Source : Mémoire des communautés juives de Moselle, Henry Schumann, Editions Serpenoise 1999)
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L'histoire de ce village, divisé avant la Révolution entre sa partie occidentale, relevant du comté de Créhange et l'orientale, française, a été particulièrement étudiée par Jean Daltroff. A l'origine, les juifs s'installent dans la partie française, qui dépend de l'abbaye de Saint-Avold. Ils y ont une rue (la Judengasse), une synagogue et un cimetière. Dans la partie créhangeoise, se situent l'église, le presbytère et l'école. Mais au début du 18ème siècle, les comtes de Créhange décident de les laisser résider dans tous les villages du comté, moyennant un droit de protection, le Schutzgeld, variant entre 26 et 49 livres. Ce sont de petits marchands, mais surtout des prêteurs d'argent qui sillonnent tous les villages alentour, tant lorrains que français (avant 1766) et qui sont à l'origine des violentes explosions de haine anti-juive des paysans dans une vaste zone située entre Boulay et Sarralbe. Le cahier de doléances du village est célèbre parce que l'on peut lire l'effarement des paysans (de la partie française) constatant qu'ils sont minoritaires dans leur village (vingt feux contre vingt-quatre feux juifs). Autre objet de grief, la construction d'une synagogue ayant pignon sur rue (la coutume imposait aux juifs des bâtiments discrets, situés dans des arrière-cours).
Unifié après 1793, le village continue d'abriter une très forte communauté malgré le début d'une importante émigration, compensée par un excédent démographique considérable. Pour l'anecdote, l'Univers Israélite de 1854, organe de l'Alliance israélite universelle, signale cette même année, la présence à Jérusalem d'un certain Ahron Moses, unique français habitant la Ville sainte. Cet homme, qui vit d'ailleurs dans la misère, est natif de Niedervisse, et serait le petit-neveu du bâtisseur de la synagogue.
La communauté comprend encore cent dix juifs en 1900, soit plus du tiers des habitants de la localité. Elle jouit dans le judaïsme lorrain d'une grande réputation d'exigence en matière religieuse, de sorte que ses ‘hazanim en tirent gloire dans leur carrière, et que leur séjour leur sert souvent de tremplin vers des fonctions dans des villes plus prestigieuses. Ainsi Salomon Binn qui fera la célébrité des offices de la synagogue de Metz. On peut également citer M. Lichtenstein (père), Joseph Teitelmann, et Hermann Markowitz, venu vers 1919-1920 de Pologne. Ce dernier avait suivi les cours de la célèbre Académie Wolozin et était rabbin, mais du fait de sa nationalité polonaise, dut se contenter d'un poste de 'hazan à Freistroff, avant d'obtenir celui de Niederwisse où il se maria. En 1928, il devint le ministre-officiant à Delme, puis quitta l'Europe pour les USA, peu de temps avant la guerre. Là, devenu le Révérend Hermann Marx, il exerça ses fonctions dans d'importantes communautés en Ohio puis au Massachussets.
Mais dès 1939, il n'y a plus que dix-huit familles, souvent composées de personnes âgées. La synagogue est détruite pendant l'Occupation, et comme aucune famille ne s'y réinstalle après la guerre, elle ne sera jamais rebâtie. Depuis 1945, il n'y a plus de communauté dans ce qui fut un véritable "schtätel" lorrain. Son dernier président en titre avait été Alphonse Cerf.
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