La présence d'une communauté juive à Erstein est relativement récente car Erstein fait partie de ces cités dans lesquelles les Juifs n'avaient pas le droit de résider. Certes ils y avaient accès après avoir acquitté un octroi et pouvaient y traiter leurs affaires à condition d'avoir quitté les lieux à 22 heures, à la sonnerie des cloches de l'église (sonnerie perpétuée jusqu'à ce jour).
En 1850, sous la protection des gendarmes, les Juifs purent commencer à s'installer à Erstein. La communauté fut essentiellement fondée par des Juifs d'Osthouse et d'Uttenheim. Le 9 août 1864 l'empereur Napoléon III décrèta le rattachement de la communauté d'Erstein qui comprenait alors 52 membres, à la circonscription de Fégersheim. La synagogue édifiée par la communauté fut inaugurée le 22 novembre 1882. En 1904 après de longs pourparlers avec la municipalité fut implanté 1e cimetière route d'Osthouse.
De 1891 à 1940, un membre de la communauté juive fut régulièrement élu et siège au conseil municipal. De 1920 à 1932 la communauté juive passa de 160 à 116 membres en raison du phénomène de l'exode rural.
En Avril 1941 la synagogue fut rasée par les nazis après que son contenu ait été vendu aux enchères le 19 octobre 1940. A cette époque les noms des Juifs victimes de la première guerre mondiale, bien que tombés sous l'uniforme allemand, furent effacés sur le monument aux morts (*). De 100 âmes en 1939 la communauté juive n'en compta plus que 60 au retour de l'exode en 1945 ; plusieurs de ses membres furent victimes de la barbarie nazie.
Le rabbin Edmond Weil fut tranféré de Fégersheim qui ne comptait même plus une dizaine d'âmes à Erstein. Cependant le siège rabbinique ne sera transféré à Erstein qu'avec son successeur le rabbin Raymond Furth qui assumera les fonctions rabbiniques de 1961 à 1984 date de son départ pour la Terre sainte. La circonscription rabbinique s'étendait de Fégersheim à Benfeld et comprenait Westhouse, Uttenheim, Gerstheim .... des villages où résidaient des Juifs isolés.
Une quinzaine de jeunes égayait à cette époque la communauté. La tâche du rabbin consistait essentiellement dans la formation religieuses de ces jeunes et en leur mise en contact avec leurs congénères de la région (les cours avaient lieu au centre communautaire de Benfeld) ; le maintien du contact avec les isolés et 1es visites aux malades qui furent particulièrement importantes quand s'ouvrit 1'hôpital psychiatrique de Kraft.
En général les offices du Sabbath étaient assumées par Monsieur Winczman, le rabbin se joignant à lui lors d'événements exceptionnels et lors des fêtes. La veillée d'étude de Hochana Raba qui à tour de rôle avait lieu chez un des membres de la communauté se terminait toujours part une mise au point des problèmes administratifs de la communauté.
En cette fin de siècle, la communauté d'Erstein compte encore une douzaine de personnes, les plus anciens sont décédés, les plus jeunes ont regagné les grandes cités ou sont partis en Israël. Il n'y a plus de célébration du Shabath et des fêtes à la synagogue. Par nostalgie il arrive que l'un ou l'autre des derniers Juifs qui se trouve à Erstein se rende à la synagogue pour y prier en solitaire en pensant à un passé révolu.
(*) Cf l'article de Freddy Raphaël : Une singulière présence des Juifs en Alsace - la construction d'un oubli
La présence juive à Erstein est, en réalité, relativement récente. D'après Erstein Seschichte des Klosters and der Stadt de l'Abbé René Friedel, elle ne remonte qu'à 1850. Cette présence semble avoir posé des problèmes car l'Abbé Friedel ne dit-il pas, page 455 : "... Sous la protection des gendarmes nouvellement installés à Erstein, ils (les Juifs) ont pu accéder à leurs croits légitimes du choix de la résidence et de la libre circulation ces personnes" ?
A ce propos il est utile de rappeler que, jusqu'à l'avènement de la Première République et même au-delà, il était interdit aux Juifs de résider dans certaines villes et certains bourgs dont, notamment, Erstein. Ils avaient accès à ces villes et ces bourgs en s'acquittant, dans bien des cas, d'un octroi pour y traiter leurs affaires. II s'agissait, essentiellement, de marchands de bestiaux, de textiles, de grains et fourrages, etc... Interdiction leur était faite d'y passer la nuit. A Erstein, la sonnerie des cloches à 22 heures - perpétuée jusqu'à nos jours- avait, entre d'autres fonctions, celle de leur rappeler la fermeture des portes de la ville. Il est intéressant de noter, qu'au cours des années 1860 à 1870, cette intolérance et cet ostracisme ne s'exerçaient pas uniquement à l'encontre de la seule minorité juive.
Les commerçants dont il est question plus haut vivaient dans les villages
environnants tels que Gerstheim,
Osthouse, Matzenheim-Werde,
Westhouse, Uttenheim et Bolsenheim.
C'est de ces villages mais plus particulièrement d'Osthouse
et d'Uttenheim que sont venus les fondateurs de la Communauté.
Le 9 août. 864, l'Empereur Napoléon III décrète le rattachement de la Communauté Israélite d'Erstein à la circonscription rabbinique de Fegersheim. A cette date la Communauté compte 52 membres. La synagogue est érigée en 1882.
De commerçants ambulants, les Juifs deviennent alors commerçants établis, sédentaires. Ils ouvrent des boutiques, des magasins, des ateliers de menuiserie, tapisserie, cordonnerie, une fonderie et un café-restaurant. Ils participent ainsi au développement commercial de la cité.
En 1904, après des années de tractations et de pourparlers avec le Conseil municipal, de dissensions à l'intérieur même de la Communauté, l'autorisation a été donnée et le terrain nécessaire concédé pour l'implantation du cimetière route d'Osthouse.
Les services religieux ont lieu régulièrement et selon la tradition. Un ministre officiant les dirige assisté, pendant une assez longue période, d'une chorale. Ce ministre officiant est chargé de l'enseignement religieux et remplit également les fonctions de "Schächter", de sacrificateur.
Au fil des années les relations entre les différentes confessions
s'améliorent progressivement. Les Juifs prennent part à la vie
associative et la Communauté bénéficie, au même titre
que les autres cultes, du concours de la Municipalité. De 1891 à
1940, un membre de la Communauté Israélite est régulièrement
élu au Conseil Municipal.
En 1920 la Communauté comptait 160 membres ; 115 en 1932. Ce déclin
était dû au départ des jeunes, attirés par des carrières
dans les grands centres.
En 1940, au monent ce l'occupation par les Allemands, un peu plus de cent personnes sont contraintes de quitter leur domicile. En avril 1941 la synagogue est rasée après que son agencement ait été vendu aux enchères le 19 octobre 1940. Pour faire bonne mesure, les noms des victimes juives de la guerre 1914-1918, tombés pourtant sous l'uniforme allemand, sont effacés du monument aux morts.
Les membres de la Communauté dispersée ont subi de plein fouet et avec des fortunes très diverses les vicissitudes de la guerre. Les plus malheureux ont connu une fin atroce dans les camps d'extermination. ; certains sont décédés prématurément ; plusieurs mobilisés ont végété pendant cinq ans dans des camps spécialement réservés à leurs coreligionnaires ; trois ont contracté mariage ; quelques-uns, enfin, sont restés dans les régions qui les ont accueillis.
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Cette Communauté, pourtant, ne s'est jamais remise de la grande saignée.
C'est à partir de 1960 surtout due la situation s'est rapidement dégradée.
La Communauté étant dans l'impossibilité de mettre à
la disposition de ses membres les structures d'une éducation et d'une
vie juive traditionnelles, plusieurs familles ont préféré
s'installer dans la grande ville proche. Des jeunes, pour des raisons plus matérialistes,
essaiment. Les entreprises tenues par des Juifs ferment et changent de main.
Le 20 septembre 1981, en présence des autorités et des associations
patriotiques, aété consacrée au cimetière une plaque
en souvenir des morts de la déportation. Elle porte le nom des victimes
nées à Erstein et à Osthouse, ou y ayant résidé
en 1940.
En 1985, seulement. 35 personnes de confession juive résidaient encore à Erstein. Des services religieux avaient lieu à l'occasion des fêtes. Le samedi ne se retrouvaient pour prier à la synagogue que quelques fidèles nostalgiques d'un passé qui leur tenait toujours à coeur. Il ne leur était pas permis de célébrer l'office puisque pour ce faire, la Loi, plusieurs fois millénaire, exige la présence d'au moins dix hommes.
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