Conservateur en chef du patrimoine, Bernard Reviriego, né à Bordeaux en 1953, a longtemps travaillé aux Archives départementales de la Dordogne. Il est l’auteur de l’ouvrage de référence Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, de l’accueil à la persécution (Fanlac, 2003), préfacé par Serge Klarsfeld. En début d’année 2023, il a publié Juifs réfugiés en Dordogne. Les rafles de février 1943 (Fanlac, 2023), également préfacé par Serge Klarsfeld. Il a également participé à plusieurs ouvrages collectifs, dont Vichy en Aquitaine (Editions de l’Atelier, 2011) ou La Dordogne dans la Seconde Guerre mondiale (Editions Fanlac, 2020).
Fusillés et morts au combat en Dordogne (1940-1944)
Les éditions Secrets de pays ; 28 septembre 2023 ; broché 655 pages ; ISBN : 978-2-491344-16-0 ; EAN : 9782491344160 ; 27.00 €
Cette étude, novatrice, a pour ambition de recenser de manière
exhaustive les victimes non déportées du département
de la Dordogne. Toutes ont subi la répression exercée par les
troupes allemandes d'occupation et leurs auxiliaires, mais aussi par les forces
de Vichy et celles de la collaboration.
Ils sont près de 1 200, hommes et femmes, enfants et vieillards, résistants
et civils, français et étrangers, Juifs et non-Juifs, à
avoir été exécutés par fusillades, avec ou sans
jugement, ou à avoir trouvé la mort au combat. Certains ont
été dénoncés, arrêtés et exécutés
en représailles, d'autres ont choisi le suicide, sont morts par accident
ou maladie au maquis, ou suite aux bombardements alliés. N'oublions
pas les aviateurs de la RAF tombés en mission, ni les otages arrêtés
en Dordogne et exécutés au camp de Souge, au Mont-Valérien,
et à Limoges. Chacun d'eux est identifié et son parcours replacé
dans un contexte historique puis événementiel.
À l'issue des vastes recherches que restitue cet ouvrage, on sait désormais
qu'à l'échelon national la Dordogne arrive au deuxième
rang, juste après l'Isère (Vercors) et devant les Hauts-de-Seine
(Mont-Valérien). C'est dire l'engagement décisif des maquis
du Périgord durant l'Occupation, mais aussi l'intensité de la
répression et le niveau de violence et de barbarie qui ont ensanglanté
le département, jusqu'à ses hameaux les plus reculés.
Liste des 167 victimes juives du département
J’ai bien sûr étudié dans mon dernier ouvrage sur
les fusillés et morts au combat en Dordogne durant la seconde guerre
mondiale la part prise par la Shoah. Celle-ci est importante, comme pour les
victimes de la déportation, compte-tenu de l’histoire particulière
du judaïsme dans le département. Je développe tous ces
aspects dans l’ouvrage.
Ci-après la liste des 167 victimes juives du département, soit
celle des 157 victimes tuées ou mortes au combat dans le département,
à laquelle j’ajoute les noms des sept fusillés de Souge
(Gironde), des deux victimes de Miremont (Haute-Garonne), celle de Léobard
(Lot).
J’ai mis en gras les noms des personnes qui étaient natives ou
réfugiées des six départements qui composaient l’Alsace
et la Lorraine, soit le Bas-Rhin, le Haut-Rhin, la Meurthe-et-Moselle, la
Meuse, la Moselle, les Vosges. Le nombre de victimes originaires des départements
d’Alsace et de Lorraine se monte au chiffre de soixante-sept, soit 40,12%
du tout.
La prédominance du Bas-Rhin est absolue, avec cinquante-cinq victimes
juives ! dont vingt-huit au moins originaires de Strasbourg, tandis que le
Haut-Rhin était le département d’origine de sept victimes,
les départements lorrains arrivant largement après, avec cinq
victimes.
Représentant seulement 1,92% de la population de la Dordogne durant
la seconde guerre mondiale, la population juive est surreprésentée
dans le tableau de la répression puisque les Juifs, avec près
de 900 déportés, constituent environ la moitié des déportations,
ce qui est considérable, mais, s’agissant des fusillés
et des morts au combat elle représente encore 14% du total. S’agissant
de la Résistance, le nombre de Juifs résistants morts au combat
se monte à 5,20% du total des victimes.
Ceci ne doit pas faire oublier deux points importants : le département
de la Dordogne, avec près de 1200 victimes (fusillés et morts
au combat, je ne parle pas ici de la déportation), arrive en tête
des départements français, avec ceux de l’Isère
et des Hauts-de-Seine, loin devant celui de la Haute-Vienne (en dépit
des 643 d’Oradour-sur-Glane) ou de la Corrèze.
Reportage B. Lasseguette / A. Cassar-Rajaud |
Abelsonas Leiba, Acsel Marcus, Aichenbaum René, Alembik Aron, Alexandre
Marcel, Apelgot Mendel, Asch Sylvain,
Aspis Henry, Aspis Théodore,
Baer Guillaume, Bauer Jacques, Baumgarten Rolf, Becker
Julien, Becker Sylvain, Blaustein Laja, Bloch
Gaston, Bloch Gérard, Blum Salomon, Bonem
Charles, Bonem Jules, Borensztejn Szulim, Brum Mendel, Burstin Osias,
Cahen Jacob, Cohen Joseph,
Dreyfuss Marcus, Dreyfuss René, Dreyfuss Robert,
Dreyfus-Sée Albert, Dunayer Henri,
Einstein Louis, Epstein Marcel, Eskenazi Marco,
Faerber Charles, Falk Rodolphe Arno, Ferencz Tibor,
Fotinsky Jean-Michel, Frydman Marcel, Frydman Paul, Frydman Szmul,
Gardberg Moïse, Gelberger Henri, Gelcman Abraham, Gerson
Wilhelm, Gerst Maurice, Gold Rubin, Goldenberg Benjamin,
Granat Hymian, Granat Isaac, Grumbach Jean, Grun Nephtali,
Grunbaum Tobias,
Haas Jules, Haguenauer Marc, Handliarg René,
Hanff Arnold, Haym Claude, Haym Lucien, Helbrunn Robert,
Hess Samuel, Heymann André, Heymann
Paul, Hochmann Abraham,
Israël Pierre, Jacob Pierre, Joachim Gerhard, Jourkevitch
Maurice, Juhasz Denis, Juhasz Etienne,
Kahn Abraham (Cahen), Kahn Meyer, Kahn
René (né en 1893), Kahn René
(né en 1898), Kalifat Judas, Katz Nachmann, Kaufmann Henri,
Khantine Pierre, Kichler Jules, Kirszensztejn Jacques, Kirszensztejn
Michel, Kociolek Herz, Kociolek Jechiel, Kohn Abraham,
Kohn Jacques, Kohn Robert, Kornblitt Marcel, Krajtsztejn Israël, Kronenberger
Jacques,
Lebovic Jacques, Ledermann Armand, Lehmann Camille,
Lehmann Léopold, Lehmann
Paul, Leibovici Michel, Leroi Paul, Levy Bernard, Lévy
Charles, Levy Fernand (né en 1888), Lévy
Fernand (né en 1908), Levy François, Levy Kurt, Linz
Joseph, Loeb Max,
Makowski Jacob, Marx Jacques, Marx Joseph,
Meyer Jacques, Meyer Jacques Pierre, Meyer
Oscar, Moch André, Moch Léon,
Moch Raymond, Moog Charles,
Netter Charles, Ochs Eugen,
Raphaël Gaston, Rappoport Salomon, Reifeisen Israël,
Richter Jacob, Rosenblum Charles, Rossinsky Jacques, Rottenberg
Hugues, Rubenstein Roger, Rubinsaft Abraham, Rubinstein Victor, Ruttner Mendel,
Saler Henri, Sarfati Jacques, Schenkel Nathan, Schiffmann Lucien,
Schonholz Jean, Schonholz Maurice, Schwartz
Charles, Schwob Arthur, Sieburgh Jacob, Skrzipek
Abraham, Stark Abraham, Stern Mendel, Strauss Eugène,
Szermann Israël,
Tatarkowski Abraham, Tenenbaum Idesa ép. Frydman,
Ullmer Maurice, Vogelhut Charles, Vogelhut Marcel, Wajemann Eta ép.
Prechner,
Weil Emmanuel, Weil Fernand, Weiler Berthe
ép. Haas, Weill Georges, Weill Paul,
Weill Reinhard, Weingarten Léa ép. Elefant,
Weiss Erich, Weyler Edmond, Wiener
Constant, Winant Léon, Wittenberg Martin, Wolff Samuel,
Wolfgang Simon, Wosniak Aron, Wroblewski Leibus,
Zafrin Salomon, Zameck Leweck, Zins Charles, Zolty Isaac,
Zurka Benjamin.
Juifs réfugiés en Dordogne, les rafles de février 1943
Editions Fanlac ; février 2023 ; 224 pages ; ISBN 978-286577-322-0 ; 22,00 €
Les 23, 24 et 27 février 1943, deux mille Juifs étrangers de
la zone sud furent l’objet de rafles massives de représailles
ordonnées par l’occupant mais menées par le gouvernement
de Vichy, suite à l’exécution de deux officiers allemands
à Paris.
En Dordogne, soixante-quinze Juifs furent sélectionnés parmi
tous ceux qui avaient été arrêtés et internés
dans le camp d’internement provisoire que constitua le gymnase Secrestat
de Périgueux.
Mais quarante-quatre autres réfugiés furent pris dans des camps
d’internement ou des GTE implantés hors département.
Cet ouvrage dissèque le processus administratif qui a permis de planifier
puis de mener ces rafles et il met parallèlement en avant les éléments
de résistance interne de l’administration.
Préface de Serge Klarsfeld