- Le-SCHaDeKH : (hébreu ) = verbe
transitif qui veut dire marier, cest à dire organiser un mariage
en mettant en relation une fille et un garçon en âge de convoler
en justes noces.
SCHEDISCH = mettre en place un projet
de mariage.
SCHADSCHEN = entremetteur spécialisé
en matière de mariage.
Tout ce qui touche au Schedisch,
à la formation des couples, fait intervenir un Schadschen :
on naurait jamais imaginé jadis - Holile, à Dieu ne plaise !! - quun jeune homme et une jeune
fille puissent se rencontrer seuls et concevoir seuls des projets de mariage ;
le Schadschen, lui, connaissait tout
le monde et était censé savoir quelles personnes pourraient
sentendre et former un couple harmonieux, répondant aux différents
critères formulés par les parents ou, éventuellement, aux
souhaits émis par les intéressés.
Le Schedisch était donc la première
étape de la formation dun couple.
Citons donc ici deux locutions typiques qui contiennent
ce terme :
SSchad
em nex am Schedisch" :
"Ce n'est pas cela qui portera préjudice à son mariage".
Quil (ou elle) nait pas obtenu son baccalauréat, nait
pas subi avec succès les épreuves dun examen (pour les
jeunes qui faisaient ou qui font des études), que son père ait
fait de mauvaises affaires, ce candidat au mariage a suffisamment datouts
pour que cet accident de parcours ne le prive pas dun bon parti.
Si, malgré cela, le mariage ne se fait pas, on dira :
"D'r Schedisch
esch abgange" : "Les
projets de mariage s'en sont allés"
; cest à dire que ces "fiançailles"
avant la lettre ont été rompues.
- Cest peut être quun voisin jaloux ou malveillant aura
fait KALYESS.
Kalyess : de laraméen
kalilouta, ou de lexpression araméenne kalyis
que lon trouve, notamment dans le Targoum sur Genèse
16:5) .
Kalyess mache
: faire (ou dire) Kalyess =
amoindrir la valeur dun homme ou dune chose, et particulièrement
déprécier une proposition de mariage pour lempêcher
daboutir.
Alphonse Lévy : "Il veut, elle ne veut pas
"
- Après cette première étape, on passait au PCHAOU,
la présentation, lentrevue matrimoniale (de lallemand :
beschauen = regarder, contempler).
Cette rencontre qui met en présence les intéressés, leurs
parents et le schadschen , est illustrée par le célèbre
tableau dAlphonse Lévy (ci-dessus). La légende en est :
"Er well sie nett" ; que
lon traduit habituellement : "il ne la veut pas".
Cette traduction peut sembler désobligeante pour la jeune fille.
La famille de cette dernière proposera donc une autre interprétation
à la légende "officielle" : "Er
well (il voudrait bien) sie nett
(elle -ne le veut- pas)".
Ce Pchaou a évidemment
donné lieu à bien des anecdotes et de nombreuses histoires drôles
dont certaines pouvaient légitimement être considérées
comme osées. Cest en rougissant que nous en rapportons une,
pour contribuer à la conservation de la tradition ; mais nous
suggérons au lecteur de passer directement au paragraphe suivant :
Après les présentations, après
avoir vanté les mérites des uns et des autres, quand tout les
présents pensent que tout est réglé, le jeune homme refuse
de se prononcer : il explique que le mariage nest pas seulement
lunion de deux familles, la mise en commun de beaucoup de qualités
Il finit par dire quavant de prendre une décision, il
veut voir la jeune fille sous tous ses aspects, cest à dire
nue. On imagine la consternation des "adultes" face à
une telle demande, on devine leurs réactions offusquées, mais
après de longues hésitations, "on" en vient à
considérer que la prétention du jeune homme peut être dune
certaine manière légitime, que lenjeu est de taille -
un mariage - , et que de toute façon, si tout se passe bien (et il
ny avait aucune raison dimaginer que les choses ne se passent
pas bien !), les jeunes vont se marier, cohabiter, etc. ; et
l"on" en vient à convaincre la jeune fille quelle
doit donner une suite favorable à la demande du jeune homme. Ils
sisolent donc, et quand le jeune homme sort de la pièce où
il a pu regarder la fille, tout le monde guette sa réponse. Elle
est négative. "On" lui demande avec anxiété ce
qui provoque son refus, ce qui ne lui plaît pas dans quil a
vu. Et il répond :
"Die
Nâss g'fallt mer nett", "Le nez
ne me plaît pas !"
- Cette expression peut être utilisée dans toutes les circonstances
où lon veut refuser une proposition sans pour autant avoir
une raison objective à présenter pour justifier cette position.
Et si linterlocuteur ne comprend pas la référence à
"un nez", alors que la négociation porte, par exemple,
sur lachat ou la location dun appartement, on lui racontera
lhistoire !
Plus classique - et plus correcte - on peut raconter lhistoire
de Itsik de Balbronn qui va, avec ses parents, déjeuner chez les
Chmüle de Scharrarbergheim : il s'agissait d'une entrevue discrète
au cours de laquelle Itsik devait ainsi faire la connaissance de la fille
Chmüle. Sachant que leur fils était un goinfre, ses parents
lui font la leçon : "Et surtout, sers-toi modérément."
Au début du repas, tout alla bien. Itsik ne prit qu'une assiettée
de Knepfelsupp et qu'un morceau de
brochet. Mais lorsqu'on mit sur la table une belle poitrine d'oie, il
perdit toute retenue, se servit outrageusement, puis, au dessert, il fit
honneur au Schaled en n'en prenant
pas moins de trois morceaux.
Après le repas, quand ils eurent quitté la maison des Chmüle,
les parents de Itsik laissent leur colère exploser : "Quelle
'harbenebusche ! Quelle 'harbenebusche
!" (Quelle honte !) Pourquoi tes-tu comporté comme un
voyou mal élevé ?"
Et Itsik de répondre : "Quand nous en étions
arrivés à la poitrine d'oie, j'avais déjà décidé
que je n'épouserai pas cette fille."
-
Quand le principe du mariage est arrêté, on passe à lorganisation
du K'NASS MAUL, le banquet
de fiançailles.
Le mot (hébreu) k'nass désigne, de
façon générale, une amende, mais en loccurrence il
sagit dun dédommagement :
A k'nass lege (ou : oflege)
= imposer une amende, fixer un dédit à loccasion de fiançailles,
dédit stipulé par écrit et payable à la partie
co-contractante par celle des deux parties qui viendrait à rompre.
Pour laffirmer dune manière énergique et irrévocable,
le knass, ou dédit, saccompagne
du brisement dune tasse ou dune assiette. La célébration
des fiançailles ne comporte plus guère la stipulation de ce
dédit.
Néanmoins, lusage de briser une assiette à loccasion
de fiançailles a été maintenu. On lui a donné bien
des significations. Retenons celle qui associe le bris dun verre
au cours de la cérémonie du mariage à lévocation
de la destruction du Temple : conformément à la parole
du Psalmiste, même dans les moments de joie (Psaume 137: 6)
on doit consacrer le plus clair de ses pensées à Jérusalem ;
cette interprétation donnée au rite du mariage justifie un rite
analogue à loccasion de fiançailles qui constituent également
un moment de joie.
- La locution "k'nass lege"
est aussi demeurée, signifiant simplement célébration de
fiançailles avec brisement dune assiette.
On lutilise plus fréquemment, par extension et en plaisantant,
pour parler de quelquun qui, par inadvertance, casse porcelaine
ou verre. On dira de lui :
Er hot k'nass gelegt : il a " fixé
un dédit", cest-à-dire cassé
quelque chose .