Cette colonne en pierre retrouvée dans le jardin du presbytère devait servir de support au chandelier de la synagogue. © Henri Schumann |
Quelques familles juives y habitent dès 1712, venant de Phalsbourg d'où elles avaient été expulsées. La décision de Louis XIV visait toute la généralité de Metz, dont Mittelbronn faisait partie, mais en réalité, l'autorité militaire de Phalsbourg, qui, dans la place, exécutait de mauvaise grâce l'arrêté d'expulsion, ferma les yeux sur l'installation des bannis dans les villages environnants.
En 1747, un des juifs de Mittelbronn, Cerf Moïse, fut accusé de produire des fausses créances par certains de ses débiteurs. Un procès eut lieu au cours duquel l'accusé fut défendu par un avocat alsacien nommé Roederer, dont le fils allait plus tard s''illustrer au barreau de Metz et jouer un rôle primordial dans le processus d'émancipation à la veille de la Révolution.
Synagogue de Mittelbronn - © Henri Schumann |
Les juifs de Mittelbronn furent souvent en conflit avec leur rabbin installé à Phalsbourg. A preuve les échanges de lettres véhémentes passés en 1850-1851 entre le rabbin Lippmann et les responsables de la communauté. Ces derniers exigeaient la démission de leur président Berr Wormser, qui avait fait annuler une vente aux enchères des places de la synagogue, la jugeant probablement insuffisante. Cette vente, qui avait rapporté sept cents francs, devaient servir à réparer l'édifice qui menaçait ruine et l'agrandir pour l'occasion, le nombre des fidèles ayant augmenté. Ce bâtiment avait été construit en 1775 grâce à une autorisation spéciale du gouverneur militaire de Phalsbourg.
Révoqué par ses pairs, Wormser fut soutenu par Lippmann et chacun porta sa cause auprès du consistoire. Dans sa lettre, le rabbin, parlant de la communauté de Mittelbronn affirmait "qu''elle renferme des individus intraitables, pétris de chicane et de méchanceté". Chaque plaideur d'ailleurs tenta d'attirer la mairie dans son camp. Un nouveau litige ayant éclaté entre certains éléments de cette communauté et son chantre, qui était destitué, le maire prit fait et cause pour ce dernier et envoya une lettre de soutien au consistoire.
La synagogue fut fermée au culte en 1935, les fidèles ne résidant plus dans ce village depuis 1910 environ. Le bâtiment sera vendu au curé du village, M. Monnard, qui s''engagera à l'utiliser dans "un but d'éducation morale et religieuse qui n''injurera pas aux sentiments des Israélites qui en furent propriétaires".
Source : archives consistoriales de la Meurthe
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