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Dans des publications et revues juives, on a pu lire des articles concernant la disparition de quelques communautés israélites en Alsace et en Lorraine avant, et surtout après la guerre de 1870-71. L'exode des villages est allé vers les grandes villes, Strasbourg, Colmar, Mulhouse, Metz et au-delà des Vosges en pays de France vers Nancy, Vesoul, Lyon, Saint-Étienne, Elbeuf, Paris, Roubaix, Marseille et l'Algérie. Beaucoup de familles se sont établies dans d'autres pays démocratiques en Suisse, en Amérique et principalement aux États-Unis. Il est consolant de constater que la migration se faisait vers l'Ouest et le sud, évitant la direction de l'Est comme si ces braves gens avaient senti ce qui se passerait de nos jours, en Allemagne, en Autriche anschlussée, en Pologne et en Roumanie.
Parmi ces communautés juives disparues dans le Haut-Rhin, il y a celle du village de Pfastatt. Ce village se trouve à 4 km de Mulhouse au pied d'une des dernières collines du "Sundgau". De la hauteur de cette colline, on voit fumer les nombreuses cheminées, des usines de la grande ville industrielle de Mulhouse, et au-delà par beau temps, quand l'horizon est très clair, on aperçoit les cimes des Alpes avec leur neige éternelle. Qu’on tourne les regards vers le nord, et on verra la grande plaine qui s'ouvre entre les Vosges et le Rhin, la ligne bleue des Vosges avec le ballon de Guebwiller et le célèbre Hartmanswillerkopf, au pied desquels en distingue par beau temps, une série de villages, entre autres le village de Yungholtz, dont le cimetière, Israélite recevait aussi les morts de la communauté juive de Pfastatt.
Procession dans une synagogue avec les rouleaux de la Torah image de Elkan |
Avant la guerre de 1870-71, la communauté juive de Pfastatt était très florissante avec 40 familles ou plus, puisqu'elle avait son propre rabbin. Le dernier rabbin était David Heilbronner, connu sous le nom de Reb Tufet, décédé vers 1874. À cette époque, on comptait encore environ 30 familles, et on se passait d’un successeur. C'est Monsieur le rabbin Mock de Mulhouse qui venait deux ou trois fois par an pour faire des sermons et pour contrôler les progrès religieux de la jeunesse israélite.
Nous israélites, nous avions une école à part sous la direction du ministre officiant Pierre Dreyfus, jusqu'en 1875 ; on nous y enseignait l'hébreu, le calcul, le français et l'allemand. En en cette année, l'Allemagne, qui avait gagné la guerre de 1870-71, s’étant annexé l'Alsace et la Lorraine avec une "nadenje" de 5 milliards de francs-or, et voulant faire voir au monde entier, ces principes de tolérance chers au roi de Prusse Frédéric Le Grand (Jeder Kann nach sener façon selig werden), cette Allemagne, ordonna par un décret impérial aux garçons, d'aller à l'école communale et aux filles à l'école des sœurs.
Comparez ce geste allemand, d'autrefois avec la mentalité des maîtres de l'Allemagne actuelle !
La synagogue de Pfastatt était un grand bâtiment dont l'architecture était d’une simplicité touchante. D’une hauteur respectable, elle dominait les maisons juives les plus élevées, les femmes occupaient un grand balcon côté ouest et les hommes étaient dans le bas au parterre. Chacun avait sa place avec un "Ständer". Ces places étaient adossées aux quatre murs rectangulaires. A une certaine hauteur des murs il y avait un arrangement de pointes en fer : une pointe par place, pour pouvoir fixer les grands cierges.
Le soir de Kol Nidré, quand la partie supérieure des "Ständers" était recouverte de blanc, quand tous les hommes mariés étaient en "sargueness", et quand les candélabres et les sièges, le long des murs étaient allumés, l'ensemble était tellement majestueux et solennel, qu'une foule nombreuse de non-Juifs et surtout d'ouvriers, des usines de Blanchiment, Peinture et Impression de Henry Herffely, à Château-de-Pfastatt (aujourd'hui, Schaeffer et Cie) s'assemblait dans le grand corridor du temple pour admirer ce tableau féerique, écoutant les prières dans un silence religieux. L'éclat de ces offices de Kol Nidré à Pfastatt, d'une haute dignité religieuse, je ne l'ai plus jamais revu durant mes séjours dans de grande ville, comme Mulhouse, Bâle, Zürich, Lyon et Marseille.
Pour mettre encore en relief, la vie harmonieuse entre les habitants chrétiens et juifs de ce village, il me revient en mémoire qu'à l'occasion de l'enterrement du très honorable et vieux curé du village, les femmes juives firent déposer une grande et magnifique couronne sur le cercueil en reconnaissance, surtout de ce que ce prêtre faisait aussi des visites aux malades juifs, quand le choléra sévissait en Alsace, au milieu du XIXe siècle.
Les murs de la vieille synagogue, se sont lézardés vu le danger, une nouvelle "Schoule" a été construite vers l'année 1900. Le jour de l'inauguration, savez-vous qui marchait en tête du cortège pour porter les "Séfer-Toras" dans le nouveau "Oren-Hakodesch" portant lui aussi un Séfer ? le maire catholique du village, Antoine Schoff.
© A. S . I . J . A . |