De la routine à la délivrance

L'année juive commence toujours avec la Fête de Rosh Hashana, littéralement la "fête de l'année".
De même qu'on forme de nombreux projets dans sa tête qu'on concrétisera dans le temps, ce jour-là Hashem détermine pour chacun d'entre nous et pour chaque peuple, selon son niveau spirituel et ses actions passées, son futur chaque jour de l'année 5775 à venir.

C'est la raison pour laquelle cette journée est consacrée à la prière afin de nous imprégner au plus profond de notre être que D. est Celui qui règne sur le monde et sur notre coeur, qu'Il détermine jusqu'à chaque petit détail de notre vie. Remémorons-nous un instant toutes les épreuves et les instants désagréables que nous avons traversés cette année qui vient de s'écouler, nous aurions pu les éviter en nous préparant comme il se doit à Rosh Hashana de l'année précédente.

C'est avec la conscience aiguisée que D. est Le maître du monde que nous pouvons aborder Kippour. Il ne suffit pas ce jour-là de jeûner et de prier pour être pardonné. Il s'agit le jour du Grand Pardon de se repentir c'est à dire de regretter sincèrement les fautes commises durant l'année écoulée et de prendre des résolutions afin de nous améliorer dans notre service divin (Talmud,Yoma 85b).

La leçon de Rabbi Akiba

Dans toutes les communautés d'Israël on commence à se préparer aux "jours Redoutables" dès le début du mois d'Eloul : on sonne chaque jour le Shofar après la prière du matin afin de nous réveiller de la routine quotidienne. Les Sefardim accompagnent la sonnerie des Seli'hoth tout le long du mois et les Achkenazim les récitent la semaine de Rosh Hashana.

Cette préparation à la Fête s'illustre par l'histoire contée dans les Avoth de Rabbi Nathan (6 :2) : Rabbi Akiva, un des plus grands sages de la Michna était illettré à l'âge de quarante ans. Un jour il observa une source d'eau qui avait percé un rocher et demanda à ses compagnons : "Qui a percé ce rocher ?".Ces derniers lui expliquèrent que c'est l'eau à force de répétition dans le temps qui goutte après goutte a percé le rocher. Rabbi Akiva se dit que si l'eau qui est tendre a réussi à force de persévérance à percer un rocher qui est dur, alors la Torah qui est dure à étudier arrivera à graver mon coeur qui est mou (comme tout coeur d'un être vivant). Rabbi Akiva se leva et alla de ce pas étudier la Torah dans la même classe que son fils. En méditant sur cette histoire, on arrive à la conclusion que ce n'est pas la quantité d'eau qui a percé le rocher mais la percée de chaque goutte d'eau l'une après l'autre. L'être humain peut emmagasiner beaucoup de connaissances et être croyant intellectuellement tout en cultivant un fossé entre la connaissance et l'acte concret. Concrétiser la pensée en actions demande beaucoup de temps. C'est seulement en répétant la pensée doucement, doucement chaque jour qu'on arrive à la concrétiser.

Hashem, conscient du problème, nous a institué les trois fêtes de pèlerinage, Pessah Shavouoth et Soukoth, comme réminiscence de la sortie d'Egypte qui est la base de notre croyance en D... De même les mitsvoth de Tefilines, la Mezouza la lecture du Chema matin et soir sont aussi en souvenir de la sortie d'Egypte.

C'est seulement en prenant le temps et en commençant dès à présent à se préparer aux "Jours Redoutables", petit à petit mais avec persévérance, que l'on peut espérer mériter une bonne année pour l'année 5775.
Cette philosophie s'applique dans tous les domaines concernant l'homme.

Israël, le peuple, le juif

En l'occurrence dans la situation géopolitique actuelle, l'état d'Israël déploie d'immenses efforts de communication afin d'expliquer et de justifier chaque pas et position de l'armée dans le conflit avec le Hamas. Peu importe les raisons avancées, Israël arrive à convaincre des individus mais certainement pas l'opinion publique dans son ensemble. Et ce n'est pas imputable à un manque ou à une mauvaise communication. Nous nous trompons nous-mêmes quand nous pensons que les choses changeront petit à petit, comme dans l'histoire de Rabbi Akiva.

A mon avis, si on se contente d'explications on n'arrivera nulle part car on s'occupe des symptômes de la maladie et non de la source. On guérit un membre après l'autre mais la maladie est toujours présente. Réfléchissons aux causes de ce qui nous arrive, à nous le
peuple juif et non à un autre peuple. Durant de nombreuses générations beaucoup de malheurs se sont abattus sur nous à tel point que certains pensent que naître juif est un manque de chance.

Nous observons des personnes qui détestent le juif même lorsqu'il n'est pas israélien, même lorsqu'il s'habille comme tout le monde et même lorsqu'il ne pratique pas sa religion et vit complètement comme tout un chacun.

La source de cette haine, à priori inexplicable, sert à nous rappeler qui nous sommes et notre rôle sur terre. Peu importe notre éloignement d'Hashem et de Ses commandements, nous sommes juifs et nous avons un rôle spécifique sur terre, celui d'amener au monde la conscience d'une force supérieure unique qui a créé et qui dirige tout.

Le public pratiquant aussi, doit s'en rappeler afin de ne pas s'enfermer dans une routine de pratiques et d'oublier le pourquoi du comment.

Nous voyons que tout ce qui se passe en Israël a des conséquences sur les juifs du monde où qu'ils se trouvent, peut-être est-ce un signe et rappel pour nous préparer au futur ?

Année de la Chemita

Rappelons que l'année qui vient est celle de la Chemita, année durant laquelle il est interdit de travailler la terre en Israël et il y a des règles concernant les fruits de la terre aussi lorsqu'ils sont ven-dus en dehors d'Israël. Dans le Talmud (Meguila 17b) il est écrit que lorsque le processus de délivrance commencera cela sera l'année de la Chemita durant laquelle il y aura des guerres et la fin de la septième année viendra le messie (c'est pourquoi dans la Amida la 7ème bénédiction est celle de la délivrance).

Le processus de délivrance est aussi un processus lent et progressif qui demande une préparation persévérante et construite de notre part. Le début est la connaissance afin d'arriver à l'action concrète prouvant notre foi.

Essayons de nous rappeler le rôle du peuple juif dans le monde et observons la situation dans son ensemble alors nous voudrons véritablement changer les choses et nous changer en bien. Nous réussirons alors avec l'aide de D. à amener le monde à son but et à régler tous les problèmes en même temps. Soyons convaincu que la Torah est d'inspiration divine prouvons le par nos actes et ainsi nous mériterons que le monde entier le reconnaisse. Par contre, si nous considérons la Torah comme du folklore de source humaine, le monde ne pourra voir la main de D...

Je souhaite à tous nos lecteurs une bonne année, une année de bénédictions, une année de paix et de délivrance.

© A . S . I . J . A .