Grand Rabbin Pierre-Yves Naphtali BAUER
(1959-2014)

LA MOTO DE L'ESPOIR
au nom du grand rabbin Bauer za"l

Financement participatif d'une moto-ambulance d'Hatzalah en souvenir du Grand Rabbin Pierre-Yves Naftali BAUER
Merci à tous ceux qui s’associeront avec moi afin de rendre hommage à mon père de la façon qu'il aurait tant souhaité : Sauver des Vies !
Audélia "Doudou" BAUER

Cliquez ici pour plus de détails et pour soutenir le projet

Hommage au Grand Rabbin Pierre-Yves Naphtali BAUER
Supplément spécial de COMMENT TSAVA ? איך הצבא n°15
Revue de
l'Aumônerie Israélite des Armées
Pour lire la traduction des mots colorés dans le texte, posez le pointeur de la souris sur le mot, sans cliquer : la traduction apparaîtra dans une bulle. Les mots colorés et soulignés sont de vrais liens

Véronique DUBOIS, Aumônier
rédactrice en chef de COMMENT TSAVA ?
Avec l'autorisation d'Actualité Juive

Le grand rabbin Pierres-Yves Naphtali Bauer s'est éteint mardi 16 décembre 2014 des suites d'une longue maladie. Il a été inhumé le lendemain au cimetière de Guivat Shaul à Jérusalem. Né en 1959, Il obtint son baccalauréat à la yeshiva d'Aix les bains et fut notamment rabbin à Reims. Animé d'un amour réel pour son prochain, il fut aussi aumônier national israélite des prisons. Responsable national des mikvaoth, de la bibliothèque du Séminaire Israélite de France où il étudia, délégué rabbinique au sein de la cellule de crise du SPCJ, spécialiste du chaatnez, il possédait une connaissance pointue et pragmatique des sujets.
"Il avait reçu de D. des dons particuliers. Il les a mis au service de la Torah [...] Pour le judaïsme français, sa disparition crée un vide béant, qu'il sera bien difficile de combler" salua Michel GUGGENHEIM, grand rabbin de Paris lors de son oraison funèbre.
Aumônier des Forces Françaises Armées à Strasbourg en 1987, il devint adjoint armée de terre. Créateur puis administrateur du blog et du site de l'Aumônerie Israélite des Armées, son amour de l'hébreu et des jeux de mots lui inspira le nom de la revue Comment tsava ? (tsava = armée).
Affecté par la dégradation de l'état de P.Y.Bauer, Yossef Haïm SITRUK ancien grand rabbin de France dédia l'étude inaugurale du Beth Hamidrach de l'AIA à celui qui fut son secrétaire particulier.
"Consciencieux, il n'hésitait pas à aller jusqu'au bout du monde pour soutenir un militaire éloigné. Personnellement, je perds un ami très proche" confie Joël Jonas, aumônier en chef israélite des armées.
Haïm KORSIA, grand rabbin de France livre : "C'était mon ami, mon camarade de promotion, un homme d'une pureté sans faille. Il était présent à chacun de nous avec un mot juste, une attention qui, toujours, donnaient à croire et à espérer. Pour parler de notre relation, nous avions un verset en partage, Exode, 4:14 : "il s'avance à ta rencontre et à ta vue il se réjouira dans son cœur". Si d'aujourd'hui je souffre avec sa famille, je me réjouirai toujours en pensant à l'homme de bien qu'il était".
Courtois et discret, il incarnait unanimement l'idéal de Kiddoush Hachem. Son sourire, son regard clair et pétillant laissent orphelins tous ceux qui l'ont connu et aimé, dont son épouse Dina, leurs deux filles et sa famille.

Témoignage pour mon ami le grand rabbin Pierres-Yves Bauer זצ"ל
Yehuda BERDUGO
Aumônier régional zones de Défense Sud et Sud-Est

Un grand ami s'en est allé et m'a laissé un grand vide. Nous nous connaissions depuis plus de trente ans ; nous avions le même âge à un mois près. Je peux témoigner des épreuves par lesquelles il est passé toute sa vie durant, mais rien ne transparaissait, gardant en toutes occasions son optimisme, sa douceur et son éternel sourire.
Il a entrepris et mener à bien durant sa courte vie de nombreux chantiers qui ont enrichi le judaïsme français.
Notre collaboration fut toujours ô combien enrichissante et j'avais l'impression d'être associé à tout ce qu'il entreprenait, que cela soit dans le domaine de la Défense, des prisons, des mikvaoth, ou encore des ateliers sur le chaatnez ou de taharath hamichpa'ha (lois de pureté familiale).
C'était cela Pierre-Yves aussi, l'humilité, la compassion, l'efficacité et la ponctualité. Il n'a jamais porté de jugement sur quiconque, aucun reproche, aucune médisance ne sortait de sa bouche.
Tu nous manqueras Pierre-Yves, ton souvenir sera une bénédiction pour tous ceux qui ont su t'apprécier et qui maintenant sont

privés de ta présence. Que ton souvenir soit mêlé au faisceau de la vie.

Hommage au grand rabbin P.Y. Bauer
Jonathan BLUM
Aumônier ZD Est

Il m'est très difficile de parler du Grand-Rabbin Pierre-Yves Bauer, car je l'ai finalement peu côtoyé. Toutefois, en repensant à lui, m'apparaît l'image d'un homme d'une très grande tsniout(pudeur), d'une très grande modestie. Ce n'était pas homme à se mettre en avant, si ce n'est pour prendre ses collègues en photo. Il me vient également en mémoire son grand sens de l'humour et ce sourire dont il ne se séparait jamais. Je pense qu'il laisse le souvenir d'un homme d'une très grande sagesse, avec une connaissance dans la Halakha unanimement reconnue. Le minyan (quorum de dix hommes) ami, dans lequel il avait pris l'habitude de venir prier lors de ses passages à Strasbourg alors qu'il était aumônier en Allemagne, a d'ailleurs décidé d'organiser un temps de hespedim (éloges funèbres) en sa mémoire.

A la mémoire de Pierres-Yves Bauer ז"ל
Philippe CHOUCROUN
Aumônier régional ZD Est

C'était au mois de mars, 2008 si ma mémoire ne me trompe pas. J'étais assis au fond du car, seul en cette journée pluvieuse... Le congrès de notre aumônerie s'achevait à Lyon, et c'était ma première participation à un tel évènement. Pierre-Yves vint s'asseoir auprès de moi, pour se présenter d'abord, lui un ancien... et recueillir mes impressions sur cette expérience. Je dois vous avouer que j'avais pendant mon séjour à Lyon, remarqué cet aumônier. En effet, à chaque pause, ou moment d'attente (et ces moments sont rares dans nos congrès) j'observais Pierre-Yves se plonger dans sa Michna Beroura (livre de référence dans le domaine de la halakha - loi juive).
J'appris à connaître par la suite le grand rabbin Bauer ז"ל, et je pus m'apercevoir de l'étendue de ses connaissances dans le domaine de la halakha. Il était expert notamment dans des domaines pointus et peu connus du grand public, voir même d'un grand nombre de rabbins tels que les bains rituels (mikwé), les mélanges de lin et de laine (chaatnez)...
Outre ses connaissances dans les matières saintes, il se dévouait en toute discrétion au près de détenus de confession israélite afin qu'ils puissent respecter les lois juives en détention.
Le grand rabbin Bauer faisait le trait d'union entre ces deux aspects de sa personnalité : de très grandes connaissances et une action inlassable en faveur des moins chanceux de notre société, une discrétion et une humilité authentique.
Cela pourrait nous sembler par ailleurs paradoxal, tant notre société met en exergue la réussite personnelle, les diplômes. Même des gestes simples de solidarité doivent être exposés au grand jour pour "exister".
Mais Pierre-Yves lui marchait sur les traces de notre Maître à tous Moché Rabbénou, (Moïse), qui sera qualifié par le Saint Béni Soit-il comme "le plus humble des hommes".
Par la suite, j'eus l'occasion de le recevoir ici à Metz, dans sa ville natale. Il avait toujours coutume de venir se recueillir sur la tombe du Chaagat Arié, Rav Arié Leib, illustre sage ayant vécu ici. Sa ferveur, sa discrétion, son assiduité dans l'étude ne l'empêchaient pas d'être investi dans les tâches les plus "basses" de ce monde. Bon nombre de gens de milieux dits défavorisés, le sollicitaient pour un proche en détresse financière ou morale. Il se rendait lui-même dans les lieux les plus insalubres de notre société pour rendre visite à un détenu, ou à des personnes pour qui la chance n'avait pas souri.
Les paroles de la paracha Vayéh'i, (section de la Torah concluant le livre de la Genèse), s'adressent à nous en ces tristes jours comme un vibrant enseignement à la mémoire de Pierre-Yves. La Torah n'emploie pas au sujet de Jacob notre patriarche, le terme וימית (et il mourut)...
De là, va naître une discussion bien étrange dans le Talmud, (Taanit page 5) où Rabbi Yohanan affirmera que Yaakov (Jacob) n'est pas mort !
Preuve à l'appui, Rabbi Yohanan amène un verset à l'appui pour prouver ses propos en affirmant :
"Ne crains donc rien, ô toi mon serviteur Jacob, dit l'Eternel, ne sois point alarmé, ô Israël ! car mon secours te fera sortir des régions lointaines et tes descendants de leur pays d'exil" (Jérémie, ch. 30)
Et Rabbi Yohanan explique ainsi ce verset :
"Comparons Yaakov à sa descendance, puisque la descendance de Jacob est en vie, alors Yaakov est lui aussi en vie".
Cette déduction semble surprenante d'autant plus que la Torah elle-même décrit longuement les derniers instants de vie Jacob, puis son enterrement en terre sainte par ses fils et les notables égyptiens. Alors, comment un illustre Maître du Talmud peut s'hasarder à une telle déduction ?
En réalité, l'enseignement de Rabbi Yohanan est tout autre ! Nous comprenons la mort comme un arrêt brutal d'une réalité, d'une vie, d'une œuvre.
Or, notre patriarche Jacob en laissant douze fils justes, et fidèles à son enseignement derrière lui, a pu dépasser les affres et les conséquences de la mort. Jacob porte ainsi le nom d'Israël, car c'est lui qui scellera l'alliance définitive des patriarches avec Dieu. Tous ses fils donneront naissance par la suite à des tribus, ces mêmes tribus qui recevront au temps de la sortie d'Egypte la Torah, et deviendront les serviteurs éternels de Dieu. Sa descendance fidèle à sa parole rend Yaakov immortel.
Le Maharal de Prague explique à ce sujet, que la vie de ses fils et de sa descendance est éternelle car l'attachement au divin justement lui apporte justement ce flux de vie qui lui permettra de traverser toutes les épreuves de l'histoire. Ainsi Jacob a l'assurance que ses descendances vivront jusqu'à la fin des temps.
Le Grand Rabbin Bauer ז"ל nous a quittés, mais il nous a montré la voie, le chemin. Celui de la modestie et du dévouement sans aucune attente en retour, celui de l'attachement le plus profond aux valeurs de la Torah.
L'Aumônerie Israélite des Armées est aujourd'hui dépositaire de son héritage, et le départ de notre ami, notre Maître, nous engage à œuvrer avec encore plus de force et de détermination dans notre service quotidien pour la Gloire de l'Eternel.
Que son souvenir soit béni.

Plus qu'un rabbin, un ami sincère
Serge DRAY
Aumônier

Le grand rabbin Pierre-Yves Naftali Bauer, aumônier militaire adjoint Terre, a toujours su faire preuve d'un professionnalisme exemplaire. Souvent, il prenait soin de m'appeler pour prendre des nouvelles des militaires, des familles, car il voulait n'en oublier aucune. Il m'a guidé lors de mes nombreux déplacements, et jamais je ne l'ai vu manquer de joie et de discrétion. Bien plus qu'un rabbin compétent, il fut un ami sincère pendant plus de quinze ans. Je n'oublierai jamais le soin qu'il prenait à respecter tout particulièrement les enseignements du Hafetz Haïm sur le lachon hara (médisance).
Le grand rabbin Bauer n'hésitait pas à répondre à chacune des questions qui se posaient à moi concernant un problème de mikwé (bain rituel) ou de pureté familiale. A la veille de la fête de Hanouka, c'est un talmid hakham (un Sage) que nous avons perdu. ll laisse derrière lui une femme, des filles, mais surtout une communauté et des amis qui ont toujours eu plaisir à le côtoyer et à le voir se mettre de toute son âme au service des autres.

Alyah (ascension) vers la pureté
Véronique DUBOIS
Aumônier coordinateur des HIA

A quelques heures de la fête de Hanouka, alors que nous nous apprêtions à célébrer la reconquête de la pureté au Temple de Jérusalem, le Grand rabbin Pierre Yves Bauer s'est élevé là où tout n'est que paix et pureté, lumière, Torah et sainteté.
C'est en 2008, alors que j'assurais une mission auprès du chef de Cabinet de Gilles Bernheim, grand rabbin de France du moment, que j'ai noué contact avec le grand rabbin Pierre-Yves Bauer (za"l). Dans un bureau à son image, simple, il réfléchissait sur la question des bains rituels qui sont au cœur de la question de la pureté dans le judaïsme. Chaque homme a un vocable qui le campe. Pureté est assurément celui qui dit la quête du grand rabbin P-Y. Bauer (za"l), son chemin de vie, son regard : son exigence. Dans ce même registre de la pureté, il ne ménageait aucun effort sur la question du chaatnez (mélange interdit de lin et de laine dans un tissu) et de la cacherouth, une exigence paroxystique qui aujourd'hui lie son souvenir à des plaisanteries amicales auxquelles, avec la courtoisie qui le caractérise, il souriait sans mot dire.
Le Grand rabbin P.Y. Bauer honorait la kippa qu'il portait. Nul besoin de ponctuer son langage de mots hébreux pour ajouter à sa piété sincère, nul besoin d'afficher des signes religieux ostentatoires pour vivre sincèrement sa crainte révérencielle du Ciel. Nul besoin d'autoritarisme pour faire entendre sa voix.
Depuis quatre ans, il était mon compère, mon complice dans la vie du blog de notre aumônerie et de la revue Comment Tsava ? Ce titre dont il est le créateur – Comment Tsava? dit tout son amour pour les mots (armée en hébreu se dit Tsava) dont il chérissait toute les nuances. Et c'est autour de ces nuances que nous échangions, toujours avec un plaisir et un respect partagés.
Mais au cœur de ce faisceau de remarques, de ressentis, c'est ma condition de première aumônier israélite des armées féminin qui - à mon sens - constitue l'essence, le noyau pur de ce qu'était le grand rabbin P-Y. Bauer.
Nos textes foisonnent de réflexions sur les femmes, prescrivant aux hommes juifs une certaine réserve voire une réserve certaine. Mais jamais de mépris. Juste une limite dans un comportement qualifié de derekh eretz (ouverture au monde), gage de respect. Ne sommes-nous pas en permanence sous le regard de Dieu, "qui sonde les cœurs et les reins" ?
Et il ne saurait y avoir de meilleur hommage au grand rabbin P-Y. Bauer non pas celui des mots et des formules, mais celui de l'exemple à suivre, en traquant les scories impures de notre comportement, bref en incarnant nos textes.
Telle est la véritable alyah vers laquelle il tendait inexorablement, vers la pureté de la pensée et du geste au quotidien.

Hommage au grand rabbin Bauer (za"l)
David ELFASSI
Aumônier de l'HIA Percy

Le premier contact que j'ai eu avec le rav c'est en 2006 pour la construction du mikvé (bain rituel) de Vitry. Maîtrisant parfaitement les dinîm (règles) concernant le mikvé, toutes les recommandations qu'il données étaient sensées et objectives sur le plan pratique, toujours avec le sourire et avec une grande humilité.
Ce qui était marquant c'est qu'il maitrisait également tous les corps de métier liés à la réalisation du bain rituel (maçonnerie, électricité, plomberie,....). Aucun détail ne lui échappait.
Il se souciait des problèmes halakhiques (de droit rabbinique) ce qui est tout à fait normal pour un rav, il était très attaché à la practicité et au confort des différentes salles de bain de l'accueil qu'on allait réserver aux utilisatrices de cet espace ; il démontrait par là que dans le judaïsme le matériel et le spirituel sont étroitement liés.
Cela me fait penser à ce que nos maîtres nous disent dans le Talmud à l'égard de nos Grands Maîtres qu'on a perdus et qu'on ne retrouve pas de semblables avec les mêmes qualités.
Que la pureté qu'il a apporté au sein du peuple juif sur le plan national par la construction et la réfection des mikvaoth place son âme au Gan Eden auprès de tous les Justes Amen.

A mon ami, Pierre-Yves
Bruno FISZON
Grand rabbin de Metz et de la Moselle, Aumônier ZD Est

C'est au camarade de jeunesse à qui je m'adresse
Pierre-Yves souviens toi du temps de notre jeunesse
Aux EIF ou au Talmud Thora de Metz
déjà tu étais la référence, celui qui s'intéresse
plus que tout autre à la Thora, à la halakha (loi religieuse) dans toutes ses finesses
Et puis dans le limoud (l'étude) tu t'es plongé sans cesse
Sans oublier le hessed (la bonté)que tu as prodigué à tous ceux qui étaient dans la détresse
Point de secrets, tu savais dévoiler les mystères du mikvé et du chaatnez
A ton épouse et tes fille, ton frère, ta sœur : Que l'Eternel les console de leur terrible tristesse
A ton papa et Francine qui là - haut à Psagot affrontent cette épreuve avec tant chagrin mais sans faiblesse
A la table des tsadikim (Justes) tu es là et les tiens tu les protèges encore, jamais tu ne les délaisses
Ta emouna (foi) dans en toutes circonstances fut une leçon de vie, c'est là la véritable sagesse!
Ton sourire restera pour chacun d'entre nous une véritable caresse.

A toi, Pierre-Yves, mon ancien collègue, mon ami
Claude HOENEL
Aumônier (retraité)

Nous nous connaissions depuis des années, je t'ai vu arriver à l'aumônerie israélite des armées en 1987, en tant qu'aumônier adjoint de la zone Sud des FFA, alors que j'étais aumônier en chef du 2e corps d'armée et des FFA à Baden Baden. .
Dès lors, une amitié s'est nouée. Tu avais suivi l'école rabbinique, j'étais de formation ‘hazanique, et je veux me rappeler les heures de discussions et d'enseignement, soit à Fribourg, soit à Baden Baden.
Nous partagions les mêmes principes : celui d'une intégrité parfaite, du Derech Eretz (ouveture au monde) et du Kiddoush Hashem (sanctification du nom de Dieu) au quotidien. Tu étais estimé parmi la famille militaire française en Allemagne.
Parfois certains collègues te raillaient à tort, lorsque par exemple tu pensais à l'époque que les barquettes devaient être doublement cerclées. Mais lorsque les autorités rabbiniques disaient que ce n'est pas nécessaire et expliquaient pourquoi, tu te rangeais avec sagesse à leur décision. Ton intention n'était que de veiller au respect le plus strict de la Halakha. Tu étais à l'opposé de la polémique.
Tu as toujours respecté ton prochain, quel qu'il soit.
Tu as travaillé et rédigé des publications à l'attention des appelés de l'époque, ce qui leur rendait bien service.
La période où nous avons servi ensemble l'armée française en Allemagne, reste un doux souvenir, parce que tu y imprimais ton style avec ta gentillesse, ton savoir et ta rigueur.
Les sorties annuelles de Lag Baomer à Worms, où nous emmenions nos militaires du contingent, avec la présence du grand rabbin Ouaknin qui était aumônier de la zone Nord des FFA à Trèves, étaient un de ces moments privilégiés où nous pouvions apprécier l'étendue de tes connaissances.
Tu aimais les jeux de mots, et ne te départissais jamais de ton petit sourire.
J'ai quitté la vie militaire il y a environ deux ans, toi tu as quitté brutalement la vie tout court ici-bas, pour aller rejoindre le monde de vérité et de lumière, le Olam Haba (monde d'en haut) où beaucoup de tes Maîtres t'accueilleront, bien trop tôt.
Mais les sentences de Dieu ne sont pas de notre domaine de compréhension.
Je pense à tes chers parents, à ton épouse, à tes enfants et à toute ta famille, pour qui surtout, ce vide est terrible. A eux va ma sympathie pleine de sincérité et d'amitié. J'espère et je souhaite de tout coeur que Dieu leur donnera la ne'hama, (la consolation), dans cette terrible épreuve.A toi, mon cher Pierre-Yves, je suis effondré de devoir te dire adieu. Merci de ce que tu as partagé avec moi
Lekh Beshalom,( pars en paix), outehi tserourah bitsror ha'hayim.

Un élan brisé
Joël JONAS
Aumônier en chef israélite des armées

Le grand rabbin et aumônier en chef-adjoint terre, Pierre-Yves Bauer, était prénommé en hébreu Naftali. C'est le nom de l'une des douze tribus, les fils de Jacob. Notre patriarche, Jacob, peu avant sa mort, bénit chacun de ses enfants : "Naftali est une gazelle messagère ; il délivre des propos de choix" (Genèse 50:21). Par ces mots, il a souhaité aux descendants de cette tribu qu'ils héritent de deux qualités essentielles : le zèle dans l'accomplissement de la volonté divine et la faculté de délivrer à chaque instant un message juste et opportun.
Ma première rencontre avec le grand rabbin Bauer eut lieu, il y a plus de vingt ans, lors d'un congrès rabbinique national. Puis nous nous sommes revus aux séminaires d'études d'été organisés par l'ancien grand rabbin de France, Joseph Sitruk et enfin dans le cadre de l'aumônerie israélite des armées à mon arrivée à Paris en 2001. Son approche de la Torah et son estime pour les Sages d'Israël nous ont naturellement rapprochés.
De manière extraordinaire, Pierre-Yves, Naftali, était la réplique précise d'un descendant de la tribu éponyme. C'était un homme qui ne gaspillait jamais un moment, tenant sans cesse dans les mains un petit livre d'études pour ne pas perdre ces innombrables "temps morts" de la vie moderne : dans les transports, dans les réunions et à table. Sans cesse en mouvement, il était curieux de tout. Précurseur, il avait été le premier à comprendre les possibilités infinies offertes par internet. Tout naturellement, il était responsable du site internetet du blog de l'AIA. Ces dernières années, il s'était jeté corps et âme dans l'étude complexe des lois de la construction et l'entretien des mikvaoth (bains rituels) au point d'en être devenu le spécialiste national, adoubé par le grand rabbin de France.
Pierre-Yves n'était pas un tribun, c'était un homme de paroles. Écrites tout d'abord, il est celui qui a rédigé nombre de fascicules publiés par l'aumônerie israélite des armées, destinés aux jeunes appelés de l'époque mais aussi aux militaires de carrière. Pierre-Yves a également été le responsable du bulletin de liaison de l'aumônerie, le Comment Tsava ?. C'est d'ailleurs lui qui trouva ce titre original et astucieux car Tsava signifie armée en hébreu ! Il était aussi un homme de parole orale. Les conseils qu'il donnait étaient toujours judicieux. Depuis son décès, de nombreux fidèles m'ont fait part de leur rencontre avec Pierre-Yves et de ses précieux avis. Au-delà des mots, les distances ne l'ont jamais effrayé. Telle une gazelle, il a enjambé les continents pour se rendre auprès des militaires français opérant dans les territoires d'outre-mer.
Le Talmud se lamente : "dommage pour ceux qui disparaissent, et dont on ne trouve plus parmi les vivants d'êtres semblables" (Moëd Katane, 5a). Cela convient parfaitement à mon ami Pierre-Yves. Comme l'a rappelé le grand rabbin de Paris, Michel Guggenheim, lors de son éloge funèbre : "sa disparition crée une brèche béante dans le rabbinat français qu'il sera impossible de refermer". Du fait de sa personnalité hors-normes, insaisissable, tout en discrétion, l'aumônerie israélite et le rabbinat français ont perdu un être réellement irremplaçable.
Lors de ma prise de fonction à la direction de l'AIA, alors qu'il était déjà très malade, Pierre-Yves m'a fait partager une foule de projets qu'il nourrissait pour notre aumônerie. Quelques semaines encore avant sa mort, je n'oublierai jamais cette longue conversation où il planifiait tous ses déplacements futurs. Animé d'un optimisme sans faille, les dernières paroles que j'ai entendues de sa bouche ont été : "Eyn od milvado" (Deutéronome, 4:35), littéralement : "il n'y en a pas d'autre que Lui, le Tout Puissant".
Trois mots qui résument l'existence d'un homme conscient qu'il n'y a pas d'autre objectif dans la vie que d'être au service de Dieu et des hommes, sans cesse et partout.
Avec sa disparition, je perds un ami très cher, un adjoint de grande valeur dont l'éternel sourire malicieux m'accompagnera pour toujours. Repose en paix, rabbi Naftali Bauer, toi qui t'es dépensé toute ta vie sans compter.

Une vie pleinement accomplie
Yoni KRIEF
Aumônier de réserve de la Gsbbd AMS

C'est avec une consternation mêlée de tristesse que nous avons appris la terrible nouvelle de la disparition du grand rabbin Pierre-Yves Bauer, notre collègue, notre ami, notre maître. Il reste pour nous tous un témoignage fort et vivant, un véritable Talmid Hakam, un éternel étudiant. Sur les bancs du séminaire rabbinique où il était comme auditeur libre parmi les élèves, il nous rappelait cette injonction de la Torah d'apprendre nuit et jour et d'étudier les textes en profondeur. Il nous exhortait à ne jamais s'arrêter d'étudier et toujours se parfaire cela même après le séminaire.
J'ai personnellement un devoir de "hakarat hatov", de reconnaissance envers Pierre-Yves pour la sagesse de ses conseils. J'ai eu l'occasion de nombreuses fois de le consulter concernant des orientations importantes de ma vie. Il avait en permanence une écoute attentive et trouvait toujours des réponses justes et adéquates aux situations notamment au sein de notre grande famille de l'aumônerie militaire. Par ailleurs, il m'encourageait sereinement dans mes missions communautaires.
Son réel amour du prochain s'exerçait au sein de l'institution consistoriale, de l'aumônerie militaire, des prisons, des mikvaoth... Ainsi, il occupait une grande partie de son temps à la cause communautaire. Sa mission ne lui laissait jamais aucun répit, on avait le sentiment que chaque instant était dûment rempli.
Un homme qui aura marqué pour toujours de son empreinte tous ceux qui ont eu le bonheur de le connaître. Sa personnalité et son parcours continueront à nous servir d'exemple.
Il nous a quitté à l'entrée de la fête de Hanouka. Cela me donne l'occasion de citer un enseignement qui lui convient : parmi les usages de Hanouka, il y a celui de mettre la Hanoukia à la fenêtre, le Talmud explique cela afin de publier le miracle : "Pirsoum Haness". Mettre les lumières de Hanouka à l'extérieur, c'est justement être une lumière pour les autres et les éclairer de tout son savoir, toute de sa personne et de toute son expérience, il était ce "or" ; cette lumière, ce repère pour beaucoup d'entre nous.
"Quiconque a été gratifié par Dieu d'intelligence... n'aura d'autre souci que d'accomplir sa mission ; et à la fin de sa vie, s'il l'a accomplie fidèlement, il reviendra dans la joie et dans l'allégresse éternelle...". (Chaaré Techouva 2,21).
Qu'il fasse maintenant partie du faisceau des justes et repose au Gan Eden, Amen.

Hommage au grand rabbin Pierre-Yves Bauer
Meyer MALKA
Aumônier en chef Marine

Dans la paracha de Chemot (Exode), le texte nous dit וירא בסבלתם (et (Moché-Moïse) a vu leurs souffrances). (Exode 2:11)
Les commentateurs nous font remarquer que Moché prince d'Egypte n'est pas resté confiné dans ses appartements dans le palais de Pharaon, il est sorti, s'est affiché ouvertement avec eux et devant leurs souffrances il pleurait, il les encourageait, moralement et physiquement. Le midrash raconte l'épisode de Moché et l'agneau : En effet, alors qu'il faisait paître dans le désert le troupeau de son beau -père Ytro, un agneau s'est détaché du troupeau et se mit à courir, Moché le poursuivit. L'animal s'arrêta devant un cours d'eau. Alors Moché prit l'agneau dans ses bras et lui dit :"agneau, agneau si j'avais su que tu avais soif je t'aurais emmené moi - même vers la source d'eau".
Moché attendit que l'agneau termine de s'abreuver, le prit sur ses épaules et le ramena vers le troupeau.
Le grand rabbin Bauer za"l hérita des mêmes qualités de Moché. Il pouvait se consacrer entièrement à l'étude du Talmud, tel un prince dans son palais.
וירא בסבלתם - Le grand rabbin Bauer a vu les souffrances de la vie juive de France et il s'est occupé des détenus juifs dans les prisons de France. Chaque famille de détenu pouvait l'appeler directement. En Israël, en Europe, à chaque fois qu'il arrivait dans une ville son premier souci était de visiter les mikvaoth de cette ville. En France, tous les mikvaoth ont reçu sa visite.
Dans ce domaine si compliqué du chaatnez, il a apporté sa contribution (achat de matériel) pour que ses collègues rabbins puissent se familiariser avec les lois de ce commandement.
En qualité d'aumônier en chef israélite terre, dans ses déplacements "O.P.E.X" en France ou en DOM-TOM il allait rendre visite aux communautés juives, apportait sa contribution en aidant ces communautés à développer le judaïsme dans la vie quotidienne.
Malgré ses innombrables tâches, le GR Bauer n'a pas négligé l'étude de la Thora au quotidien. Lorsque Hashem nous comblait de sim'ha (joie),il était là pour participer à la joie, idem pour une peine. Comme nous l'avons dit : וירא בסבלתם. Pierre-Yves Bauer participe aux souffrances de son peuple.
Que son nom soit objet de bénédictions, יהי שמו ברוך.

L'œil pétillant
Nissim MALKA
Aumônier

L‘œil est la fenêtre de l'âme. L'œil, impartial, observe et enregistre l'apparent. Mais s'il est affuté, il perçoit l'essence des choses, et pénètre du regard tout ce qu'il croise; il tisse alors le fil de notre âme autour de ce monde, le corps s'élève, et l'âme l'habite.
Manquer de vision, c'est occulter le lien de l'âme, et donc manquer de vie, comme nous l'enseigne notre tradition,"l'aveugle est comme un mort (T.B. Nedarim 64b).
L'œil du grand rabbin était tel un feu follet, s'agitant dans son orbite, criant la vie.
Je comprenais d'ailleurs beaucoup plus de son regard que de ses mots, puisqu'il connaissait la valeur de la parole, et que la parole est précieuse.
Ses mots, il les a consciencieusement sélectionnés, et les a bandés à son arc. Une flèche pour une cible, un but.
"Les justes, dans leur mort, sont appelés vivants" (T.B. Berakhoth 18).
Sont- ils la réminiscence de leurs mots dans la conscience des vivants, ou simplement la vie qui s'écoule à travers leurs paroles, et résonnent dans l'écho des esprits, quoi qu'il en soit, la toile de l'œil a déjà inscrit l'âme de son maître dans l'essence de ce monde.

Hommage au grand rabbin P-Y. Bauer (za"l)
Grand rabbin Claude MAMAN
Aumônier en charge des Anciens Combattants

Merci de nous associer à l'hommage que nous nous devons de rendre à Pierre-Yves BAUER qui a été un homme d'une rigueur et d'une droiture parfaite dans les différentes fonctions qu'il a assumées. Il poursuivait toujours jusqu'à leur aboutissement ses missions et parfois même au-delà étant soucieux de la perfection. Néanmoins il avait souvent le mauvais rôle de transmettre les décisions de ses supérieurs qui n'étaient pas toujours pour plaire aux intéressés, ce qui lui attirait parfois des inimitiés. Toujours très respectueux il a su s'effacer lors de différentes circonstances de sa carrière par contre ses compétences rabbiniques dans les différents domaines de la vie communautaire étaient reconnues de tous. A son épouse, à ses enfants et à toute sa famille je tiens à adresser ma sympathie et que l'Éternel les aide à surmonter cette terrible épreuve et que l'âme de notre cher collègue repose en paix.

Hommage au grand rabbin Pierre-Yves Bauer Bauer (za"l)
Claude ROSENFELD
ancien Aumônier régional ZD Nord-Est

La Communauté juive de Metz et l'Aumônerie Israélite aux Armées ont perdu un grand homme. En effet, Pierre-Yves Bauer (za"l) était un homme exceptionnel, un Juif droit et bon, qui s'était voué tout entier à ses fonctions. C'est en qualité d'aumônier en chef de l'armée de terre et enfant de Metz qu'il venait régulièrement dans notre région pour visiter en ma compagnie (aumônier régional à l'époque) les différentes unités. Pendant de longues années, le grand rabbin Pierre-Yves Bauer s'était occupé de l'évolution de l'aumônerie, de tous les aspects qui nécessitaient ses interventions jusqu'aux niveaux les plus élevés pour lesquels sa présence et son action étaient d'une aide appréciable.
Il n'est pas de domaine où il n'ait tenu un rôle prépondérant et où ses avis étaient toujours attendus avec beaucoup d'attention. Son caractère dynamique, sa disponibilité de tous les instants et son extrême bonne volonté, avec toujours une pointe d'humour, faisait sa particularité.
Je me rappelle de la "complicité" affectueuse qui m'unissait à Pierre-Yves pour la bonne marche de l'aumônerie régionale. Le souvenir de cette relation, m'émeut encore aujourd'hui.

Hommage au grand rabbin Pierre-Yves Bauer Bauer (za"l)
Gérald ROSENFELD
ancien Aumônier de réserve et ancien régional de la ZD Est

Comment exprimer en quelques lignes l'inoubliable souvenir de notre ami le Grand rabbin Pierre-Yves Bauer. C'est d'abord l'amitié que je garderai, lorsque nous étions tous deux en FFA, lui dans le sud et moi dans le nord à Trèves.
Puis lors de sa nomination au poste d'Adjoint Terre de notre aumônerie et moi Régional à Metz.
Les nombreuses réunions dans notre Zone de Défense nous ont montré toute sa gentillesse, son aide précieuse, ses conseils pour le bien de tous nos aumôniers du secteur.
Son souci qu'il portait à chacun, faisait l'admiration.
Son humilité était légendaire: lors de sa remise de la Légion d'Honneur, à Paris, il se sentait presque gêné d'être le point central de cette manifestation.
Il fut un exemple de droiture et chaque rencontre fut un moment d'échanges toujours apprécié. Son soutien tout au long de ma carrière fut pour moi une source de bénédiction.
Que ces quelques mots puissent trouver auprès de sa chère épouse, de ses enfants, de ses parents, M et Mme Raymond Bauer, une consolation infinie. Qu'Hashem console tous les affligés de Sion et de Yeruchalayim.


Aumônerie Israélite des Armées – Case n°148
Fort Neuf de Vincennes
Cours des Maréchaux – 75614 Paris Cedex 12
Tél. 01 41 93 39 08

Aumonerie.israelite@wanadoo.fr
aumonerieisraelitedesarmees.blogspot.com
www.aumonerie-israelite-des-armees.fr


Rabbins Judaisme alsacien Histoire
© A . S . I. J . A .