Maman

J'ai essayé de rédiger ce petit mot en vers,
Comme toi, pour tes prises de paroles, tu aimais faire.
Je voudrais tout d'abord rendre hommage à mon père,
Dont le yarzeit était hébraïquement hier.
Sans lui, maman tu n’aurais pu guère
Te consacrer au Gan et à ses merveilleuses fêtes.
Sans lui et sans Jean-Paul Lion, point de beaux décors,
De sonos, de photos et bien plus encore.

Nous étions jeunes Philippe et moi,
Quand Loup vint te solliciter sous notre toit.
La direction du Gan il fallait reprendre provisoirement,
Et le provisoire dura 26 ans.
De l'instant où tu acceptas tes nouvelles fonctions,
La maison rentra au Gan, et le Gan rentra à la maison.
Souvent nous étions ainsi mis à contribution
Pour coller les sidroth des torah ou autres fabrications.
Nos encyclopédies, ciseaux, scotch régulièrement disparaissaient,
Et c'est bien sûr au Gan qu'on les y retrouvait.
Coup de fil incessants des parents ou des jardinières,
Mais lors des repas, la ligne était coupée par notre père.

Précurseur tu étais, et l'art de la récup pour toi n'avait pas de secret.
Échantillons de tissus, pot de yaourt, cuir, bolduc, papier…
Il ne fallait rien jeter, il fallait tout garder.
Tout ce matériel gratuit était merveilleusement transformé
Grâce à ton imagination et tes doigts de fée.
Je voudrais rappeler le dévouement de ceux qui t'ont aidé :
Le grand rabbin Warschawski, Mireille et les différents comités.

La "michperologie" était aussi une de tes spécialités,
Et l’ascendance de chaque enfant tu pouvais relater.
Tu connaissais les familles des différentes communautés,
Et les enfants de tous les milieux tu accueillais.
Quand le Chabbath à la choule on se rendait,
Sur le chemin, avec chaque passant une discussion s'engageait.
Au Mercaz, les enfants du Gan ou d'ailleurs chez toi défilaient,
Et à chacun d'eux une sucrerie Mme Rolande donnait.

D'où trouvais-tu toute cette énergie ?
Il est vrai que Source pétillante était ton totem EI.
À 4 heures du matin tous les jours tu te levais,
Pour écrire ton courrier, cuisiner, coudre ou repasser.
En septembre la foire européenne, le Gan, les ' haguim, notre rentrée…

Mais comment faisais-tu donc pour tout concilier?
Et nos grands-parents sur toi aussi pouvaient compter.
Même après ta retraite, active tu es restée,
A l’APAJ une équipe de bénévoles tu as formée.
Les Paniers du cœur, la visite aux malades et aux personnes âgées,
Aucune activité ni le bien-être de ma grand-mère tu as délaissé.
Et jusqu’à ton dernier souffle des autres tu t'es préoccupée.

Si ce fut Loup qui pour le Gan vint te chercher,
Ce fut lui et Colette qui furent les derniers,
Ce samedi 7 février 2009 au soir,
Dans ta chambre d’hôpital te dire au revoir.

Maman, à toute la famille, aux amis et à la communauté tu manques,
Mais sache que ta passion est restée vivante !
Plusieurs de tes petites filles ont suivi ton exemple,
Lors de nos joies et nos peines nous sentons toujours ta présence.