Une soixantaine des quatre
cents sépultures du cimetière juif de Sarreguemines (Moselle)
ont été profanées par des inconnus. Les dégradations
ont été découvertes mardi après-midi (10 mai 2005)
par le gardien du cimetière communal, qui jouxte celui que gère
la communauté israélite.
Soixante-quatre stèles ont été brisées ou renversées,
une pierre horizontale étant par ailleurs déplacée comme
si l'on avait voulu ouvrir la tombe. Aucune inscription n'a été
relevée par la police, qui s'est rendue sur les lieux, à l'exception
d'une croix gammée gravée sur la boîte à lettres
de la maison du gardien. Cette maison est cependant assez éloignée
du cimetière juif.
Les enquêteurs devront déterminer à quel moment les auteurs
ont agi. La fourchette va de dimanche matin à mardi après-midi.
Un appel à témoins a été lancé mais n'a guère
donné de résultats pour l'instant.
Les faits se sont produits un peu plus de vingt-quatre heures après la commémoration du 8 mai 1945, qui a donné lieu, comme chaque année, à une cérémonie et à des prises de parole dans le cimetière juif, devant la stèle aux victimes de la seconde guerre mondiale et de la déportation. On sait qu'il n'y a pas de mouvement raciste ou antisémite identitaire de connu dans le secteur de sarregueminois et que ceux qui ont agi de la sorte ne sont pas venus là par hasard puisque le carré juif se trouve à l'extrémité du cimetière communal et que bon nombre de personnes ignoraient jusqu'à son existence.
L'émotion était palpable parmi la population sarregueminoise.
Depuis 1904, année de sa création, le lieu de sépulture
israélite n'a jamais été l'objet d'une quelconque vandalisation.
Même les guerres l'ont épargné. Chacun se voulait solidaire
et dénonçait des actes "imbéciles, stupides, qui avilissent
ceux qui les ont commis" comme le rappela en fin d'après-midi le
président de la communauté juive Claude Bloch lors d'une petite
cérémonie improvisée à l'occasion de la venue du
préfet de région Lorraine, du président général
près la cour d'appel de Metz et du député-maire de Sarreguemines,
rentré précipitamment de Paris.
Devant une centaine de personnes le rabbin Fhima a relevé "l'inhumanité
que nous ne comprenons pas. Cette bassesse inhumaine la plus écrasante
qui montre que quelque part nous n'avons pas encore tout compris de l'être
humain". Il a invité au recueillement et a dit une prière
en demandant de "répondre à l'inhumain par l'humanité,
par la foi".
La litanie...
30 octobre 2004 : profanation du cimetière juif de Brumath mercredi 28 juillet 2004 : profanation du cimetière juif de Saverne vendredi 30 avril 2004 : 12 avril 2002 : profanation de tombes au cimetière israélite de Cronenbourg 1-5 avril 2002 : incendies du pavillon situé à l'intérieur du cimetière israélite de la Communauté Etz Haïm à Schiltigheim janvier 2001 : saccage du cimetière juif de Sarre-Union Sans oublier les cimetières juifs de Lyon et de Rivesesaltes, de Fleury-devant-Douaumont, et le Mémorial de Verdun, qui ont été profanés en 2004... |
Le parquet de Sarreguemines a ouvert une enquête. La communauté
israélite a pour sa part décidé de porter plainte. Le
sous-préfet, Luc Vilain, et le procureur de la République, Michel
Beaulier, ont demandé un "travail minutieux d'identité
judiciaire qui devra relever d'éventuelles traces ou empreintes. Toutes
les pistes possibles seront explorées". Mais aucune trace ni empreinte
significative n'ontété relevées sur les lieux de la profanation
des 64 tombes du cimetière .
A la demande du ministère de l'Intérieur, le préfet a
pris les mesures pour renforcer la surveillance du secteur et le dispositif
de sécurité par la police nationale afin d' "éviter
que de tels actes révoltants se reproduisent".
Le Ministère de l’Intérieur a informé le Consistoire
Central de France que 65 stèles ont été profanées
au cimetière juif de Sarreguemines, en Moselle.
Ces actes odieux font suite à de trop nombreuses autres profanations
qui ont eu lieu ces derniers temps en France ; le Consistoire Central condamne
sans réserves cette dérive et demande à ce que les coupables
soient retrouvés et sévèrement punis.
Le Consistoire Central apprend cependant avec satisfaction que le Ministre de
l’Intérieur annoncera, lors du Conseil des Ministres qui doit avoir
lieu mercredi 18 mai, la dissolution d’un groupe néonazi.
Tout laisse à penser que la plupart des profanations à caractère
raciste aient été commises par des individus issus de cette mouvance
et une telle décision était attendue.
Le Consistoire Central espère également que les autorités
françaises et allemandes coopéreront afin d’enrayer les
déplacements de néonazis allemands en France.
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