Le Rabbinat de Metz (C. Kahn) Le Rabbinat de Metz (I-M. Jost) Liste des Grands rabbins |
Arye Loeb b. Asher, le Shaagath Arié
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L'arrivée des Juifs à Metz remonte à la plus haute
antiquité. Certains la font coïncider avec le passage des armées
romaines dans la région.
Depuis sa création la communauté de Metz a été le
siège de rabbins prestigieux et a été à la tête
du judaïsme de l'Europe.
Les élèves de Rabbenou Guershom surnommés les "Sages
de Lorraine" font partie des Tossaphistes .Il convient de citer parmi eux
: Rabbi Eliezer de Metz fils de son frère Machir et l'auteur de Sefer
Yeréim qui fut également l'élève de Rabbenou
Tam.
Les principaux collègues de Rabbi Eliezer furent Rabbi David de Metz et
Rabbi Juda de Metz qui fut le maître de Rabbi
Meïr de Rothenbourg
Mais les temps changent. Les croisades, les mesures contre les Juifs décidées aux différents conciles et enfin l'expulsion des Juifs de France sous Philippe le Bel influent sur le sort des Juifs lorrains bien que Metz ne fassent pas partie du royaume de France mais des Trois Evêchés en possession des Hasbourg, les Messins furent trop heureux de se débarrasser des Juifs. Cette partie de l'histoire des Juifs de Metz reste obscure.
A partir de cette époque la nomination des rabbins est soumise à
l'acceptation du gouverneur de la ville
Si jusqu'à la Révolution Metz a eu les rabbins les plus prestigieux
d'Europe, tous ont été en but à l'hostilité
d'une partie de la communauté et souvent des syndics eux même,
et leur tâche n'a pas été facile.
Isaac Lévy (Achkenasi) devient le premier rabbin de cette communauté
Il est né en Allemagne. En effet jusqu'au 19ème siècle
Metz fera toujours appel à des rabbins étrangers afin qu'ils
ne soient pas influencés par des rapports familiaux avec des membres
de la communautés.
Son fils, le rabbin Joseph Lévy inaugure la synagogue en 1618 .
Peu à peu la communauté se développe et bénéficie
de la protection royale. En effet Metz est une ville de garnison et de nombreux
militaires y résident. Les Juifs, souvent marchands de chevaux sont fournisseurs
des armées.
La nomination du rabbin devant être confirmée par le gouverneur
de la ville, le duc de la Valette accepte en 1624 le rabbin Moïse
Cohen venant de Prague. En but aux attaques de certains membres de la
communauté qui s'opposent à lui il quitte son poste pour
retourner à Prague où il meurt en 1642.
Le rabbin Nathan de Francfort lui succède. A
sa suite, malgré l'opposition du duc de la Valette Moïse
Nerol né à Safed est nommé grand rabbin de Metz.
Sa famille s'était installée en Pologne et avait été
touchée par les massacres de Chmielniski. Elle avait alors émigré
en Allemagne Les syndics de la communauté édictent un édit
permettant de choisir le rabbin sans l'accord des autorités. Cet
édit est accepté et Moïse Nerol, confirmé dans ses
fonctions, reçoit le roi Louis XIV à la synagogue.
A partir de cette époque la ville de Metz est certainement la communauté
la plus savante d'Europe. Elle nomme les rabbins les plus prestigieux
et ceci jusqu'à la révolution.
Le rabbin Yona Theoumim Fraenkel est également
né à Prague. Dès l'âge de 18 ans sa réputation
de talmudiste est déjà bien établie. Après avoir
présidé aux destinées de plusieurs communautés de
Bohème, il arrive à Metz en 1660 Il y restera jusqu'à
sa mort malgré les sollicitations de communautés prestigieuses.
Il a beaucoup fait pour le développement des études sacrées
à Metz..
C'est sous son mandat qu'a lieu la célèbre "Affaire
de Boulay" où Raphaël Lévy accusé de meurtre
rituel est exécuté (cettr affaire s'est passée à
Glatigny petite bourgade proche de Boulay, et selon une tradition messine
il était interdit à un Juif de passer la nuit à Glatigny).
L'affaire de Boulay amena de nouvelles persécutions contre les Juifs,
le peuple ne voulant pas croire à l'innocence de Raphaël Lévy
et s'en prenant souvent au quartier juif. Afin d'être protégé
par les autorités les Juifs durent s'engager à payer au duc
de Brancas et a ses successeurs une taxe spéciale ; la "Taxe
Brancas", qui grevait lourdement le budget de la communauté
fut payée jusqu'à la Révolution.
Cependant, la communauté tenait à engager les plus illustres rabbins
et cette période a été l'âge d'or du
judaïsme messin.
Un des successeur du rabbin Yona Theoumim fut le grand rabbin Gerson
Achkenazi Oulif qui présida au destin de la communauté
de 1678 à 1693. Gendre du grand rabbin Menahem Krochmal il est surtout
pour ses ouvrages qui lui attirent de nombreux élèves. Sous
son influence la yeshiva de Metz connaît un nouvel essor.
A sa mort en 1693 le poste rabbinique fut repris par le grand rabbin Gabriel Eskeles venu de Prague. Un des plus célèbre talmudiste de son époque il contribua lui aussi au développement de la communauté. Grâce à la générosité d'un couple messin il put acquérir un grand immeuble pour en faire une école talmudique qui fut à l'origine de l'École rabbinique. Il quitta Metz pour exercer à Nikolsbourg où il resta jusqu'à sa mort en 1718.
Son successeur le rabbin Abraham Broda, venu lui aussi
de Prague était aussi réputé comme un grand talmudiste.
En 1713, à la suite d'un différent avec la communauté
à propos d'une affaire d'héritage il accepta le poste
de Francfort et quitta la ville.
C'est à son époque que fut créé l'hôpital
juif qui existe encore sous le nom de l'hospice israélite
C'est pendant la vacance du rabbinat en 1715 que survint une terrible
catastrophe que Glükel
von Hameln nous rapporte dans ses mémoires. Glükel Hameln,
veuve allemande s'était remariée avec un commerçant
messin. Elle nous a laissé des Mémoires qui nous instruisent
sur la vie juive de l'époque Elle nous raconte donc que, lors
de l'office du deuxième jour de Shavouoth
une panique se produisit dans la tribune des femmes d'où on avait
cru entendre des voix extraordinaires et un bruit formidable sur la toiture.
Les femmes se précipitèrent avec une telle violence dans l'étroit
passage de la sortie que six d'entre elles furent écrasées.
Le rabbinat fut longtemps vacant après le départ d'Abraham Broda. Le conseil de la communauté aurait voulu élire l'un des deux assesseurs qui assuraient alors la fonction, mais craignaient que par leur origine messine ils ne puissent pas être impartiaux dans les conflits qui pourraient surgir Les cinq rabbins qui se succédèrent alors furent certainement les plus célèbres
En 1719 arriva venant de Worms le rabbin Jacob Reischer, né lui aussi à Prague. Il était très affecté par la mort de son fils survenue un an plus tôt. Comme tous ses prédécesseurs il eu à affronter les conflits internes de la communauté ce qui ne l'empêcha pas de laisser une œuvre littéraire importante entre autre Shevouth Yacov ouvrage de responsa et Minhat Yacov.
A sa mort en 1733 le poste fut disputé entre le rabbin Josué Falk de Cracovie et le rabbin Jonathan Eibeshutz de Prague. La veuve du rabbin Reischer fit pencher la balance en faveur du rabbin Falk L'assassinat de cette dame entraîna le rabbin Falk à quitter le poste en 1739. Quelques années auparavant il avait perdu toute sa famille dans l'explosion d'une poudrerie située près de chez lui mais cela ne devait pas influer sur son œuvre. Il est considéré comme un des plus importants talmudiste de tous les temps. On lui doit entre autre un commentaire du Talmud le Pnei Yeshoua.
Son successeur le rabbin Samuel Helman venu de Manheim eut l'idée de faire ouvrir une imprimerie juive à Metz, la première de ce type en France.
Voir l'article : La Révolution française et les Juifs de Metz |
Les Juifs de Metz se sentent solidaires de la Révolution. Le rabbin Oury Phebus Cohen premier rabbin né à Metz, se présente pour offrir ses services au pays et encourage des coreligionnaires à combattre pour la liberté Après la victoire de Valmy il fait célébrer à la synagogue une cérémonie pour fêter la victoire de Thionville et se rend en grande pompe accompagné du conseil rabbinique et du conseil de la communauté au devant des vainqueurs.
Pendant la Terreur les biens religieux sont saisis. La synagogue n'échappe que de justesse à la vente mais le cimetière est profané. L'assesseur du grand rabbin, le rabbin Joseph Gougenheim, qui deviendra lui-même grand rabbin, est arrêté et ne doit qu'à la réaction de Thermidor de ne pas être guillotiné.
Depuis la mort du Shaagat Aryé en 1785 Le poste de grand rabbin de Metz
n'avait plus de titulaire officiel. La politique de la communauté
avait changé. Il ne suffisait plus de nommer un grand talmudiste ; il
fallait avoir un rabbin dont la science profane égalait la science juive
et surtout un rabbin qui parlait français.
Trois des assesseurs de Rabbi Arye Loeb : Le rabbin Oury Phebus Cohen,
le rabbin Meyer Charleville et le rabbin Joseph Gougenheim
assurent l'intérim jusqu'à la nomination du rabbin Cohen
qui gardera ce poste jusqu'à sa mort en 1806.
A la mort du grand rabbin Charleville, le rabbin Gougenheim alors
âgé de 80 ans lui succède, mais il meurt quelques mois
plus tard et est remplacé par interim par le rabbin Aron Worms.
Elève du Shaagat Arye il avait été jusqu'à ce
jour assesseur au tribunal rabbinique. Homme de grand savoir il avait été
chargé de représenter Metz au Sanhédrin. C'était
encore un rabbin de la vieille école peu féru en culture profane
et surtout ne parlant pas le français. Malgré son orthodoxie
il avait tendance à faciliter la pratique religieuse en la débarrassant
de toute rigueur exagérée.
Mais il ne devait pas conserver longtemps ses fonctions et rapidement il se
vit préférer en1820 un messin d'origine le rabbin Nethanel
Wittersheim. Fils d'un homme qui par sa générosité
était considéré comme le bienfaiteur de la communauté,
c'était un homme du monde doté non seulement d'une vaste culture
juive mais aussi d'une grande culture profane. Son but principal fut de changer
la yeshiva où l'on n'étudiait que les études
sacrées en une école talmudique où serait enseigné
également des matières profanes afin de faire des Juifs des
hommes modernes. Cette école fut ouverte en 1821, et elle est l'ancêtre
de l'actuelle école rabbinique.
[Aron Worms a été nommé grand rabbin de Metz en 1831, et il a occupé ce poste jusqu'à son décès en 1836 - note de la rédaction. ]
C'est en 1827 que fut inaugurée à Metz l'École
rabbinique sous la direction de Lion
Mayer Lambert qui devint grand rabbin de Metz en 1836 qui s'efforça
de moderniser le judaïsme français et en particulier le judaïsme
lorrain.
L'école rabbinique de Metz fonctionna jusqu'en 1859 date
à laquelle l'empereur Napoléon III ordonna son installation
à Paris.
La communauté de Metz s'était enrichie d'une immigration d'Europe de l'Est qui avait son propre rabbin dont les relations avec le grand rabbin local étaient excellentes. Si Metz a cessé d'être aujourd'hui un des phares du judaïsme elle garde le souvenir des rabbins qui ont fait sa grandeur passée.
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