. Apparemment, sur les pressants conseils du Sénateur UMP-sans, qui pour donner quelque chance à l'UFI, a fusionné deux listes UMP en guéguerre. Au prix de la tête (de liste) de Jacky Amar qui, lui, n'apparaît plus sur aucune liste. Pour faire place à d'anciennes têtes de liste, ex-Délégués à l'AFE, déjà battus lors des élections de 2006 au vu du bilan qu'ils avaient alors présenté aux électeurs.
Le plus amusant, un amusement relatif, j'en conviens, c'est que les membres de l'UMP- Israël (mais si… ça existe) ne figurent pas sur la liste de l'UFI! On les retrouve sur une autre liste, intitulée "Soutien à Nicolas Sarkozy", alors que le n°1 de la liste "Association des Anciens Combattants français et de représentation de tous les Françaises et Français d'Israël" (excusez du peu) est membre de l'UFE.
Le drame avec l'UFI, c'est que n'ayant rien fait ou l'ayant mal fait, il lui fallait, il lui faut, être inventif. Elle avait pourtant voulu bien faire, d'autant que l'opération devait lui valoir quelque argent. Elle demanda la subvention que le gouvernement français verse pour organiser des cours de français à des enfants français pour conserver la pratique de la langue, ce qu'on appelle le "Programme FLAM". Il aura fallu à l'UFI trois ans et deux mois, après avoir demandé cette subvention pour mettre en place des cours à Elath, qui fonctionneront "à peu près normalement" (sic) dit-elle, pendant quelques mois, alors qu'ailleurs, ces cours mis en place ou sensés l'avoir été, étaient pour manque d'effectifs, contraires aux règlements de FLAM. Aujourd'hui, l'UFI prétend être à l'initiative d'un lycée franco-israélien que l'Alliance Israélite Universelle envisage depuis belle lurette, pour lequel elle mettrait ses locaux à disposition. Cependant il n'y a pas le début d'un accord de la part des gouvernements français et israélien, qui devraient en être les garants.
Mais Max Semory n'a pas dit son dernier mot. Les premiers mots, d'ailleurs, par lesquels en janvier 2006, il se faisait connaître aux lecteurs du "Jérusalem Post en français", les ont quelque peu surpris. Ils apprenaient de sa bouche que le rôle de l'UFI allait bien au-delà de la seule représentation des Franco-israéliens. "Plus de 700.000 Juifs sont concernés" par son action, a-t-il dit. En expliquant : "Les 100.000 Israéliens qui possèdent la nationalité française, mais aussi les 600.000 Juifs de France". Bref, l'UFI était là, le Crif n'avait plus d'avenir. Mais là ne s'arrêtait pas l'action  de l'UFI. Je cite toujours  Max Semory dans le "Jerusalem Post": "Récemment, y a-t-il révélé, nous avons été consultés quant à la nomination de l'ambassadeur d'Israël en France." Et ce n'est pas tout: "On nous demande aussi parfois d'influer sur la politique d'Israël vis-à-vis de la France et vice-versa". Depuis, les chancelleries s'interrogent sur l'identité de cet "on" mystérieux. Les sources bien informées au Vatican, démentent toutefois que Benoît XVI doit son élection à l'action directe de l'UFI. Il avait été élu avant janvier 2006.
Une amie qui s'était rendue à la "conférence-débat" a dénombré une "cinquantaine ou peut-être soixante gens", y compris les huit personnes sur la tribune! Par une simple soustraction vous faites comme moi et vous obtenez ce que vaut à la fois une choucroute et un Sénateur UMP. Mais ne le criez pas sur les toits.

De la Géhenne au Kibboutz

Ils ont 16 et 17ans et ont fui le Darfour, super-produit de notre époque, obtenu par le manque de pluies, le "nettoyage ethnique" encouragé par le gouvernement de Khartoum et des massacres sans fin. Haarets a rapporté l'histoire de ces deux garçons qui, aujourd'hui, vivent leur vie d'adolescents au Kiboutz Tseélim.
Ce qui m'a frappé d'emblée, c'est le titre du journal. "On leur avait dit qu'Israël était un pays ami pour les réfugiés". Et je me rappelai aussitôt Ben Hadad, le roi syrien battu par Israël (qu'il avait attaqué…) et auquel ses ministres conseillèrent de se livrer. Ils le firent en ces termes: "Nous avons entendu dire que les rois d'Israël sont des rois cléments " (I Rois 20, 31.)
Les deux garçons du Darfour – qui ont passé la frontière en clandestins–n'ont pas ressenti cette amitié pendant les premiers mois, passés en prison. Mais l'accueil du kibboutz qui tout entier s'est mis de la partie, leur a rendu le goût de vivre. Yankele et Shoulami Gefen, qui les ont adopté sont des récidivistes. Ils avaient déjà recueilli un jeune réfugié du Tchad. Ils estiment qu'Israël n'en fait pas assez. "On ne peut pas rester insensibles, expliquent-ils. Pas nous, les Juifs qui avons été des réfugiés dont personne ne voulait. Plus que les autres, il nous faut apporter amitié et secours à ceux qui échappent de l'enfer."
"Plus que les autres"! Aussi longtemps qu'on entendra cette formule, il fera bon vivre en Israël.
Pessah 2006

La nouvelle Knesset
Shinouï a réussi à faire oublier aux électeurs les abus de Shass et à rendre sympathique une formation qui ne le mérite pas toujours. L'éviction de Shinouï et consorts montre surtout que la haine professée envers le monde harédi et l'environnement religieux n'est pas acceptée par les électeurs –quelle que puisse être par ailleurs leur critique envers les "noirs". Ou les gris.
L'élection des sept samouraïs à la retraite, obtenue grâce aux voix des jeunes est elle aussi encourageante. Dût-elle réfléchir une certaine désinvolture en politique, elle n'en témoigne pas moins de la solidarité ou de la considération de la jeunesse SMS pour les aînés. La misère de beaucoup de vieillards, les retraites inadéquates (ou inexistantes!) révélées et relevées ces derniers temps, comme l'insuffisance des allocations du Bitouah leoumi, ont appelé cette réaction. Mais aussi une culture qui, inconsciemment parfois, puise dans la Tora. Elle apparaît p.ex. dans les autobus d'Israël. Ils n'affichent pas simplement de laisser la place aux anciens. On y cite Lévitique 19, 32 : Lifné séva takoum: "Devant des cheveux blancs, lève-toi!". Et plus d'un usager d'Eged et des urnes se rappelle la suite du verset. Que depuis Lévinas on prendra soin de traduire ainsi: "Honore le visage du vieillard et crains ton Dieu, je suis L'Éternel."
2 avril 2006

 

Sécurisons !

Un ordinateur c'est raisonnable. Alors, pour éditer aux Hiérosolymitains des cartes d'identité "sécurisées", il a imprimé: "Jérusalem – Israël". Du coup, le Quai d'Orsay ne se sentait plus sécurisé. On a demandé à l'ordinateur de recommencer son devoir. Et cette fois, sans préciser: "Israël". Profondément troublé, ce sympathique appareil se mit alors à situer Jérusalem dans un espace "indéterminé"… et l'imprimait tel quel.
Alors, le Consulat général de Jérusalem chercha à éditer sur place des cartes d'identité non sécurisées, sur lesquelles Jérusalem paraîtrait en son splendide isolement. Mais il ne fut pas suivi par Paris bien… déterminé à sécuriser nos identités.
Les cartes étant éditées par le Ministère de l'Intérieur, Jacquot Grunewald, en sa qualité de Délégué des Français d'Israël, s'adressa à Nicolas Sarkozy. Il n'était pas recevable, lui écrivait-il le 24 janvier 2006, que la carence ayant été remarquée, "on n'y ait pas remédié dans des délais raisonnables." Sur le fond il ajoutait que "situer la ville de Jérusalem en Israël sur un document administratif, alors que telle est bien la situation administrative ainsi que la réalité sur le terrain, devrait aller de soi. L'inscription sur une carte d'identité ou un passeport ne préjuge en rien du règlement politique à intervenir par la suite."
Le Ministre a répondu le 31 janvier qu'il a "immédiatement saisi le service concerné afin qu'il puisse faire procéder à un examen attentif de cette affaire". Il a ajouté qu'il ne manquerait pas de tenir informé son correspondant "dès que possible de la suite qui pourra être réservée".
Ce que nous ferons ici même, à notre tour, bien évidemment.

Mutation
On l'a échappé belle. Dans quarante pays, déjà, la grippe aviaire était apparue et toujours rien en Israël! Au moyen âge aussi, la peste semblait épargner les quartiers juifs (à cause de l'ablution des mains avant le repas et d'autres règles d'hygiène?) Du coup c'est les juifs qu'on accusait d'empoisonner les puits. Alors vous pensez, Dieudonné et les dindonneaux! Pour chaque volatile sans H5NI le voilà qui nous prenait en grippe.
Encore que pour le sida, il a seulement réclamé une "commission d'enquête". A Thierry Ardisson qui lui demandait s'il était d'accord avec la chaîne Al Manar, accusant Israël d'empoisonner l'Afrique par le sida, Dieudonné a répondu qu'il "s'interrogeait". Il n'était pas tout à fait sûr. Tout n'est pas pourri dans cet homme-là. Peut-être même qu'il aurait laissé une chance aux poules sionistes. Juste une commission d'enquête qu'il voulait. Et voilà que la grippe aviaire est arrivée et la commission d'enquête n'a plus rien à condamner.
Et Dieudonné? Il va faire quoi, Dieudonné? Il lui reste la "traite négrière". Ça marche bien, les juifs accusés d'être des négriers. L'argent des juifs, c'est bon aussi. La preuve: le gang des barbares. Et puis maintenant que l'H5NI a fait son nid en Israël, ses troupes pourront fantasmer sur sa mutation.
Comment? La mutation de qui? Mais du virus, pas celle de Dieudonné! Pour la mutation de Dieudonné, on attendra le temps où les poules auront des dents.

Retour de "Rachi"
Je savais qu'elle n'y serait pas. Que, cette fois, Ruth Halimi ne serait pas "à l'accueil", au Centre Rachi, où elle me demandait, avec son gentil sourire: "Alors, vous êtes parmi nous? Comment ça va en Israël?" C'est là, me dit-on, "à l'accueil", derrière la table, à côté des publications offertes aux visiteurs, qu'elle comprit, en parcourant un "gratuit", ce matin du 14 février, que le jeune homme agonisant découvert la veille le long d'une voie ferrée, c'était son enfant. Ici, "à l'accueil" où jour après jour,  pendant presque quatre semaines elle fit preuve d'un courage indompté, donnant le change puisque la police le lui demandait, elle sut en ce funeste matin du 14 février 2006 que le malheur s'était accompli. 
La maman d'Ilan ne retournera pas "à l'accueil". Quelqu'un d'autre s'assiéra là, derrière la table à l'entrée de "Rachi", sourira. Et une immense tristesse pénétrera ceux que le sourire de Ruth Halimi ne lâche pas.

Ilan
A Jérusalem, pour laquelle bat le cœur de chaque Juif, à Jérusalem où va son espérance, nous pleurons aujourd'hui le martyre et l'assassinat d'Ilan Halimi, notre frère, notre enfant. Car voilà que son nom est gravé sur les tables du martyrologe juif, sur ces tables qu'ici même nous découvrons si souvent et dont nous connaissons bien la terrible écriture, celle que trace la plume d'Amalek, trempé dans le sang, trempé dans les larmes.
Nous sommes rassemblés, ici à Jérusalem, à l'unisson des foules qui à Paris et ailleurs disent leur tristesse, leur dégoût, la colère de devoir reconnaître la persistance du mal, le mépris et la haine du Juif par ceux-là même qui, par le mépris subi, lui devraient la fraternité.
Le martyre d'Ilan Halimi rappelle que même après Auschwitz l'antisémitisme tue. Il tue là où le mensonge, la calomnie, la dérision et les amalgames faciles font son lit. Il tue… mais aussi, marque les sociétés qui ne le méritent pas, du sceau de l'infamie. Il faut traiter l'antisémitisme comme on le fait d'un fléau. Sa prophylaxie impose ses règles à tous les stades de l'information, des déclarations publiques, du spectacle, de la justice rendue et des comportements.
Chacun, chacune d'entre nous doivent s'y employer. Pour que prenne sens le kadich que nous allons réciter en mémoire d'Ilan, notre frère, notre enfant.
Paroles prononcées lors du rassemblement organisé à Jérusalem, le 26 février 2006, par l'ADFI, l'AIFG, le B'NAI  BRITH (Loge Robert Gamzon Jérusalem) et l'UNIFAN en hommage à Ilan Halimi.

Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine…
Une choucroute, ça devrait attirer du monde. Même à Jérusalem. Et on avait aussi un Sénateur. Et pas n'importe lequel: le Président du Conseil Régional du Bas-Rhin. Alors, on appellerait ça: "Bilan des relations économiques franco-israéliennes", ou "Exposé sur le patrimoine du judaïsme alsacien". Au choix. Ce qui comptait c'était, à quelques mois des élections à l'Assemblée des Français de l'Etranger, présenter l'UFI, avatar israélien de l'UFE, le groupe de droite à l'Assemblée des Français de l'Etranger.
Le Sénateur et la choucroute furent excellents.
Mais les Alsaciens qui savent pourtant ce que 'houtspe veut dire, en restèrent comme deux ronds de flan. Quand, en guise de dessert, le candidat de l'UFI déclara qu'on les avait invités à une choucroute afin qu'ils votent pour lui et remplissent un billet d'inscription à l'UFI.
Une choucroute contre un billet de l'UFI? Ça ne vaut pas grand-chose, c'est vrai.
fevrier 2006

Négationnismes
Parmi les négationnistes, il y a ceux que la Shoah dérange parce qu'elle ne leur permet pas de promouvoir l'antisémitisme avec la même ardeur que grand-papa; et il y a ceux que l'Etat d'Israël dérange.
Désolés pour les premiers. On aurait bien aimé, nous aussi, que la Shoah n'ait pas eu lieu. Mais qu'ils ne se laissent pas aller. Ils trouveront bien. Les antisémites ont toujours trouvé.
Quant aux seconds, les ahmanidjad et autres islamistes, ils croient qu'en niant la Shoah, l'Etat d'Israël perdrait ses lettres de créance. La Shoah fut pourtant leur principal auxiliaire. Qu'on imagine ce que l'Etat d'Israël serait devenu si six millions de Juifs n'avaient été exterminés. Et puisqu'on y est, pensons aussi à la faiblesse qui serait celle de l'Etat d'Israël, aujourd'hui, si après 1948, les pays arabes n'avaient chassé de leurs terres leurs citoyens juifs, devenus depuis l'essentiel d'Israël.
La Shoah n'est pas la raison d'Israël. Mais Israël est la raison pour laquelle il n'y aura plus de Shoah.
11 février 2006

Bombe en tête
La sensibilité musulmane aux caricatures n'a jamais empêché les journaux et les télévisions arabes de moquer le sacré, des lors qu'il s'agit des symboles du judaïsme. L'humour juif a-t-il tendance à le tolérer? Sans doute les dessins et les films antisémites nous indignent-ils moins par leur mauvais goût que parce qu'ils poussent à la haine.
Cela dit, il ne faut pas dénigrer les symboles; il convient de garder au sacré sa dimension émotive. Reste à savoir si la mèche allumée dans le turban du Prophète –Att. metteur en page, ne pas illustrer !– donc si un dessin représentant Mohamed avec une bombe enfouie dans son turban ne traduit pas, très fidèlement, le message des islamistes ? De ceux qui, comme le Hamas, le Djihad islamique, ou Al Khaïda prônent l'assassinat au nom d'Allah et le commettent au nom de leur foi. Cette profanation-là est infiniment plus grave qu'une caricature.
05 février 2006

Vox populi… (fin de citation).
Pourquoi les Palestiniens n'auraient-il pas dû voter Hamas ? Parce que le Hamas est une organisation terroriste spécialisée dans l'assassinat des Juifs ? Mais l'Autorité palestinienne elle-même qui s'est mise à condamner les attentats en Israël, ne l'a jamais fait que parce que l'explosion d'anthropoïdes à ceintures est "contraire à l'intérêt national palestinien". Je ne me rappelle pas, fût-ce une seule fois, avoir entendu que l'Autorité ait blâmé ces méfaits parce qu'ils étaient contraires à la morale ou à la volonté de Dieu.
Alors, quand "l'intérêt national palestinien" allait changer, et il changeait naturellement avec l'accession au pouvoir du Hamas, pourquoi la nature terroriste de cette organisation (ou de ce parti…) aurait-elle rebuté les nouveaux démocrates?
Et si –Dieu nous en garde– un nouvel attentat, un obus de mortier ou une roquette qui ferait mouche, devait contraindre Israël à des représailles, la majorité qui a appelé le Hamas au pouvoir ne pourrait dire que "ça" ils ne l'avaient pas voulu.
30 janvier 2006

Terre des hommes
Depuis quatre semaines, le vendredi et dès midi tapante, ils sont là, ils et elles, brandissant des écriteaux au Kikar Tsion, à la fin de la zone piétonnière de Jérusalem. Ces écriteaux citent le Tora : "Tu ne feras pas de mal à l'étranger" ou encore "Tu ne mentiras pas". Troisième message: "Cette terre, je l'ai donnée à ta descendance" et un autre, verset des Psaumes, celui-là : "Cherche la paix, poursuis-la". Une cinquième personne réclame l'application des "Droits et devoirs de l'enfant", une sixième "L'égalité des chances pour les femmes". Une autre, et là c'est encore un verset de la Tora : "Ne retiens pas le salaire de ton employé".
Les gens passent, s'arrêtent, surpris, interrogent. "Vous êtes qui? Vous appartenez à quel parti ?" demandent-ils ? Et ceux et celles qui brandissent les écriteaux répondent, souriant, qu'ils n'appartiennent à aucun parti, qu'ils veulent simplement rappeler les valeurs du judaïsme et qu'ils ne sont qu'eux-mêmes.
C'est à l'initiative du Dr Jocelyn Hattab que cette manifestation a lieu et que si des passants, jeunes et moins jeunes, se saisissent à leur tour d'un écriteau, ce sont bien des Français qui sont là à rappeler que le judaïsme c'est d'abord le souci de l'autre.
Alors un cocorico en guise de commentaire ? Eh bien oui. Et aussi, parce que la Tora telle qu'elle fut enseignée en France, ou si l'on préfère l'ordre des priorités, mériteraient à être mieux connus en Israël.
6 janvier 2006

Recherches et développements
Une étude menée dans l'ensemble des pays développés et que Yedioth Aharonoth rapporte dans son édition du 20 novembre 2005, montre les records et ressorts d'Israël. Les scientifiques y sont au nombre de 140 pour dix mille (la proportion descend à 83 aux Etats-Unis, qui viennent en seconde position, suivis par le Japon (80), l'Allemagne (60), la Suisse (55). Le pays compte aussi 135 ingénieurs sur 10. 000 (les USA en ont 80, le Japon: 65, les Pays-Bas: 53 et la Suisse: 38. Promotion de la femme: Avec 54% d'entre elles qui travaillent en techno, Israël n'accuse qu'un point de retard sur les Etats-Unis. On le trouve à la troisième place pour le nombre de brevets présentés dans le monde et en deuxième pour la qualité de l'enseignement universitaire.
En plus, Israël est en tête pour les recherches et la technologie dans le domaine de l'énergie scolaire. Et dire que du côté de la mer Morte, à des centaines de mètres en dessous du niveau de la mer, Israël est le pays au monde le plus éloigné du soleil! Vous imaginez si Sodome était sur l'Annapurna, l'énergie qu'on aurait?
Et avec ça, il y a un tas de questions qui n'ont même pas été posées. Tenez… je parie que si on avait étudié la technologie développée par les ministres ou les députés pour passer d'un parti à un autre, Israël aurait là encore devancé la Suisse. Ou encore, le nombre de rabbins. Sûr qu'on l'aurait emporté sur le Japon.
9 décembre 2005

Avant que le feu ne prenne
La résolution de l'ONU, présentée par Israël et adoptée par consensus de ses 191 membres, fixant au 27 janvier, date de la libération d'Auschwitz, une Journée internationale de commémoration de la shoa est un fait marquant. La shoa fut "un mal unique qui ne peut pas simplement être consigné dans le passé et oublié" a souligné Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU.
"Mal unique". Et c'est pourquoi il fallait qu'au-delà des immenses massacres perpétrés sous tant de méridiens, "les familles de la terre" comme disait le prophète Amos, commémorent la shoa. Mais comment préserver –et c'est indispensable– le caractère unique de la "solution finale" tout en soulignant son exemplarité? Car il faut non seulement que l'abomination nazie soit enseignée et présente à la mémoire, elle doit servir aussi de mise en garde universelle. Nulle part, on ne doit permette au feu de couver. Partout il faut prendre au sérieux –on ne le fit pas alors– les menaces des assassins.
Si on prend 1933 comme point de départ, il aura fallu six ans pour que le feu ravage l'Europe. Rien ne dit que six années de plus seront laissées aux familles de la terre. Ni depuis 2001 (le 11 septembre). Ni depuis 2005 et les intentions proclamées par M. Ahmadinejad.
17 novembre 2005

Ce qu'on doit penser d'Israël
Quelles que puissent être nos opinions sur les réalités d'Israël ou sur ses frontières, ou encore sur les étapes, les solutions proposées par l'un ou l'autre courant pour progresser en direction de la paix avec les Palestiniens, nous sommes souvent surpris par les points de vue exprimés en France ou ailleurs. Plus d'une fois nous avons l'impression de ne pas parler des mêmes espaces, des idéologies de ceux qui y habitent, de l'histoire à laquelle nous faisons référence.
Le propos prêté à M. Douste-Blazy lors de sa visite à Yad Vashem, en septembre dernier, sur le sort des Juifs d'Angleterre pendant la guerre, nous paraît à cet égard symptomatique. Le Ministre des Affaires étrangères est un homme cultivé, professeur de médecine de surcroît et bien informé des problèmes de l'heure. On imagine dès lors les connaissances qu'a l'homme de la rue des événements qui ont conduit à la création du Foyer juif, puis de l'Etat d'Israël, des réactions et des refus arabes, de l'idéologie sioniste, des réalités palestiniennes, des débats en Israël et des situations à ses frontières.
Sur ce terrain, une propagande palestinienne (arabe ou musulmane), répercutée par des idéologues ignorants, a le champ libre. Elle dira tout ce qu'elle veut sans qu'on soit amené à la contredire, du racisme des Sionistes, du mur de l'apartheid (ou de la honte –au choix) du colonialisme des Juifs qui volent leur terre aux Palestiniens. Bref, le fait qu'Israël ait quand même des amis montre que les causes désespérées sont aussi les plus belles.
29 octobre 2005

Ma pomme…
(Air connu)
Pas toujours joli, notre globe. Alors quand l'envie nous prend de nous faire tout petits, d'échapper aux carambolages de la grande sphère, laissons aller notre regard, le temps d'une prière, sur le panier de Roch Hachana. Sur la petite pomme rouge ou verte. Faisons-la tourner à notre guise, sur elle-même, autour de nous, dans le mouvement des jours et des nuits, trois cent soixante et quelque fois recommencés.
Petite pomme qui sent bon, qui pourrait annoncer, qui annonce peut-être, qui annonce sûrement… une année douce comme le miel que nous répandons sur elle.
Pomme de miel, pomme d'amour, pomme d'or –puisqu'en hébreu, c'est par ces mots qu'on appelle l'orange. D'ici peu, les fruits de soleil et d'or vont parer la terre d'Israël… du même éclat que les terres voisines. Petites sphères qui embaument l'air sans connaître de barrière, de frontières…
Que de parfums, de beauté, de vœux pour une nouvelle année.
30 septembre 2005

Dire ou ne pas dire, voilà la question…
On le sait: Le chômeur généré par l'intifada a trouvé un emploi sous l'habit du "chomèr". Placé à l'entrée des magasins, des cafés, il vous passe la main dans le dos avec un bizarre appareil.
Le chomèr des stations d'autobus, lui, n'en a pas. Un écouteur dans l'oreille, il vous écoute de l'autre. C'est au son de la voix qu'il détecte le terroriste. Encore faut-il que celui-ci parle. Alors le premier dit : "Boker tov" et attend la réponse. C'est comme ça qu'il repère le suspect.
Moi, je savais pas. Alors quand j'ai pris l'autobus et qu'un type en jaquette et à manches courtes, m'a dit comme ça, "Boker tov", sans prévenir, j'ai trouvé ça éminemment suspect. Un Israélien qui ne vous connaît pas et qui vous dit "Boker tov", vous trouvez ça normal ? Bref, je suis resté sans voix. Vous imaginez la suite… Interrogatoire, numéro de teoudat zehout… Quel est le bureau de poste où vous perdez la matinée ? Et la banque où vous perdez l'après-midi ?
J'avais réponse à tout, je m'en suis sorti. N'empêche que le lendemain, quand j'ai voulu monter dans l'autobus, j'ai pris les devants. "Boker tov !" j'ai dit, au type avec sa jaquette. Vous imaginez la suite… Un type sans jaquette à manches courtes, qui dit "Boker tov", c'est évidemment très très suspect.
Alors, interrogatoire, numéro de… etc.
Je vous recommande la marche à pied.
3 septembre 2005

Concernant le Gouch Katif…
… cela va de soi. Alors rien n'empêche de le dire :

Bouts rimés

Orange, ô son amie, son agrume chérie !
N'avait-il vécu que pour cette infamie ?
Polo orange, kipa itou, et sac katom
Que pouvait-il faire encore? Il n'était qu'un homme !
Il avait recopié, fixé sur sa maison
De la Maison d'Orange le fier écusson:
"Je maintiendrai !" Des gâteaux fourrés kookies,
Il en mangeait jusqu'à en perdre l'appétit.
Et des jus d'orange il avait tellement bu
Qu'il fut atteint, hélas! de tapouzite aiguë.
Très fervent pratiquant des onomatopées
Qu'il apprit au séder de la nouvelle année,
Il s'interdit, pour s'attacher au Gouch katif,
Nazir des temps modernes, de se couper les tifs.
Il implorait chaque soir l'Orange Gabriel
Rien n'y fit. Alors, héroïque, défiant L'Éternel
Il ajouta, malgré "lo tossif", aux franges…
Aux tsitsith de son talith, de longs fils orange.
Et comme au temps heureux des Kippour d'autrefois
Quand le fil écarlate se faisait blanc, ma foi,
Voici qu'aux quatre coins du talith, je l'assure,
Au soleil du matin, brillèrent des fils d'azur.
1 aout 2005

Le complot (1ère partie)
Dans Haaretz, la "une" de Yom Haatsmaouth. Ce que nous avons failli perdre.
Passe encore que Abou Mahzen tarde à voir Sharon. Mais que Madonna refuse de rencontrer Judy La Rousse, alias Judy Shalom Nir-Moses, la pétulante épouse du ministre israélien des Affaires étrangères, ce n'est tout simplement pas supportable. Aux dernières nouvelles, David Ayalon, l'ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis, tenu responsable du sommet avorté Judy-Madonna serait envoyé comme second consul adjoint en Sibérie. Voilà ce qu'on dit; voilà ce qu'on lit…
Ne te laisse pas abuser, ami surfeur. David Ayalon n'a pas échoué. Il s'est sacrifié sur l'Autel de la Paix.
Oh, le coup était bien préparé ! Depuis l'Amérique, David fut le premier à le deviner. Là dans les allées de Central Park, il voyait Stanley Fischer qui joggait, joggait encore, joggait toujours. Devenu maigre comme Job qui se serait pris pour un fil de canne à pêche, Fisher, le bien nommé, passé Israélien par l'application de la loi du Retour, était à point pour devenir Gouverneur de la banque d'Israël. La banque et le capital allaient déclarer la guerre au houmous et aux bourekass qui font Israël. Et les Israéliens…
C'était la première étape du complot. Madonna devait suivre. Alors que Limor Livnat, Ministre de l'Education et des sports, mettait à la diète forcée le corps (sic) enseignant (Nathan Yahoo s'en était mèlé, évidemment) Judy veilla à lui enlever l'éducation physique pour la confier à Madonna. Avec mission de mettre le pays au pas de gymnastique. Gymnastique le matin, gymnastique à min'ha, gymnastique le soir.
Certes, Madonna n'avait pas la moindre grand-mère juive. Ni de grand-père plus ou moins juif. Ou, pour le moins, né dans l'ancienne Union Soviétique. Mais en Israël où le Zohar est vendu dans les supermarchés, distribué dans les stations d'essence, Madonna, nourrie de Kabbale –toujours à New York au Kabbala Center!– devenue la rivale avouée du Rav Kadouri, devait bénéficier de la loi du Retour honoris causa. Lors d'une cérémonie retransmise en direct depuis l'aéroport Ben Gourion, sous les oriflammes portant en lettres de feu: "Na Nana Nahman etc…" le ministre de l'aliya devait lui remettre un exemplaire du Zohar en guise de teoudath zehouth, alors que Judy, ouvrant les bras au nouveau ministre des sports proclamerait, avec des transports de joie: "Madonna ! A toi tout Israël se-phira"… Mais c'était ne pas compter sur David et sa fronde contre Silvain Shalom.
Voilà quelle était la cabbale. La partie visible de la cabbale! Mais qui vise-t-elle vraiment?
Vous le saurez en lisant ici même nos prochaines révélations exclusives.
22 mai 2005

Le complot (2ème partie)

Encore que tout cela partait d'un bon sentiment: Mettre Israël, donc Sharon, au goût des médias. Mais Sharon avait beau faire, faire sienne la politique des travaillistes au Gouch Katif, rien ne gaza, les médias ne désarmaient pas.
Alors on fit appel à un kabbaliste réputé - d'ailleurs tous les kabbalistes sont réputés - qui suggéra le "shinouï hashem" : changer le nom. Ari Kadoch pour Arik Sharon. "Ça ne sephira pas firent remarquer les services informatiques. Ce n'est pas le prénom, c'est "Sharon" qu'il faut changer. Vous n'avez qu'à regarder Goggle, dans la seule presse francophone, "Sharon" est associé 755 fois à "charogne".
Faux! coupa le spécialiste cinéma, "Sharon est bien perçu. Sharon Stone, tout le monde aime …"
Il fallut expliquer que Stone, "pierre" et "pi r" qui sert à calculer le volume du Premier ministre d'Israël n'avaient pas les mêmes effets. Ni sur les personnes ni sur les médias.
"Et puis, s'écria un certain Szigismond Zdjylbersztajn, on ne change pas de nom. Ça ne se fait pas. Concernant Sharon, il nous faut comprendre la différence d'appréciation entre les Etats-Unis et l'Europe. Les sympathies américaines vont au coca cola, aux crèmes glacées, aux hamburgers dont Arik fait visiblement la promotion. C'est arikméthique. En revanche, la fameuse enzyme du Bordeaux qui amincit les amateurs de foie gras, c'est elle qui compte en France. Et puis, quand les juifs étaient très très très maigres, en 1945, c'est alors, qu'en Europe, on les a le plus aimés. Les exercices de stade leur ont été salutaires. Non, les juifs, on les aime. Et c'est pourquoi les médias n'aiment pas Sharon, énorme, boule-doseur, antijuif –comme un antipape est un faux pape– qui après avoir fait tourner ses ministres en bourrique, s'héliporte vers sa ferme où ses moutons tournent en broche pour le rassasier. Vous croyez que le monde, ou que Le Monde le peut supporter? Non, ce n'est pas le nom qu'il faut changer, termina Szigismond Zdjylbersztajn, c'est Sharon. Comme chef de gouvernement d'Israël, il nous faut un juif, un vrai juif, qu'on peut aimer. Pas Pantagruel!"
Mais qui ? demandèrent les Sages de Sion.
Ils le sauront, et vous aussi, en lisant nos prochaines révélations exclusives.
07 juin 2005

Le complot (3ème et dernier épisode)

Reprenons, dirent les sages de Sion. Pour chef du gouvernement, il nous faut un juif que les médias vont aimer. Son programme importe peu. Il fera avec les sondages. Et le changera quand il sera au gouvernement. Ce qui est important, c'est que les médias l'aiment. Donc pas le genre "dominateur et sûr de lui…" Juste le contraire. Un peu effacé, qui ne fasse pas de vagues…
–C'est ça, approuva Madonna, qui s'était jointe à la réunion. Quelqu'un d'un peu brisé, de limité… Pour que les médias recommandent le tikoun. Ils adorent le tikoun. Chez les autres.
-Mais qui soit célèbre quand même, insista Judy la Rousse. A cause des photos. Peut-être du côté de Hollywood?"
L'idée plut. On consulta Yahoo et Google à charge de sortir un produit qui réponde aux définitions: "Juif"+ " Hollywood " + "limité". Et l'on obtint une citation venant tout de droit de Hollywood: Pas seulement de Holly-wood. De Woody en personne! "Comment est-il possible de trouver une signification à un univers limité, compte tenu de mon tour de taille et de ma pointure de col?" interrogeait Woody Allen, le plus aimé des juifs de l'écran.
Un silence d'une rare intensité saisit l'assemblée. Tout propos devenait superflu. Lunetté, la figure torturée, en proie à ses perpétuelles incertitudes, Woody Allen apparut à chacun dans son absolue maigreur. C'était le chef de gouvernement idéal. "Incurable, névrosé, torturé et s'apitoyant sans cesse sur son sort, affligé de travers, qu'il semble savourer avec un plaisir quasi masochiste", commentait Stig Björkman sur Yahoo, qui évoquait "ses innombrables phobies". L'assemblée était ravie. Voilà un juif qu'on pouvait aimer! Judy jubilait: "Avec 2.660.000 citations sur Google, il est un modèle, dit-elle, pour tous les Israéliens…Ouaa! On va tous nous aimer"
Mais, on l'a dit, c'était ne pas compter sur David Ay-Alone. On avait installé dans la salle de réunion un téléphone avec haut parleur. Depuis Washington l'ambassadeur expliqua "que dans la vie de tous les jours, Allen, était exactement le contraire de ce qu'il paraissait être sur scène! Déjà qu'au Goush Katif, Sharon fait le contraire de ce qu'il a annoncé, vous vous imaginez ce qui va se passer avec Allen. Je ne suis pas le seul à le penser…"
La communication était mauvaise.
–What ? demanda Madonna.
– I am not alone…
– Mais si vous n'êtes pas Ay-Alone, je n'ai rien à vous dire, dit Madonna. And where is Allen?
– I am not Allen, cria l'Ambassadeur furieux. I am Ay-Alone, but I am not alone.
Plus personne ne comprenait plus rien. Madonna entra dans une de ces fureurs dont les stars sont coutumières. Et plus rien ne marcha dès lors. Ce qui prouve bien, I I I (lire: aï aï aï…) que to be or not be reste la question.
26 juin 2005

Le non-dit puis le malheur

On le sent à la voix du speaker. A sa légère hésitation. Comme une gêne que l'auditeur perçoit dans le bulletin d'information de 7h. "L'Autorité palestinienne", entend-on dire, "annonce la mort d'un Palestinien". Et le speaker dit qu'il se pourrait bien qu'un terroriste palestinien ait été tué, près de Toulkarem. Ou ailleurs. Parce que, malgré le cessez-le-feu, au nord de Toulkarem (ou ailleurs) l'homme avait déjà enregistré sa bande vidéo de chahid. Alors, il se pourrait bien…
Il n'a rien dit d'autre. Il n'a pas dit, le speaker : "ein nifgaïm le ko'hoténou" ("Personne n'a été atteint chez nous"). Il ne pouvait pas le dire, parce que, n'est-ce pas, c'est l'Autorité palestinienne qui disait… Alors on est passé à autre chose. A l'ordre du jour du gouvernement.
Il l'a dit au bulletin de 9h. Il a dit que "cette nuit, au nord de Toulkarem, une patrouille… sur la trace de deux terroristes a été prise sous leur feu. Un 'hayal (soldat) de Tsahal a été gravement blessé et, malgré les soins intensifs sur place, il est mort, en arrivant à l'hôpital…Sa famille, a-t-il dit, est informée."
Et le malheur s'est abattu en Israël.
2 mai 2005

 

Ce que je crois

Pour le KKL, nous avons tous l'estime que méritent son histoire et l'œuvre qu'il continue de réaliser. Beaucoup gardent en leur cœur, l'affection que le tronc bleu-blanc y imprimait naguère. Mais pourquoi faut-il que le Kéren Kayémeth Leisraël qui a la garde de ce lieu, préside aux commémorations faites à Roglit, devant le mémorial des déportés juifs de France ainsi qu'à l'hommage rendu aux déportés par les ministres français lors des visites officielles en Israël ? Le KKL est une organisation de service. Il lui appartient de rendre le service pour lequel il est désigné. Les discours de ses dirigeants ne s'imposent d'aucune manière.
Une remarque qui m'amène à corriger l'aimable personne qui a pour habitude d'annoncer l'émouvant Jacques Stroumsa, le "violon d'Auschwitz". Traduire "Ani maamîn", par "Je crois… J'ai la foi…" est un contresens. "Ani maamîn" sont les premiers mots de la formule abrégée par laquelle Maïmonide évoque l'espérance messianique. "Je crois d'une foi parfaite, sanglote à son tour et proclame le violon, en la venue du Messie…" On le soulignera d'autant plus que du point de vue de la théologie juive, la question de la foi ou de la croyance se pose en d'autres termes que dans l'occident chrétien. Le juif ne se définit pas selon sa foi. Il est observant des mitsvoth, des Commandements. Il peut l'être plus ou moins. On ne demande pas et l'on n'attend de personne qu'il nous dise s'il a la foi. Et la division, en Israël, entre datiim et non-datiim, "religieux" ou "non-religieux", n'a que peu de rapport avec la religiosité profonde des uns ou des autres.
7 avril 2005

Israël doit entrer en francophonie

20 mars, un jour avant le printemps, le Hiérosolomytain, qui la veille, serrait fort son manteau pour se protéger du vent froid, rencontre l'été à l'Université de Tel-Aviv. Et les étudiants, en colère, manifestant contre "l'université pour les riches" dont menacent les coupes sombres de M. Netanyahou. Dans l'amphithéâtre (bien rempli) du bâtiment Web des langues, on est solidaire, comme en témoigne l'inscription sur le tableau. D'autant que des cours de français risquent d'y passer, eux aussi. Une perspective quidonne à cette "Journée de la francophonie", sous la férule du Dr Kuperty-Tsur, Directrice du Département de français, comme un goût de manif. L'ancien ambassadeur d'Israël en France, Elie Barnavi, préside et en présence du Chargé d'Affaires de l'Ambassade de France, des ambassadeurs de Belgique et de Suisse, Tobie Nathan, malicieux Monsieur Culture de la France en Israël, parle de la Genèse en guise de "Conférence inaugurale". Logique. Et de ce qu'on dit de la genèse du monde en Afrique. Et de l'ennui sur la terre des hommes si, ô Babel, il n'y avait plus qu'une seule langue, le sabir uniforme qui nous vient de New York.
Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre français
à Jérusalem - © M. Rothé
On ne s'est pas ennuyé à la journée de la francophonie qui finit, tard, sur les accents de guitare. Et on ne s'ennuiera pas si, Israël, voulait se décider à faire acte de candidature à l'Organisation Internationale de la Francophonie. Israël l'avait demandé naguère. En 97 (sommet de Hanoï) et en 99 (sommet de Moncton). L'Organisation s'était inclinée devant le refus du Liban, sous commande syrienne. Or l'absence d'Israël avec ses foules francophones est absurde et de ce point de vue, aussi, porte préjudice à la francophonie. Le Gouvernement français a fini par le comprendre qui, par la bouche de M. Chirac au président Katsav lors de sa visite d'Etat à Paris, puis par l'oracle de Michel Barnier, en octobre dernier, lors de la conférence à l'université de Tel-Aviv du Ministre des Affaires étrangères et enfin, par son Premier ministre, lui-même, le 15 mars 2005 devant les Français réunis à Jérusalem, a exprimé le souhait qu'Israël entre en francophonie.
Mais à Jérusalem, aujourd'hui, on fait la moue. On ne le reconnaît pas, mais d'aucuns préfèrent la proximité du Commonwealth plutôt que de l'OIF. Et il est vrai que ces organisations ont aussi, en tant que telles, des objectifs politiques. Alors, du côté des Affaires étrangères, on affirme qu'Israël, ne veut pas être confronté à un nouveau refus de l'Organisation.
On peut penser autrement. Prendre en compte l'importance des multiples rencontres entre maires francophones, entre enseignants, entre acteurs, entre chercheurs et autres universitaires, qui permettraient aux Israéliens de parler, d'expliquer, de mieux se faire comprendre. On peut penser estimer que les risques d'exclusion sont aujourd'hui très faibles et que si, malgré tout, Israël devait être pestiféré en francophonie, l'opprobre ne le salirait pas. Ce refus-là, s'ajouterait à ses panaches blancs.
20 mars 2005

Célébrons…

Tout le monde le dit, ça va mieux entre la France et Sharon. Une preuve de plus : les mots qui, cette année, vont célébrer la langue française, parmi lesquels on relève : "Désenchevêtrement", un terme que présente le professeur Gérard Toulouse du laboratoire de physique théorique de l'École normale supérieure. Encore que parler de physique théorique, à propos de M. Sharon, relève de ce que les Anglais appellent le "wishfullthinking". (A ceux qui me reprocheraient le recours à cet anglicisme : Essayez donc de prononcer wishfullthinking ! et vous verrez comme c'est plus beau: les sanglots longs des violons de l'automne, non, mais!)
Bon, on revient à "Désenchevêtrement". A l'évidence, nous sommes en présence d'un substantif, formé par le verbe "enchevêtrer" qui, précédé de "dés", indiquant la privation, vise à acclamer les ruades d'Ariel Sharon, enchevêtré jusqu'au cou, dans son parti, pour cause de désengagement.
D'où l'exemple du verbe "enchevêtrer" que donne le dictionnaire Robert: "Le cheval s'est enchevêtré" et d'expliquer: "s'est empêtré dans la longe de son licou". C'est bien sûr, "licoud" qu'il faut lire.
Février 2005 - Paru aussi, dans la Lettre de l'Adfi".

Vains devins divins

Le Sunami au Sri Lanka - © Roger Wolff
L'immense tragédie du Sunami a amené divers détenteurs de titres religieux, toutes confessions confondues, à décréter que c'est le Bon Dieu qui a déclenché le cataclysme. Avant d'expliquer pourquoi il a livré des dizaines de milliers d'innocents de tous âges à une mort atroce.
La tentation était trop forte. L'histoire de Sodome et Gomorrhe ne pouvait pas ne pas inspirer l'un ou l'autre de ces experts ès théofouettardologie. Parmi les certitudes exprimées, parmi toutes celles qui malgré l'obscurantisme ambiant gardent le don de vous surprendre encore, je relèverai le propos qui établit une relation de cause à effet entre le départ des Juifs du Goush Katif et le sunami. Le cataclysme, a-t-on pu lire dans les journaux – sans même que l'éminent auteur de cette communication ait jugé utile de la démentir – est une sanction contre les nations pour avoir encouragé Israël à sortir de la Bande de Gaza.
Que la terre n'ait pas tremblé à l'écoute de ce discours restera l'un des mystères de ce temps.
Février 2005.

 

Sur le terrorisme et ses définitions

Après les attentats de Londres, un forum des "Français de l'étranger" sur le net, m'a amené à rappeler certaines définitions ou données que je ne crois pas inutile de reproduire ici:
Le "kamikaze" renonçait à sa vie pour détruire un objectif militaire menaçant son pays. "Bombe humaine" conviendrait davantage pour désigner les porteurs de ceinture explosive. Encore que la formule a un côté… humain inadéquat. Mais qui comprendrait : "Bombe anthropoïde"?
"Sacrifier" est à bannir. Le terroriste ne "sacrifie" sa vie que dans des cas exceptionnels. De manière générale, il n'hésite pas à "sacrifier" celle des autres. Y compris celle d'adolescents auxquels on fait croire que la mort leur ouvre les portes du paradis et de leurs 72 vierges. Surtout, le poseur de bombe ou le porteur d'une ceinture explosive n'est qu'un pion du réseau. Mesure-t-on l'infrastructure, la logistique et l'argent nécessaires pour mener à bien une opération terroriste comme celle qui a eu lieu à Londres? Ou pour "charger" et conduire jusqu'au lieu du crime une bombe anthropoïde?
Sur la différence entre "guerre" et "terrorisme": Depuis le procès de Nuremberg, les armées, ou ses soldats à tous les échelons, sont condamnables pour "crimes" de guerre. Le terroriste qui d'emblée cherche à tuer des civils (c'est le cas le plus répandu) est par définition un "criminel".
Il n'y a pas que le forum. La BBC, elle aussi a mal à ses définitions. Haaretz du 21 juillet rapporte qu'immédiatement après les attentats de Londres, l'agence qualifiait leurs auteurs de "terroristes". Ce que d'aucuns ont trouvé really shocking. L'agence ne s'était-elle pas abstenu d'user de ce terme, parce qu'il implique un jugement de valeur, pour les attentats au Proche-Orient, en Irlande ou en Irak? Sur quoi la BBC est passée à… "bombers". Ce qui, aussitôt, a provoqué des réactions en sens inverse. Avec un méchant humour, un correspondant a demandé que la BBC cesse d'appeler les jeunes gens qui se font sauter par ce terme raciste, et a suggéré le concept de "membres de la communauté fondée sur des explosifs". Bref, après des centaines de critiques, dont certaines étaient totalement dépourvues d'humour, la BBC a capitulé et les "bombers" sont redevenus des terroristes.
D'ici qu'on reproche à la BBC d'avoir cédé au terrorisme intellectuel. Isn't it?
26 juillet 2005

Les racines du mal

"Je crois que ce type de terrorisme a des racines très profondes", a déclaré le Premier ministre britannique Tony Blair, deux jours après les attentats de Londres. "Tout comme il faut en traiter les conséquences, en tentant de nous protéger autant que peut le faire une société civile, il est nécessaire de remonter aux racines" de ce fléau, a-t-il ajouté. Cet effort, a-t-il explicité, implique un renforcement du dialogue entre personnes de religions différentes, une aide pour l'établissement de la démocratie au Proche-Orient et un règlement du conflit israélo-palestinien.
On peut apprécier différemment cette sorte d'excuse fournie au terrorisme; remarquer, puisque aussi bien on a abondamment évoqué le comportement de nos amis anglais pendant le Blitz, que personne n'a proposé, alors, de régler le problème des Sudètes pour arrêter les bombardements. S'il il est juste, s'il est indispensable d'étudier les causes du terrorisme pour tenter d'y mettre fini c'est l'encourager que d'en masquer les raisons ou de les couvrir de dentelles.
Ainsi, n'ai-je pas l'impression qu'un dialogue renforcé entre "personnes de religions différentes", entre par exemple, moi et Ferdinand Boucher, mon ex-voisin chrétien du pallier de l'Allée Anne de Beaujeu, dans le 19ème, pourrait juguler le terrorisme. Quant au conflit israélo-palestinien, on peut estimer, précisément, que sa solution sera possible au jour où les racines du terrorisme auront été extirpées. Que l'on ne demande pas pour autant à Israël de favoriser cette solution de la manière dont l'entendent ceux qui inspirent et pratiquent le terrorisme.
Rien ne permet de soupçonner M. Blair de semblable pensée. Mais ceux du terrorisme trouveront dans son propos de quoi alimenter leur dessein. Et leurs provisions d'explosifs.
10 juillet 2005

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