Raphaël RIS

(dénommé aussi Raphaël Hagenthal dans la littérature rabbinique)

(1728 - 1813)

par Léa ROGG

Extrait de Regards sur les communautés juives du Sundgau et alentours, XVIIème au XXIème siècle

Il est né le 14 mai 1728 à Hagenthal-le-Bas. Ses études talmudiques le mènent à Ribeauvillé, à Francfort et dans le Duché de Hanau-Lichtenberg dans le Bas-Rhin, où il sera, dès 1768, enseignant à la yeshivah (école du Talmud) de Bouxwiller. À partir de 1784, il dirige la petite yeshivah de Hagenthal-le-Bas.

En 1786, dans sa 59ème année, il est appelé à la tâche du guide spirituel de la vallée de Surb en Argovie (Suisse), notamment à Endingen, Lengnau (*), ainsi qu'à Thiengen, dans le Grand-Duché de Bade. Un document conservé par sa descendance fait foi de la permission obtenue de quitter le Royaume de France, à savoir :

«De par le Roy, Sa Majesté a :permis et permet, tant au nommé Raphael Abraham Ris, Juif d'Alsace, qu'à sa femme et ses enfants, de sortir du Royaume et d'emporter avec eux leur argent et leurs effets. - Fait à Versailles le huit août 1786. Louis. »

Raphaël RIS était un rabbin très pieux et conciliant, mais également ouvert et proche de son entourage, avec lequel il entretenait des relations empreintes de jovialité. Outre la Loi sacrée, il s'efforçait aussi de transmettre à ses trois fils une culture générale visant à approfondir les sciences de la vie. Rabbin RIS était un lecteur assidu des journaux de l'époque, et un écrivain zélé, qui a laissé en héritage de nombreuses publications, parmi lesquelles des oeuvres cabalistiques, des poésies et prières en hébreu. Ainsi, il composa une hymne en l'honneur de la journée de la prière (Bettag), célébrée en Suisse pour la première fois le 16 mars 1794, et un chant hébreu à l'occasion de Sim'hath Torah (fête célébrée le 23 tishri, fin septembre ou début octobre). Notons que son testament témoigne d'une grande piété.

Rabbin Abraham Ris, fils de Raphaël Ris. Il exerça de 1812 à 1834 dans les communes de Endingen et Lengnau
(canton d'Argovie/Suisse).

Une lampe de Hanouka et un sceau officiel d'Alsace, daté de 1760, qui étaient en possession de la famille RIS, complètent à ce jour la collection de l'inventaire du Musée Juif de Suisse à Bâle JMS/331.

Raphaël RIS décéda en excellente renommée le 25 mai 1813 à l'âge de 85 ans et repose au cimetière juif d'Endingen-Lengnau en Argovie (Suisse). Son fils Abraham RIS, né vers 1763/64 à Hagenthal-le-Bas, décédé le 19 avril 1834 à Endingen, fur son successeur. Son gendre Schalom ULLMANN occupa également les fonctions de rabbin à Lackenbach, Burgenland.

Voici la transcription de l'épitaphe de la stèle : Rangée 18, tombe n° 35 :

«Ici repose la roche fondamentale cachée dans le coffre sacré au pays de la vie éternelle. Il s'agit du sieur notre Maître et Rabbin, le génial Rabbin le grand et juste, bonté dans ses yeux et bienfaisant envers tous, notre Maître et Rabbin Rabbi Rafael fils du sieur Abraham, béni soit souvenir, qui fut appelé à Dieu mardi 25. Ijar 5573.
Nous érigeons cette stèle comme monument sacré conçu comme l'autel sur terre. »

Rafael RIES, Rabbin de la communauté.

(*) Endingen et Lengnau furent les seules communes en Suisse où les Juifs étaient tolérés, moyennant finance, depuis le 17ème siècle.

© A . S . I . J . A .