Humour
Die ess avër nit wie die Taube von "Noa'h" von der's hâst, "alé zayis toréf befiho"
pour
Diese ist aber nicht wie di Taube, "Noa'hs'", von der es heisst "alé zayis torof befiho"
Celle-là n'est pas semblable à la colombe de Noé dont il est dit : "elle portait dans son bec une feuille d'olivier"

Les femmes sont bavardes, c'est entendu, mais qui leur a fait cette réputation ?
Ce sont les hommes naturellement. Donc jalousie et rivalité. Et les hommes sont-ils bavards ? Évidemment autant que les femmes généralement aussi intempestivement. Seulement, la femme a un système nerveux plus délicat, plus facile à ébranler et alors elle parle avec plus de volubilité et semble parler davantage.  Peut-être aussi parle-t-elle plus souvent son cœur et est-elle plus impulsive et dit-elle des choses que l'homme plus réservé laisse recouvertes du voile du secret ; il paraît ainsi moins bavard. Nous croyons qu'il difficile d'établir une règle générale. Il y a des femmes qui ont, sous ce rapport, un caractère d'homme et des hommes qui ont un caractère de femme. En tout cas : "ad huc sub judice lis est" (1).

Quoi qu'il en soit, la femme porte, à travers les âges, le poids de ce défaut supposé, qui ne lui pèse pas lourd, soit dit entre nous, et n'a guère nui à sa gracieuse royauté au sein du foyer conjugal. Cette opinion s'appuie peut-être sur le fait qu'au Paradis Terrestre, la femme a compromis l'humanité future par son bavardage avec le serpent. Et le Talmud lui-même qui, pourtant, aime en toute circonstance à célébrer les précieuses qualités de la femme et même la
finesse de son intelligence, supérieure dit-il, à celle de l'homme, accorde volontiers que les femmes sont  bavardes. Et on se l'est toujours tenu pour dit, sans enquête ; il est ainsi beaucoup de vérités qui n'ont de la vérité que le nom.

On pense bien que, dans les agglomérations juives d'Alsace, on ne s'est pas séparé de l'opinion commune et on a profité de cette opinion pour se livrer à un trait d'esprit. Il n'y a pas longtemps encore, quand il était question d'une femme qui n'avait pas (suivant l'expression populaire), sa langue dans sa poche, on énonçait, d'un ton flegmatique, une phrase que la Bible nous a conservée et que tout le monde connaissait. La Bible, en effet, raconte que Noé impatient de quitter l'Arche et de retrouver la terre débarrassée des flots du Déluge, envoya en reconnaissance, la colombe qui revint tenant dans son bec une feuille d'olivier.

Alors, quand il s'agissait de cette femme bavarde dont nous parlions plus haut, nos Alsaciens disaient : "Ah certes, elle ne ressemble pas à la colombe de Noé. Elle n'aurait pu apporter cette feuille d'olivier dans sa bouche, car elle n'aurait pu la laisser fermée aussi longtemps."

  1. "La chose est encore en litige" (n.d.l.r.)


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