Jack MEYER-MOOG "Loup"
(Strasbourg 30 janvier 1927 - Jérusalem 17 décembre 2014)
par Alain KAHN (juin 2006)
Une rencontre avec Jack MEYER-MOOG dit "Loup"
Le site du Judaïsme d'Alsace et de Lorraine a rencontré Jack MEYER-MOOG
que tout le monde appelle "Loup", son totem scout qui lui a été
attribué en 1941 alors qu'il avait 14 ans !
En 2002, il est premier vice-président du Consistoire
Israélite du Bas-Rhin, après en avoir été le
vice-président depuis 1974, et s'est aussi investi au niveau de la Communauté
Israélite de Strasbourg et dans de nombreuses associations comme les
Eclaireurs Israélites de France, la Jeunesse
Juive de l'Est (JJE), le jardin d'enfants "Gan
Chalom", l'APAJ (l'Association des Parents et Amis des Handicapés
Juifs), ou la Hevra Kadicha Metaharim, l'association qui assure et organise
les toilettes mortuaires.
Il est toujours particulièrement actif au sein de la JJE, de l'APAJ et
bien sûr du Consistoire. Le foyer qu'il a fondé en 1951 avec son
épouse Colette Winter à Strasbourg est légendaire et le
grand rabbin de France, Joseph Sitruk, ne manque jamais une occasion de rappeler
avec émotion l'accueil inoubliable qui lui avait été réservé
en 1970, rue Sellénick, à l'époque de sa nomination au
poste de rabbin de Strasbourg ! C'est d'ailleurs l'année où le
grand rabbin Abraham Deutsch l'a nommé "Haver" pour bien souligner
tout ce que le judaïsme alsacien lui devait déjà à
ce moment là.
Ses mérites ont également été reconnus par les instances
nationales puisqu'il a été nommé en décembre 1979
"Chevalier dans l'Ordre National du Mérite" puis "officier" en novembre
1998. Qu'il soit remercié d'avoir accepté de répondre à
toutes nos questions.
Loup avec son épouse, ses enfants
et sa soeur Jeanine, rescapée de Ravensbrück
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Judaïsme Alsacien :
QUI EST LOUP ?
Personnage atypique tant il réalise de choses qu'il est difficile
en quelques lignes de brosser un tableau de ce qu'il est.
C'est le seul à ma connaissance à réaliser toutes
les Mitsvoth.
On le trouve à tous les enterrements, à toutes les manifestations
gaies comme les mariages, prêt à rendre service à
chacun, par exemple se mettre au volant et effectuer 1 000 Kms pour vous
dépanner.
Il a un cœur immense, toujours au devant des services à rendre.
A lui seul, il constitue une Institution.
Il est irremplaçable parce que pour le remplacer il faudrait une
dizaine de personnes. Ayant gardé jusqu'à aujourd'hui l'esprit
E.I.F., il continue à se croire chef du mouvement E.I.F. en faisant
survivre l'esprit scout, toujours prêt, prêt à tout,
et surtout à rendre service.
Il rend hommage aux vivants et à ceux qui nous ont quitté
par son activité gigantesque dans la section Métaharim.
Il a atteint l'âge de 80 ans mais il est indispensable qu'il demeure
parmi nous jusqu'aux 120 ans des Patriarches.
Voilà le vœu que j'exprime au nom de tous ceux qui l'estiment
et l'aiment.
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Vous êtes très attaché au judaïsme alsacien,
pouvez-vous nous dire pourquoi ?Loup :
J'ai passé ma jeunesse à
Haguenau
où j'ai été élevé dans ce judaïsme traditionnel,
ouvert et chaleureux. A l'époque j'y ai connu le rabbin Meyer Jaïs,
futur grand rabbin de Paris ainsi que le rabbin
Robert
Dreyfus, futur grand rabbin de Bruxelles. Je participai à une chorale
qui m'a inculqué cet attachement pour les "
nigounim"
auxquels je tiens tant et qui font toute la beauté des offices ashkenazes
en Alsace. A l'époque le chef de chœur était le regretté
Dr Willy Frankqui nous dirigeait si bien et avec quelle passion ! Par la suite
je me suis retrouvé à Strasbourg, en 1936, où j'ai fréquenté
le Lycée Fustel de Coulanges. Entré à
Yechouroun,
j'ai eu le privilège de côtoyer des personnalités prestigieuses
comme
Moché Catane,
Benno Gross, Claude Lévy et celui dont j'étais si proche,
Léo
Cohn. Avec eux et bien d'autres, j'ai participé aux activités
communautaires pour la jeunesse. Celles-ci se déroulaient au 29 de la rue
Oberlin qui devint le "Merkaz Hanohar", le centre des jeunes, et des offices y
étaient également organisés. Les mouvements de jeunesse comme
Yechouroun ou les Eclaireurs Israélites y proposaient leurs activités
et une bibliothèque avait pu être mise sur pied avec beaucoup de
dynamisme. Bien entendu, je fréquentais aussi la
synagogue
du Quai Kléber et je me souviens toujours avec nostalgie et émerveillement
de ces offices inoubliables du
'hazan Joseph
Borin et de ceux qui l'assistaient comme MM. Elie Meyer et Fernand Kaufmann
.
J. A. :
La guerre est arrivée, comment avez-vous vécu cette
période si douloureuse ?Loup :
Certains échos d'Allemagne nous parvenaient, bien sûr, mais il était
impossible d'imaginer un instant la tournure qu'allaient prendre les événements.
Le malaise s'est amplifié au moment de la "drôle de guerre" et fin
1938 nous avions quitté Strasbourg une première fois en nous dirigeant
vers Auxerre. On croyait que la guerre allait commencer et on pouvait se dire
qu'enfin une action allait être entreprise contre les nazis mais rien ne
se passait. Il y avait comme un sentiment de panique puis, les choses se sont
précipitées avec l'ordre du gouvernement d'évacuer Strasbourg
et en septembre 1939 la ville était effectivement vidée. Les voitures
ont été réquisitionnées, chaque famille avait reçu
de la mairie une carte d'évacuation et savait à l'avance vers où
elle serait dirigée.
Ainsi les destinations principales pour les juifs de Strasbourg étaient
Périgueux
ou Limoges. Les gens étaient conduits en voiture dans les Vosges,
comme à Senones ou Bruyères, puis ils devaient monter dans des
trains qui les amenaient à destination. En septembre 1939, pour ma part,
je suis arrivé à Celles sur Plaine puis à Raon-l'Etape
où des offices étaient organisés ; avec ma famille, j'y
suis resté jusqu'au 15 juin 1940. Pour fuir l'envahisseur, nous voulions
nous rendre à Dijon mais en cours de route, à Remiremont, des
bombardements nous ont amenés à changer de direction tellement
ils avaient été violents et dévastateurs. Un parent est
mort lors de ce bombardement qui s'est déroulé le jour de Shabath.
Il a fallu se diriger plus vers le Sud et c'est ainsi que nous sommes arrivés
à Brive-La-Gaillarde, où notre famille parisienne nous avait précédés,
après avoir passé quelques jours au Mont Dore.
J. A. :
Avez-vous trouvé à Brive-La-Gaillarde une communauté
juive organisée ?Loup :
Oui, il y avait environ 200 familles là-bas. Le Rabbin Feuerwerker s'occupait
de la communauté qui devait intégrer tous les réfugiés
qui arrivaient. Il y avait
minyan matin et soir dans un petit appartement
et pour les fêtes le local d'un restaurant pouvait être loué.
Nous pouvions même recevoir de la viande cachère qui venait de Limoges.
En effet, là-bas il y avait la plupart des strasbourgeois et à leur
tête le
rabbin
Abraham Deutsch. La boucherie Buchinger avait pu continuer ses activités
dans cette ville et c'est ainsi que j'étais chargé de récupérer
les colis de viande à la gare de Brive-La-Gaillarde pour qu'ils puissent
être distribués à ceux qui en avait commandée. Il en
allait de même d'ailleurs avec les
matzoth
pour
Pessa'h qui pouvaient arriver
jusqu'à nous. Je tenais à participer à la vie de la communauté
et je me suis de plus en plus impliqué dans de nombreuses activités
qui avaient toujours un caractère social, il fallait aider des personnes
déplacées qui recherchaient des repères, qui voulaient être
rassurées, qui cherchaient un refuge.
J. A. :
C'est à ce moment là que vous avez rejoint le mouvement
scout ? Loup :
Les
Eclaireurs Israélites
(qui existaient depuis 1923), se sont réorganisés à cette
époque afin de faire face aux événements. Pour ma part,
c'est le 7 janvier 1941, le jour de la mort de Baden Powell, le fondateur du
mouvement scout, que je suis entré aux E.I. C'est alors que j'ai été
"totémisé", j'avais 14 ans, et l'on a pris l'habitude de m'appeler
"Loup". Le mouvement a d'ailleurs été reconnu officiellement par
le Goiuvervement de Vichy dans le cadre du mouvement scout français et
des "troupes", comme on les appelait, étaient organisées également
à Limoges, Périgueux et Toulouse en particulier. Les EI proposaient
de plus aux jeunes, déplacés, séparés de leur famille,
des colonies de vacances, notamment à
Montintin.
Ces établissement pouvaient fonctionner grâce à
l'UGIF,
l'organe officiel du judaïsme français qui avait pignon sur rue
et qui, clandestinement pouvait aider les gens en détresse. Vichy a fini
par dissoudre les EI en novembre 1942. Cette mesure n'a pas empêché
les membres du mouvement de continuer, sans uniforme, leur action, dans des
conditions certes plus difficiles, mais avec une conviction, une volonté
à toute épreuve.
Loup aux EI
|
A Brive-La-Gaillarde j'ai côtoyé des êtres inoubliables
comme
André Neher,
Dimernanas ou François Gross et je dois dire que d'une manière
générale l'équipe que nous formions était non
seulement efficace mais également soucieuse du travail bien fait, de
toujours tout faire pour aider ceux et celles qui en avait besoin. Le mouvement
scout avait une vocation sociale, une vocation éducative qui transcendait
toutes les personnes qui le rejoignaient. Le quartier général
des éclaireurs se trouvait à Moissac où une école
et une maison d'enfants fonctionnaient. Les échanges entre les responsables
étaient nombreux, l'organisation était impeccable grâce
à des personnalités comme
Joseph
Weill,
René Weil
ou
Laure Weil qui
oeuvraient depuis Périgueux pour les services sociaux. Chacun travaillait
dans le même sens, il n'y avait pas de place pour les querelles de clocher,
aider était le leitmotiv qui prévalait, qui réunissait
tout le monde. Le
rabbin
Deutsch avait même créé dans la clandestinité
un séminaire, le
PSIL
(le petit séminaire israélite de Limoges) pour remplacer
ceux qui avaient fonctionné à Clermont, Lyon et Vichy et il
recevait chez lui les élèves de terminale. Beaucoup d'entre
eux sont devenus E.I. et certains ont même rejoint le maquis du Tarn.
J. A. :
Quelles sont les activités que vous avez pu avoir durant cette
période à Brive ? Loup :
J'ai été inscrit à l'école technique de Brive dès
la rentrée de septembre 1940 et j'ai obtenu en 1943 le brevet industriel
d'ajusteur, profession que j'ai pu exercer jusqu'en avril 1944 dans une entreprise
d'électricité de la région. D'avril à septembre
1944, j'ai travaillé dans l'Ain, près de Belley, dans une usine
de schiste. Puis, à mon retour à Brive, j'ai obtenu un emploi
sur place dans un atelier de la SNCF jusqu'en avril 45. Pendant les vacances
et durant les week-ends j'en profitai pour m'impliquer d'avantage dans les activités
"scouts". Ce mouvement se développait grâce à ces êtres
dont je me souviendrai toujours comme
Denise
et Robert Gamzon,
Léo
Cohn, André Kissler, Pierre Cantine,
Samy
Klein ou
Maurice Bernsohn
et bien d'autres. Comme je l'ai déjà dit, c'était très
important car ces activités permettaient aux jeunes de retrouver une
vie sociale, d'avoir des repères pour l'avenir. J'ai d'ailleurs suivi
des camps de formation, notamment à Montintin ou à Moissac, et
je me rappelle qu'au cours de l'un d'entre eux, on nous a donné les premiers
éléments d'information ayant trait au sionisme.
Le mot d'ordre était aussi de développer la vie juive, de garder
vivant le judaïsme et de maintenir coûte que coûte les structures
mises en place. Cela impliquait un véritable état d'esprit de
"militant". En ce temps de guerre, il s'agissait surtout de sauver les enfants,
leur trouver des familles qui acceptaient de les cacher, les faire passer en
Suisse, les sauver des rafles, les sauver des camps comme ceux de Pithiviers
ou de Gurs qui étaient terribles. A cet égard, il est primordial
de souligner le courage et l'exemple qu'a donné à nous tous dans
son travail, dans sa mission vis-à-vis des jeunes, pour qu'ils gardent
leur identité juive, leur âme juive, le regretté Raymond
Winter, frère de Colette ma future épouse, malheureusement fusillé
à Saint Flour. Il avait agi si efficacement dans le cadre de la "Sixième",
l'organisation clandestine des E.I.F. De plus qui savait vraiment à cette
époque que de Gurs, que de Pithiviers, que de tous ces camps "de transit"
établis en France par Vichy, on pouvait être conduit à Drancy
et de Drancy à Auschwitz ?
J. A. :
Certains de vos proches ont-ils été arrêtés
? Loup :
A Brive, il n'y a pas eu de grandes manifestations antisémites. On ressentait
l'exclusion par les mesures anti-juives, les restrictions et notre situation de
réfugiés. Tout ce qui comptait, c'était perpétuer
notre vie communautaire, maintenir une certaine organisation pour pouvoir faire
face à une situation que personne n'avait pu imaginer. Des rafles avaient
bien sûr lieu et devenaient de plus en plus nombreuses à partir de
1944. Avant Pessah, je suis allé à Toulouse avec ma mère
pour rejoindre là-bas un oncle. En voulant revenir à Brive et suite
à un sabotage à la sortie de Toulouse, elle a dû faire la
route entre Toulouse et Brive à pied. En juillet 44, nous avons appris
que ma sœur qui était restée à Toulouse avait été
arrêtée pour être déportée par la Gestapo avec
nos oncles et tantes, le cousin et d'autres voisins. Ma sœur sera la seule
à avoir survécu à cet enfer, tous les autres sont morts à
Buchenwald et Ravensbrück. L'insécurité grandissait et beaucoup de
Juifs avaient rejoint le maquis. L'ambiance avait changé, la libération
de la Provence avait suscité beaucoup d'espoir et chacun à son niveau
s'investissait pour un avenir meilleur qui semblait se rapprocher.
J. A. :
Comment viviez-vous cette fin de guerre qui s'annonçait ? Loup :
Tous ensemble nous voulions œuvrer pour la communauté qui représentait
précisément notre survie. Nous tenions à la faire vivre
et c'est pourquoi, même sans rabbin, nous avons organisé les offices
pour les
fêtes
de Tichri en louant un restaurant. Nous n'avions pas de
'hazan
et des fidèles, comme M. Spingarn, nous permettaient d'avoir des offices
particulièrement émouvants. Je me rappelle aussi que nous habitions
non loin du domicile où résidait l'acteur Charles Denner.
Notre souci principal était de maintenir l'organisation mise en place.
La fébrilité des Allemands montrait bien que c'était le
commencement de la fin pour eux mais en attendant les rafles continuaient, il
fallait toujours être sur ses gardes et beaucoup de nos coreligionnaires
avaient effectivement rejoint la résistance dans laquelle ils ont été
particulièrement actifs et en ont payé le prix fort. En avril
1945, j'apprends que ma sœur est revenue de Ravensbrück via la Suède
et je vais aussitôt la retrouver à Cherbourg pour revenir sur Brive.
Je participe aussi en juillet 1945 à un rassemblement de responsables
et d'intellectuels à Chambon sur Lignon, haut lieu de la résistance.
Il s'agissait d'une réunion de cadres, avec notamment André
Neher, pour faire le point de la situation et préparer les actions
à envisager dans les communautés à reconstruire.
J. A. :
Vous commenciez à songer au retour à Strasbourg ? Loup :
Bien sûr, quand Strasbourg a été libérée en
novembre 1944, sa libération ne fut définitive qu'en avril 1945,
j'y suis allé une première fois en éclaireur. La ville était
à moitié en ruine et c'était vraiment la désolation.
J'ai pu rejoindre le magasin que tenait ma mère rue du Vieux Marché
aux Vins. Les Allemands en avaient fait une droguerie mais comme j'avais conservé
les clés de l'immeuble, j'ai pu y entrer et dormir pour me reposer d'un
épuisant voyage. Le vrai retour a eu lieu à partir de juillet 1945
et le travail de reconstruction, au sens propre comme au sens figuré à
pu commencer immédiatement. D'abord à Haguenau que j'ai rejoint
et là-bas la communauté a recommencé à fonctionner
comme elle pouvait dans une synagogue complètement délabrée.
La maison d'enfants "Les Cigognes" a accueilli de nombreux orphelins et j'ai pu
constater le dévouement exemplaire de
Mme
Samuel, la sœur d'André Neher, qui, avec son mari donnait une
véritable âme et du courage à tout ce monde !
J. A. :
Quand vous êtes vous réinstallé à Strasbourg
?
Loup :
J'avais déjà trouvé du travail à Strasbourg au Service
des viandes du ravitaillement général et j'ai fini par m'y installer
très rapidement. La vie communautaire se réorganisait et comme
la seule synagogue qui n'avait pas été détruite était
celle de la
rue
Kageneck, les offices s'y déroulèrent grâce au
grand
rabbin Deutsch et à
Maître
Bing. Dès 1946, l'office des jeunes a également pu refonctionner
rue Oberlin, toujours sous le nom de "Merkaz Hanoar", et la grande synagogue
fut provisoirement installée
Place
Broglie. Les organismes communautaires se mirent en place avec le souci
de venir en aide à toutes celles et tous ceux qui en avaient tant besoin
au retour de déportation ou d'exil. Ma sœur Janine dont j'ai parlé
tout à l'heure, malgré ses problèmes de santé après
son retour de déportation s'est tout de suite, dès juillet 1945,
consacrée aux jeunes rescapés des camps de la mort. Elle a œuvré
dans les maisons de
Versailles,
du Tremplin,
aux Cigognes.
Elle a dirigé les Violettes de Strasbourg puis a été attachée
au Palais de Justice de Strasbourg. Elle a vraiment rendu d'éminents
services aux anciens déportés, aux malades et son logement était
devenu le rendez-vous des paumés, de ceux qui savaient que grâce
à elle un vrai retour s'avérait possible. Toutes les bonnes volontés
s'étaient ainsi réunies malgré les difficultés.
Colette et Jack Meyer-Moog à la brith-mila de leur petit-fils
|
Très vite un certains nombres de jeunes décidèrent de
faire leur
alyah lorsque l'Etat d'Israel fut créé en
1948. Des personnalités comme
Moché
Catane vont partir et durant les années 49/50 il y eut un grand
vide. Beaucoup de strasbourgeois se retrouvèrent au
kibboutz
Ein Hanatziv. Théo Klein et
André
Neher sont restrés un peu plus longtemps et avec les grands rabbins
Deutsch
et
Warschawski
le travail de reconstruction a pu être poursuivi dans de bonnes conditions.
Les mouvements des E.I. et de
Yechouroun
y furent pour beaucoup et permirent l'accomplissement d'un travail de fond.
J. A. :
Et pour vous personnellement, ce retour a-t-il pu se réaliser
d'une manière satisfaisante ? Loup :
J'ai d'abord eu la chance de pouvoir "lernen", étudier, à
la Yeshivah d'Aix les Bains d'octobre 45 à Août 46. C'était
un besoin après cette tourmente et cela m'a permis de me ressourcer
dans les textes, dans les vraies traditions et dans mon implication dans la
communauté juive. Sur le plan professionnel, j'ai commencé à
travaillé à la Maison Klein Frères d'Obernai (brosserie)
dès octobre 1946 pour ne plus la quitter jusqu'en 1988 après
en avoir été son dirigeant principal, mais en décembre
1947 j'ai été appelé pour passer mon service militaire
à l'Etat Major jusqu'en décembre 1948. J'ai pu reprendre mon
activité dès janvier 1949 et je me suis marié avec Colette
Winter en 1951. Elle aussi a été une vraie cheftaine E.I. sachant
prendre ses responsabilités quand il le faut et partageant toujours
et pleinement notre équipée de plus de 55 ans. Nous avons eu
cinq enfants et le bonheur d'avoir constitué une vraie famille et de
pouvoir profiter de nos petits-enfants et arrières-petits-enfants que
nous essayons de voir le plus souvent possible en Israël. Bien sûr
tous ces aspects sont complémentaires entre eux et il s'est toujours
agi pour Colette et moi de trouver le bon équilibre entre notre vie
familiale, la vie professionnelle et notre engagement auprès de la
communauté dans son ensemble.