Guerre de 1940-1945
Dans un rapport de juillet 1940, le Préfet fait état des effectifs par religion représentée dans la ville : il indique 1200 Juifs. Dès 1939, les Juifs français ont été mobilisés, les jeunes Juifs étrangers quant à eux, se sont engagés à la Légion étrangère, dès septembre 1939.
- 12 décembre 1940 : mise en place du processus d'aryanisation des biens juifs (1) mis en vente à partir du 21 mars 1941
- 7 juin 1942 : port obligatoire de l'étoile jaune avec l'inscription "Juif"
- 11 juillet 1942 ;première rafle de Juifs étrangers (de 16 à 45 ans) à Belfort.
Henriette Bloch |
Henriette Bloch a tenu un journal (2) durant la période de la guerre, voici un court extrait :
A la boulangerie, fermée le lundi, foule. Une étoile jaune. C'est un vieux chiffonnier crasseux. Je lui dis : "Tiens, vous aussi, jamais deux sans trois, où est le troisième ?" Tout le monde rit. En petit nègre, le chiffonnier qui sait à peine le français - est-il roumain, russe, tchécoslovaque, je ne sais (3) - essaie de répondre. Il baragouine quelques mots puis crie à tue tête "Je suis juif, merde pour la Prusse".
"Cela c'est français" disent les gens.
Au lycée (4), ahurissement du proviseur. Les élèves crient "Prête moi ta veste" . Certains professeurs font mine de ne rien voir, d'autres ont des airs compatissants. L'après-midi, au cours d'allemand, M [R...] est très fâché : "Je suis pourtant antisémite mais je n'admets pas cette mesure. Si le proviseur était moins morose je vous enverrai chez lui avec une observation car vous portez un insigne contrairement à la circulaire de M. le Recteur".
L'abbé Pourchet, aumônier du lycée, s'est avancé vers Julien lorsque les élèves rassemblés s'apprêtaient à monter dans les classes et lui a dit "Bloch, permettez-moi de vous exprimer toute ma sympathie".
Lorsque je circule en ville, je reçois beaucoup de saluts de gens que je ne connais pas.
Un exemple parmi les Juifs de Belfort, Henriette Bloch qui est veuve depuis 1941, est dénoncée pour ne pas porter l'étoile jaune, elle est convoquée par deux fois à la Kommandantur, elle quitte Belfort avec Julien son fils qui vient de passer brillamment son baccalauréat, le jour du deuxième ordre de se présenter, ils doivent passer la ligne de démarcation entre Salins et Poligny. Croyant le danger écarté, Julien court, et disparaît. Henriette passe la ligne, Julien a été arrêté par une patrouille allemande, puis interné à Pithiviers, déporté et assassiné à Auschwitz. Henriette survivra, tenant son journal jusqu'à la fin de la guerre, et reviendra à Belfort où elle décèdera.
Déportations
60 % environ de la population juive de Belfort ne reviendra pas des camps nazis, soit si l'on s'en tient aux noms portés sur le mémorial du souvenir au cimetière israélite : 181 personnes.
La Communauté Juive de Belfort fut durement touchée par la barbarie nazie entre 1939 et 1945. Une plaque dans la synagogue rappelle les 240 noms des belfortains et des environs assassinés en déportation (5) ; une liste établie après guerre par Henriette Bloch (2). Il manque néanmoins la liste de ceux, nombreux, qui furent arrêtés et déportés depuis Belfort et ses environs (6), qui venaient d'autres régions ou pays et qui tentaient de passer en Suisse, notamment par Delle. Il manque également le décompte des enfants dont les parents ont été arrêtés et qui ont été soit placés à l'UGIF, soit cachés, soit disparus.Un travail de recherche reste à entreprendre.
Parmi les membres de la communauté juive ayant survécu, Mordka et Hélène Urbajtel, Janine Blum, Paul et François Flau, qui ont connu la déportation respectivement à Auschwitz-Monowitz, Auschwitz-Birkenau et Buchenwald.
Monument aux déportés du cimetière côté route, Monumentaux déportés côté cimetière route portant les noms Monument aux morts du cimetière israélite |
Justes de Belfort
Ceux qui ont caché et sauvé des enfants juifs ont reçu la médaille décernée par Yad Vashem à Jérusalem, comme Emile et Henriette Delavenna (pour les enfants du Dr. Jacques Lévy), la capitaine de l'Armée du Salut Olga Baumgartner épouse Saint-Blancat (pour les enfants Gezenfisz et Mobrer), ainsi que Lou Blazer de Montbéliard.
Un hommage suite à une proposition de Annette Flau ( elle même enfant cachée sons le nom de Annette Lavande, dans un lycée religieux à la Tronche, Isère), leur fut consacré en octobre 1999 au Centre Communautaire, dans le cadre de l'une des journées culturelles organisées et une plaque apposée.
De nombreux membres de la communauté par ailleurs, doivent d'avoir été cachés et sauvés par des familles hors du Territoire de Belfort, par des Justes dans d'autres départements : Corrèze, Aveyron (Violette Kartaux.), Massif Central (Henri Engelyc)...
Monument
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