"Louez-le, esclaves du Seigneur" (Ps 113:1) - "esclaves du Seigneur" et non esclaves de Pharaon !Ce qui signifie cependant un certain degré d'aliénation. Certes, les Hébreux sont sortis d'Egypte mais cette sortie ne s'est pas opérée par leur propre initiative, ni par leurs propres moyens, c'est leur D-ieu qui les "a fait sortir". La formule est répétée cinquante fois dans la Torah, pour bien marquer qu'au moment de la sortie d'Egypte, Israël subissait son histoire plutôt qu'il ne la maîtrisait. Au septième jour de Pessa'h, lorsqu'ils doivent franchir la Mer Rouge, leur relation à D-ieu a changé : elle n'est plus celle d'un esclave par rapport au roi mais celle d'un enfant par rapport au père. On peut constater d'ailleurs que dans le récit de la traversée de la Mer Rouge, le peuple ne cesse d'être désigné par l'expression "beney Yisraël".
Là, ils se comportent en fils obéissants qui répondent à ce que leur père attend d'eux. Beaucoup de midrashim insistent sur le fait qu'il fallu aux enfants d'Israël beaucoup de courage pour s'avancer dans la mer avant que D-ieu ne provoque leur salut. Mais c'était précisément la condition pour que le salut puisse se produire. Comme l'atteste la Torah : "Ils eurent foi en le Seigneur et en Moïse son serviteur" (Exode 14:31). Alors que la sortie d'Egypte avait été une expression de la grâce divine dispensée à des êtres encore indignes, ce que nos mystiques désignent par l'état de qatnûth, le 7ème jour de Pâque verra les enfants d'Israël s'élever à la gadlûth, se montrer capables d'affronter le jugement divin qui départage entre Israël et l' Egypte.
Désormais, Ils se sont hissés au rang de beney melakhim, de princes, si tant il est vrai, que la tâche des princes est de faire accepter de tous les sujets la souveraineté du roi, du Roi céleste en l'occurrence. Aussi, n'est-il pas étonnant que la liturgie des derniers jours de Pessa'h, comme en témoigne la lecture des Prophètes, comporte une dimension messianique prononcée : nos Sages nous enseignent également que lors de la déchirure des eaux de la Mer Rouge, les eaux de toutes les mers du globe se sont déchirées. On ne pouvait mieux souligner comment un événement marqué en apparence du sceau du plus extrême particularisme enveloppait en lui déjà l'universalisme présomptif inscrit au plus profond de la foi d'Israël.
Après qu'on ait décrit le récit des plaies que le Saint béni -soit-Il a amené sur l'Égypte jusqu'à ce qu' Israël sorte, le Ba'al Haggadah revient sur toute les bontés que D. a manifesté pour Israël.On les appelé "ma'aloth tovoth" parce que chacun de ces bienfaits, est un bienfait de plus et est plus élevé que le précédent. Ces degrés mènent de plus en plus haut jusqu'au degré final et ultime qui est la construction du Temple pour expier nos péchés. En tout, il y a quinze degrés. Ce nombre n'est évidemment pas un hasard. Il correspond au nombre de marches qui séparait dans le Temple le parvis des femmes et le parvis d'Israël ; elles correspondent eux-mêmes aux quinze cantiques des degrés du livre des Psaumes ainsi qu'aux quinze jours où la lune s'élève jusqu'à qu'elle soit entièrement pleine. Cela convient aussi avec le nom YaH qui vaut quinze en gematria. Car c'est par ce nom, que D. créa les deux mondes, ce monde-ci et le monde à venir ainsi qu'il est écrit : "Car en YaH, formateur des mondes" (Isaïe 26:4). Et du moment que par ce nom saint, D.a créé les deux mondes, on comprend que les degrés vont jusqu'à quinze mais pas au-delà.
Et ces quinze degrés se divisent en trois parties:
Les premiers cinq degrés traitent de ce qui s'est passé pour Israël lors de la sortie, c'est-à-dire de la sortie de l'humiliation car ils étaient les esclaves de l'Égypte.
Les cinq degrés intermédiaires représentent les degrés par lesquels Israël s'est élevé au-dessus de ce monde-ci, en tant que des miracles ont été fait pour eux.
Les cinq derniers degrés sont le but final, le lien et l'adhésion à Dieu béni soit-Il.
C'est pourquoi, dans les cinq premiers degrés, il est question de la sortie d'Égypte, des jugements qui ont été exercé, de ce qui a été fait contre leurs dieux, de la mort des premiers-nés, de l'argent emporté. Tout cela recouvre la sortie proprement dite.
Les cinq degrés intermédiaires concernent ce qui est arrivé à Israël après la sortie : leur début est la déchirure de la Mer des Joncs, puis la satisfaction de nos besoins dans le désert, la consommation de la manne et tous les miracles sans le moindre doute qui sont le degré d'Israël.
Cependant que les cinq derniers nous parlent tous des préceptes divins de manière à nous faire adhérer pleinement à Dieu béni soit-Il. En effet le don du Shabath est un précepte divin, de même l'ordre de nous rapprocher du Sinaï, ainsi que le don de la Torah, l'entrée au saint pays d'Israël, et la construction du Temple. Tous les cinq degrés nous parlent de préceptes par lesquels nous adhérons pleinement à Lui.
Avant la sortie d'Égypte, il n'y avait pas d'existence du tout pour la collectivité. Nous étions comme un embryon englouti dans le sein de sa mère. Ainsi, nous étions engloutis chez les Égyptiens, en étant sous leur coupe, et lorsque nous sommes sortis d'Égypte, c'est comme si nous avions acquis l'existence. C'est pourquoi, on l'a formulé "de l'obscurité à la lumière " Et après qu'ils existèrent, ils s'élevèrent au-dessus de tous les êtres inférieurs.
Le commencement de cette phase fut la déchirure de la Mer des Joncs. Car quand la mer fut asséchée devant eux, cela enseigne qu'ils dominaient les réalités naturelles, parce qu'ils s'étaient élevés au-dessus du monde de la nature. Cela enseigne aussi qu'il y a pour les Israélites un degré séparé et saint devant lesquels l'existence ordinaire est repoussée. Ensuite, il y a cinq degrés d'adhésion à Dieu, ce qui est un palier supplémentaire. Et l'on a déjà dit précédemment que toute réalité qui est au début du rapprochement et au milieu du rapprochement et à la fin, chacune est pour soi car nulle chose n'est au début comme elle est au milieu, et la réalité n'est pas au milieu comme elle est à la fin.
Dans les cinq premiers degrés eux-même, on trouve une progression : le premier indique la sortie, le second porte sur les jugements. La sortie accompagnée de jugements représente un degré plus élevé que la sortie sans jugements et c'est un degré de plus dans l'humiliation de l'Égypte ; un stade de plus, ensuite, par la mort de leurs premiers-nés et finalement par la fortune acquise.
Il en va de même pour les cinq étapes intermédiaires par lesquels, ils s'élevèrent au dessus de la nature. En effet, le passage de la Mer des Joncs était pour les Israélites davantage que toutes les plaies qui se sont déroulées en Égypte car la mer qui était une et compacte fut détruite et asséchée. Les miracles en Égypte concernaient des aspects particuliers de la réalité mais la mer qui est l'élément eau n'est pas une réalité particulière. En Égypte, il est dit qu'Il agi avec son "doigt " seulement, ce qui signifie sur des choses particulières tandis qu'à la mer, Il a frappé avec sa "main" c'est à dire au niveau du général et non du particulier.Qu'ils aient traversé la mer à sec est une étape par elle-même parce qu'il aurait pu rester un peu d'eau et ils n'auraient pas traversé à sec. Ensuite, Il a noyé nos persécuteurs au milieu de la mer, c'est un plus grand miracle encore, puisque en même temps qu' Il sauvait Israël, il anéantissait leurs ennemis.voilà qui est surnaturel, puisque il a produit les deux contraires en même temps .Et ensuite, on s'est encore élevé d'un degré quand ils ont été nourris dans le désert pendant quarante ans. Il va contre la nature des choses, que Dieu ait subvenu à leurs besoins quarante ans durant. Ils ont compris par là, que leur direction n'était pas de l'ordre de la nature. Après, Il les a nourri par la manne, qui est une nourriture qui n'est pas naturelle,qui n'a rien de matériel.
Les cinq dernères étapes sont des degrés de sainteté par lesquels ils adhèrent à Dieu. La première des cinq, le don du Shabbat est le précepte par lequel s'établit l'alliance entre le Saint béni soit-Il et Israël ; suit l'approche du Sinaï qui est un adhésion plus forte par laquelle, ils ont été débarrassé de la souillure du serpent qui a contaminé Ève (A.Z. 22b) Puis, l'entrée au pays d'Israël qui est la part de Dieu comme les Stages ont enseigné : " Tout un chacun qui vit en dehors du pays (d'Israël), c'est comme s'il n'avait pas de Dieu " (Ketûbot 110b), c'est un degré de plus dans l'adhésion Après quoi vient le suprême degré : Il leur a construit le Temple dans lequel Il réside avec eux dans la plénitude.