Le rabbin Abraham Dantzig (1748-1820) est un des plus grands décisionnaires de son époque. En Europe, son livre 'Hayé Adam (1) concernant le rituel de la vie quotidienne faisait référence de loi et des groupes se réunissaient pour l'étudier, particulièrement dans les milieux non instruits. Le rabbin Isaac Hacohen de Radin, le cite très souvent dans son fameux code de loi Michna Beroura. En Allemagne et en Alsace, il était considéré, comme le décisionnaire par excellence. Il faut noter qu'il fut aussi un disciple du fameux rabbin le Gaon de Vilna, d'ailleurs son fils épousa la petite fille de ce dernier. Il publia aussi notamment un livre sur toutes les lois rituelles : 'Hokhmat Adam ; sur le deuil : Matsévath Moshé ; et sur les commandements liés à la terre d'Israël : Sha'arei Tsédek (2). Dans ces livres, il mentionne le fait qu'il a rédigé d'autres œuvres qui sont en état de manuscrit et bénit par avance, ceux qui les publieront (3).
Cependant, dans toutes les bibliographies qui ont été publiées, ne figure pas Divrei Hakhamim, qui fut rédigé en 1770, comme cela est indiqué à la page de couverture. Dans ce manuscrit, l'auteur qui n'a alors que 22 ans, indique dans sa préface, qu'il y a transcrit les études et les explications des "grands de sa génération dont le nom est connu dans tous les pays qui comptent du point de vue du judaïsme". Ce manuscrit de 133 pages, comporte effectivement des enseignements de rabbins célèbres de son époque sur le Talmud, la Torah et les fêtes et même des remèdes.
Découverte du manuscrit
Comme cela est indiqué dans la préface du Séfer Divrei Hakhamim (4), rédigée par Yonatan Gugenheim (5), "Ce livre est un témoignage merveilleux de la Providence divine et on peut y appliquer l'adage de nos Sages de mémoire bénie (6) : 'Tout est du domaine du hasard, même le livre de la Torah qui se trouve dans le Temple'. C’est-à-dire que même un tel livre, pourrait ne jamais être lu, car son auteur n'aurait pas eu la possibilité de le publier."
Madame Gugenheim, épouse du grand rabbin Ernest Gugenheim, lors de sa montée en Israël a emmené des manuscrits, que son mari lui avait présentés comme étant rédigés (7) par le grand rabbin Jacob Meyer (1739-1830), membre du Grand Sanhédrin de Napoléon et qui finit sa carrière rabbinique, comme grand rabbin de Strasbourg. Son demi-frère le rabbin Lipman Meyer, était un ancêtre direct de la dynastie rabbinique des Gugenheim (8), dont un des descendants, Michel Gugenheim est l'actuel grand rabbin de Paris. En fait, tous ces manuscrits se ressemblaient et il n'y avait aucune raison de penser qu'ils ne seraient pas du même auteur. Lorsqu'un des manuscrits fut consulté pour permettre sa publication, il fut remarqué qu'à la page de couverture, l'auteur signait "Abraham fils du rav Ye'hiel", il s'agissait donc d'un autre rabbin. Cependant, cette indication était insuffisante pour connaître son identité ; mais à la fin du cahier, il y avait une page d'ailleurs détaché du livre et qui avait été miraculeusement conservée, om la signature était plus complète : " petit-fils du rabbin Samuel za'l, auteur du Sefer Menahem Tsion", or cette signature figure aussi dans son livre 'Hokhmath Adam, car il voulait rendre ainsi hommage à son grand-père qui s'était occupé de lui. Pour avoir une preuve scientifique que l'auteur de ce manuscrit était le rabbin Abraham Dantzig, on fit des comparaisons avec ses autres manuscrits et en particulier avec le Tampon de la signature.
Plusieurs énigmes :
Comment se fait-il que seulement 250 ans après sa rédaction,
l'auteur de ce manuscrit ait été découvert et conservé
en bon état, malgré trois guerres mondiales ? On a décrit
plus haut l'importance de ce décisionnaire pour le judaïsme ashkenaze
et particulièrement alsacien et donc il est surprenant que la famille
rabbinique Gugenheim n'en ait pas connu l'existence.
Dans sa jeunesse, le rabbin Abraham Dantzig a étudié à
Prague, jusqu'à 18 ans, il fut l'élève du rabbin Yosef
Liberman et juste après du célèbre rabbin Yehezkiel Landau
(1713-1793), or dans Divrei Hakhamim, aucun enseignement de ses deux
maîtres n'est cité. Ce fait n'a pu être expliqué,
même par les plus grands spécialistes qui se sont penchés
sur la question.
Divrei Hakhamim, comporte des enseignements de vingt-deux rabbins
Certains d'entre eux n'ont pas pu être identifiés par ceux qui
l'ont publié. Concernant une partie des rabbins qui y figurent, il
est clair que son auteur n'a pu les connaître directement, car ils étaient
d'une génération antérieure. Un des spécialistes
a certifié oralement à l'un des membres de la famille Gugenheim
qu'après une recherche effectuée par la technologie la plus
moderne, il peut prouver que le rabbin Dantzig ou son père ont été
en contact avec eux.
Voici quelques noms de rabbins célèbres dont les enseignements
sont cités dans Divrei 'Hakhamim. D'ailleurs certains d'entre
eux ont fait une partie de leur carrière en France, ce qui prouve bien
la centralité du judaïsme de l'Est de la France à cette
époque :