Dans l'antiquité, les juifs comme les Romains avaient l'habitude
de prendre leurs repas à demi étendus, accoudés sur des
divans. Un souvenir de cette attitude est rappelé par un passage de
la "Hagada" (récit de la sortie d'Égypte), dont on
fait la lecture avant le repas, les deux premières soirées de
Pâque.
II est dit : "Tous les soirs, nous pouvons prendre nos repas soit assis,
soit accoudés, mais ce soir nous sommes tous accoudés".
Dans le cérémonial du "Céder", les deux premiers
soirs de Pâque, cette attitude est prescrite parce que nous devons nous
sentir particulièrement à l'aise pendant que nous lisons avec
joie et onction le récit de la délivrance d'Égypte.
Ces mots "Koulonou messoubîn" (nous sommes tous accoudés)
peuvent trouver leur place dans ce recueil de mots humoristiques judéo-alsaciens,
car c'est dans un sens de moquerie bien aiguisée qu'ils sont employés
dans la vie journalière.
Quand des intrus, des pique-assiettes sont paresseusement, voluptueusement
installés autour d'une table à l'heure des repas, ou à
d'autres moments, agréablement, confortablement enfoncés dans
des fauteuils, sans y avoir été particulièrement priés
par le maître de la maison, leur sans-gêne permet à plus
d'un de penser, et même de dire tout haut "Koulonë
messoubîn".
Le sens exact de cette expression de la "Hagada".
"Koulonou messoubîn" est : nous
voilà tous accoudés, mais les citateurs ne sont pas toujours
versés dans la grammaire hébraïque ou n'hésitent
pas à en violer les règles pour lancer un mot plaisant.
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