Cette séquence a été filmée le 29 octobre 2019 au monastère franciscain de la Fraternité de Saint-Antoine de Padoue, à Brive-la-Gaillarde.
Les frères qui se sont exprimés, parmi lesquels le frère David qui a exposé les faits, souhaitent faire perdurer le souvenir de leurs anciens qui ont risqué leur vie pour sauver les Juifs. Pour eux, l'amour de l'humain s'étend à tous, quelle que soit leur appartenance.
Auteur du premier acte de résistance connu en France, Edmond Michelet fait circuler dès le 17 juin 1940 à Brive le premier tract refusant la défaite. Les frères franciscains, qui se considèrent comme des artisans de paix et d'unité, veulent se placer du côté des persécutés. Aussi ils s'engagent d'emblée dans la protection des réfugiés, venus du nord de la France et de Belgique, et en cachent un certain nombre au monastère ; ils cachent ausi des aviateurs.
Il y a aussi des caches d'armes dans le monastère. Les comités de la résistance se réunissent dans une des cellules et c'est là que se prépare la libération de Brive-la-Gaillarde, ville qui se libérera par ses propres moyens le 15 août 1944.
L'artisan de cette entreprise de sauvetage est le Père Léon Bédrune. Celui-ci observera après la guerre une grande discrétion et refusera de parler de son action pour éviter d'impliquer des personnes qui sont encore en vie. De plus, les frères qui ont participé à la résistancerefusent d'être mis en avant par pudeur, et pour ne pas de tirer les bénéfices d'actes qui pour eux étaient gratuits. Cependant, le Père Léon Bédrune acceptera de témoigner dans les années 1980, pour éviter que les événements de cette période ne tombent dans l'oubli. Il s'agit d'un véritable Juste parmi les Nations, mais il n'a jamais revendiqué ce titre, et les frères ne l'ont pas demandé pour lui..
Il faut noter que d'autres franciscains se sont engagés dans la résistance et dans le sauvetage des Juifs. Dans le monastère du 14ème arrondissement à Paris, il y avait une imprimerie clandestine de faux papiers. Un des moines, le père Corentin Cloarec, a été assassiné par balles par des membres de la milice. Douze franciscains ont demandé se joindre aux convois de déportés pour assurer une aide aux personnes déplacées : quatre sont morts dans les camps, quatre en sont revenus, et quatre se sont suicidés.
Etait présents à cet entretien : le Dr. André Orluc, organisateur du Colloque Mémoires Juives : Destins Croisés (Brive 27-30 octobre 2019) ; Hillel Feuerwerker, le fils du Rabbin David Feuerwerker qui a été caché à la Fraternité de Saint Antoine pendant la guerre ; l'historienne Yaël David ; Michel Rothé qui a filmé l'entretien.
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