Préambule
Les articles de ce dossier sont extraits de la brochure Les 150 ans de la synagogue de Belfort, n°spécial de Shalom notre Communauté - Belfort - Montbéliard - Héricourt Kislev 5769 - Novembre 2007 - Directeur de la publication : Laurent Hofnung - Rédactrice en chef : Nadia Hofnung - Conception/mise en page : Gilles Benhamou avec la complicité de Fanny Hatuel - Photos : © Nadia Hofnung et droits réservés |
Qu cours des 150 ans qui ont suivi, les Juifs de France connurent la blessure de l'Affaire Dreyfus et le génocide programmé par les nazis contre tous les Juifs. Naquit l'Etat d'Israël qui leur rendit leur dignité et leur espoir. Ils connurent aussi les guerres en vue de détruire précisément ce jeune Etat des Juifs, notamment la guerre des Six Jours de 1967 que cette année 2007 commémore de ses 40 ans.
La Communauté juive de Belfort touchée et solidaire contribua pour sa part, à la construction de l'Etat d'Israël et lui donna bien de ses enfants, en même temps qu'elle participa activement à la vie de sa Cité du lion.
Ce numéro spécial 150 ans est dédié à tous les Rabbins et fonctionnaires du culte, à tous les administrateurs et bénévoles qui se sont dévoués et dont nous ne pouvons retrouver tous les noms, il est dédié à tous nos martyrs de la déportation, aux familles et membres de la Communauté Juive de Belfort qui ont souscrit à sa parution.
Bref historique
Quatre événements simultanément ont favorisé l'arrivée des Juifs à Belfort :
La Communauté israélite de Belfort commence à agir en son nom en 1861, selon le plus ancien document retrouvé qui fait mention de Salomon Block, président de la Commission administrative de la Communauté israélite et deSalomon Lehmann, membre.
L'association cultuelle est créée en 1905 en conséquence de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Dès que cela fut possible la communauté s'est dotée d'un rabbin, d'un ministre officiant ('hazan), d'un sacrificateur (shokheth), d'un bedeau (shamess), d'un "missionnaire" (instituteur ?), d'un chauffeur, d'un gardien du cimetière. A. Corret évoque avec force détails, dans son Histoire de Belfort et de ses environs, en 1855, le bain de purifications des dames juives qu'il situe rue de l'Etuve.
Les premiers Juifs venant d'Alsace, s'étaient installés dans la ville en 1791. Ils avaient célébré la première naissance le 19 novembre 1792 de Cipre Lévi, fille de Barruk Lévi et de Theile son épouse, ainsi que le premier mariage le 28 février 1793 entre Salomon Wahl et Leya Bloch, probablement dans le lieu de prière situé faubourg de France.
En 1823, on compte 475 israélites sur 4737 habitants. En 1878, d'après l'annuaire statistique du Ministère de l'Agriculture, ils sont 841 (sur 56778 habitants).
On comptera depuis le 19ème siècle, cinq lieux de prière distincts :
1. Faubourg de France (1791) dans une maison avec cour appartenant à un certain Strolz (3)
2. au 10, rue des Barres (1809)
3. sur un terrain avec maison acquis par Isaac Blum (4)
4. rue Sur L'Eau (1930) ouvert par Mr Langenauer et fréquenté par les Juifs nouveaux venus de Pologne, et enfin
5. au 6, rue de l'As de Carreau (1857) où il fut également établi à l'arrivée des Juifs d'Afrique du nord en 1962, un office de rite séfarade dans la petite Schule ou oratoire "René Blum", tandis que se maintenait l'office de rite ashkénaze dans la grande synagogue.
Le dernier mariage en date entre Niloufar Sénéhipour, née à Téhéran, et Frédéric Dreyfus de Sélestat, a été célébré en 2005, par le grand rabbin Jacky Dreyfus de Colmar, en présence du rabbin de Belfort, Meïr Tordjman.
Chacun appartient à l'histoire de cette communauté, chaque arrivée nouvelle est venue se greffer sur l'arbre belfortain, cette communauté a connu un réel enrichissement humain et culturel tout en conservant à ce jour, une spécificité ashkénaze qui la fait figurer aujourd'hui, parmi les communautés juives les plus singulières de France.
2007 - un modèle communautaire à la française
Entre engagement et fidélité, tout le judaïsme
La Hanoukia de la synagogue |
Laurent et Nadia Hofnung |
Ainsi, afin de conduire des projets culturels ouverts sur un large public, l'association Judaïques Cultures a vu le jour, en 2003.
Ainsi, toutes les manifestations ouvertes au grand public, ont-elles contribué à la connaissance du judaïsme, de son patrimoine, de l'histoire de la communauté juive de France. Elles ont développé des partenariats culturels (Maison du Tourisme de Belfort, Archives Municipales et Archives Départementales du Territoire de Belfort, Collectif Résistance et Déportation...) qui préservent la mémoire.
Aussi, l'adhésion en 2007, au Collège des Maires de France de la Journée Européenne de la Culture Juive de Jean-Pierre Chevènement, maire de la ville, est-elle un signe fort de cette synergie culturelle.
Les partenariats intercommunautaires (Chrétiens, Musulmans) facilitent un dialogue et des actions de terrain tout au long de l'année.
Les différentes collaborations (Collectif Résistance et Déportation, CDDP, Livres 90...) contribuent à développer des projets pédagogiques autour de la mémoire de la Shoah.
L'accueil des classes ou d'étudiants pour différentes visites de la synagogue, permettent de démythifier le judaïsme et les juifs et d'inclure naturellement dans l'enseignement des religions, l'histoire des minorités de France.
2007 - l'heure est à la préservation de la mémoire
La Communauté israélite de Belfort subit depuis les années 1970, un déficit important d'effectifs et un vieillissement inexorable. Cette communauté a vu s'en aller bien de ses enfants du baby-boom vers de grandes villes de France (Paris, Strasbourg, Nice, Montpellier...) et vers Israël (Haïfa, Tel-Aviv, Jérusalem, Ashdod...), elle a connu une proportion dans la norme nationale de mariages mixtes et quelques conversions, elle a vu arriver des Juifs d'Afrique du nord (principalement d'Algérie comme les familles Berros, Berda, Hadjedj, Hayoun, Benhamou, El-Baz, Guez, Melki, Cohen...),
Elle a vu arriver pendant la guerre Iran-Irak, la famille Sénéhipour de Téhéran, et plus près de nous, des familles mixtes de russophones, de Kiev, de Moscou, et du Kazakhstan, la famille de Sergueï Spiridonov. Et enfin, la dernière arrivée sur le Territoire, en provenance de Madrid, Ruth de Isasa de Fereras.
Aujourd'hui, notre communauté doit se préparer à une réflexion de fond sur la préservation de son patrimoine et sur la transmission de sa mémoire. Elle devra donner l'impulsion et mettre en œuvre divers dispositifs de préservation, en collaboration avec les structures locales (mairie, musée, maison du tourisme, archives..) et en concertation avec tous.
Il s'agit dès à présent, de penser à bâtir sa trace, avec ses forces vives.
La Communauté israélite de Belfort en 2017
Source des informations :
Synagogue suivante | --> |