...D'autre part, évidemment, l'attitude favorable ou au moins équitable des Français chrétiens vis-à-vis de leurs compatriotes juifs, en renversant toutes les barrières qui les séparaient, non seulement du point de vue légal, mais aussi du point de vue social, ouvrit largement la porte à ceux qui pouvaient être tentés, de plus en plus nombreux, de fuir la foi de leurs ancêtres. C'est là un aspect des choses que nous espérons évoquer par la suite, quand nous ferons le bilan de nos recherches sur la vie privée, intellectuelle et religieuse des Israélites du Bas-Rhin sous Napoléon 1er.
Dès maintenant, toutefois, nous pouvons le dire aucun pays n'a comme la France supprimé les discriminations fondées sur l'appartenance confessionnelle ; aucun pays n'a poussé au même point que la France l'assimilation de ses éléments juifs. Mais il serait abusif de reprocher en quelque sorte au peuple français d'avoir donné à Israël un baiser de mort. Celui-ci doit lui être reconnaissant pour son baiser, et c'est des juifs seuls qu'il dépend qu'il soit de mort ou de vie. C'est à eux qu'il appartient de choisir, aujourd'hui encore, entre le suicide dans les flots d'une civilisation attirante, et l'enrichissement du patrimoine ancestral par le contact avec autrui, dans le cadre d'une action pluraliste.
Comme il est écrit dans le Deutéronome (30:19) : "…C'est la vie et la mort que j'ai placées devant toi, la bénédiction et la malédiction ; et tu choisiras la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance."