105. au Professeur François PERROUX, Collège de France

André Neher n’est pas le seul à être scandalisé par la décision de l’UNESCO du 7 novembre 1974 (1) : des universitaires français ont rédigé une protestation collective. Mais le professeur François Perroux, du Collège de France, tient à adresser personnellement le télégramme suivant à André Neher le 25 novembre 1974 :
"Fidélité respectueuse et affectueuse sans réserve stop. Admiration et respect pour Jérusalem source vive avec Athènes de notre civilisation stop. François Perroux Collège de France."
André Neher, très touché, lui répond en lui exprimant sa reconnaissance.


Jérusalem, le 1er janvier 1975

Cher Professeur Perroux et ami vénéré,


Je réponds à votre télégramme du fond de mon cœur, qui a puisé un réconfort ineffable dans vos messages de fidélité, d’autant plus précieux que je sentais et savais qu’à travers ma personne, ils avaient pour destinataire cette Jérusalem, calomniée et bannie, mais dont la noblesse humaine et la dignité céleste ne sauraient être ternies par aucune poussière – et dont le rayonnement nous unit. Officiellement à la retraite (anticipée de dix ans), je demeure maintenant à Jérusalem, témoin des efforts et des réalisations qui s’y déploient sur tous les plans d’une harmonieuse coexistence entre les communautés culturelles, ethniques et religieuses les plus diverses, et essayant, de mon mieux, d’en assumer ma part. Les résultats positifs sont quotidiens, et les quelques incidents qui voudraient les troubler n’en arrêtent pas le cours irréversible. Tout se fait ici en vue de la Paix – et, déjà, dans la Paix, quoiqu’en pensent et en disent ceux qui, de loin, ne peuvent ni ne veulent entendre ni voir.


Permettez-moi de relever un détail qui me paraît d’importance historique et me touche profondément. Dans cette affaire de l’UNESCO, vous êtes le seul universitaire à ne pas s’être contenté de signer une protestation commune, mais à avoir pensé à envoyer, de plus, un message de sympathie à un collègue juif se trouvant à Jérusalem. Votre grande sensibilité vous a fait comprendre combien il souffrait dans sa solitude. Et vous avez merveilleusement réussi à l’apaiser et à confirmer en lui sa croyance en l’homme.


Merci. Votre

André Neher

Note :
  1. Cf. supra, lettre d’André Neher à l’UNESCO (Yves Brunsvick, Secrétaire général de la Commission de la République Française pour l’éducation, la science et la culture de l’UNESCO) du 27.11.1974.


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