Une invocation, qui fait partie de la liturgie des dix jours de Pénitence,
est connue sous le nom de "Ovinou Malkénou"
("notre Père, notre Roi"), parce que la quarantaine de suppliques
qui la composent commencent toutes par ces deux mots. Parmi ces suppliques,
il en est cinq qui sont ainsi formulées : "Notre Père,
notre Roi, inscris-nous dans le Livre de, etc.". L'expression : inscris-nous,
se dit en hébreu : "Kosvènou".
Dans le dernier office de Kipour
appele "Neïla", on remplace le mot "Kosvènou"
(inscris-nous, etc.), par le mot "Hosmènou"
(confirme notre inscription) parce que, selon la tradition, à la fin
de la journée de Kipour, le Maître suprême scelle le jugement
qu'il a porté sur nous au cours de la journée qui vient de s'écouler.
La substitution de "Hosmènou"
à "Kosvènou" a donné
naissance à une phrase qu'on peut entendre souvent employer dans l'Alsace
juive en différentes circonstances et tout particulièrement
lorsque entre deux contestants, il se produit chez l'un des deux ou chez tous
deux un changement d'avis. Par exemple : deux personnes sont en discussion
pour une question d'interêt. L'une d'elles, désireuse de trouver
un terrain de conciliation, propose de faire une concession, mais l'autre
rejette cette proposition. Plus tard, celle-ci, réflexion faite, revient
à de meilleurs sentiments et se décide à accepter la
proposition par elle refusée tout d'abord. Alors, si la personne qui
avait consenti un sacrifice pour arriver à un accommodement amiable
a, à son tour, changé d'avis et ne tient plus à faire
la concession offerte, elle accueille d'un ton triomphant le contestant qui
avait refusé de l'accepter d'abord : Trop tard, cher Monsieur, s'écrie-t-elle,
au lieu de "Kosvènou" , maintenant
je dis "Hosmènou".
Cette réponse rappelle l'adage bien connu du juif alsacien : "Weil
der Na sich bedenkt, bedenkt sich der Hokhôm âch."
("Pendant que le sot prend le temps de la réflexion, le sage réfléchit,
lui aussi") et souvent... se ravise.
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