Les Deux Oliviers
poème liturgique de Hanouka

Le verset de Zacharie sur le portique de la
Synagogue de la Paix à Strasbourg

Lorsque la fête de Hanouka (qui dure huit jours) comporte deux shabath, il est d'usage de lire à la synagogue, le premier de ces deux shabath, une haftara (lecture des Prophètes) issue du Livre de Zacharie (chapitre 2 verset 14 au chapitre 4 verset 7). Dans les derniers versets de cette haftara le prophète parle de la menora (candélabre) du Temple, entourée de deux oliviers l'un à sa droite, l'autre à sa gauche. Zacharie évoque la reconstruction du second Temple, et les deux oliviers symbolisent l'un le grand prêtre Josué, et l'autre Zorobabel. Le premier est le chef spirituel religieux et le second, le chef laïc. Et D.ieu dit à Zorobabel : "Lo behayil velo bekoah ki im beruhi amar hashem tsevaot" - "(Israël ne renaîtra) ni par la puissance ni par la force mais par mon esprit". Ce verset a inspiré de nombreuses réflexions aux penseurs juifs, et nous en présentons quelques interprétations, extraites du Bulletin de nos Communautés. On sait aussi que l'olivier est un symbole de paix dans le judaïsme : Noé, pour savoir si le déluge a pris fin, lâche un corbeau et plus tard une colombe, qui revient avec une branche d'olivier dans son bec pour annoncer la fin du cataclysme (Genèse 7:7-12).

Le poème Shenei zeitim reprend l'image des deux oliviers et se chante justement à Hanouka. Il est particulièrement apprécié par les Juifs d'Alsace, parce le mot par lequel il débute, Chney signifie "neige" en alsacien... et qu'à Hanouka la neige tombe à gros flocons dans les régions rhénanes ! Cf. le conte de Moché Catane Deux oliviers.

Un piyouth est un poème liturgique généralement de l'époque médiévale. L'auteur de Shnei zeitim est un certain Shlomo (vraisemblablement Shlomo Ibn Gabirol, poète et philosophe espagnol du 11ème siècle), et les lettres de son nom figurent en acrostiche au début de chaque strophe. La traduction en langue française est de Yonathan Lilti, Directeur de l'école Tachbar à Strasbourg nous a été transmise par Yehochoua Klein, président de la Communauté Etz Haïm de Strasbourg.

 Texte du piyouth "Shenei zeitim" 

Shenei zeitim ("Les deux oliviers"), enregistré spécialement par
Michel Heymann
, 'hazan de Luxembourg, pour notre site.
Deux oliviers
Décapités
Au jardin clos resplendiront

Au front de Kehat
Au front d'Ephrat
Deux couronnes se poseront

Au chandelier
De pureté
Comme des lustres ils brilleront

Et dans le camp
En face du candélabre
ils illumineront


Du front du roi
Le diadème choit
Qui n'est plus qu'un bourgeon fané

Et le grand prêtre
Ce pauvre hère
Est un paquebot égaré

Ah souviens-Toi
De Zécharia
Dans sa vision faite à Babel

Quand Tu t'étais
Souvenu d'eux (et les avais secourus)
Par la main de Zeroubavel

Vois leurs enfants
Sauve-les en
Proclamant un temps de Yovel

Et donne-leur
La place de leurs Pères
qui dirigeaient l'univers

D'entre les griffes
De l'Agressif
Leur anneau ils retireront

Et dans le camp
En face du candélabre
ils illumineront


La dynastie
Qui se languit
Au mont Sion ramène-la

La noble fille
De biens nantie
A la maison reconduis-la

Et la puissance
Et la prestance
Au front de David pose-la

Et la tiare
Sertie de gloire
Sur Aaron installe-la

Du sacrifice
Restaure l'office
Et l'oblation exhausse-la

Et les mixtures
Que l'on triture
Que je n'avais vues jusque là

Et les lumières
Des luminaires
Les fils d'Aron allumeront

Et dans le camp
En face du candélabre
ils illumineront


La femme brisée
Et assoiffée
Qui jour après jour se lamente

Appuie sa main
Sur son cousin
A la vision étincelante

Fais leur humer
le clos parfumé
Leur 'Houppa sera éclatante

Reconduis-les
Restaure-les
Sur Sion, ses terres environnantes

Et tes décrets
Seront chantés
Sur viole et flûte exaltantes

Par ceux qui T'aiment
Et qui dédaignent
Idoles vaines et dupantes

Les bafoués
Seront loués
Ceux qui verront reconnaîtront

Que dans le camp
En face du candélabre
ils illumineront


Olivier à Jérusalem © B.Weill
Olivier

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