127. au Directeur général de l’UNESCO

Au cours d’une Assemblée générale de l’UNESCO à Belgrade, Yasser Arafat prononce un discours dans lequel il affirme que ce sont les ancêtres de l’O.L.P. qui ont résisté aux forces romaines il y a deux mille ans – c’est l’une des premières affirmations de ce genre. Sachant à l’évidence que cette protestation ne servira à rien, André Neher décide quand même d’exprimer son indignation au Directeur général de l’UNESCO.


Jérusalem, juin 1980

Monsieur le Directeur général,


En ma qualité d’ancien membre de la Commission Française de l’Unesco (1), je tiens à exprimer ma tristesse et mon indignation devant le fait que la délégation française à l’Assemblée générale de l’Unesco, à Belgrade, n’a manifesté aucune opposition au discours prononcé devant cette Assemblée par Yasser Arafat, dont le nom est synonyme de l’anti-culture par excellence : l’idéologie du terrorisme et sa mise en pratique dans ses formes les plus méprisables et abjectes.


Si l’apparition de Yasser Arafat, à elle seule, eût exigé un geste de protestation et de refus, certains des thèmes développés par lui dans son discours constituent une distorsion tellement inadmissible de la réalité et de la vérité que les principes mêmes de la charte de l’Unesco ont été grossièrement bafoués et ridiculisés.

Je pense en particulier à cette partie de son discours où il a donné à croire que ce n’étaient pas les Juifs mais les ancêtres de l’O.L.P. qui ont résisté à la force romaine, et que l’apôtre Paul était lui aussi "palestinien" au sens que Yasser Arafat donne à ce terme, alors qu’il est né à Tarse, qu’il était juif et disciple de Rabbi Gamliel.

Il s’agit bien ici d’anti-culture, avec, évidemment, des implications politiques anti-israéliennes.


Je déplore que la délégation française n’ait pas élevé sa voix pour crier son indignation, et je proteste contre ce silence qui rend la France complice d’un attentat contre l’Unesco d’abord, et contre la civilisation humaniste dans son ensemble.


Veuillez agréer, Monsieur le Directeur général, avec mes respects, l’expression réitérée de ma tristesse.


Professeur André Neher

Note :
  1. Sur la démission d’André Neher de la Commission Française de l’Unesco dont il faisait partie, cf. supra, lettre d’André Neher à l’UNESCO (Yves Brunsvick, Secrétaire général de la Commission de la République Française pour l’éducation, la science et la culture de l’UNESCO) du 27.11.1974.


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