Quelques Juifs ont pu habiter avant la Révolution dans ce gros village situé à proximité de la lisière sud de Metz, aujourd'hui troisième ville du département, incorporée dans l'agglomération messine. Nous en relevons en effet quelques-uns au lieu-dit Saint-Ladre, mais s'il ne s'agissait certainement pas d'une véritable communauté, il semble bien que dans la première moitié du 19ème siècle, elle soit avérée. En effet, le registre du consistoire de la Moselle mentionne dans sa séance du 14 avril 1846 qu'il accède à la demande des habitants et qu'il nomme un commissaire pour leur synagogue qui est donc alors déjà en fonction. Celle-ci sera considérée comme "temple légal" du culte israélite par décision de la préfecture du 2 septembre 1853. La communauté est à nouveau mentionnée en 1864 puisqu'on y trouve un ministre officiant. En 1914 un recensement destiné à l'établissement des quotes-parts de chacun pour le paiement de l'indemnité de logement du rabbin de Metz en dénombre 61. Leur maison de prières est petite, d'une superficie de 37 m2, située au fond d'une courette entre deux immeubles, à côté du 134 rue de Pont-à-Mousson. En 1920 le consistoire décidera de dissoudre cette communauté et de la rattacher à celle de Metz. Peut-être ses effectifs avaient-ils sérieusement diminué, car beaucoup d'employés des chemins de fer habitaient cette localité, et nombre d'entre eux. citoyens allemands, avaient quitté la ville en 1918. Il y avait probablement des Juifs parmi eux, mais cela reste une hypothèse. La petite synagogue fut aliénée en 1923, et vendue pour 2 000 francs. D'après les archives départementales de la Moselle, 17J40.
|
La rue de Pont-à-Mousson, où se trouvait la synagogue |
Bien avant la signature l’acte fondateur de la commune par Napoléon Ier, eut lieu le 20 novembre1755 à Montigny/les/Metz la signature d’un contrat de mariage, acte on ne plus officiel relevé par Monsieur Jean Fleury, bien connu des généalogistes messins, en voici le contenu (extrait) : "WITTLICH Nathan fils WITTLICH Gabriel veuf de CAHEN Juttelet d'Augny et de GOUDCHAUX Catherine fille GOUDCHAUX Abraham x LEVOUF (WOLFF) Rosette Nancy. L'épouse est assistée par son frère GOUDCHAUX Samuel de Nancy et de son beau-frère LEVIN Louis docteur en médecine à Metz"
Puis il y eu un acte de naissance le 25 juillet1810 par l’officier d’état civil de la jeune commune iI est établi ce qui suit : "BEER Edouard le 25/07/1810 il est le fils de BEER Jacob Godechaux membre du consistoire israélite demeurant rue de l'Arsenal à Metz et de CAHEN (non connue), il est né dans la maison de campagne de ses parents. où il décèdera le 16/07/1811"
Développement de la Communauté
Un mariage hors du commun
à Montigny-les-Metz Le 05/09/1865 a lieu à Montigny-les-Metz le mariage de: La jeune mariée est mademoiselle FRANCFORT Fannie 26 ans née le 08/08/1839 à Montigny-les-Metz, elle est la fille de FRANCFORT Isaac 65 ans marchand de bestiaux époux de BENEDIC Suzette 62 ans Les témoins sont : |
La commune de Montigny-les-Metz se développe ainsi que sa communauté juive. Ses membres viennent des villages environnants principalement de Marly et d’Augny. Comme sous l’Ancien Régime ils sont marchands de bestiaux, de chevaux, de grains, bouchers La Révolution Française leur permet l’accès à tous les corps de métiers. Les Juifs changent de métier, ils évoluent vers la modernité même si au moins un membre de la fratrie reste attaché aux métiers traditionnels.
En 1833 de graves problèmes d’hygiène ayant été soulevés suites aux mauvaises conditions d’abattage sur le ban de la commune, Le Maire de l’époque prend un arrêté qui interdit aux bouchers d’abattre dans leur maison "aucun bœuf , taureau, vache, veau ou mouton." Le Conseil municipal décide que l’abattage des animaux aura lieu dans l’abattoir du sieur Hayem Lévy avec lequel la commune a pris un arrangement. Le lieu où il se situait cette entreprise n’a pu être identifié par l’auteur.
L’arrivée du tram hippomobile va attirer des nombreux marchands de chevaux (La famille Moïse vient de Verny et s’installe rue Vénilézos). Cette activité requiert beaucoup d’animaux et bien sûr d’écuries situées près de la fin de la ligne (Tournebride – endroit pour faire virer les voitures attelées -).
Les membres de la communauté juive exercent maintenant des métiers tels que marchand d’étoffes, marchand d’épices (épiciers) tourneur au chemin de fer (l’essor des ateliers nécessite une main-d’œuvre qualifiée), comptable aux Ets Joseph, marchands de chaussures, patron coiffeur, etc.
En 1870, après la défaite, comme de nombreux Montigniens, des membres de la communauté juive migrent vers la France où ils optent pour la nationalité française. Notamment Meyer Bernard manœuvre né en 1818 à Montigny-les-Metz et décédé en 1895 à Lunéville ainsi que son épouse Cahen Julie née en 1820 à Ennery et décédée en 1892 à Lunéville également.
Lors de l'agrandissement des Ateliers du chemin de fer des ouvriers juifs alsaciens et allemands s'installent à Montigny-les-Metz, compensant un peu les départs vers la France, ou ceux qui s'installent à Metz. Quelques-uns dont nous avons retrouvé la trace intègrent le Home israélite.
Dès 1847 il est décidé l’achat d’un bâtiment à vocation de synagogue. C’est le 02 septembre 1853 que la préfecture considère la synagogue comme un temple légal. Il fait 37m2 sis au fond d’une cour 134 rue de Pont-à-Mousson, face à l’ancienne place de la Nation. Les travaux de réaménagement de 1980 la feront disparaître à tout jamais. Mais j’ai l’espoir que le Conseil municipal en marquera l’emplacement par une plaque commémorative comme c’est déjà le cas dans de nombreuses villes mosellanes
Dès 1916 l’activité cultuelle cesse Les membres de la communauté juive ne fréquentent plus guère le 134 rue de Pont-à-Mousson privilégiant Metz et sa synagogue consistoriale ou se rendent auprès de leurs parent âgés vivant soit à Augny, Verny, Louvigny pour les fêtes religieuses. Il a aussi de nombreux départs vers l’Hospice israélite (créé en 1914 aujourd’hui un Ehpad moderne) situé à côté de la grande synagogue. L’établissement possède son propre oratoire (disparu depuis lors pour cause de modernisation de l’établissement).
Dans le cadre de son aliénation en 1923 et de l'achat en 1926 par la commune, la synagogue sera détruite lors de la rénovation du quartier de la place de la Nation dans les années 1980.
Il nous est parvenu les noms de 'hazanim ayant exercé à Montigny/les/Metz :
ABRAHAM Antoine | 1862 |
CAHEN | 1873 jusqu'en 1883 |
DREYFUS | 1883 |
BAUMANN | 1884 jusqu'en 1897 |
Aujourd'hui
Il n'existe pas de communauté dûment constituée malgré la présence de nombreuses familles juives.
La dernière activité commerciale connue de l'auteur de ces lignes est le siège social des frères Alexandre, marchands de bestiaux.
C’est la lecture de l’ouvrage de Monsieur Lucien Artz qui a éveillé ma curiosité pour cette communauté et mon goût pour la généalogie pour les recherches a fait le reste.
Je ne serais pas complet sans rappeler les noms de ceux qui furent déportés et assassinés à Auschwitz parce que juifs.
Nom | Prénom | Date de naissance | Convoi N° |
ADASS | Rose | 05/06/1907 | 48 |
ALEXANDRE | Adeline | 10/06/1874 | 74 |
ALEXANDRE | Achille | ° à Boulay réside à Montigny | 78 |
ALEXANDRE | Claude | ° à Lyon réside à Montigny | 78 |
BERNARD | Denise | 18/03/1926 | 77 |
DALTROFF | Albert | 27/05/1885 | 68 |
ERMAN | Else | 20/10/1903 | 35 |
ERMAN | Joseph | 07/10/1907 | 60 |
Sources :
Synagogue précédente |
Synagogue suivante |