A. LÉVY. — LA LEÇON D'HÉBREU. (Un rabbin de campagne s'efforce de faire épeler à son éléve la BARSCHA, chapitre
de la Bible, que l'enfant doit réciter le jour de son initiation religieuse devant la communauté entière réunie dans la synagogue.)

Ne serait-ce pas de l'insolence de dire à ceux qui le peuvent voir aussi bien que moi, que M. Lévy est un excellent physionomiste, un metteur en scène véridique, ainsi qu'il l'a prouvé dans l'illustration des Contes Juifs de Sacher-Masoch ou dans telle lithographie de scène de synagogue ou de vie familiale ? — Mais ce qu'il y aurait d'intéressant ce serait de parler de cette vie elle-même et des rapports étroits qu'ont entre elles et l'image, et le peintre.

Je vois bien que cette vie a un côté cordial et patriarcal très condensé très fermé, ne pouvant se mélanger, se diffuser, pas plus que la race elle-même ne s'incorpore aux autres ; je vois aussi que le peintre a pris plaisir à en retracer les aspects simples, touchants, gais, à graver des types de rabbins, d'enfants, d'aïeules avec une précision et une couleur qui indiquent un bon portraitiste ce sont là des choses qui font honneur à cet artiste, et il semble qu'on devrait lui en tenir compte.

 

Or il paraîtrait que dans la société Israëlite on ne voit qu'avec une demi bienveillance la sincérité et la vérité de ces peintures. Pourquoi ? Ce sont ces origines-là qui rendent toujours la race juive un sujet d'étonnement et qui devraient pour nous la rendre un enseignement. Elle est plus belle dans les humbles intimités, que dans les élégances parvenues, dans la vie de famille et dans le dur labeur que dans l'exercice du pouvoir. Mais voilà encore que je cesserai de parler dessin, c'est-à-dire que je me mêlerai de ce qui n'est point heureusement mon affaire. Tandis que si j'en reviens au dessinateur je crois qu'il vaut mieux que je laisse ses œuvres parler pour lui que d'en faire une analyse superficielle et mal renseignée sur le fond des choses.

arsène alexandre.