A prartir de 1937 le rabbin Hirschler va mener une lutte contre l'antisémitisme, qui aura des échos dans toute la communauté juive française, et même au-delà des frontières. Il va s'engager dans une polémique avec l'écrivain Herman de Vries de Heekelingen.

Israël, son passé son avenir

Herman de Vries de Heekelingen est un ancien professeur de l'Université catholique à Nimègue (Hollande), où il a occupé la chaire de paléographie, et rempli les fonctions de bibliothécaire, mais il est renvoyé de l'Université à cause de son incurie. Il va vivre en en Suisse où il est appelé à diriger le "Centre International de Documentation sur les organisations politiques".
De plus, en 1933, l'année de l'avènement d'Hitler, il publie, en langue allemande, un livre sur la "Doctrine Nationale-Socialiste".

H. de Vries publie en 1937 un ouvrage intitulé Israël. Son passé. Son avenir, où il expose ses idées sur "le problème juif", en insistant sur le fait que la ségrégation dont les Juifs sont l'objet découle de la nature même du judaïsme. "Nous croyons reconnaître dans la casuistique rabbinique un essai de raffinement de... pureté ! La saleté proverbiale des Juifs orientaux ne les empêche pas de rechercher cette pureté d'un genre tout spécial. (...) La religion juive est, avant tout, une fuite éperdue devant la souillure."

C'est bien entendu le Talmud qui est responsable de cet état de fait : "Les rabbins des vieux temps ont obtenu exactement ce qu'ils voulaient atteindre en dressant la haie des lois talmudiques. Cette haie s'est révélée infranchissable et impénétrable."

Il émaille sa thèse d'un grand nombre de citations tirées des Ecritures et des commentaires, car il tient à donner à cet ouvrage de près de 300 pages un ton scientifique. Abordant la question de l'émancipation des Juifs, M. de Vries la considère comme une lourde faute, puisque, à ses yeux, elle devait leur permettre, de saper l'État à base chrétienne avec plus de succès qu'auparavant.

Quant à la solution qu'il préconise pour régler le problème juif, c'est… le sionisme intégral. Puisque les juifs constituent, selon lui, un danger spirituel, culturel et matériel pour les pays de la Diaspora, envoyons-les tous en Palestine. Là, ils seront chez eux. Le sionisme donnerait satisfaction aux sentiments nationalistes des Juifs autant qu'à notre désir de redevenir maîtres chez nous. Rappelons que c'est pendant cette même année 1937 qu' Adolf Eichmann est envoyé avec son supérieur Herbert Hagen en Palestine, alors sous Mandat britannique, pour étudier la possibilité d'une émigration massive des Juifs allemands vers cette contrée..

Lorsque paraît la traduction française, on pourrait penser qu'il ne s'agit que d'un pamphlet antisémite parmi d'autres, mais cet ouvrage paraît dans un contexte très particulier, celui de la recrudescence violente de l'antisémitisme en Europe et en France. On trouvera dans l'ouvrage de Freddy Raphaël, Les Juifs d'Alsace et de Lorraine de 1870 à nos jours une description précise de cette montée de l'antisémitisme en Alsace. Les deux moteurs principaux de cette recrudescence, pour aller vite, sont d'une part l'accession d'Hitler au pouvoir, et d'autre part l'accession de Léon Blum au poste de président du Conseil ce qui réveille en France un antijudaïsme virulent.