Cette même année (1936), Wyler quitte Universal et commence une longue et féconde association avec le producteur Sam Goldwyn. D'emblée, son premier film, These Three, d'après une pièce de Lilian Hellman, fait impression. Wyler est placé parmi les maîtres du cinéma américain. Cette réalisation marque aussi le début de sa collaboration avec le cameraman Gregg Toland, dont l'excellent travail sera mis en évidence dans la plupart de ses futures réalisations : L'ingéniosité technique de Toland, combinée avec l'art méticuleux de Wyler, mènent à la production d'une succession de films de grande qualité dans les années 30 et 40.
La prise de vue en profondeur de champ permet au spectateur de faire lui-même son propre découpage, d'étudier chaque personnage à son gré. C'est cette continuité de longs plans fixes et de cadrages parfaits qui font le prix des Plus belles années de notre vie, un film qui a reçu beaucoup d'éloges. Cette technique requiert une ferme discipline de la part des acteurs, et provoque parfois des tensions entre le réalisateur et la vedette, comme ce fut le cas avec Bette Davis, qui joua certains de ses meilleurs rôles sous la direction de Wyler, mais qui était sans cesse en conflit avec lui.
Wyler était un perfectionniste d'une grande exigence, qui était surnommé "Wyler-les-90-prises", pour les nombreuses prises qu'il effectuait avant d'être satisfait par l'effet ou la nuance qu'il recherchait. Nombreux furent les acteurs qui se plaignirent de sa tyrannie sur le plateau, mais qui lui furent reconnaissants par la suite, pour les fff Oscars qu'ils obtinrehgnt pour leurs rôles joués dans ses films.
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Après avoir terminé Mrs. Miniver, un hommage au courage britannique sous le Blitz, Wyler s'engagea dans l'Armée de l'air U.S. et fut rattaché à un groupe de bombardiers stationné en Angleterre. Pendant la guerre, il réalisa deux documentaires consacrés aux missions de bombardement au-dessus de l'Allemagne : The Memphis Belle et Thunderbolt (1944). Revenu à la vie civile avec le rang de lieutenant-colonel, ayant perdu l'audition d'une oreille, il réalisa son film peut-être le plus important The best Years of our Lives (Les plus belles années de notre vie, 1946) : un mélodrame sincère et convaincant sur la réinsertion douloureuse de trois militaires revenus à la vie civile.
Wyler a été un très grand artiste et l'un des stylistes les plus créatifs de l'écran américain. Mais sa réputation déclina dans les années 60, à la suite de certaines critiques qui voyaient chez lui "une attitude répétitive dans le choix des sujets, et une tendance croissante à la pomposité et à la prétention". En plus de ses trois Oscars du meilleur réalisateur, il reçut le Prix du Irving G. Thalberg Memorial pour l'ensemble de son oeuvre en 1965. Il reçut aussi le Prix pour l'Oeuvre d'une vie, attribué par l'American Film Institute en 1976.
Une rue de Mulhouse (l'allée WYLER, parallèle à l'allée
Nathan Katz et l'allée
Alfred Elias) porte son nom, en hommage à l'enfant de la ville
qu'il avait été, avant de s'expatrier en Californie.
Dans les années 1990, une plaque commémorative a été
apposée à l'entrée de l'immeuble, où il avait
habité alors qu'il était enfant (rue de Zürich), avant
qu'il ne parte pour les Etats-Unis et ceci en présence du Maire de
Mulhouse, du Consul des Etats-Unis en poste à Strasbourg et de la propre
fille de WYLER, Catherine, venue spécialement des Etats-Unis pour l'occasion.
FILMOGRAPHIE :