ASHERN association des Amis des Sites Hébraïques des Environs de Reichshoffen et Niederbronn-les-Bains présente : La maison des mystères : le Kahalshaus
(maison de la Communauté) de Niederbronn
Texte et photos : Raymond Lévy
pour ASHERN
Au rez-de-chaussée se trouvait une salle dédiée à l'abattage rituel pour petits animaux, équipée de crochets de maintien des chèvres, moutons ou volailles, ainsi que d'un caniveau d'évacuation du sang, interdit à la consommation car symbole de la vie. Une autre partie de ce rez-de-chaussée contenait le mikvé
ou bain rituel dont la tradition oblige à faire usage lors
des rites de purification, notamment (mais pas exclusivement) pour
les femmes après les menstruations. Les étages supérieurs servaient de logements. Ainsi,
après 1945, restés intacts, ils ont abrité jusqu'à
quatre familles juives (dont la mienne), le temps de reconstruction
des maisons bombardées. | l’ancienne Kahalshaus avant 2016 |
1. Le mystère de sa date de construction
Ni la maison juive, ni aucune autre de l’actuelle avenue Foch ne figure
sur le plan d’alignement de 1839-41, et pour cause : toute la zone est
marécageuse et annotée comme domaine d’élevage
de moutons. Le train arrive à Niederbronn en 1867. La "Neue Strasse"
est alors percée pour y mener.
2. Eau sanitaire et chauffage : des inconnues
3. Le plus grand des mystères : d’où vient l’eau pure du mikvé ?
Le mikvé (bain rituel) se trouvait de l’autre côté
du mur du poêle.
L’eau primaire du mikvé, eau de source ou eau de pluie, doit
le remplir sans conduite métallique et sans aucune intervention humaine,
donc en aucun cas par la pompe à bras qui ne servait alors qu’à
compléter le bain avec de l’eau réchauffée.
Le mikvé (bain rituel) |
Le plan ci-dessous montre que cinq excavations ont été creusées pour permettre de consolider les fondations en injectant du béton.
On découvre, à 3 mètres de profondeur, une épaisse
couche d’argile verte à bleue, totalement étanche. Des
poches d’eau s’écoulent au-dessus de l’argile lors
des fouilles. On voit bien alors pourquoi la zone est marécageuse.
Il n’y a donc aucune source permettant d’alimenter le mikvé
en eau pure, de même qu’aucune conduite ne permet de récupérer
l’eau de pluie de la toiture.
On découvre
aussi deux arches de pierres remplies d’argile qui encadrent le bassin
souterrain du mikvé.
Tout s’éclaire alors : les deux arches souterraines forment syphon. Lors des fortes pluies le sol est gorgé d’une eau qui ne peut pénétrer plus profondément, car elle est stoppée par l’argile. Les deux arches obligent ces eaux à ennoyer le mikvé par l’extérieur, puis à remonter à l’intérieur par la bonde selon le principe des vases communicants.
Le mystère est éclairci ... si cette hypothèse est la
bonne !
Ce mikvé est alors véritablement un "rassemblement
des eaux" comme le définit la Halakha (la loi rabbinique).
Il faut donc rendre un hommage appuyé à son architecte, génie
inconnu et fin connaisseur de l’hydrogéologie locale.
Les spécialistes des mikvaoth pourront-ils confirmer ou infirmer cette hypothèse ? Leurs critiques et suggestions seront les bienvenues par courriel à l’adresse : ‘raymlevy@gmail.com’, avec nos remerciements anticipés.
la souka au grenier |
l’ancienne Kahalshaus depuis 2016 |
Aujourd’hui, le kahalshaus de Niederbronn-les-Bains est transformé en logements locatifs. Les salles communautaires ont disparu.
Synagogue précédente |
Synagogue suivante |