Myrtil Bloch
par Andrée Salomon
Extrait de L'ALMANACH DU KKL STRASBOURG, 1953


Originaire de Wintzenheim près de Colmar, Myrtil Bloch était professeur de mathématiques au Lycée Kléber St-jean à Strasbourg.

Il était un ancien étudiant sioniste, d'une belle culture juive et très averti de toutes les choses sionistes. Membre actif de l'organisation locale, il avait pris part aux Congrès divers et, à l'époque où Théodore Herzl avait recommandé "la conquête des Gemeindestuben" il avait accepté la charge d'administrateur de la Communauté de Strasbourg.

Cet homme cultivé et intelligent était doué d'un bel humour qui faisait de lui le plus charmant des compagnons ; c'était, d'ailleurs, un ami très fidèle. Il avait conservé une remarquable modestie dans toutes ses activités et était apprécié pour son esprit d'initiative et son efficience.

Sa solidité morale qui se reflétait dans sa personne physique et la constance de ses sentiments sont bien connus par tous ceux qui l'ont approché. Rien d'étonnant que l'Organisation Sioniste régionale l'ait élu comme trésorier et conservé à ce poste de confiance pendant de longues années.

Mais c'est comme président de la commission du K.K.L. de Strasbourg qu'il a donné toute la mesure de son talent d'organisateur. Sous son impulsion de nombreuses collectes de fonds furent menées à bien et c'est dans les années d'avant-guerre, sous sa présidence, que Strasbourg a connu ses plus belles réunions de jeunes travailleurs pour le K. K. L., du "Gdoud K. K. L", et l'extension de l'activité dans tout le département.

Il était admirablement aidé par sa femme, Andrée Bloch, qui avait pris le plus vif intérêt aux choses d'Israël ; membre actif du groupe féminin Ghaléi, elle en assurait l'administration financière.

L'évacuation de Strasbourg a amené la famille Bloch à Bordeaux, où Myrtil Bloch fut appelé à enseigner au Lycée Longchamp. C'est là que lui parvint la nouvelle de la déportation de Georges Bloch, son fils aîné, stagiaire dans une ferme près de Nevers.

Lorsque les circonstances l'ont amené à quitter Bordeaux, Myrtil Bloch se réfugia avec sa femme à Moissac. Un sort implacable l'atteignit dans cette ville. Lui-même et sa femme furent pris par la Gestapo, emprisonnés et déportés.

De Drancy, il adressa à ses deux enfants survivants une lettre qui est un vrai testament spirituel, et qui traduit bien l'inébranlable sérénité d'âme de cet homme qui a été un vrai père de famille, et un fidèle constructeur pour Israël.

Andrée Salomon


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