Dès 1935 : une réponse cinglante à Mein Kampf !
Irène Harand : Le Combat contre la croix gammée
Alain Kahn


"Kampf gegen das Hakenkreuz" (Le Combat contre la croix gammée) : Le combat d’Irène Harand (1900-1975) contre le national-socialisme et l’antisémitisme en Autriche est évoqué en particulier par le site du cercle d’étude de la déportation et de la shoah : http://www.cercleshoah.org/spip.php?article304.

Irène Harand est née à Vienne en 1900 dans une famille catholique et monarchiste. Elle travaille comme secrétaire chez l’avocat Moritz Zalman, fondateur de la Fédération des petits retraités et épargnants. Ils créent en 1930 le Österreichische Volkspartei (ÖVP), mais obtiennent très peu de voix. Irène crée en 1933 le Mouvement mondial contre la haine raciale et contre la misère (Weltbewegung gegen Rassenhass und Menschennot). Elle organise des meetings contre l’antisémitisme dans lesquels elle rassemble beaucoup de monde, plus de 2 000 personnes à la Wiener Zirkushalle. En 1935 elle publie, Sein Kampf, Antwort an Hitler (Son Combat, Réponse à Hitler), Vienne, autoédition, 350 p., à 15 000 exemplaires, traduit en français et en anglais.
Quand l'Alemagne nazie envahit l'Autriche en 1938 (l'Anschluss), Harand se trouve à Londres : cela lui sauve la vie, car sa tête avait été mise à prix par les nazis pour une somme de 100,000 Reichmarks. Elle émigre alors aux USA, où elle crée et dirige le Forum Culturel Autrichien.
En 1969 elle reçoit la médaille de Juste parmi les Nations, décernée par l'Etat d'Israël.
Irène Harand décède à New York en 1975, et elle est enterrée à Vienne.
En 2008, son nom a été donné à une place de sa ville natale.

L’obsession antisémite d’Hitler

C’est l'ouvrage Son Combat, Réponse à Hitler qui fait l’objet de cet article, essentiellement au niveau de l’obsession antisémite d’Hitler. Irène Harand, en tant que catholique, répond précisément, point par point à cet antisémitisme de Hitler qui veut dominer le monde. Malgré son interdiction, le parti national-socialiste devient de plus en plus fort en Autriche. Avec Moritz Zalman, elle édite un hebdomadaire Gerechtigkeit (justice) à 28 000 exemplaires, aussi en polonais et en français, qui sont diffusés dans une quarantaine de pays, contre les "barbares bruns". En 1936, le mouvement compte en Autriche, 30 000 participants et le nombre de sympathisants est autour de 80 000. Après l’humiliation de Schuschnigg par Hitler, le 12 mars 1938, les troupes allemandes franchissent la frontière autrichienne. Quand la Gestapo vient pour arrêter Irène Harad dans son bureau à Vienne, elle est à Londres. Sa tête est mise à prix, ses écrits brûlés, son mouvement interdit. Elle essaie de faire sortir d’Autriche Moritz Zalman avec de faux papiers, mais il est trahi par le passeur et il est interné et assassiné à Sachsenhausen. Elle se réfugie aux États Unis et continuera inlassablement à faire des conférences contre le nazisme.

Irène Harand introduit sa réponse au Mein Kampf (en 1935 !) ainsi : " Pour la "Croix Gammée", qui ne recule devant rien, pas même l’assassinat en masse, l’antisémitisme n’est qu’un moyen pour consolider son pouvoir". Dans un premier temps elle démontre que la croix gammée, symbolisant Hitler, apporte en quelque sorte une "licence pour écraser l’ennemi par le mensonge et la calomnie. C’est ainsi que fut inoculé dans l’âme des jeunes un poison qui doit en faire des ennemis de l’humanité", d’ailleurs, Mein Kampf ne doit-il pas servir de base à l’enseignement de l’histoire dans les écoles et doit influencer la formation spirituelle de la jeunesse allemande selon le décret du Ministre de l’Enseignement du 9 novembre 1934 ? Elle constate par ailleurs que la première initiative d’Hitler fut de créer un "groupe terroriste chargé d’organiser des désordres aux réunions des adversaires et d’exécuter des attaques nocturnes contre les juifs". Hitler a de plus écrit qu’on ne saurait nationaliser les masses qu’en les fanatisant : " La haine est plus durable que le ressentiment, dit-il. De tous temps, l’élan vers les bouleversements été nourri moins par la compréhension scientifique que par un fanatisme qui excite les masses, et quelquefois par une hystérie collective qui les pousse en avant. Ce que veut la masse, c’est la victoire du plus fort et l’anéantissement du faible, réduit au moins à une servitude sans recours".

Le décor est planté !
Voici ses arguments :

1. L’inanité de la division des hommes en "aryens" et "non-aryens" :

"L’humanité a pu avancer non, comme le dit Hitler, grâce à la force brutale, mais en vertu des idées". Et elle donne comme exemple ce que représente Moïse : "J’ignore quel était l’aspect extérieur de Moïse. Mais je sais ce qu’étaient son esprit et son âme. Je sais qu’il a proclamé les dix commandements à une époque où le monde était plongé dans la barbarie et la sauvagerie. Cet homme peut être considéré comme l’un des plus grands civilisateurs de la terre. Dès lors, n’est-il pas absurde de nous préoccuper de savoir si Moïse fut blond ou brun, si ses yeux étaient bleus ou noirs, si la forme de son crâne était large ou oblongue ? Le seul fait réel qui importe est que Moïse fut un homme supérieur au point de vue spirituel et c’est là l’unique point de vue que peut adopter la postérité pour le juger. En faisant grâce à son autorité, à sa volonté de fer, condamner le meurtre, le vol, le faux témoignage, Moïse a rendu à l’humanité un service inestimable".

2. Les ignobles "particularités raciales" qu’auraient les juifs :

"A quelle absurdité peut mener le désir de tout mesurer par la race les faits suivants le démontrent".
En effet Irène Harand évoque en particulier qu’aux Jeux Olympiques d’Amsterdam en 1928, la championne du monde de l’escrime fut Hélène Mayer d’Offenbach. "Et toute la presse allemande de chanter des hymnes à cette 'jeune fille blonde parmi la smala internationale aux cheveux noirs qui cherchait à donner le ton à Amsterdam'. Eh bien, avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus, Hélène Mayer était fille du médecin juif Dr Mayer".

3. Les juifs seraient attachés au "ghetto"

Elle démontre au contraire que : " Pour le peuple juif, le ghetto a été une cruelle maladie et ses conséquences n’ont pas encore entièrement disparu. N’est-il pas absurde de les cultiver artificiellement au lieu de chercher, par tous les moyens, à faire disparaître ces traces morbides ? Comment s’imaginer qu’en Palestine les juifs voudraient reprendre le mode de vie auquel ils étaient condamnés en Pologne et dans certaines parties de l’Ukraine, de la Hongrie, de la Slovaquie, où, le dos courbé, timides et humbles, ils continuaient l’existence de leurs aïeux dans les ghettos ? Toute trace de la mentalité du ghetto a disparu en Palestine. Les juifs y sont retournés à l’agriculture, grâce à quoi les êtres craintifs et anxieux sont devenus de vaillants paysans. A la campagne et dans les villes s’est formée une jeunesse nouvelle, qui est l’espoir et le soutien matériel du peuple. La Palestine est en voie de devenir un paradis, et cela exclusivement grâce aux juifs, à ces mêmes juifs qu’on a toujours traités de parasites, de paresseux, de jouisseurs, de cupides, de matérialistes. Au prix de leur vie et leur santé, ils ont rendu fertile une grande partie du sol palestinien qui, sous la domination des Turcs et des Arabes, était devenue stérile, couvert de marais générateur de fièvre. Là où s’étendaient des déserts que fuyaient les hommes, verdissent maintenant des champs. Là où erraient les chacals, on entend maintenant la rumeur des machines, les joyeux chants de la jeunesse ouvrières".

Le regard sur les juifs par de grandes personnalités

Elle cite notamment le cardinal Faulhaber qui disait à cette époque dans un sermon : "Dans le monde entier les juifs sont persécutés, mais les méthodes employées dans notre patrie sont pour nous une honte. L’histoire nous enseigne que le Seigneur a toujours puni les bourreaux du peuple juif. Catholiques, mes frères ! On n’exterminera pas les juifs par la haine et les persécutions. Le peuple le plus ancien de la terre a déjà beaucoup souffert, parce qu’il est resté fidèle à sa foi sublime. Prenons exemple sur les juifs. Eclairez vos frères, expliquez-leur que la haine raciale est une herbe vénéneuse. Extirpez cette terrible et inhumaine prévention contre un peuple qui ne cesse de souffrir".
Ainsi que, étonnamment, Nietzsche dans La science Joyeuse : "Justement sous le rapport du raisonnement, des habitudes intellectuelles, L’Europe est de beaucoup redevables aux juifs … Ils ont atteint, dans l’Europe moderne, à la forme suprême de la spiritualité".

Ou encore Karin Michaëlis, écrivain danois : "Comment peut-on enseigner aux petits enfants nationaux-socialistes qu’ils doivent être bons et honnêtes, qu’ils ne doivent faire du mal ni aux fleurs ni aux bêtes, tout en chassant du sein du peuple un groupe humain ? Oh ces petits enfants juifs ! Ils interrogent, étonnés, leurs parents : Qu’avez-vous donc fait ? Que nous arrive-t-il ? Le mal qu’on fait aux juifs me parait aussi néfaste à l’égard des enfants aryens qu’à l’égard des enfants juifs. Car l’âme des enfants, allemands aryens, subit un préjudice que rien ne saura réparer ! N’ai-je pas vu de mes yeux comment ; au front, des médecins juifs dépensaient leurs dernières forces, quittes à mourir d’épuisement, pour aider les blessés ? N’ai-je vu des femmes juives, qui avaient donné à la patrie leurs maris et leurs fils, continuer à soigner comme infirmières les blessés, avec calme et dignité ? Sans plaintes, sans pose. Je ressens une tristesse si amère justement parce que je connais, que j’aime et respecte la race juive."

5. Le mensonge sur l’usure juive

Irène Harand rappelle tout d’abord, en citant le Cardinal Innitzer, archevêque de Vienne en 1932, que les anciens juifs étaient des cultivateurs, des éleveurs, des artisans. Elle précise qu’au temps de Jésus on comptait plus de quarante métiers qui satisfaisaient à toutes les exigences de la vie quotidienne et que le Talmud enjoignait à tout père de famille de faire apprendre à son fils un métier manuel et les savants en faisaient autant. Elle rappelle ensuite, suite aux migrations, que les Francs et les Burgondes traitaient les juifs à l’égal des Romains. Ils pouvaient exercer sans entrave l’agriculture, l’artisanat et le commerce.Charlemagne lui-même (768-814) voyait que par leur activité commerciale les juifs faisaient monter le niveau de civilisation et augmenter le bien-être.

La situation changea à partir des croisades puisque les juifs furent contraints de faire de l’usure alors que le prêt à intérêt est interdit par la Torah (Deutéronome 23:19-t 20). Avant le 12ème siècle les juifs ne se sont jamais occupés d’usure et c’est dans le bas moyen âge qu’ils furent contraints de le faire sous peine de mourir de faim puisqu’ils étaient exclus de tous les postes administratifs, de toutes les dignités, de l’agriculture, des corporations, des maîtrises, de l’artisanat comme de la plupart des branches de commerce. Les profiteurs de l’usure juive étaient les grands seigneurs propriétaires. Ils exposaient les juifs à cet opprobre tout en empochant les profits. L’usure n’était de loin l’apanage des juifs et de nombreux exemples le prouvent comme cette bande d’usuriers qui à l’époque avait été condamnée à proximité de Vienne. Ils arrachaient aux pauvres paysans annuellement jusqu’à 80 % d’intérêts. Aucun juif ne figurait parmi eux ! Lorsqu’il s’agit d’usuriers non-juifs aucun journal ne relate leurs faits et gestes en les imputant à leur religion. S’ils sont condamnés on lit tout au plus une brève notice mais quand il s’agit d’un procès d’usuriers juifs, le délit passe à l’arrière-plan par rapport au crime "d’être juif".

6. Les mensonges sur le Talmud

"La croix gammée affirme que le Talmud ordonne d’anéantir les non-juifs, y compris les femmes et les enfants. Or, au contraire, la loi juive prescrit à ses fidèles de se comporter dans les affaires comme dans l’exercice de la charité, exactement de la même façon à l’égard du non-juif et du juif." A l’appui de sa démonstration, elle cite quelques enseignements comme : "Si quelqu’un te dit : tue celui-ci ou tue celui-là, sinon je te tuerai, alors laisse toi tuer plutôt que de commettre un meurtre." (Sanhédrin 74a) ; ou : "Jamais aucun voile ne cachera à l’œil du Seigneur trois choses : l’imposture, le vol et le culte des idoles ;" (Baba Metzia 59a) ; ou encore : "Un vrai héros est celui qui parvient à faire un ami d’un ennemi." (Avoth de Rabbi Natan 23) ; et aussi : "Jamais ce que tu penses ne doit entrer en conflit avec ce que tu dis." (Baba Metzia 49a).

7. Le mensonge sur sur le meurtre rituel

"Il suffit de connaître la littérature juive pour comprendre qu’il est absolument impossible d’y trouver la prescription de meurtres dans des buts rituels. Au contraire à plusieurs reprises Moïse interdit l’usage du sang (Lévitique ch.12). La déclaration de l’archevêque de Volhynie, en 1913, est explicite : "Le peuple oublie son propre Seigneur et va si loin dans sa haine qu’il accuse les juifs d’un crime aussi monstrueux que le meurtre rituel. L’ignorance de ces accusateurs est en vérité, effarante. Ils s’imaginent qu’il est dit dans la Bible que les Israélites doivent se servir de sang pour la préparation de leurs plats pascaux ! C’est là un conte, il ne faut cesser de le répéter. J’affirme que la rumeur selon laquelle il y aurait parmi les juifs une secte faisant usage du sang chrétien n’est qu’un affreux mensonge.". Irène Harand ajoute : "Jamais dans aucun de tous les procès pour meurtre rituel, on n’a pu apporter la preuve de la culpabilité des juifs". Suite à un procès qui eut lieu en 1913 à Kiev, un appel signé à Berlin par 215 savants, députés, ecclésiastiques et artistes fut publié comme suit : "Ces sortes d’accusations n’ont jamais pu être soutenues d’une ombre de preuve. Les spécialistes chrétiens de la littérature juive les plus considérés ont démontré, sans contestation possible, qu’à aucun moment la religion juive n’avait poussé ses fidèles à commettre des meurtres sur leur prochain."

8. Il n’y aurait pas d’idéalisme juif

Dans Mein Kampf, Hitler affirme qu’il manque au peuple juif "totalement la prémisse essentielle, indispensable à un peuple civilisé : l’idéalisme…".
Pour démontrer le contraire, l’auteure se fonde sur des faits empruntés tant à l’histoire des juifs qu’à l’histoire de la grande guerre, pour montrer comment ils s’y sont comportés. Elle évoque le combat de David contre le géant Goliath, le roi Saül qui, vaincu, préféra se jeter sur sa propre épée, se donnant une mort digne d’un roi, et bien sûr la révolte des Macchabées et notamment la déclaration de Mattathias : "Même si tous les peuples consentaient à trahir les antiques croyances, moi, mes fils et mes frères nous demeurerons fidèles à la religion de nos pères !" Pendant le siège de Jérusalem par Titus et l’armée Romaine qui aboutit à la destruction du temple, l’héroïsme était de mise : "En dépit de la famine, de l’épuisement, de l’absence de tout espoir, ils luttaient avec un héroïsme, une impétuosité tels qu’ils semblaient invincibles. Leurs ennemis eux-mêmes en étaient fascinés. Plusieurs légionnaires quittèrent les aigles romaines et se convertirent à la religion d’un D.ieu qui envoyait à ses fils de telles forces. Cette conversion de quelques ennemis à l’heure du plus grand danger remplit les juifs de fierté. Comment concilier ces hauts faits des juifs avec l’accusation de lâcheté et de vilenie que leur reproche la croix gammée ?"

Des proies faciles

Les martyrs de la foi juive au moyen âge sont également évoqués. "Dès la nouvelle des Croisés, la communauté juive de Trèves fut saisie d’une horreur telles que certains préférèrent, sans attendre se donner la mort, à eux et à leurs enfants. Les femmes et les jeunes filles s’attachaient des pierres au cou et se jetaient dans la Moselle, afin d’éviter d’être déshonorées ou forcées d’abjurer leur foi. La seconde croisade valut aux juifs plus de souffrance encore. Un moine français, Rodolphe, fanatisait les Allemands. Partout on guettait les juifs. On les massacrait dans la rue, dans les maison, et les plus fermes d’entre eux attendaient la mort en priant et en lisant les livres sacrés". Le Concile de Latran, en 1215, imposa aux juifs dès l’âge de 12 ans le port de la rouelle pour en faire des proies faciles.

Au sujet de l’attitude des juifs pendant la grande guerre : le nombre total des victimes juives anglaises connues s’élève à 8700 dont 316 officiers et sous-officiers, et 2000 soldats tués au front ; le reste sont les disparus et ceux qui moururent des suites de leurs blessures. On compte 2120 juifs français morts au champ d’honneur. "Sur les vingt rabbins qui partirent au front en qualité d’aumônier, un mourut de maladie et trois autres furent tués pendant qu’ils s’acquittaient de leur tâche. Le grand rabbin Abraham Bloch fut atteint d’une grenade au moment où il présentait le crucifix à un blessé chrétien qui, se sentant mourir, le lui avait demandé. En ce qui concerne les juifs allemands, 12000 au moins d’entre eux sont tombés au champ d’honneur parmi les 96000 soldats juifs qui servirent pendant la grande guerre l’armée allemande. Avant 1917, il y eut déjà 474 morts parmi les officiers juifs autrichiens. Le lieutenant-feldmaréchal chevalier Richard de Gruber : " n’ayant jamais distingué les juifs des autres, je ne puis que constater que jamais aucun des commandants sous mes ordres ne s’est plaint d’un manquement quelconque de la part des juifs."

Parmi les juifs américains, 3500 tombèrent au champ d’honneur soit environ 5 % des pertes en hommes subies par les Américains. Irène Harard s’interroge : " Comment expliquer la contradiction entre ce que profère Hitler et la conduite effective des juifs pendant la guerre mondiale ? Il y a bien une explication. p. 200 de son livre Mon Combat, il écrit littéralement ceci : "Le but de la propagande n’est pas, par exemple, l’appréciation de divers droits … Elle n’a pas à rechercher objectivement la vérité dans la mesure où elle est favorable à la partie adverse …"

9. Les mensonges contenus dans les Protocoles des Sages de Sion

La propagande nazie utilise ces "protocoles" pour faire croire qu’à l’occasion du congrès sioniste à Bâle en 1897, il y aurait eu 26 séances secrètes avec des "francs-maçons" ou des "sages de Sion". Ils auraient conçu le plan infernal d’instaurer, à l’aide des plus vils moyens, une domination mondiale juive, un pouvoir suprême qui commanderait à tous les Etats du monde. Ces protocoles seraient les procès-verbaux de ces séances … Irène Harand démontre magistralement qu’il s’agit d’un faux, "qu’il est heureusement prouvé, sans contestation possible, qu’il s’agit de la plus grande, de la plus lâche, de la plus criminelle imposture de notre époque". La justice a d’ailleurs conclu qu’il s’agit bien d’un faux.

En effet, un certain Philipp Graves, journaliste et correspondant du Times à Constantinople, acheta, en 1921, par hasard un livre français. "En le lisant il y découvrit, à sa profonde stupéfaction, des passages entiers qu’il connaissait pour avoir lu Les Protocoles des Sages de Sion et ce n’est que quelques temps après qu’il apprit que c’était l’ouvrage de l’avocat parisien Maurice Joly, paru en 1864 sous le titre : Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu et qui était un pamphlet déguisé contre la politique de Napoléon III. Graves établit sans peine que Les Protocoles n’étaient qu’un plagiat du pamphlet, avec cette différence que les plans infernaux attribués par Maurice Joly à Napoléon III étaient dansLes Protocoles imputés aux juifs. Ses révélations publiées en 1921 firent sensation. Puis, en 1934 et 1935, des nationaux-socialistes suisses furent poursuivis à Berne en diffamation car ils diffusaient ces fameux "Protocoles". Un comité d’experts dut se prononcer. Leurs expertises ont anéanti les diffamateurs."

Plagiat

Il avait été prouvé que les "Protocoles" reproduisent les "Dialogues" exactement dans le même ordre, et non moins de 170 passages se trouvent littéralement copiés par des faussaires russes. Ils ont été fabriqués à Paris en 1905, sous la direction du chef de la police secrète russe à l’étranger, Ratchkovsky. "Le faux avait été entrepris pour des raisons de politique intérieure : il devait prouver au tsar Nicolas II que l’attaque contre le régime tsariste venait des juifs. Depuis la débâcle de la Russie tsariste, Les Protocoles sont employés dans le but de convaincre l’opinion publique de tous les pays que le judaïsme était dirigé par des chefs ignorés qui, par les moyens les plus criminels, aspiraient à la domination mondiale. La politique intérieure russe, qui avait besoin des pogromes comme d’un certain dérivatif, détournant la haine du peuple russe sur les juifs, comme aujourd’hui on la détourne dans l’Allemagne nationale-socialiste.
Parmi les "attendus" du jugement du tribunal de Berne en 1935 figuraient les raisons suivantes : "La production de la preuve de l’authenticité des Protocoles est définitivement démontrée comme impossible. Depuis 1924, il est notoire qu’ils sont un plagiat. Il est donc irréfutablement établi que les Protocoles sont un faux. Ils tombent sous l’article 14 de la loi de Berne sur la littérature scélérate, car ils exercent un effet démoralisant, font appel aux instincts violents et sont une provocation au crime. C’est un faux et un plagiat. Et non seulement c’est un ouvrage de rebut, mais encore un ouvrage absurde."

10. Le bilan de la croix gammée … en 1935

Irène Harand cite un livre, de l’époque, de l’écrivain allemand Heinz Liepmann intitulé La mort – made in Germany : "Si la nuit, je pense aux juifs, je ne peux plus me rendormir … J’entends mille voix qui gémissent, qui crient. Je vois des yeux mourir lentement, je vois des mains transformées en lambeaux sanglants, et des dos gonflés de cloques. Je vois, ruisselantes de sang, des barbes et des jambes fracassées. Que de cadavre ! Mais les juifs n’étaient pas des ennemis, - c’est cela qui m’empêche de dormir. A l’instant où j’écris ces mots, on continue à les massacrer, à les martyriser. Et le soleil brille, les enfants jouent, les hommes respirent, les fleurs poussent…"

En raison de la législation antisémite, Irène Harard précise : "La plupart des juifs n’ont plus d’argent pour payer leurs traites, le gaz, l’électricité. Leurs enfants ne peuvent plus aller à l’école ; il est impossible à la jeunesse juive de trouver du travail. Dans les petites villes et surtout dans les bourgs où sont restées quelques familles juives, un pogrome permanent les ruine. Beaucoup cherchent la délivrance dans la mort." Elle rapporte aussi que : "Dans les manuels scolaires, figure le poème de Henri Heine, Loreley. Mais il est attribué à un auteur inconnu. Le poème est toujours appris par cœur par les enfants, et chanté par le peuple, mais celui qui l’a fait est stigmatisé, parce que juif. S’il vivait, il serait enfermé dans un camp de concentration."

Au sujet des camps de concentration, elle cite ce qu’a enduré le Rabbin Max Abraham : dans toutes les pages de la brochure qu’il a écrite, on ne trouve que coups, lanières, faim, fusillades, cellules obscures, assassinats, suicides. C’est le martyrologue de notre époque et voici sa conclusion : "Honte à l’Europe d’avoir permis qu’au cœur du continent, des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants fussent torturés de la façon la plus cruelle, humiliés dans leur dignité humaine. Les martyrs des camps de concentration témoigneront contre cette Europe d’aujourd’hui et sa criminelle indifférence".

Irène Harand sentait la catastrophe arriver dès 1935 … si sa voix si courageuse, parmi quelques autres, avait pu être entendue, la barbarie n’aurait peut-être pas pu se développer comme elle s’est développée ! Elle concluait son livre ainsi :

" Rendons le monde plussouhaitable et plus désirable pour des centaines de millions d’hommes qui le considèrent aujourd’hui comme une vallée de larmes et de malheurs. Abolissons la réceptivité des masses pour les chants de haine de Goebbels et pour le règne du national-socialisme. La croix gammée ne peut vaincre que par la haine et la misère. Extirpons la haine et la misère et nous aurons enlevé le souffle du national-socialisme. Désintoxiquons les âmes en réalisant les idéaux qui sont étrangers à la croix gammée : l’amour du prochain, la vérité, la justice !".

Vraiment, un texte à méditer encore aujourd’hui … en 2017 !


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