Hanouka, fête des lumières ou fête de la dédicace (du Temple de Jérusalem) n'est pas comme les autres fêtes, d'institution biblique. Elle date de l'époque du second Temple et commémore la victoire de Juda l'Hasmonéen (Juda Maccabée) sur les troupes syriennes d'Antiochus Epiphane. Celui-ci, maître de la Judée, avait interdit la pratique de la religion juive, en vue d'unifier tout son royaume par une croyance et une pratique commune : celle du polythéisme grec. Un soulèvement populaire s'ensuivit, qui permit aux insurgés de reprendre Jérusalem et le Temple, profané par les troupes païennes.
Pour rappeler cet épisode de notre histoire - triomphe du spirituel sur le matériel-, fut instituée la fête de Hanouka. Ce n'est pas une fête chômée comme les cinq fêtes mentionnées par la Torah, durant lesquelles le travail est interdit. La seule obligation que nous ayons est d'allumer des lumières huit jours durant, la lumière étant le symbole de la spiritualité.
Hanouka se célèbre du 25 kislev au 2 tebeth et se situe en général en décembre (le christianisme a-t-il repris la date du 25 pour en faire la Nativité ?).
L'allumage des lumières :
Lampe de Hanouka à deux étages, pour plusieurs personnes, typique de la région du Haut-Rhin - fer blanc fin 19ème siècle. Coll. © M. & A. Rothé |
Hanouka rappelle aussi un miracle qui a permis qu'au Temple de Jérusalem une fiole d'huile pure (non souillée par les païens d'Antiochus), qui ne contenait que de quoi alimenter le chandelier du Temple pour un jour, a pu le faire huit jours durant !
Aussi avait-on adopté une troisième opinion : allumer une lumière le premier soir et augmenter d'une lumière chaque soir, pour arriver le huitième soir à l'illumination de tout le chandelier; car le miracle de l'huile grandissait chaque jour.
En Alsace, chaque homme de la famille allume sur son chandelier (la Menora ou 'Hanoukia) les lumières de la fête (un chandelier à huit branches, avec une neuvième, servant à l'allumage, appelée Shamash). La mitzva est d'allumer avec de l'huile (de préférence l'huile d'olive) comme au Temple de Jérusalem.
Il existait en Alsace des 'Hanoukioth à 2 ou 3 étages, ce qui prouve que non seulement le chef de famille mais aussi ses enfants allumaient chacun leurs lumières. Dans beaucoup de familles on se sert de bougies à la place de l'huile. L'allumage est accompagné par un chant populaire, Maoz Tsour, dont l'air s'est répandu dans de nombreuses communautés, même non ashkenazes. Ce chant rappelle les diverses époques de l'histoire d'Israël et leurs épreuves, depuis l'esclavage d'Egypte, l'exil de Babylone, la fête de Pourim, pour en arriver à Hanouka.
La tradition du judaïsme rhénan ou ashkenaze, intercalle, les Shabath particuliers, ou lors des fêtes, des Pioutim (compositions poétiques datant pour la plupart du Moyen-Age). Le Shabath de Hanouka, un de ces Pioutim, Shené zeitim ("Les deux oliviers", allusion à un texte de Zacharie) est également très populaire en Alsace grâce à son air dont le refrain est repris en coeur par les fidèles.Coutumes familiales à Hanouka
Les quatre lettres forment aussi les initiales de la phrase "NES GADOL HAYA SHAM", "un grand miracle s'est produit là-bas (en Israël)". En Israël, on a remplacé le shîn par un pé, "un grand miracle s'est produit PO", "ici".
Yona et Gadiel allument les bougies de 'Hanouka |
Aliments de Hanouka :
La fête de Hanouka étant liée à l'huile du Candélabre du Temple, la coutume, dans la plupart des communautés, voulait que l'on mange des aliments frits à l'huile : en particulier des beignets, ou des croquettes de pommes de terre. Cette coutume, très prisée en Israël, est inconnue en Alsace, les beignets étant réservés à Pourim (PurimKichlich).
Dans nos régions, on mange à Hanouka du Houttzelwecke (ou Béréwecke) qui n'est pas spécifiquement un aliment juif. C'est un gâteau fabriqué avec toutes sortes de fruits séchés, d'amandes et autres graines, raisins secs et surtout de poires séchées, Houtzel.
Préparatifs de Pessah
: Les
Juifs en Alsace (probablement ailleurs également) gavaient des oies
ou les achetaient chez les paysans, la période de Hanouka étant
la saison des oies grasses !
On les faisait abattre chez le Sho'heth puis, dans la cuisine débarrassée de tout 'hametz, on préparait ces oies pour le Pessa'h suivant : on faisait fondre la graisse dans laquelle on conservait les cuisses et la poitrine de l'oie. Le reste, carcasse, ailes et les graillons (les grives) était consommé à Hanouka ! Le foie était parfois réservé pour Pourim, lorsqu'on ne le vendait pas à une famille plus fortunée (dans ce cas, le prix de revient de l'oie était moins élevé). Enfin, pourquoi ne pas le consommer à Hanouka même ?
Et maintenant bon appétit !
"Il y a un quart de siècle [donc vers 1860] on ne se servait que d'huile pour les lumières de Hanouka. Les maîtresses de maison, trouvant sans doute que les taches produites sur le plancher par l'huile tombant des lampes sont trop difficiles à enlever, ont obtenu que l'on n'emploie plus guère que des cierges minces ou des bougies filées, vulgairement appelées "rats de cave".
Un divertissement particulièrement cher aux enfants a disparu depuis que l'huile a été remplacée par les bougies. Les mèches étaient renouvellées chaque soir, et celles qui avaient servi la veille étaient recueillies soigneusement par les enfants qui, le lendemain de Hanouka, les réunissaient toutes en un tas et y mettaient le feu. Les méches, encore humectées d'huile, flambaient facilement, et les petits garçons et les fillettes sautaient joyeux, à plusieurs reprises, par-dessus la flamme."