Lorsque survint la guerre à la fin de l'été 1939, les autorités évacuèrent la population civile de Strasbourg. Tandis que son mari était mobilisé, Fourmi et les deux petits se réfugièrent au Mont-Dore. Elle assuma vaillamment l'épreuve, qui allait durer jusqu'en juillet 1940, lorsque Chameau démobilisé vint la rejoindre.
Désormais et pendant près de trois ans, elle partagea le sort du groupe rural de Taluyers, créé par Chameau sous l'édige EIF. En plus de ses responsabilités de mère et d'épouse, Fourmi fut alors la maîtresse de maison d'une collectivité de jeunes juifs, le tout dans des conditions de précarité et d'austérité extrêmes. Elle s'y adapta de bon coeur et en mobilisant toutes les ressources de son esprit industrieux et d'un moral à toute épreuve. La solide éducation juive traditionnelle qu'elle avait reçue dans sa famille fit de Fourmi l'un des piliers stables de ce centre de vie juive sous l'Occupation allemande, d'autant plus que son mari effectuait de longs déplacements pour exercer ses responsabilités à la tête du mouvement EIF.
En octobre 1943, les dangers de rafles contraignirent Fourmi ainsi que Ruthi et Michel à se cacher dans un village de montagne, Saint-Christol dans l'Ardèche, et de là à Saint-Barthélémy-le-Meil. Chameau ne les y rejoignit qu'en septembre 1944, après quatre mois passés en Suisse. Pendant les six semaines critiques des remous de l'insurrection contre les Allemands, le village avait été privé de pain. Fourmi trouva alors sa nourriture et celle de ses enfants en ramassant des chataîgnes dans la forêt voisine.
En 1947, la famille Hammel a rejoint le kiboutz Ein Hanatsiv. Cette même année, Fourmi a mis au monde Yaël, la cadette de ses enfants. Y a-t-il un seul des secteurs du travail des activités du kiboutz où elle n'a pas oeuvré, et ceci de manière exemplaire ? On peut en douter. Avec le temps, elle est aussi devenue une conseillère pour nombre des habitants d'Ein Hanatsiv, aussi bien vétérans que nouveaux venus. Sa sagesse, son expérience, son bon coeur en imposaient. Son foyer fut toujours l'un des plus fréquentés du village, point de ralliement d'un très grand nombre de visiteurs et touristes de France.
Profondément affectée par la mort de son mari dont elle fut le bras droit indéfectible pendant 67 ans d'une vie menée en conformité parfaite avec son idéal et sa volonté, Foumi ne lui a survécu que quelques mois. Elle est déjà devenue une légende, son seulement pour sa nombreuse postérité, et son souvenir restera une bénédiction.