Ces documents sont extraits de la brochure "Nous marchons la tête haute" (אנו הולכים בראש מורם), composée en hébreu par Alexandre Klein za"l, fils de Théo Klein, et Haïm Shalem. Elle a été publié par המרכז לחקר השואה, מכללה ירושלים Mikhlala Yeroushalyim, Centre pour la Recherche sur la Shoah. Origine des documents : Centre de documentation Juive contemporaine |
Le phénomène israélite touche un miracle. Un élément capital de ce miracle est le fait de la solidarité israélite ?
La solidarité nous a été imposée comme devoir primordial dès l'entrée de notre peuple dans l'Histoire. Avant de traverser le Jourdain, les 600.000 familles israélites ont conclu un contrat réciproque de solidarité totale. Depuis lors, la solidarité fait partie intégrante de notre existence individuelle et collective. Même les plus indifférents parmi nous ne peuvent complètement s'y soustraire : ce serait renier leur nature et extirper de leur cœur les derniers vestiges de leur conscience israélite.
Rien de comparable à la solidarité israélite. Les massacres arméniens, par exemple, ont secoué la conscience des peuples civilisés et ont réveillé la diplomatie internationale de son inertie. Des réunions publiques eurent lieu dans les capitales du monde civilisé, donnant lieu à de violentes protestations, les grands journaux prirent, avec une rare âpreté, la défense de persécutés. Mais, les masses ne sortant pas de leur impassibilité, ce noble mouvement inspiré par la passion de la justice et par un haut esprit de solidarité humaine, s'effrita peu à peu et bientôt s'arrêta tout court.
La solidarité israélite, au contraire, ancrée dans les tréfonds de l'âme, monde des profondeurs des cœurs des masses. Au moment du danger, elle soulève et emporte les couches infimes et donne une impulsion vigoureuse à l'esprit des dirigeants. Elle efface d'un coup toutes les divergences et, si individualistes que nous soyons d'ordinaire, elle cimente notre union. Comme sur un seul mot d'ordre, intellectuels, commerçants, artisans, agriculteurs se mettent en mouvement, non pas pour des stériles protestations, mais pour rivaliser d'actes de dévouement, d'abnégation et de sacrifice. A travers les frontières et les océans les mains fraternelles se tendent.
Malgré de multiples restrictions, nous avons, dans notre grande majorité, le bonheur de nous rassasier, nous et nos enfants.
Les regards et les espérances des internés sont dirigés vers nous. C'est avec une impatience grandissante qu'ils attendent nos paquets de comestibles et de vêtements chauds ; ils les saluent avec la joie la plus vive quand ils les reçoivent, ils revivent pour un temps et puisent dans ces envois la force de résistance qui leur est si nécessaire.
C'est donc une action de sauvetage à laquelle nous sommes conviés. Nos frères en sont plus que dignes. Ils nous dépassent en grandeur morale. "Les pratiquants parmi eux, ne cessent de témoigner leur confiance en Dieu, confiance qui devrait faire l'admiration et l'étonnement du monde juif. Leur ferveur n'a pas fléchi, elle s'est, au contraire, purifiée et raffermie au contact de la dure réalité" (le Rabbin Kapel).