Théodore Klein naît le 25 juin 1920 à Paris, dans une famille juive alsacienne très enracinée dans la double fidélité à la tradition juive et à la République ; son père est médecin. Il est l'arrière-petit fils du grand rabbin de Colmar Salomon Klein.
Il étudie à l'École Maïmonide. Il pratique le scoutisme chez les Éclaireurs israélites de France sous le totem de "Faucheux" avant la seconde guerre mondiale à Paris, puis à Vichy.
En juillet 1942, Théo Klein est à Marseille et à Nice. Il participe à l'installation des familles juives qui arrivent dans la zone italienne. Puis il est chargé de la direction du service des faux papiers de la Sixième de Grenoble et de la région Sud-Est. Il cherche des planques pour les jeunes, organise des convois pour la Suisse. Par l'intermédiaire des "assistantes sociales" et des agents de liaison de la Sixième, il obtient la complicité de secrétaires de mairie de la région qui lui délivrent des faux papiers, cartes d'identité et d'alimentation nécessaires pour permettre aux Juifs en danger de se camoufler. De plus, il dirige les jeunes juifs vers le maquis EI du Tarn.
Il a sera le premier président des Anciens de la résistance juive (ARJ).
C'est pendant la Résistance qu'il rencontre sa première épouse, Liliane Klein-Lieber, qui lui donnera ses trois premiers enfants. Ensuite, il adoptera la fille de de sa seconde femme, née avant leur rencontre.
Après la Libération, Théo Klein termine ses études de droit et il est reçu comme avocat à la Cour d’appel de Paris en 1945. Il aide alors des familles juives spoliées à récupérer leur appartement. Il est aussi diplômé de l’école des Sciences politiques. Il est l'un des fondateurs de l'Union des Etudiants Juifs de France dont il sera le premier président. Il dirigera par la suite un des grands cabinets d’affaires parisiens, surplombant les Champs-Elysées.
Il se rend pour la première fois en Israël au début des années 50 : "J’ai eu le sentiment de rentrer chez moi. Cela peut paraître stupide. C’est comme ça." Dans les années 1960, il obtient la nationalité israélienne à sa demande, en plus de la française. Dès lors, il devient un observateur précis et critique de la politique israélienne envers les Palestiniens et soutient les négociations qui mènent aux accords de paix de 1993 ("accords d'Oslo") : "L'ensemble de la judaïté pourra profiter de la paix en Israël et donc de la possibilité pour la population israélienne de penser à autre chose qu'à la guerre, de construire une culture fondée sur les textes anciens, régénérée et porteuse d'un nouveau souffle". En 1970, il devient avocat au barreau de Jérusalem : "Le lieu de ma culture est la France, le lieu de ma spiritualité est Israël".
De 1970 à 1973, Théo Klein est le vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Puis, de 1983 à 1989, il en est le président. Grand lecteur de la Bible et, simultanément, militant laïque et républicain, il s'efforce de donner dignité et ambition au CRIF : "Je souhaite que les juifs soient présents dans la société française, comme citoyens d'abord, mais aussi en tant que juifs." C'est lui qui est à l'origine du fameux dîner annuel de l'institution, qui réunit notamment le premier ministre ou le chef de l'Etat.
Dans ce cadre, il mène la bataille contre l'installation de Carmélites à Auschwitz, aux côtés du cardinal Albert Decourtray.
Il a aussi présidé le Congrès juif européen.
En mars 2012, dans une lettre adressée à Richard Prasquier, alors président du CRIF, Théo Klein rompt les liens avec cette organisation, en reprochant à ce dernier de participer à la campagne contre le journaliste de France Télévisions Charles Enderlin, dans l'affaire Mohammed al-Durah. Cette rupture s'explique aussi par le durcissement du CRIF sur la question israélo-palestinienne.
En effet, ce binational franco-israélien appartient au "camp de la paix", désormais minoritaire dans la communauté juive officielle. Il a souvent tenu des positions critiques contre la politique extérieure d'Israël et ses soutiens, en particulier le philosophe Alain Finkielkraut :
"Je me bats pour que la reconnaissance de la Palestine vienne du Gouvernement d'Israël et ne soit pas imposée à son peuple par une pression extérieure" (2002).
En 1988, il écrit avec Hamadi Essid, chef de la mission de la Ligue arabe de Paris, Deux vérités en face, un ouvrage dans lequel chacun donne sa vision du conflit israélo-arabe.
Théo Klein, proche des socialistes, n'a jamais caché qu'il était libre penseur et agnostique :"Dieu ne m'a jamais tourmenté, il faisait partie du paysage, à la fois omniprésent et absent (...) on peut lire la Torah sans être croyant". Evoquant en 2001 les violences commises en France contre des membres de la communauté juive, Théo Klein estime que "le phénomène de violence dans les banlieues ne concerne pas seulement les juifs. Toutes les frustrations se traduisent par des violences. Avant d'employer le mot antisémitisme, il faut y réfléchir à deux fois".
Théo Klein a été aussi :
- membre du Comité international du Musée d'Auschwitz et président du Jury du prix Mémoire de la Shoah jusqu’à sa dissolution en 2009.
- président d'honneur du CRIF (jusqu'en 2012)
- président du Musée d'art et d'histoire du judaïsme à Paris.
Il était officier de la Légion d’honneur.
Théo Klein est décédé le 28 janvier 2020 à l’âge de 99 ans.
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